sic itur ad astra ♛ Cæsar

sic itur ad astra avec cæsar be humble for you are made of earth, be noble for you are made of stars.

  Aelys n'a jamais eu peur de la nuit. La nuit d'hiver qui couvre le ciel du château vers six heures, et font fuir les élèves à l'abri d'une lumière interne. Mais toutes les lumières dont elle a besoin, sont là-haut, luttant contre l'obscurité, comme une promesse et un mensonge transcendant le temps et l'espace.
Les sorciers ont inventé la magie en regardant les étoiles.
Elle aimerait tant les rejoindre, dans la postérité infinie, là-haut, loin de ses problèmes terrestres, loin de son humanité, loin de ce corps lourd, faible et contraignant, mais elle reste cloué sur un sol froid, pendant que son esprit vadrouille au milieu des astres, tristement mortelle, pathétiquement insipide. Elle peut rêver, au moins, et faire parcourir ses yeux d'une étoile à l'autre, tracer des constellation qui n'existent que pour elle.

Et le silence des étoiles se fait dévorer par une présence bien moins humble que leur faible lumière au-delà des cieux. Aelys fait rouler ses pupilles le longs de ses yeux, un sourire rosé perlant sur ses lèvres, un nom comme le début de poème d'un empereur.

▬ Cæsar.

Blackwell brillant comme une étoile, d'une clarté que l'on appelait la confiance. Le genre de lumière qu'Aelys n'osait que toucher du bout des yeux, au détour d'un compliment ou d'une admiration maladroite, émerveillement sincère envers tout ce qu'elle n'a pas teinté d'une volonté de faire vibrer aux oreilles d'autrui les mots qu'ils voulaient entendre. Si elle appartenait au monde terrestre de la solitude et des mensonges, Cæsar lui n'avait rien à envier aux étoiles.

▬ Je cherchais les constellations dans le ciel. Me ferais-tu le plaisir de te joindre à moi?

Chercher à deux, à travers ces flambeaux spatiaux, un quelconque sens, un quelconque rêve, une quelconque passion sur l'éphémérité d'un moment à deux.

Cæsar c’était la classe à toute épreuve, qu’importe le temps et les intempéries. Il était cool et bien heureux de l’être, telle était sa perception des choses. Alors il n’avait que faire des remarques et des critiques, que faire de ces jalousies qui ne semblaient pas s’évaporer dans les néants du château malgré son mouvement de main. Alors porter ses lunettes de soleil malgré le soleil déjà bien disparu ne lui faisait pas peur. Peut-être qu’il n’y voyait rien, peut-être que ses yeux étaient plissées d’une manière que trop mémorable pour essayer de voir à travers cette noirceur des plus total. Mais, il s’en moquait.

Et c’était là toute la beauté de son état d’esprit. Il était merveilleux, Cæsar le magnifique. L’inratable tellement il était marquant par cette existence des plus époustouflante. Enfin bref, vous l’auriez compris, Cæsar portait ses lunettes de soleil alors qu’il n’y avait pas le moindre rayon de soleil. Heureusement tout de même que le château en lui-même était éclairé, bien que malheureusement, ce n’était pas trop le cas d’une des tours de l’école. L’avantage à ses yeux était, que s’il ratait une marche à cause de sa vision bien trop faible, il succomberait certes, mais toujours avec coolitude.

Mais c’était l’épuisement, celui de fin de journée, de fin de cours. Celui de monter des marches encore et encore juste parce qu’il avait eu le malheur d’abandonner une de ses précieuses affaires au fin fond de cette tour démoniaque. Chacun de ses pas les plus bruyant, car Cæsar n’était pas très discret, bien évidemment. Le souffle coupé, presque haletant lorsqu’il poussa enfin la porte de la salle d’astronomie. Il n’avait rien de classe, le dos presque courbé, la langue qui pourrait s’échapper de son abri à cause de l’épuisement. En soit, rien n’aurait été très gênant, car personne ne devrait être dans cette salle de cours à cette heure-ci. Enfin.

« Oh salut. »

D’un geste vif son corps qui reprend forme, comme si tout n’était qu’un faible mirage. Cæsar qui se s’approche de ses affaires supposément oubliés mais qui n’étaient plus à leur endroit initial. Ce soupir silencieux tandis qu’Aelys le questionne.

