faded ▬ alexander.

faded.

Le torse soigneusement penché en avant, les doigts finement entremêlés entre eux dans son dos, se déplaçant ainsi au rythme de sa démarche mignarde. Heaven écoutait, percevait les murmures que lui procuraient ses écouteurs enfouis dans ses oreilles, et répétant un son cyclique. Des paroles, ou plutôt une voix qui lui rappelait des souvenirs. Une ancienne musique qu’elle écoutait dans le passé, avant la perte de son tendre frère. Mais cela ne l'empêchait pas de sourire fièrement, marchant joyeusement dans le couloir le plus silencieux de Poudlard, ne se doutant pas une seule seconde qu'elle aurait été devancée dans la salle du miroir de risèd. Sur le revers de son épaule, coincer de manière à ce qu’il ne tombe pas, un sac qui contenait de nombreux calepins et porte-documents qu’elle portait depuis ce matin - dont une importante fiction. Ce n’était pas le genre de sac qui restait dans les mémoires ou attirait l’attention, non. C'était un sac en tissu, plutôt grossier et de couleur terne. Quelque chose de discret qui lui correspondait plutôt bien lorsqu'il s'agissait de préparer des mauvais coups.

La tête dépassant discrètement de l'entrebâillement de la porte, comme un chat un peu trop curieux qui observait l'interdit. Heaven inspectait silencieusement l'endroit, découvrant la silhouette d'un adolescent qu'elle ne connaissait que trop bien. Alexander Raeken semblait se reluquer dans l'immense miroir de risèd et ce n'était pas pour la déplaire ; allait-elle enfin pouvoir découvrir un secret inavouable concernant son ami ? La musique dans ses oreilles désormais coupée, ses doigts fins rangèrent habilement ses écouteurs dans sa poche alors qu'elle pénétrait furtivement le lieu normalement peu fréquenté, déposant doucement son sac dans l'ombre. Elle s'avança avec difficulté jusqu'au jeune homme en prenant garde à ne pas se faire refléter, ce qui semblait à première vue impossible et... c'était bel et bien impossible. Alors sur la pointe des pieds, dans le dos de son ami, elle vint souffler malicieusement à son oreille : « Qu'est-ce que tu vois ? » Avant de reculer rapidement en ricanant gentiment à son égard, ses cheveux ébène accompagnant ses mouvements brusques, tentant d'éviter le plus possible un contact visuel avec le miroir.

ALEX	blblbl. c'est bien nul comme commencement, i'm so sorry. tu peux la frapper stv.

Faded

Une journée à priori banale qui semblait débuter en ce premier matin de week-end. Les jours de repos … quel calvaire ! La semaine tout paraissait plus simple à notre jeune sorcier : tout était planifié, il n'avait plus qu'à suivre (ou encaisser selon le préfixe du jour) ce que l'on avait composé pour les 4ème année. Alors que les fins de semaine … Alexander passait la nuit à se retourner dans son lit, à s’asphyxier sous ses draps, à pester, à cracher son venin sur ses camarades de chambrée qui lui signifiait son manque de tact. Et donc aux premières lueurs du soleil, le Serpentard était d'une humeur de chien. Les crocs prêts à tâter de la chaleur du sang de quiconque oserait troubler son mal-être. Le regard si acéré que certains peinaient à le reconnaître. Ces jours-là il pouvait même se montrer désagréable avec sa propre Maison, c'est dire ! Un long soupir d'exaspération troubla le calme de la chambrée, et ni une ni deux Alexander bondit hors du lit. Contempler ses camarades profiter d'un repos certainement mérité l'irritait davantage. Il prit donc une longue douche et partit déambuler dans Poudlard sans même penser à s'alimenter. On vous l'a dit : Alexander est dépendant de son emploi du temps. Si vous ne lui spécifiez pas les choses ordinaires de la vie, il y a des chances que cette tête en l'air les oublie.

