Clark Prewett, beau garçon, jeune athlète, sang-pur et charisme narcissique… Tu avais eu l’impression de te voir dans un miroir la première fois que tu l’avais eu en face de toi. Un coup de coeur platonique qui vous avait rapproché dans votre conquête mutuelle du monde entier.

Monde entier à commencer par Poudlard.
C’était plus raisonnable.
Avec Clark, il n’y avait rien de physique hormis les caresses douteuses et ironiques. Vous vous challengiez intellectuellement en supportant la présence plus que parfaite d’un autre individu.

Courant délicatement pour avoir l’air de flotter sur les pavés de l’école, tu avais rejoins sa majesté Clark sur les balcons, encore essoufflée par les escaliers. Mais ça, tu ne voulais pas trop le montrer, te contentant de prendre des grandes respirations régulières pour calmer ton souffle effréné.

— « Bonjour Clark. Comment va-tu aujourd’hui ? »

Tu aimais le faire attendre, lui rappeler qu’il avait beau être l’homme de la situation, il aurait toujours besoin de toi dans sa conquête suprême.
D’un air toujours important, tu sors un tas de feuilles reliés et triés par code couleur.

— « Mieux encore, la liste d’élève triée par maisons. Alors alors ? »

La mine sournoise, tu le félicites d’une petite tape sur l’épaule, lèvres retroussées et paupières battantes aux cils demeurées. Tu te penches en avant, les bras croisés sur ta poitrine.

— « J’ai le droit à une récompense pour cet exploit ? »

Evidemment, cette proposition plus que sous-entendue n’était qu’une vaste blague. Clark savait très bien qu’il pouvait voler les coeurs de n’importe quelle fille exceptée le tien. Car face à lui tu te voyais dans un miroir et même si tu étais fabuleuse, Clark ne l’était pas autant que toi.

Tu n’arrivais pas à croire que deux êtres aussi parfaits que toi et Clark devaient faire leur preuve devant le reste de l’école. Comme s’il fallait convaincre qui que ce soit que vous étiez les meilleurs… Après cette réflexion psychédéli-narcissique, tu grimpas sur une chaise pour t’assoir sur son dossier, la légèreté de ton corps apportant un équilibre parfait. Les mains croisées sous le menton avec grâce, tu l’écoutais avec concentration.

— « Nous avons une base solide. Pour tout te dire, ceux qui nous résistent encore sont ces bobos pseudo-torturés qui pensent être charismatiques uniquement parce qu’ils font la fête comme les singes le soir et se pavanent de leur pittoresque attitude déprimée la journée. Tss. Ceux-là sont les pires. »

Une grimace dégoutée incrustée sur le faciès, il te fallut quelques secondes pour reconstituer ton sourire mielleux. Toujours concentrée à chercher différentes manière de faire plier le bas peuple à votre plussoyance,

— « J’ai déjà essayé le défilé de mode, mais ça n’a fait qu’inciter ses petites pimbêches à plagier mon style. »

Ah Cannelle.. Pourquoi étais-tu si malheureuse ? D’un point de vue extérieur, cette autoparodie en était presque d’une tristesse infinie.

— « Je sais ! Et si nous lancions une campagne pour être élu roi et reine du gala de fin d’année ? »

Un rictus glorieux au coin des lèvres, tu t’approches de lui le regard défiant et édifiant.

— « Et si ça marche, ça sera à toi de ramper pour que je te donne une récompense, chéri. »

Clark ne manquait pas d’air. C’était vraiment par légère sympathie à son égard que tu le laissais te parler de la sorte, étirant un sourire narquois qui traduisait tout le mépris sexy que tu voulais lui faire passer. Haussant un sourcil, tu continuais de sourire pendant qu’il dépeignait la scène pas banale d’une nuit à deux. Ne pouvant retenir un gloussement aigu, tu croises les bras sur ta poitrine, petit air hautain et menton relevé.

— « ça serait malheureusement pour toi moi au dessus. » Tu le surplombes, de la hauteur que te donnait tes talons aiguilles. « C’est toujours moi au dessus. »

Ses prunelles brillent autant que les tiennes. Bataille de regard, personne ne peux gagner cette guerre. Puis tu te détournes alors que vous gloussez comme deux complices d’une même blague, disparate. Comme si tout ceci n’était qu’une anecdote ponctuée, vous revenez à votre discussion principale : l’élaboration de votre plan.

— « Le club de duel ? »

Tu fronces les sourcils, essayant de comprendre le sens caché derrière son raisonnement dit logique. Est-ce que vous alliez devoir vous battre ? Tu étais plutôt bonne en sortilège d’attaque mais beaucoup moins en sortilège de défense.

— « Qu’est-ce que c’est censé signifier ? Je refuse de me battre face à des simples d’esprit. »

Clark semblait comme un enfant tentant de mettre en place un plan diabolique pour voler les paquets de gâteaux planqués dans le placard, verrouillé par magie. Il avait cette même attitudes, ces mêmes idées absurdes mais machiavéliques, cette même passion dans l’expression de ses motivations. En l’observant Cannelle, de tes prunelles froides, tu ressentais un immense vide.

Il insiste pour continuer à s’affirmer face à toi, tu lui accordes un sourire niais sans le contredire d’avantage. Car c’était inutile n’est-ce pas ? Il avait raison sur une chose, notamment, ils devaient montrer à l’école entière à quel point votre style unique et votre charisme prédominait sur les autres. Et quoi de mieux que le gala de fin d’année pour faire passer le message.

… Mais avais-tu vraiment envie d’y aller avec Clark ? Tu savais qu’il ne voyait en toi qu’un reflet de son alter-ego. Il ne voyait pas comme une femme désirable qu’il pouvait aimer. Car Clark s’aime bien déjà trop. Avais-tu vraiment envie de gâcher cette soirée à ses côtés ?
Il te sort de tes pensées profondes, profondément égoistes et une idée t’éclaire.

— « Je pourrais demander à Maybelline de nous accueillir dans une de ses vidéos. On pourrait faire un challenge à trois. Comme tu le sais, Maisee a plusieurs millions d’abonnés et en tant que sa meilleure amie ultime, ses fans me connaissent. »

Tu fais les cents pas dans la pièce, sourcils froncés, occupée à réfléchir.

— « Je lui en parlerai, Prewett. En attendant, je te conseille de te tenir à carreaux. Je refuse d’être associée en duo avec un faible. Si tu vois ce que je veux dire. »

Oui, tu lui parles de ses dragues acharnées et de son ego trip abusé.

— « Tu sais, tu ferais bien de te trouver une copine, peut-être si par miracle une fille est assez bien pour toi, ça pourrait jouer en ta faveur. »

Secrètement tu préférerais qu’il reste libre.
Car à la minute ou il aurait quelqu’un, tu passerais de la lumière à l’ombre. Dans une solitude d’un duo séparé par quelque chose d’aussi incompréhensible que l’amour.