« Si c’est toi qui le demande, je devrais pouvoir mettre de coter mes activités cool pour chercher avec toi. »

Son torse qui se bombe, cette expiration nasale tandis que ses yeux se ferment pendant un cours instant. Cæsar ne pouvait rien refuser à Aelys, l’une des seules ici qui voyait le monde tel qu’il était réellement : centré sur le magnifique Cæsar Blackwell.

« Lesquelles cherches-tu en particulier ? »

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  La poufsouffle se dota d'un léger sourire et ses mains se joignirent de ravissement devant l'approbation du garçon. Elle n'avait même pas pensé à lui demander ce qu'il faisait ici, négligeant le fait qu'il avait peut-être d'autres occupations, d'autres priorités qui guidaient ses pas, des choses plus importantes à faire que de rester avec Aelys, avec ses étoiles, la tête dans les nuages, fin filet presque invisibles ce soir. Parfois Aelys se demandait si il avait vraiment des activités cool ou sil le se contentait de tout nommer ainsi, pour peu que ça soit lui qui les fasse. Est-ce que Cæsar mangeait cool ? Étudiait cool ? Allait aux toilettes cool ? Elle avait un peu peur de demander, et préférait rester dans l'ignorance, vivre les illusions, et croire à sa toute-puissante confiance.

▬ Je cherche seulement celles qui n'existent pas.

Son sourire redoubla devant la réaction de son interlocuteur. Aelys n'avait d'intérêt pour des formes prédéfinies enseignées par de vieux livres dans de vieilles bibliothèques, tracés célestes que de vieux hommes avaient décidés arbitrairement il y a plusieurs siècles.

▬ Il n'y a pas de place pour nous dans celles qui ont déjà un nom et une forme. Mais rien ne nous empêche de chercher les nôtres non ?

Elle se posta à côté de lui, encore sceptique qu'il les voyaient comme elle, littéralement et figurativement parlant, et trace une forme inconnue d'une étoile à l'autre du boit de ses doigts, comme si le ciel avait été sa tablette tactile.

▬ Celle-ci sera la constellation du Porlock voleur. Sa tête est là, et il a des menottes, aussi. Est-ce que tu peux imaginer son histoire ?

Elle lui fit face, ses yeux noisettes inondés de candeur. Pour quelqu'un d'aussi égocentrique que Cæsar, ancré dans son univers qui s'ancrait en lui, un effort de regarder au-delà des prophéties auto-réalisatrices dans le monde du beau faux et de l'imagination serait le bienvenu.

On aurait pu remarquer son corps qui se positionnait d’une façon que trop peu naturelle, un peu comme si Cæsar qui ne souhaitait pas donner mauvaise impression à sa fan ultime, cherchait tout simplement à prendre une pose pour garder cet aspect de coolitude qui le correspondait tant.

« Ah. »

Chercher l’inexistant le rendait dubitatif. Cæsar dont le seul but de son existence même était d’atteindre un peu plus de perfection, de jour en jour, pour finir par devenir l’être que sa naissance avait promis. Alors l’inexistant ne l’intéressait pas réellement, parce qu’ici l’invention des pensées imaginaires n’apportaient rien de bon. Sauf peut-être un mouvement de fuite qui ne pouvait pas correspondre à l’attitude cool que chaque personne se devait de représenter. Mais malgré tout, il n’était pas du genre à revenir sur ses paroles, le serpentard qui d’un trait soulève ses épaules dissimulé dans une longue respiration. Tandis que les explications suivantes d’Aelys lui semblent, soudainement, remplies de sens et d’émerveillement.

« Mais quelle merveilleuse idée ! »

Parce qu’après tout, Cæsar était facilement corruptible, de simple parole était capable de viser juste en plein dans son cœur. Une certaine facilité, de naïveté aurait-on envie de dire, mais la vérité et bien plus profonde et incomprise dans tous ses choix et réactions. Et lentement ses pas le guide, s’approchant avec une certaine flemmardise de la poufsouffle.

« Porlock ? »

Il l’avait écouté attentivement, par moment Cæsar, dont les oreilles arrêtaient les sifflements constants face aux nombreux compliments de sa coolitude, était capable d’écouter. Son visage qui se crispe sans la moindre honte tandis que sa tête s’élève vers l’horizon incertain d’un ciel étoilé.

