Naughty Tattoos ||FLASHBACK|| Arya

Naughty TattoosFeat. @Arya Strauss

Pas qui résonnent dans les couloirs des souterrains, alors que tu explores une partie du château rarement visitée et entièrement désertée à cause de l'heure peu avancée, pendant laquelle tous les enfants sages sont en cours. La rave est encore fraîche dans tes souvenirs, épée de Damoclès suspendue au-dessus de ton esprit enrayé, et tu attends le moment où la lame t'égorgera enfin, délivrance d'une souffrance maladive d'un cœur incestueux et malsain.
L'entrée de la salle commune des ensoleillés t'es ouverte par Arya, chevelure blanche détonnant dans les ombres du couloir. Un sourire chaleureux lui est adressé alors que tu la contemples quelques instants avant de t'avancer dans le lieu que tu n'avais jamais vu auparavant.
Luminosité presque aveuglante dans la rondeur de la salle, tout te rappelle le miel écœurant et les souvenirs innocents. Chaleureuse et pourtant pas très grande, la pièce semble n'être faite que de bois, de coussins moelleux et de rayons lumineux envahissant l'espace. Ton regard se retourne vers celle qui t'avait donné rendez-vous ici-bas, essayant de paraître bienveillant malgré tous les troubles qui te hantent sans répit.
C'est un endroit magnifique.
Pas seulement l'endroit. Niaiserie que tu ne te permets pas, pas à elle, pas à sa douceur et sa candeur que tu admires doucement. Elle est belle, Arya, avec sa peau claire et qui semble si douce, elle te rappelle un peu ta mère, celle adoptive, avec ses courbes dansantes et son regard apaisant. Pourtant, tes sourcils se froncent et tu t'avances un peu vers elle, le regard inquisiteur.
Tu as l'air fatiguée, tu es sûre de ne pas vouloir profiter de cet instant pour te reposer plutôt que me tatouer ?
Il te semble plus important qu'elle soit en bonne santé.

(©DO IT LIKE A PIZZA)
sky & arya
«naughty tattoos»

Il était rare que Arya n'aille pas en cours. Souvent, il s'agissait de caprices de Floyd ou de fièvres impossibles – et chacune de ces deux raisons avait un impact évident sur l'autre. Sauf qu'en ce jour, Arya n'était pas malade, n'avait ni fièvres ni migraines, et n'avait plus eu de nouvelles de Floyd depuis la rave. En ce jour, Arya avait réservé toute sa matinée à la demande de quelqu'un d'autre dont les remarques acerbes ne la rendaient pas sourde. Ainsi, elle s'était rendue à l'heure convenue, et avait fait rentrer Sky en la demeure des Blaireaux qui aurait certainement dû lui être interdite.

Elle sourit à sa première remarque, et adressa un regard au cactus sur l'appui de fenêtre ; la seule plante de la pièce qui soit à elle. Elle engagea le pas vers le matériel qu'elle avait prévu au milieu de la salle commune ; celui que Nansy lui avait offert lorsqu'elle eut fini de lui apprendre à tatouer ; et haussa les sourcils lorsqu'il évoqua sa mine détruite.

Arya avait toujours l'air déglinguée, et plus personne ne lui avait fait la moindre remarque depuis longtemps. Sans doute avait-elle fermé les yeux sur les inquiétudes qui se déclinaient en mille expressions sur le faciès de Seraphina ; sans doute s'était-elle rendue muette aux murmures de Constance qui lui demandaient si tout allait bien ; mais puisque c'était la première fois que Sky s'inquiétait, elle fut touchée, et tenta de le rassurer dans un rictus imperceptible, négligeant ses lèvres tendres.

« Ne t'en fais pas, j'ai l'habitude. Je crois que le sommeil me fuit. »

Elle esquissa un rire qui résonna au fond de sa gorge en un souffle sourd, et s'installa sur une des chaises, invitant son vis à vis de faire de même. Puis elle sortit un tas de papiers qu'elle avait rangé dans une farde à côté d'elle, présentant les différentes esquisses à son – désormais – client.

