Le regard posé, délicatement, mais pourtant bien remplie de désintéressement. Face à cet écran, aucun sentiment ne semblait s’exprimer du corps de la Serpentard. Comme une poupée vide trop peu animée au point que seul ses doigts semblaient reliés. Pandore, pourtant déstabilisée par son propre talent, aurait pu faire semblant. Semblant d’être impressionnée par son adaptation. Comme si finalement, elle en avait quelque chose à faire. Des années qu’elle vivait ainsi, elle ne pouvait pas s’extasier pour si peu. S’extasier sur le fait qu’elle n’avait dorénavant plus besoin de jeter un regard naïf sur la manette lorsqu’elle jouait.  

Le doute planait pourtant, comme une aura qui l’habitait. N’importe qui aurait pu s’en rendre compte au premier coup d’œil, Pandore dans ses premiers essais. Elle avait fraîchement entendu parler de ce jeu depuis son retour en Angleterre et d’autant plus en à peine une semaine à Poudlard. Alors comme à son habitude pour faire bonne impression, belle figure qu’elle était Pandore s’y était arrêtée quelques instants. Du moins, c’était l’impression qu’elle souhaitait se donner pour ne pas abandonner aussi rapidement qu’elle ne l’avait lancé. Le jeu ne lui plaisait pas tant que ça, tout comme le fait d’être face à cette télé sans sens. La salle commune n’était pas vraiment, en son sens, l’endroit pour faire ce genre de chose. Mais malheureuse qu’elle était Greengrass n’avait pas d’autre choix.

Prendre sur elle, paisible. Du moins, jamais très longtemps lorsque les gens humains qu’ils étaient. Avait cette mauvaise envie de toujours s’essayer à la sociabilisation puérile.

Ce sourire forcé dont l’habitude le rend tellement réaliste, que même à ses yeux, Pandore serait bien capable d’y croire. Elle passe ses doigts derrière une oreille pour y placer l’une de ses mèches baladeuses. Le sourire d’une torture forcée, d’un choix quelconque, masque bien trop réel.

« Pandore. »

Son patronyme s’évapore de ses pensées comme un souffle inavoué. Son regard, qui parcourt la totalité du visage de cette nouvelle arrivante, l’observe lourdement sans même s’en cacher une seule seconde. La Serpentard savait qu’une seule parole pouvait tout effacer, tout évaporer. Quelques simples mots qui sonnaient comme un doux poème a ses oreilles, pouvaient la libérer de ce nouveau gène. Mais elle se tortille seulement quelque peu, se repositionne pour être face à l’écran.

« Ahah oui, je viens de commencer alors il faut que je prenne un peu la main. »

Elle se mord légèrement l’une de ses joues intérieures.

« Je ne savais même pas qu’il y avait du multijoueur. »

Bien sûr qu’elle le savait, autrement il n’y avait aucune réelle raison que les gens en parlent comme si le jeu était un des saint grall. Le fait de pouvoir jouer à plusieurs sur un jeu vidéo apportait toujours plus de joueurs qu’un simple jeu étant donné qu’il permettait de partager du bon temps entre amis derrière l’écran.

« Alors ton aide sera fortement appréciable. »

Et de toute manière, vue comment Sephora était déjà bien installée, ce n’était pas comme si elle aurait accepté le moindre refus.

Ses yeux font de légers va-et-vient, se posent quelque temps sur l’écran. Le parcourent et observent ce visuel multijoueur qui prend forme sur l’écran et d’autre fois glissent jusqu’à Sephora pour l’examiner toujours un peu plus. Pandore silencieuse reste pourtant bien souriante, la seule chose qu’elle sait si bien faire. Sourire délicat qui reste présent malgré sa fausseté. La partie commence et Pandore pianote avec légèreté sur les boutons de sa manette. Sans même qu’elle n’est à placer un nouveau regard, car la partie commencée, elle ne pouvait (semble-t-il) pas détourner le regard de l’écran, la Serpentard était étrangère aux bruits qui semblaient s’échapper du côté de sa nouvelle camarade de jeux. Une certaine rapidité dotée d’une grande férocité aurait-elle pu dire.