« Qu’est-ce-qu’il est laid. »

Une forme subjective, une beauté étoilée qui n’apparaissait sans doute que dans l’esprit du jeune Blackwell. Perdu dans cette activité qui n’était pas la sienne.

« J’imagine qu’un jour, il a décidé de porter un bob. Sauf qu’avec son nez gigantesque, c’est tout simplement criminel car c’est la seule chose qui en dépasse. »

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  Il y avait un peu de ravissement -il y en avait toujours, et à l'égard de tout le monde, alors qu'on se prêtait à ses jeux, qu'on voyait ses désillusions comme des bonnes idées. Certains trouvaient cela bizarre, puéril, inutile, ne comprenait pas le réconfort de l'improbable. Au moins maintenant elle pourrait ajouter "cool" aux adjectifs que les gens employaient pour décrire ses onirismes astraux. Du moins "cool" selon les critères de Cæsar Blackwell -mais quel autre point de référence en la matière y avait-il ?

▬ Qu’est-ce-qu’il est laid.

Aelys haussa les épaules.

▬ Tous les Porlock le sont un peu, j'imagine.

Clairement la créature n'était pas réputée pour sa douceur pour les yeux. Ou même sa douceur tout court. Le serpentard continua son analyse, et la poufsouffle plissa les yeux, tentant de voir les lignes d'une bob ou d'un nez qui ressortirait trop. Elle lança un petit rire cristallin et compléta l'historie avec un ton documentaire, pour la relier aux étoiles.

▬ Hmm. Oui, je pense que j'arrive à le voir. Il s'est donc fait arrêter par la fashion police qui en a fait une constellation afin que tous de rappellent des règles élémentaires du bon-goût vestimentaire.

Et se retournant vers son compagnon de soirée.

▬ Tu veux essayer d'en trouver une - de constellation, je veux dire? Cela peut être tout ce que tu veux, du moment qu'on peut le voir !

Cependant elle ne put s'empêcher de considérer les lunettes de soleil. Ce n'était pas tant l’aberration de les porter de nuit en hiver qui la gênait - les lunettes de soleil faisaient presque partie intégrante du visage de Cæsar à ses yeux, mais surtout le fait qu'elles constituaient un voile sombre qui ternissait les étoiles et la beauté du ciel.
(Et puis elle était un peu curieuse aussi)

Aelys attrapa doucement les branches des lunettes, s'apprêtant à les retirer, joignant le geste à la parole pour que le petit Empereur des Blackwell n'y voie pas un affront à la coolitude, mais juste une convenance pour l'activité pratiquée.

▬ Les étoiles sont plus jolies quand on regarde les yeux nus, tu sais. Et puis il n'y a que moi de toute façon...

« Oui c’est exactement ça, mais bon, ça ne semble malheureusement pas changer les mauvais goûts de certaines personnes. »

Un frissonnement soudain qui parcourt son corps face à ses pensées. Toutes les personnes monstrueuses qu’il croise autant dans Poudlard que lorsqu’il est à Prés-au-lard. Les rencontres ou les simples regards qui le déstabilise au point de lui refiler des crises cardiaques soudaine. Alors ses bras se referment sur lui-même, ses mains qui s’y agrippent pour contrôler ses tremblements ridicules. Toutes ces choses le rendaient réellement hystérique à tel point qu’il s’en rendait bêtement malade. Pauvre Cæsar.

Et lorsqu’il sent le contact d’Aelys au niveau de ses tempes, qui s’accroche aux branches de ses merveilleuses lunettes de soleil, instinctivement c’est son visage tout entier qui se crispe tandis que ses tremblements disparaissent. Son regard qui se durci au travers des verres teintés. Il n’aimait pas enlever ses lunettes et s’il le faisait, c’était souvent pour rendre ses paroles ou ses actes encore plus dramatiques. Il est vrai que sa vision n’était pas la meilleure lorsque le soleil n’était plus présent dans le ciel, mais pour Cæsar ce n’était pas réellement un problème. Peut-être que pour les autres, il ne voyait pas, peut-être qu’il ne voyait réellement pas. Mais il s’en fichait. Tout simplement parce qu’il était lui-même un soleil, alors il n’avait que faire de cette présence artificielle qui se présentait chaque jour dans un lointain atmosphère.