« J'ai fait plusieurs essais par rapport à ce que tu m'as demandé, donc dis-moi lequel tu préfères et on peut s'y mettre. »

Elle s'enfonça dans le fond de son siège, quelques nervosités au bord des lèvres, attendant son verdict quant aux dessins qu'elle venait de lui tendre. Puis elle pencha la tête, se délectant des quelques rayons de lumières matinales qui venaient caresser son visage.

« On a de la chance, la visibilité est bonne, avec cette lumière. »

Elle échangeait des banalités, sans doute intimidée par le cadre trop intime et par la proximité qui n'avait jamais existé entre eux deux. Elle reposa ses yeux sur lui, et se surprit à se mordiller la lèvre, légèrement gênée par le cadre tendre dans lequel ils se retrouvaient.

Naughty TattoosFeat. @Arya Strauss

Sourcil qui se hausse à la remarque et ta tête se penche de curiosité. Sourire qui se veut rassurant, alors qu'elle déambule à travers la pièce, silencieuse douanière des lieux, artiste à ses heures perdues. L'inquiétude ne s'en va pas, mais si elle y réagit ainsi, c'est que tu n'as pas à t'en faire, que ce n'est qu'une impression dégagée et pas forcément fondée. Par ailleurs tu aurais envie de lui dire que le sommeil te fuit toi aussi mais les pensées divaguent trop pour réagir convenablement.
Son regard attire le tien sur un petit cactus adorable posé parmi les autres nombreuses plantes et tu t'en approches pour le contempler de plus près.
Toute cette verdure doit rendre Mme France ravie, non ?
Mention de la direction de leur maison, professeure de botanique charmante et gentille, tu laisses échapper un petit rire, te retournant de nouveau vers ton amie ? Mais est-ce seulement un terme approprié pour la relation que vous entretenez ?
Tu t'avances vers un des fauteuil qu'elle t'indique et laisse ton corps s'effondrer dedans, moelleux coussin épousant les courbes de ton corps comme s'il était fait pour ta silhouette. Tes mains courent sur la douceur du tissus quelques instants et tu finis par te pencher en avant, enlevant ta cape de tes épaules, commençant à déboutonner ta chemise, tes yeux observant les esquisses qu'elle te propose. Tu en indiques une, simple, précise, et tu la contemples avec un sourire, aimanté par sa beauté soulignée par la lumière.
Merci de faire ça pour moi, Arya.
Le regard se pose quelques instants sur ses lèvres mordillées puis s'échappe sur la machine exhibée, petit moteur en rien anodin, aiguilles et encres préparées, matériel professionnel semblant presque inadéquat dans ce milieu magique par tous ses câbles et connexions. Ton regard s'accroche aux prises électriques présentes sur les murs, chose innatendue et peu présente dans le château, les poufsouffles semblant être les seuls à réellement accepter la réalité de l'union des mondes magiques et moldus, noble quête et action qui leur vaut encore plus de respect de ta part.
Ta chemise abandonnée sur le fauteuil, tu t'avances vers Arya, un peu gêné par tes cicatrices ainsi dénudées, connexion évidente avec Nebula - avec ta sœur - lien désormais impossible à oublier, impossible à ignorer, malédiction ambulante, et tu serais presque à lui demander de recouvrir ces abominations mais tu sais que cela est inutile et vain. Le mal a déjà été fait et il est trop tard pour le retour en arrière désormais.
Grimace se dessinant sur tes traits, tu te tournes dos à elle pour t'échapper à son regard doux et apaisant, lui exposant l'endroit à tatouer, entre les omoplates, point spécifique déjà discuté par le passé. Étant bien plus grand qu'elle, tes genoux heurtent le sol pour lui faciliter l'accès à la zone désignée, posture indiquant un abandon total entre ses mains délicates.

(©DO IT LIKE A PIZZA)
sky & arya
«naughty tattoos»

Sky avait retiré sa chemise, et le regard de Arya s'était baladé sur sa peau mutilée ; puis ses doigts avaient parcouru sa chair, retraçant le chemin de ses cicatrices. Elle ferma les yeux un moment, s'imprégnant des émotions nouvelles qui naissaient en elle, et partit se laver les mains. En revenant, elle protégea ses mains et s'installa devant le dos de Sky, son calque prêt et la machine en marche.