Les quelques élèves croisés avaient rasé les murs, les fantômes les avaient tout bonnement traversé. De quoi lui donner un semblant d'importance. Il se demandait néanmoins si c'était l'effet de ses mensonges à répétition sur sa propre personne qui produisait cet effet, ou tout simplement la gueule déplorable. Son errance à travers les couloirs finit par le conduire auprès du miroir du Rized. Il hésita longuement devant la lourde porte. J'y vais, j'y vais pas ? Du raffut commença à se faire entendre quelques escaliers plus bas. Sûrement une meute de Gryffondor affolée par les caprices de leur monture. Ni une ni deux, le Serpentard choisi le calme au bordel qui s'éveillait doucement dans le château.

Personne.

Alexander posa son cul délicat sur le sol glacé, et laissa le miroir lui dicter ses quatre volontés. Les attentes du Raeken étaient si floues que l'objet légendaire lui-même semblait peiner à le capter. Des images toujours troubles, comme une télévision dont l'antenne fait des caprices. Mais le gamin était habitué, et cela ne l'avait jamais chamboulé plus que ça. Finalement une image se figea. Alexander s'était souvent demandé s'il s'agissait d'une réminiscence inconsciente ou bel et bien du futur qu'il s'imaginait en secret. Il reconnu le hall du Ministère, que l'on voyait régulièrement dans les journaux. Et des tas de gens qu'il ne reconnaissait pas. Mis à part cet imbécile heureux de Magnus. Et lui, en plein milieu. Ce qu'il foutait ici, aucune idée. Il pouvait tout aussi bien être le commis des cuisines que le responsable du département de Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques, voire même des Mystères.

Et soudain, un Sombral apparaissait ! Alex grimpait dessus et d'un coup de baguette retapissait l'ensemble du bâtiment aux couleurs des Serpentards ! On scandait le nom de sa Maison, et les Gryffondor et autres se mettaient à genoux devant sa suprématie ! En quelques secondes il se retrouvait à Poudlard juché cette fois sur un Basilic géant nommé Arthur, et ensemble ils déambulaient au milieu de la Grande Salle en distribuant des tonnes de bonbons explosifs aux classieux vert et argent.

Le réveil fut rude. Très rude. A quel moment il avait sombré ? Aucune idée. Mais cette voix si désagréable dans son oreille tintait comme un cauchemar redoutable. Alexander avait ce talent bien à lui, cette capacité à s'endormir partout, à n'importe quel moment, dans n'importe quelle position. Excepté les nuits de week-end. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites et il se laissa doucement choir sur les pavés glacés.

" - Non d'un Nunbu … Aliénor qu'est-ce que tu fais ici ? Ça va pas te déranger les gens dans leur sommeil ? Les Serdaigles n'ont donc aucun respect pour leurs semblables ? "

Il tenta tant bien que mal de se redresser, mais resta coincé un petit moment la gueule au sol et le cul en l'air. Finalement solidement ancré sur ses deux pieds, Alexander dévisagea son interlocutrice de haut au bas, la caboche trop lourde pour rester droite.

" - Je vois … une chieuse. C'est ça la réponse ? "

Et il y croyait réellement cet abruti. Après tout, que peut-on attendre d'une telle réponse dans la salle du Rized. Ses yeux s'illuminèrent soudain de curiosité.

" - Eh, c'est là que tu viens piocher tes idées pour les histoires qui terrorisent toute l'école ? "

Car oui, Alex était terrorisé. Les récits d'Aliénor mettaient les gens mal à l'aise, en colère, ou anxieux. Mais quand le Raeken les lisait (avec le plus grand intérêt), lui n'y percevait pas une once de romance. Juste de l'horreur et de l'angoisse pure. Oui, Aliénor serait un jour le Hitchcock du monde Sorcier !

faded.