Pourtant, tout son corps reste statique. Laissant Aelys enlever ses lunettes sans le moindre grognement ou bien mécontentement. Seuls ses yeux étaient toujours plissés en direction de la Poufsouffle, comme une menace imaginée qui pouvait tout autant représenter une préparation à un monde sans verre anti-soleil. Il se laisse faire presque docilement, laissant simplement échapper un fort soupir de lassitude lorsqu’il n’est plus en possession d’une de ses appartenances les plus précieuses.

« Mes lunettes sont pourtant bien plus belles que les étoiles, tu le sais n’est-ce-pas ? »

Bien sûr qu’elle le savait, mais c’était comme un rappel. Pour lui faire comprendre que ce qu’elle venait de faire n’était pas une action à prendre à la légère. Il aurait pu être qualifié comme un crime, mais heureusement que toute sa coolitude ne reposait pas sur cet unique accessoire. Autrement, un drame serait survenu.

« Bon alors ces constellations. »

Un reniflement bruyant, comme une tristesse égarée envers ses lunettes abandonnées. Il s’approche un peu pour se concentrer et imaginer.

« Hum. Là-bas on ne dirait pas une écrevisse ?»

Sa langue qui fourche et qu’il manque de mordre. Il avait dit la première chose qui lui passait par la tête, la pointant sans réellement conviction du doigt. Sans doute avait-il faim.

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  Une histoire lui traversa l'esprit alors qu'elle enlevait les binocles de Cæsar, et que celui-ci était tendu comme si cela lui faisait physiquement mal qu'elle le fasse. Peut-être que c'était une partie intégrante de son corps, que son âme et les lunettes étaient liées et que quiconque les détruirait, détruirait Cæsar Blackwell. Il fallait donc elle en prenne soin. Le commentaire du serpentard la rappela à la réalité. Il aimait juste vraiment beaucoup ses lunettes. Elle rit.

▬ Tes yeux sont plus jolis.

Et puis c'était un peu culotté de comparer des bouts de plastique et de verre à des astres brûlants, mais elle ne voulait pas le froisser, donc elle garda ce commentaire pour elle. Elle les posa sur son propre front. Confisquées.

  Elle regarda les formes dans le ciel. Elle avait un peu de mal à voir naturellement une écrevisse, mais avec un peu d'imagination on pouvait, après tout, y voir n'importe quoi. Elle se balance sur un pied puis sur l'autre. L'air nocturne est frais, mais Aelys s'amuse, à rêver au loin en bonne compagnie.

▬ Ah, la grande écrevisse céleste, le roi Crustatron. Son règne était terrible et quiconque le regardait dans les yeux se faisait pincer jusqu'à la mort !

Elle mima des bruits et des mouvements de pince avec ses mains.

▬ Et maintenant il nous regarde de haut depuis son piédestal stellaire.

Elle mit ses mains sur les hanches, elle partait trop loin et maintenant s'énervait en fronçant les sourcils d'un personnage qu'elle venait d'inventer depuis les vagues observations de Cæsar.

▬ Quel abruti.

Elle redescendit un peu sur terre, et jeta un coup d’œil à son compagnon. A partir dans ses histoires sans queue ni tête elle risquait de l'ennuyer ou de le perdre. Autant recentrer le sujet sur quelque chose qui le passionnait -à savoir lui-même.

▬ C'est injuste n'est-ce pas! Trouvons nos propres constellations.

Elle balaya le ciel des yeux rapidement, et pointa du ciel vers le haut.

▬ Tu devrais te situer quelque part par ici, c'est là qu'est l'étoile la plus brillante.

Il reste silencieux face à cette imagination d'Aelys qu'il se permettrait de qualifier de débordante. Son regard pouvait paraître moqueur, comme si il ne faisait que la juger à chacun de ses mots qui avaient le courage de traverser ses lèvres.

« Pourquoi une écrevisse au règne dictatorial aurait le droit à sa constellation ? Ça n'a aucun sens. »

Un vent d'idée lui traverse l'esprit.