Elle vérifia qu'il était prêt, puis se mit au travail. Sur les vingt minutes qu'elle avait passé à lui charcuter l'épiderme, il ne s'était pas plaint une seule fois, n'avait même pas grogné ou tiqué sur le moindre de ses mouvements. Alors une fois que l'idéogramme fut implanté à sa chair, elle arrêta la machine et lui indiqua le chemin vers le miroir.

« Je n'avais jamais eu quelqu'un d'aussi calme pendant une séance. C'est quoi, ton secret? »

Elle lui adressa un sourire, mais se retint de rire, comprenant qu'il s'agissait peut-être de choses graves. Et en quelques secondes, elle avait imaginé tous les scénarios possibles quant aux cicatrices qu'elle avait remarqué précédemment. Elle avait approché un second miroir, pour qu'il puisse regarder dans son dos sans se briser la nuque.

« Tu regardes et tu me dis si ça te convient ? »

Mais Arya était curieuse et ne savait pas tenir sa langue.

« Tes cicatrices, elles viennent d'où ? Je comprendrais que tu veuilles pas en parler. »

Naughty TattoosFeat. @Arya Strauss

Mains parcourant les cicatrices dénudées, tu frissonnes, alors qu'elle te regarde, alors qu'elle ferme les yeux quelques secondes, comme si elle goûtait à ta chair à travers ses doigts délicats. Mais bien vite elle s'éloigne, disparaît derrière une porte, pour revenir, les mains encore légèrement humides, les recouvrant de gants pour protéger sa peau.
La vibration de la machine et la cadence régulière de l'aiguille pénétrant ta peau t'apaisent, te calment, douceur inattendue trouvée dans une douleur assidue. Le bruit n'est pas très fort, mais le silence n'est guère dérangé par de potentiels ébruitements de voix, ni par un seul soupir excessif. Les minutes s'écoulent calmement, sans se précipiter, et alors que tu commences vraiment à apprécier tout ce qui t'entoure, la lumière, la douleur, la chaleur et les couleurs, tout s'arrête, machine relevée, invitation à aller devant le miroir de loin désigné. Tu te relèves, genoux légèrement ankylosés par la position bravement maintenue, et tu t'avances vers la surface réfléchissante, t'apercevant dans le reflet, et alors que Arya passe derrière toi, ce reflet te rappelle celui du miroir de Risèd que tu avais pu affronter une seule et unique fois.
Les paroles coupent ta réflexion, et tu te tournes face à elle pour répondre d'un sourire au sien, sans parler pour autant. Le second miroir qu'elle approche et que tu lui prends des mains délicatement, te permet d'apercevoir les traits si familier des idéogrammes, et la précision des traits de Arya te ravit.
C'est parfait, je... Merci.
Alors que tes paumes effleurent les siennes pour lui rendre l'objet, elle t'arrête dans le mouvement en posant une autre question, plus personnelle, plus intime. Tes yeux se baissent, paupières cachant les pupilles quelques instants, mais c'est la franchise qui finit par prendre le dessus, alors que tes doigts se referment un peu plus fort sur les siens à l'énonciation des souvenirs fâcheux.
Quand j'avais cinq ans, ma maison a brûlé. Mes parents et ma... Mes parents ont péri dans l'incendie ce jour là. Comme tu vois, j'ai failli y passer.
Tu étais devenu orphelin et fils unique, mais aujourd'hui, ce n'est plus pareil. Nebula hante tes pensées comme tes cauchemars incessants, ses cheveux blancs si semblables à ceux de... Non, ce n'est pas une bonne idée. Pensées envahissantes tant détestées revenant à l'assaut de ton encéphale fatigué.

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sky & arya
«naughty tattoos»

La voix de Sky avait brisé quelque chose dans l'air, refroidit les chaleurs humaines qui se débattaient au sein de la pièce. Arya se brusqua, les épaules rentrées et les lèvres pincées, un sentiment coupable rongeant ses lèvres. Qu'est-ce qui lui avait pris de poser la question ? Ne s'attendait-elle pas à une réponse du genre ?