Devant toi était présent un Alexander ayant succombé à la surprise de ta voix résonnant dans ses oreilles, avec une réaction plus qu'attrayante à tes yeux. Tu étais fier, Heaven. Fière de toi et de tes conneries à couper le souffle, de tes surprises désagréables et de la discrétion de ta personne profondément détestable. Un sourire satisfait dessiné sur ton visage, tu l'observais avec amusement en écoutant ses paroles à ton égard : " non d'un nunbu … Aliénor qu'est-ce que tu fais ici ? ça va pas te déranger les gens dans leur sommeil ? les serdaigles n'ont donc aucun respect pour leurs semblables ? " Étonnement visible sur ton visage, pourquoi t'appelait-il Aliénor ? Tu hausses un sourcil, perplexe. Et leurs semblables ? Que voulait-il dire par là ? Alexander était-il semblable à ta personne ? Les Serpentard étaient-ils semblables aux Serdaigle ? Hmm. A médité avec profondeur. Tu avais positionné tes deux mains sur tes hanches, toujours en plein état de perplexité face à son étrange personne - bien plus étrange que la tienne à tes yeux - pendant que tu observais ton ami qui galérait à se redresser. Ce n'est qu'une fois qu'il était debout qu'il avait daigné répondre à ta question : "je vois … une chieuse. c'est ça la réponse ?" Et ta main avait rencontré ton visage, désespéré par l'idiotie d'Alexander. "eh, c'est là que tu viens piocher tes idées pour les histoires qui terrorisent toute l'école ?" Les histoires qui... terrorisaient toute l'école ? cette fois, c'était trop. Tu vins froncer les sourcils et ta voix résonna dans la pièce : « Mes histoires ne terrorisent personne ! C'est de l'art, pur et dur ! Tu es juste jaloux de toute manière. Parce que tu n'as pas encore lu une fiction te concernant ! » Et tu avais affiché un sourire taquin, venant doucement prendre sa main dans la tienne. « rassis toi, Oisin 2.0. Toi et moi : on va parler. » puis t'avait tiré brutalement cette dernière vers toi, en t'asseyant par terre, sur le sol poussiéreux. « premièrement je veux savoir ce que tu vois dans le miroir. Et je ne suis pas une chieuse ! Je suis ton amie, et comme je suis plus vieille que toi on peut même dire que je suis ta grande sœur ok ? » Tu prenais tes aises, Heaven. Et tu sortais de ta poche ton petit carnet, avec un stylo. « Je veux également savoir quel type de personne tu préfères caractériellement. »

Faded

Alexander aurait bien voulu savoir ce qui se tramait dans la tête de la jeune fille. Sa position de réflexion lui inspirait davantage un power ranger qu'une madone en plein songe. Et sa voix désagréable vint résonner dans la pièce, t'agitant le cerveau comme le ferait une petite peste avec son poisson mort dans un bocal. Ayeuh. Trop fort, trop violent, trop … trop. Mais c'était ça Heaven, l'excès qui te faisait péter une durite. Pas un changement en Hulk hein, non, elle te rendait juste un peu plus vif qu'à la normale, plus con qu'à la normale, plus faible peut-être aussi. Non il n'était pas jaloux. Si, ses histoires c'étaient des récits dignes de figurer dans les Chair de poule, Alexander n'en démordrait pas. Et si les autres n'avaient pas le même avis, et bien ils se trompaient. L'art ce n'est pas quelques lignes couchées sur du papier, l'art c'est vivant. L'art c'est la beauté d'un acte qui restera à jamais gravé dans l'histoire. L'art, c'est de l'héroïsme, de la distinction, de la bravoure, du dévouement. Pas Jean-Edouard qui roule une pelle à Yvonne le tout en checkant Christian-Eude comme un gros beauf'. Mais ça, il savait qu'Heaven ne laisserait pas passer.

" - Ouais de l'art, c'est vite dit quoi. C'est comme si les merdes Moldues comme Saw et compagnie étaient considérées comme de l'art. Disons que tu es plus au-dessus, mais pas suffisamment pour qu'on emploie ce terme. "

Bien, maintenant de la nuance.

