Amortencia Curse || Yaroslav Soukup

Dichotomie ambiante de maladie et d'antiseptique, l'odeur lui monterait presque au nez ; accompagnée de remontées acides le long de la trachée - en ce jour, il était lassé (comme toujours), dégoûté (comme rarement). Routine enraillée, trouble écaillé par le temps, tout a une saveur de vieux, rance et désagréable; la poussière au palais, grisaille à la place de l'or. Si bien que, préoccupé par les infirmes siégeant dans les matelas neutres, il ne prête qu'à peine attention au grincement de la poignée, au claquement de la porte; analysant tout juste le pas - trop régulier pour qu'une aide immédiate soit une nécessité.
Mais la voix vient troubler le relatif silence; et ses prunelles finissent par s'ancrer sur la nouvelle figure alors qu'il s'écarte d'un éclopé : Earl, fière vipère, l'absence de magie comblée par une maîtrise acérée - habituellement. Les bégaiements de l'enfant s'amoncellement alors qu'il part se chercher une tasse de café, n'écoutant que d'une oreille la déclaration enflammée qui envahit la pièce. Il avait déjà trouvé plusieurs explications à cette soudaine confession en faisant mine de se préoccuper uniquement de son breuvage, et la tête de liste était : Ephraim et son humour sordide. La dernière, qu'il semblait être étrangement attirant pour les jeunes individus de genre masculin; mais cela, il préférait ne pas s'y attarder, surtout pas sur le pourquoi - il espérait ne pas tomber assez bas pour en venir à ce genre de questionnements.
Lorsque que le moldu eut terminé sa tirade, il était appuyé contre son bureau, fixant le fond de sa tasse, et il se décida à le regarder l'espace d'un instant. Juste assez pour confirmer qu'il avait écouté, qu'il savait pertinemment que la tirade était terminée.
Et il se redressa, pour aller consulter un dossier juché sur le bout d'un lit, se plongeant dans sa lecture assidue; comme une tentative d'étirer le temps avant de mettre le terme au moment, de laisser le doute et l'angoisse croître dans le silence, l'ambiance pestilentielle de l'infirmerie. Finalement, son regard se porta de nouveau sur l'élève, l'analysant de bas en haut, et alors qu'il arrivait au visage, aux yeux déjà larmoyants et à la lèvre mordue, il demanda nonchalamment : « Je ne me souviens ni de votre patronyme ni de votre existence en ces lieux, pouvez-vous me rafraîchir la mémoire ? »

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La façade longuement, durement érigée d'Earl s'effondre, s'écrase en des poussières aussi nombreuses que les tremblements de l'élève. Le regard se baisse et s’affaisse ; et c'est presque de l'amusement qui perce les rétines de Yaroslav. Presque, car la rigueur habituelle n'aurait jamais dû être délaissée, car c'était impardonnable comme laisser-aller.
Il dépose finalement le dossier à son emplacement, s'approchant du Serpentard de quelques pas délibérément lents. « Et pourquoi cela ? » Fuite du regard étranger et c'était lisible que les pas voulaient suivre les yeux ; mais il ne comptait pas le laisser s'évader - inintéressant d'offrir la voie de facilité. Le visage de nouveau muré d'impassibilité, il ne cherche plus à ignorer, les prunelles serties sur autrui. « Tant de précipitation, où est votre sang-froid reptilien ? » Tant de susceptibilité, où est votre habileté ?
C'était proche d'être décevant ; ça l'aurait été s'il avait un quelconque espoir mesuré, mais il était connaisseur des faillites des humains - sans doute parce qu'il en était une -, encore plus de celles des adolescents désespérés.

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C'est presque tangible, la mélasse qui semble vouloir l'agiter jusqu'à ce qu'il trépasse. La perception de la réalité est émoussée, détraquée ; l'essence de l'être écartelé entre naturel et altération, aberration. Étrange spectacle que la lutte de relever les yeux, d'arborer impassibilité, alors que cela fut aussi aisé que de respirer il n'y pas si longtemps, peut-être même quelques minutes auparavant.
Mais le naturel renaît peu à peu, pseudo-insurrection pour masquer une déception.
Il fit mine de réfléchir quelques instants, tapotant du doigt la poche de sa blouse ; signe volontaire d’introspection qu'il espère visible, même aux prunelles centrées au sol. « Parce que vous ne pouviez vivre sans vous confesser, si je ne m'abuse. » Il y avait une certaine satisfaction à réutiliser les mots prononcés précédemment ; à les manier aisément. « Je crains que vous n'ayez changé d'avis. » Il laisse le regret s'inviter dans sa voix, de longues secondes de silence s'épancher, puis il poursuit : « Je vous pensais pourtant capable d'encaisser la réalité. »
C'était la deuxième fois qu'il commettait une apparente erreur, il restait à voir si le Serpentard allait la relever.

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