Elle passa une main dans ses cheveux, extrêmement gênée – extrêmement tendue, tout à coup. Et le moment fut lent ; long ; beaucoup trop. Plongée dans un silence exécrable, perdue parmi tous les mots qu'elle voulait employait, elle ne parvint à sortir que quelques syllabes maladroites, échouées au bord de ses lèvres timides.

« Je suis désolée.. »

Et à nouveau le silence s'empara de ses lèvres. Alors elle se mit à rire, pour combler le froid, et la chaleur de sa voix la fit reprendre un peu confiance en elle. Elle s'était approchée de lui, tendre et dans un mouvement délicat, sa main partait chercher son poignet, lui intimant de se tourner vers elle. Puis son regard dans le sien, elle lui adressa un maigre sourire ; maladroitement.

« Je ne voulais pas te forcer à m'en parler.. »

Mais elle l'avait fait. Ou peut-être avait-il choisi de se dévoiler. Et à cette pensée, elle laissa tomber sa main, reculant d'un pas, le regard dans le vague. Même si elle voulait saluer la confiance qu'il lui accordait, Arya n'avait jamais eu sa langue dans sa poche et elle ne put s'empêcher de lui poser la question.

« Tu aurais pu rester évasif, mais tu me l'as dit.. Pourquoi? »

Naughty TattoosFeat. @Arya Strauss

Tête qui se secoue face aux excuses non nécessaires, mais les paroles ne viennent pas briser le silence de peur de provoquer une tension guère nécessaire. Tes yeux contemplent le visage de Arya, alors qu'elle éclate de rire, provoquant ton sourire, alors que sa main vient saisir ton poignet quelques secondes, te tournant vers elle. C'est quelqu'un de doux, d'apaisant, Arya, avec sa voix chaleureuse et calme, avec ses grands yeux innocents et remplis d'inquiétude.
Tu retiens sa main alors qu'elle s'éloigne un peu, tu veux qu'elle reste là, près de toi, car au final tu n'en parles jamais de ce qui s'est passé y a si longtemps déjà. Tu n'en parles jamais non pas par honte ou crainte, mais car personne n'a jamais réellement osé te le demander. Peut-être les gens avaient-ils peur d'interroger, de venir chercher quelque chose d'aussi intime, peut-être désiraient-ils garder le mystère, ou peut-être craignaient-ils ta colère ? En tout cas Arya ne faisait pas partie de ces peu courageux, de ces indécis qui préféraient murmurer dans ton dos et spéculer.
Ce qui s'est passé n'est pas difficile à deviner.. Surtout que si on veut trouver, il suffit de chercher les incendies en Angleterre. Mes parents étaient aurors, tout a été très bien documenté.
Léger sourire comme pour la rassurer, ou peut-être te rassurer, que ce n'était qu'un incident comme un autre, que tout cela est révolu et oublié, que rien n'a plus d'importance aujourd'hui. Mais tu sais que c'est faux, tu le ressens au fond de ta chair, la douloureuse sensation du mensonge qui a trop longtemps duré et qui a commencé à gangrener tes os dès l'instant où tu as enfin compris. Que tu n'avais pas été le seul à survivre. Que vous aviez été séparés. Que tout s'est effondré.
Tant de choses que jamais tu ne pourras énoncer à voix haute, pour un seul unique secret pourrissant dans tes entrailles visqueuses de fiel impur. Tant de dégoût envers soi récemment découvert. Comme si tu n'étais plus qu'un spectateur de ce nouvel incendie qu'était ta misérable vie.
Tu as eu le courage de demander. Peu peuvent s'en vanter.
Sa main est levée à tes lèvres, baiser délicat apposé sur les phalanges de l'artiste chevronnée, douée comme aucune autre que tu ne connaîtrais.

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sky & arya
«naughty tattoos»

Ses yeux avaient parcouru son visage, dévorés par l'inquiétude d'avoir fait un pas de trop. Mais il la rassure, de quelques mouvements simples, et elle abandonne les excuses, comprenant qu'elles n'étaient pas si nécessaires qu'elle le pensait. Arya se surprit à chercher les pensées de son vis-à-vis, à chercher ce qu'il pouvait bien se dire, en la regardant ainsi ; fiévreux et tendre.