« C'est un peu comme si je décidais de franchir la limite et d'utiliser des sortilèges impardonnables sur la moitié de l'école. Ma splendeur serait marquée dans le ciel pour ne pas qu'on oublie ce malheureux désastre ? »

Au fond, il ne devait peut être pas comprendre que tout cela venait de l'imagination de la poufsouffle. Cæsar était bien trop décalé pour comprendre véritablement le sens de ses propos ou bien même de suivre les diverses constellations que peuplaient ce ciel durant les cours d'astronomie. Il avait ce côté un peu enfantin finalement, naïf par moment, celui qui permettrait de ne pas se rendre compte de qui était réellement le grand Blackwell. Il plisse les yeux et balaye l'ensemble de ses paroles d'un revers de la main.

« Piètre exemple. Évidemment que j'y serais. Mais j'imagine qu'il faut le comprendre, sans doute que n'importe qu'elle écrevisse rêverait d'être dans les étoiles plutôt que de finir dans nos assiettes. »

Alors il balayait tout autant les paroles de la demoiselle. Elle qui le traitait d’abruti, Cæsar qui feignait le comprendre. S’ils étaient dans cette mentalité, ils auraient clairement pu lancer un débat sur les sentiments d’une écrevisse imaginaire. Mais les choses étaient autrement, car même si le scintillement céleste était attendrissant, parler de nourriture et leur imaginer une vie n’était pas vraiment un passe-temps cool pour Cæsar, mais plus une perte de temps dont il n’osait pas se confronter. Et Aelys avait finalement raison, changer d’étoile et de constellation. Voir sa personne représenté dans des traits d’étoiles était bien plus intéressant que l’histoire sordide du roi Crustatron.

« Tu penses que le ciel est assez grand pour que nous y soyons représenté ? »

Non pas qu’ils prendraient beaucoup de place, mais pour être une constellation Cæsar Blackwell avait besoin de bien des étoiles pour pouvoir être présenté d’une façon digne de lui. D’autant plus que dans le ciel, chaque étoile possédait son intensité différente aux autres, parce que finalement, elles étaient comme les humains. Toutes différentes les unes des autres.

« Sirius hein. »

Des souvenirs qui ne s’effacent jamais une fois lu et comprise. Sirius l’étoile au rayonnement le plus vive vue de la terre.

« Si Sirius m’appartient, il serait au niveau de mon torse. »

Sans grande modestie, son cœur était le centre de son être. La chose qui le faisait rayonner aux yeux des autres et de son propre regard. L’essence même de sa coolitude.

« Je refuse d’être imaginé sans mes lunettes par contre. Tu as déjà essayé de te chercher toi-même avant ce soir Aelys ? »

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  Ses mots s'échappent dans le néant de sa gorge alors qu'elle écarquille les yeux avec un remous de cœur. Avait-elle fait une erreur ? Était-elle allée trop loin dans les histoires, pour inspirer tant d'horribles pensées dans la tête du jeune homme? Les Backwell étaient ainsi tous des monstres en devenir camouflés derrière jolis minois et -apparemment- lunettes de soleil. Elle se plaisantait à elle-même en imaginant qu'il s'agissait d'une partie de son âme, peut-être l'étaient-elles vraiment, et elle venait d'arracher tout le bon en lui, ne laissant qu'une masse d'ombre qui trouverait complaisance dans la sombre gloire de l'impardonnable. Elle hésita à les lui remettre l’espace d'un instant, avant de se rappeler que, tout autant que les Écrevisses célestes, il ne s'agissait que des mots d'enfants perdus dans la nuit, des songes qu'elles trouvaient amusant ou fascinant. Amusant et fascinant. Cela correspondait bien Cæsar. Mais l'amusement d'un sourire léger devant ses bizarreries et l'envie d'un regard face à sa toute-puissante assurance ne lui laissait qu'un frisson sur l'échine. Elle ne pouvait pas assurer qu'il finirait dans le ciel, mais il ferait sans aucun doute les journaux, et là-bas elle ne préférait jamais l'y envoyer.

▬ Oui. Sans doute...

Elle tenta de chasser au plus vite cette conversation de sa mémoire, craignant de finir un jour elle aussi décortiquée dans l'assiette de Cæsar. L'innocence d'un visage se reconstruit peu à peu.