" - Enfin, je suppose que les Serdaigle sont sûrement un peu plus calés sur la chose, vous avez le temps vous pour toutes ces conneries. Et puis j'ai encore l'esprit endormi, gueule moins fort. "

C'est vrai ça, les Serpentard eux ils doivent faire quelque chose de leur vie. Grimper les échelons pour guider les esprits faibles des autres maisons, qu'ils n'aient pas à se donner des migraines toutes les cinq minutes sur des mots trop complexes pour eux. Oui, Alexander redevenait méprisable, donc son esprit se réveillait lentement. Trop lentement.

" - Comment ça … "une fiction te concernant" ? "

L'intérêt du Serpentard était piqué au vif.

" - Genre, je me fais kidnapper par un Sombral pour une mission secrète ? Non attend ! Mieux : un Dragon me gobe entier et me confie une quête qui déchire ! Attend non non, tu dis "une fiction" j'imagine donc que ce n'est pas encore écrit, donc je ne veux pas t'influencer. C'est facile d'embrouiller les esprits simplet, excuse-moi pour toutes mes idées géniales. "

Et le pire dans tout ça, c'est qu'il est sincère le petit Raeken. Vexant et imbu de sa personne, mais sincère. Il allait sûrement se prendre un aller-retour bien mérité. Pas totalement inconscient, le gamin prit conscience qu'il avait peut-être trop caresser la flamme. D'autant plus quand elle lui saisit la main. Plus flippant tu meurs. Un frisson lui parcouru le dos et une mine déconfite vint salir la beauté de son doux visage. Voila donc la saveur qu'avait la peur. Ou la terreur. Il n'aurait vraiment su dire. Et puis ça voulait dire quoi "Oisin 2.0 "? Peut-être son nom de héros dans l'aventure qu'elle écrivait à son intention ? Ou un sort d'année supérieur ? Nouveaux frissons. Son cul tapa de nouveau le sol glacer, sans qu'Alexander n'ait souvenir de lui en avoir intimé l'ordre.

" - … Je te dirais pas ce que je vois dans le miroir, parce que certains disent qu'après ça n'arrive pas. Et puis de toute façon j'ai moi-même du mal à le comprendre. "

Oui, c'était certain : elle recueillait des infos pour "Alexander le valeureux, mémoire d'un Serpentard grand vainqueur". Bon, faudrait sûrement retravailler le titre, mais les Serdaigle ont du temps pour ces bêtises, eux. Ignorant au passage le "je ne suis pas une chieuse" (grand mensonge de la part d'Heaven), il ne put cacher son étonnement.

" - Ta grande sœur ? Genre comme ton frère dont j'ai oublié le nom ? Du coup moi aussi j'ai perdu un frère ? Je comprends rien. "

Trop tard pour réaliser qu'une nouvelle bourde a été faite. Alexander croise les doigts intérieurement pour que cette remarque soit rayée du script interne composé par l'esprit bien ficelé de la jeune fille. Oui, il ressentait un peu de peine aussi, au milieu de l'incompréhension. Mais il fallait vite éluder le sujet. Ainsi il prit la question suivante très au sérieux. C'était aussi sûrement pour son histoire.

" - Alors ma partenaire (y en a toujours une) devra courir après mon pote (y en a toujours un). Lui il est stupide et mal peigné, pour que mes qualités ressortent bien. Elle elle est jolie, un peu torturée et intelligente. J'ai pas envie de passer mon temps à devoir tout lui expliquer. Idéalement c'est une sang pur comme moi du coup. Et elle me court après, mais moi ça m'intéresse pas. Je suis cool avec mon pote je la lui laisse. Mais c'est pas cool pour elle. "

Oui, satisfaisant. Parfait. Elle n'avait plus qu'à coucher les mots, Alexander avait fait le plus dur. Il lui avait mâché le travail. Comme tout Serpentard digne de ce nom devait le faire avec les plus faibles (donc tous les autres). Il rehaussa sa capuche sur ses cheveux, qu'il imaginait aussi blancs que ceux de Jack Frost tant il avait froid. Son corps lui intima d'appuyer ses coudes sur ses genoux pour un effort minimal, mais la capture de sa main par Heaven rendait la chose impossible. Alors il sacrifia sa tête, qui tomba mollement sur le côté comme si sa colonne en avait été détachée.