Elle avait baissé les yeux, sans doute un peu gênée par le geste, mais un sourire avait naquit au bord de ses lèvres et un souffle rieur glissa entre celles-ci. Elle haussa les épaules. Le courage, elle n'en avait jamais vraiment eu, en tous cas elle le croyait. Elle avait demandé parce que ça lui avait échappé ; elle n'avait du rassembler aucune force morale pour ça.

« Ne dis pas ça. »

C'était justement ces gens-là qui pouvaient se vanter de ne pas avoir causé tant de maladresses. Arya était curieuse, et ça n'était pas toujours une si belle qualité.

« Mais permets-moi alors de poser une autre question.. »

Elle s'aventurait sur des terrains dangereux ; et peu importe, puisqu'il venait de saluer son courage. Il lui laissait la porte ouverte, elle n'avait pas l'intention de se priver d'entrer.

« Qui était la troisième personne que tu t'es empêché de mentionner? »

Ses parents, et qui d'autre ? Pourquoi s'était-il esquivé ? Arya n'avait rien manqué, et rien ne lui échappait jamais ; elle était à l'affût du moindre mot, de la moindre hésitation ; elle se nourrissait des comportements incertains, des hésitations folles ; elle se nourrissait d'informations muettes, d'une morsure de lèvre à un regard déviant, d'un claquement de langue à un craquement de doigt, elle voulait tout voir – analyser – comprendre. Elle voulait savoir ; elle voulait le connaître.

Naughty TattoosFeat. @Arya Strauss

Ses yeux se baissent timidement et elle sourit, douce et tendre, alors que tu la contemples réfléchir et te répondre. Elle semble le nier, mais tu la trouves courageuse quand même, courageuse et humble. Peut-être ne s'en rend elle pas compte, mais il n'y a pas que cette capacité à poser les questions qui la rend brave. Il ne faut pas douter ni craindre le tremblement de sa propre main lorsqu'on tatoue quelqu'un. Il ne faut pas être effrayé lorsqu'on est quelqu'un de travailleur comme tous les Poufsouffles le sont. Ce n'est peut-être pas le courage sans limite de ceux qui poussés par leur folie et inconscience se jettent dans la gueule d'un monstre, mais c'est la témérité de ceux qui savent inlassablement ouvrer en silence sans se plaindre.
Mais Arya n'appartient pas à la catégorie de ceux qui n'osent parler, et elle s'engouffre par la faille que tu as laissé paraître avec une curiosité digne d'un serdaigle. Ta tête se détourne pour contempler ton reflet. Ce ne sont pas des choses dont tu peux parler ouvertement, dont tu voudrais parler tout court. Tes sourcils se froncent alors que tu réfléchis à toute allure, alors que tu pèses le pour et le contre.
Au final, ce secret est un fardeau trop lourd, et il doit rester le tombeau à jamais fermé de ton cœur déserteur.
Cela n'a pas d'importance. Je croyais cette personne morte, je me suis trompé, voilà tout.
Un sourire un peu brisé qui ne parvient pas à effacer tes paroles, tu t'éloignes vers le fauteuil où tu as abandonné ta chemise. Le tissus glissé sur tes bras et venant recouvrir ton dos légèrement douloureux, tu te tournes vers Arya encore une fois.
Tu voudrais que je te paye combien pour le tatouage ?
Tentative désespérée de t'éloigner du sujet précédent, tes mains saisissent le bas de ton vêtement que tu entreprends de boutonner. La douleur et la colère de la trahison de ton propre sang sont encore fraîches dans tes veines, mais le calme vient peut à peu faire disparaître toute trace de tension.
Ce n'est pas la faute de Arya si tu lui as laissé poser des questions.
C'est ta faute de t'être laissé déstabiliser.
C'est ta faute d'avoir succombé au plaisir charnel.
C'est ta faute de ne pas regretter.