▬Evidemment qu'il est assez grand. Le ciel n'a pas de limites, et je ne prend pas beaucoup de place.

Elle s'accouda sur une barricade, caressant doucement la pierre, les yeux rêveurs plongés dans l'obscurité.

▬Sirius, hein. Alors c'est ainsi que tu t'appelles.

Petite lueur derrière le rideau de ma chambre, petite lanterne de mes insomnies.
Elle regarde la pseudo-location physique de son étoile bien-aimée, et y avance un doigt sur cœur. Elle était moins sûre désormais qu'il la méritait ainsi placée, mais elle ferait l'effort de la lui céder.

▬ Boop ♪

Et après avoir roulé des yeux devant son obsession pour ses lunettes, elle haussa ses épaules. Vu les propos qu'il tenait sans, il valait mieux les lui laisser s'il devenait un Monarque céleste.

▬ Lunettes de soleil tu auras. Malgré l'ironie que prendrait leur nom dans un ciel nocturne.

  Elle baissa les yeux à sa prochaine question. Elle savait déjà où était sa place dans cette fresque stellaire infinie. Et il y avait quelque chose qu'elle enviait aux étoiles qu'elle ne pouvait jamais avoir.

▬ Tu sais que les étoiles brillent pour nous même mortes ?

« Pourquoi tu dis ça ? Tu es là pour choisir, alors choisis de prendre de la place. C’est ridicule de ne pas chercher à s’exposer. »

Sa voix était sèche, ses paroles avaient cette sonorité de dureté. Ça l’exaspérait. Il était vrai qu’Aelys ne n’était pas digne de prendre autant de place que Cæsar dans cet horizon d’astre, mais elle méritait au moins bien plus qu’elle ne se laissait le supposer. Et il se laisse tomber en arrière sur cette barricade, suivant le mouvement de la Poufsouffle. La tête qui bascule en arrière pour observer le ciel, un soupir qui s’échappe comme une bouffée de cigarette.

« Pourquoi se priver quand on peut être exceptionnel quelque part. Et comme Sirius est mienne, tu partiras de Canopus. »

Du doigt il montrait une étoile lointaine, Canopus était un peu plus loin que Sirius, presque inatteignable de leur position actuelle. Mais elle n’était pas la deuxième étoile la plus brillante du ciel pour rien. Même si son intégralité ne pouvait pas être perçu, on pouvait en ressentir l’étonnante lumière qui en ressortait au loin. C’était vrai qu’il ne lui laissait pas vraiment le choix, comme si Aelys n’était pas digne de choisir d’où sa constellation crée de son imagination pouvait partir. Mais si elle osait dire qu’elle ne méritait pas beaucoup de place, ce qui était totalement faux, elle devait au moins avoir une des plus belles étoiles.

« J’apprécies ce geste d’acceptation, ma constellation sans lunette ne servirait à rien. »

Un coup d’œil dans sa direction, accompagné de ce clin d’œil qui semblait être une marque de coolitude lorsque cela émanait de sa personne. Sans doute que ce geste avait un peu plus de charme maintenant qu’il n’était plus habillé de ses fidèles lunettes aux verres opaques, c’était réellement dur pour lui d’oser se montrer en ayant eu ses lunettes confisquées. Ce bien ci précieux qui faisait partie de son intégralité. Comme s’il lui manquait quelque chose pour être lui, mais qu’il ne pouvait décidément rien faire pour régler ce manque de coolitude.

Mais finalement les paroles d’Aelys finirent pas le faire revenir à la réalité, évaporant ses tristes pensées à l’égare de ses lunettes de soleil qui avaient été kidnappées, bien qu’il sût qu’elle était d’entre bonne main.

« Alors on pourrait tous nous comparer aux étoiles sans la moindre honte, tu ne penses pas ? On est assez identique à elles finalement. »

Parce que dans l’idée, même une fois mort il ne se voyait pas s’arrêter de briller de coolitude. Bien semblable à une étoile dans ses idées narcissique, mais il était convaincu qu’il n’était pas le seul qui arrêterais de briller une fois parti.

« Même si je reste bien plus lumineux qu’elles. Qu’elles soient mortes ou vivantes. »