Une différence qui ne faisait aucun doute entre les deux parties. L’une beaucoup plus plaisante et délicate que l’autre. C’est d’ailleurs l’explication donnée à ce soudain sursaut. Les yeux grands ouvert, Pandore avait été effaré de voir ce genre de réaction en sa compagnie. Elle regrettait d’ailleurs amèrement d’avoir commencé à jouer alors qu’il y avait d’autre personne dans la salle commune, maintenant, elle craignait de devenir sourde avec un tel énergumène. Un départ imminent s’était pour ainsi dire, même immiscé dans son esprit tellement les sons provenant de l’autre manette, c’était amplifiée.

Parce qu’après tout, Pandore n’était pas du genre à faire l’erreur de détourner son regard durant un niveau. Non pas qu’elle était totalement charmée par le jeu, mais bien parce que son faible niveau ne lui permettait pas de s’exalter plus de cinq millièmes de seconde. Alors, elle avait fait vœu de silence par sa concentration. Sa technique d’éviter les monstres plutôt que de chercher les combats directs lui semblait être la réaction la plus appropriée étant donné que Pandore ne connaissait pas assez le jeu pour s’y avancer et encore moins le mode multijoueur qu’elle n’avait jamais testé.

« Effectivement, s’amuser est l’essentiel. »

Avait-elle finalement pris la peine de glisser au court écran noir. Bien que Pandore ne prît pas beaucoup de plaisir et que compte tenu des réactions disproportionnées de Sephora, elle s’imaginait que c’était bien de même pour cette dernière.

« Autrement je dois avoir commencé le jeu depuis quoi, deux-trois heures grand maximum ? »

Pandore ignorait si elle devait considérer la débrouille potable comme un compliment, mais comme elle n’avait aucun réel intérêt mis à part la bonne figure et l’intégration à être devant cette console, elle avait lâché un rire malgré elle. La sociabilisation, même faussée était une part d’elle. Alors bien que Pandore semblât désorientée à l’idée de se concentrer au jeu et de discuter, elle avait tenté le tout pour le tout. Au pire, elle perdrait ses vies et finirait par mourir. Les jeux vidéo n’ayant pas d’intérêt majeur dans sa vie, la défaite ne l’atteignait pas. Pourtant Pandore, si mauvaise joueuse qu’elle était.


« Serpentard en septième année. On ne peut pas dire que je fais quelques choses de spécial étant donné que je suis encore le parcours commun. Néanmoins, je pourrais dire que je reviens d’une année en échange scolaire, alors bon. »

C’était peut-être un peu plus intéressant et sonnait plus humain que de donner ses spécialités comme un vulgaire robot. Mais Pandore n’avait en soit, aucune envie d’étaler sa vie même publique.

« Et toi ? D'ailleurs, tu joues souvent aux jeux vidéo parce que tu te débrouilles vachement bien. »

Autant dire qu'elle était beaucoup trop violente sur son acharnement. Mais ça, c'était un peu plus difficile à dire pour une première parole.

Elle écoute à moitié, d’une oreille semi-sourde. Pandore récupérait seulement le minimum vital, dans le cas où elle aurait besoin de relancer la conversation, quelques informations qui sonnaient importante à ses oreilles. Parce qu’au fond, elle pourrait poser d’innombrable question, jusqu’à même la noyer de ses mots, Pandore n’en aurait toujours rien à faire de ses réponses. Ses cheveux viennent balancer à l’avant de sa tête, libéré de tout, ils commencent à glisser le long de son visage. Pandore profite de quelques misérables secondes éloignée de monstre pour remettre d’une main, ses mèches glissantes derrière son oreille. À croire qu’elle avait un fond de motivation pour ce jeu, finalement.

« Poufsouffle hein. »

Murmura-t-elle d’un souffle pour elle-même. Pandore n’avait au fond, que faire des potentiels combats entre maisons, mais si ses sentiments étaient mis au goût du jour, elle dirait qu’elle n’apprécie pas spécialement les jaune et noirs. Elle avait malgré tout sa propre vision, les blaireaux étaient en son sens, bien trop simpliste et naïf. C’était à vrai dire, ceux qui tombaient avec le plus de facilité sous ses masques de délicatesse. Et un fin soupir fini par s’échapper de ses lèvres, car l’un de leurs nombreux problèmes, était aussi que beaucoup d’entre eux étaient curieux. Donc aussi adepte d’une bavardise remplie de questions.