Arya avait gardé le silence pendant de longues secondes qui lui parurent durer des heures. Son regard avait détaillé son corps à nouveau habillé, sans aucune forme de pudeur. Puis de ses silences à ses soupirs, elle avait détourné le regard vers l'appui de fenêtre où était déposé Norbert (le cactus), pensive et coupable, se mordant l'intérieur de la joue pour la question qu'elle avait osé poser.
Elle était allée trop loin, comme toujours. Avait-elle des regrets ?
Une montagne. Mais il était hors de questions de les exprimer.

Puis elle lui adressa un sourire, tendre et léger, haussant les épaules vaguement. Un prix ? Il n'avait jamais été question de prix. Arya n'avait jamais fait payer ses tatouages. Ils faisaient partie de son apprentissage – elle n'avait ni la main ni les outils des maîtres, et p elle préférait se considérer comme étant étudiante plutôt que déjà amateur.

« Rien du tout. Simplement le prix du matériel. Je t'estimerai ça plus tard. »

Pratiquement rien, en somme. Quelques encres et encore – une aiguille et le reste n'était plus que dérisoire.
Pour l'heure, elle n'avait pas vraiment envie de parler de ça. Mais Sky n'avait pas envie d'en dire plus à propos de lui, et elle avait décidé de le respecter.

« Hé, Sky. »

Elle l'interpelle comme si ce qui allait suivre était plus important que le reste – est-ce que ça l'était ? Au moment même où les mots franchirent ses lèvres, elle en avait oublié le sens.

« On s'en fout, des autres. »

Arya n'était pas aveugle, encore moins sourde. Elle avait vu les quelques brides de colères et d'amertumes qui rongeaient les sangs de son vis-à-vis. Elle avait vu les tensions dans ses muscles serrés, dévorés par les souvenirs fantômes. Et comme elle savait si bien le faire, Arya avait créé un espace rien qu'à eux, quelques promesses muettes au bord des lèvres et quelques jolies complicités nées dans son regard.

« Tu verras, les jours heureux arriveront bien vite. »

Et elle lui répéta ce qu'elle s'était toujours dit – en désespoir de cause, quand elle n'avait plus d'arguments pour combattre ses propres maux.

Naughty TattoosFeat. @Arya Strauss

Silence vagabond qui flotte dans l'air, ses consonances t'apaisent et calment les battements effrénés de ton coeur. Regard qui suit celui de la maîtresse des lieux, tu contemples le cactus posé sur le bord de la fenêtre. Allégorie de tout être humain, la douce et innocente chose a certainement dû en blesser plus d'un qui aurait osé le saisir sans prendre garde à éviter les piques acérées.
Au final tu contemples Arya à nouveau, et tu te fais la remarque qu'elle aussi elle a des aiguilles que tu n'as pas su éviter.
Son sourire appelle le tien et tu hoches la tête. Tu savais que tu n'aurais pas grand chose à payer, bien que tu le souhaitais, mais tu saisissais les raisons qui la poussaient à ne pas t'exiger de prix. Elle n'était qu'humble apprentie de cet art et tu n'étais qu'une toile d'apprentissage pour elle. L'expérience que tu pouvais lui offrir en la laissant s'exercer sur ton épiderme était un prix en soi.
Ton menton se leva lorsqu'elle héla doucement ton nom. Il y avait une sorte de poids dans sa voix, une importance qui te mit aux aguets. Tes yeux affrontèrent les siens alors qu'elle s'exprima. Alors qu'elle énonça ce que tu voulais désespérément croire.
Mais comment s'en foutre des autres s'ils sont importants ? S'ils sont tout ce qu'on a ? Si sans eux tu n'es plus rien ?
Tes yeux se délient des siens et tu soupires légèrement.
Ces bons jours se sont déjà écoulés. J'ai pas su les retenir.
Les épaules se haussent en un geste las et fatigué, alors que tu avances vers Arya lentement. Ta main se lève, caressant légèrement la joue, venant glisser la mèche derrière son oreille, envie imprévisible de plonger dans son esprit, découvrir ce qui la dévore, elle, comprendre en quoi une aussi belle personne peut être autant brisée. Mais les pulsions sont retenues, reculées, effacées et tu laisses échouer ta paume, ta stature culminant la sienne, regard s'attardant sur ses pupilles.
Tes jours heureux viendront aussi, tu sais ?