« J’étais à Mahoutokoro, au Japon. »

Elle se mord la lèvre inférieure.

« C’était… pas mal ouais. »

Sur l’écran, son avatar donne l’impression de clignoter. Elle avait foncé dans un monstre sans vraiment s’en rendre compte, ce qui avait eu le malheur de lui faire perdre une vie. Le mode multijoueur était assez différent du mode simple.

« Sérieux ? Y en a combien en tout ? »

Elle savait que le mode un joueur était lui aussi assez long et vue que Sephora était arrivée, Pandore n’avait pas pu en voir la fin. D’ailleurs, elle c’était dit en commençant sa partie, qu’elle ne le verrait sans doute jamais. Parce qu’elle ne s’y amusait pas réellement, alors il y aurait toujours quelque chose de nouveau qui finirait pas l’attirer ailleurs.

Pandore commence à pianoter sur sa manette presque naturellement, non pas qu’elle en était totalement habituée, mais elle finissait bien part exécuter les mêmes mouvements encore et encore. Alors elle donnait cette impression d’habitude, d’avoir fini par comprendre et d’assimiler les actions à entreprendre comme de simple réflexe. En vérité, elle se sentait assez blasée, presque dépassée. Pandore n’arrivait vraiment pas à comprendre où était l’amusement dans l’exécution continuel dans ce genre d’activité. Appuyer sur des boutons avec plus ou moins de frénésie, garde les yeux centrés sur un écran au graphisme presque décevant. Ça lui était presque impensable qu’autant de gens puissent avoir un plaisir envers ce soi-disant loisir. Et le soupir c’était finalement échappé sans qu’elle n’arrive à le refréner. Une forte expiration du nez qui avait aussitôt suivit.

Elles n’étaient même pas à la moitié des niveaux, même si elles avaient assez bien avancé. Ce n’était pas assez pour espérer terminer le jeu rapidement et dans son intégralité. Tout cela lui semblait vraiment incroyable et malheureusement, dans le mauvais sens du terme. Pandore aurait pu en rigoler, de honte, de peur. Ou qu’importe. Simplement parce que ses idées n’arrivaient pas à suivre la bêtise qui existait face à elle.

« Une centaine hein… »

Un simple murmure qui dissimule une certaine joie soudaine. À la vue de la seconde perte de vie de Sephora, Pandore en vient à penser qu’elles n’en avaient plus pour très longtemps et que terminer la totalité du mode multijoueur leur était impossible. Peut-être devrait-elle commencer à jouer avec ses pieds, parce qu’elle avait bien du mal à faire des étourderies qui lui coûterait la vie. Sur la télé, son avatar commençait à devenir un peu plus fou, sautant à tout-va espérant peut-être tomber sur un ennemi, mais bien sans grand succès.

« Tout est différent là-bas. Le paysage, la langue, les cours, les gens. Deux mondes magiques foncièrement différents. »

Deux endroits qui étaient séparés par 5662 milles de distance. Ce qui faisait un sacré paquet d’éloignement qui justifiait sans doute la différence de culture. Pourtant, ils ne leur suffisaient que d’un ou deux portoloin ou bien un réseau des cheminées bien établit pour parcourir cette énorme distance en à peine trois heures. Alors, le monde magique n’expliquait pas réellement la différence de ces deux mondes. L’un des éléments qui avait le plus charmé la Greengrass, était sans aucun doute qu’aucun moldu ou cracmol ne s’y trouvait… Ce n’était pas à cause de leur vision de pensée, malheureusement, mais l’année lui avait été quand même vachement bénéfique, loin de ses absurdités. Et elle avait haussé les épaules avec une légère désinvolture.

« Tu n’as cas leur offrir une valise que tu auras au préalable enchantée avec un sortilège d’Extension. Tu rentres dedans et tu pars avec eux, si tu es déjà sur les lieux, ils ne vont pas te renvoyer chez toi, car sinon ils devront faire le chemin pour être sûr que tu sois arrivée à destination. »

Ce n’était pas une idée qui venait d’elle, bien que sa vicieuserie lui aurait sans doute permit d’y penser simplement. Pandore n’arrivait cependant pas à se rappeler d’où elle avait entendu parler d’un tel plan. Quelqu’un qui l’avait déjà utilisé peut-être, mais elle ne se souvenait pas qui lui en aurait parlé. En cours, peut-être.

« C’est un peu compliqué… »

Parce qu’elles n’étaient même pas à la moitié des niveaux et que l’idée de rester encore plus longtemps scotché face à la télé commençait à la dégoûter.

« Je ne sais pas s’il y a un moyen de sauvegarder notre avancée, mais à la rigueur, on s’arrête au niveau cinquante… »

Dans ses paroles, était un peu sous-entendu le fait qu’elles continueraient la partie plus tard, toutes les deux. Mais ce que disait ses mots et ce que ressentait son cœur, était deux choses bien différentes.

Tout lui semblait féroce autour d’elle, autant le jeu qui se reflétait sur l’écran que la gamine avec qui elle se trouvait. Sans doute que de nombreuses pauses avaient prit place dans les emplois du temps parce que la salle commune commençait à être de plus en plus remplie. C’était assez énervant d’être autant entourée, au point que lorsque Sephora avait haussé la voix avec soudaineté, Pandore s’était imaginée quitté la salle avant même d’atteindre les cinquante niveaux qu’elle avait promit quelques secondes auparavant. Si rapidement capable de jeter à la poubelle ses propres paroles, que ça en serait presque déconcertant. Car Pandore était ainsi, à mettre très peut d’importance sur ses mots si après réflexion, cela l’inconfortait.

Mais parce que la tête de la Poufsouflle lui disait vaguement quelque chose, sans pour autant être capable d’où cette impression lui venait, elle avait préféré rester sur ses gardes. Garder un faible sourire sur ses lèvres alors que ses doigts continuaient de pianoter sur les quelques boutons de la manette. Après tout, malgré tout ce qu’elle pouvait être, Pandore n’était pas du genre à jeter à la trappe de potentiels biens pour un énervement de jeu vidéo combiné avec un abus de personne. Et elle avait silencieusement acquissé tout en perdant une seconde vie lorsque Sephora avait donné son accord pour les cinquante niveaux.

« Bien sûr que c’est intelligent. »

Un murmure assez fort pour qu’elle puisse le comprendre avec le bruit qui les entourait. Il ne faisait -presque- aucun doute, que Pandore ne donnait que de merveilleuses idées lorsqu’elle faisait preuve d’une certaine once de sincérité. Après, le fait que Sephora n’était pas capable de profiter de ce bon plan, par lacune de ses propres capacités, ça, ce n’était pas son problème.

« T’auras qu'à partir une année aussi quand ton BUSE sera passé. En plus comme ça, tu pourras peut-être frimer devant ta fratrie. »

Du moins, dans l’idée où ils n’avaient pas eux-mêmes déjà profité de l’échange scolaire qu’offrait Poudlard. Durant un moment, Pandore avait laissé le silence répondre à la curiosité de la demoiselle. Ce qu’elle comptait faire une fois libérer de son entrave ? À vrai dire, elle n’en savait rien. Son seul idéal était de partir pour ne simplement plus l’avoir dans les pattes. Les niveaux défilaient de plus en plus, jusqu’à l’affichage du niveau cinquante. Un seul parcourt et Pandore ne savait toujours pas ce qu’elle ferait de son nouveau temps libre qui approchait. À croire qu’avec les enfants, tous devaient être organisés à l’avance.

« J’irais sans doute étudier. »

Et elle avait haussé les épaules lorsque leurs avatars virtuels avaient dépassé la dernière porte, affichant dorénavant le niveau cinquante et un. C’était une activité bidon et pas spécialement un mensonge non plus, bien qu’il s’agissait encore du début d’année, si Pandore souhaitait rester paisiblement dans le top dix de sa classe, elle devait commencer à mettre les mains à la pâte.

« Je te laisse sauvegarder si tu veux en garder une trace pour plus tard. »

Où pour simplement te rappeler que cette partie, du moins, avec Pandore Greengrass ne serait jamais terminée. Et sur ses mots, elle avait déposé sa manette tout près de l’écran avant de se lever. Récupérant ses quelques affaires qui traînaient à côté de son ancienne assise.

« Bon, bah, c’était marrant en tout cas. »

Le dernier mensonge qui traverserait ses lèvres à l’égard de Sephora, Pandore ouvra la marche pour enfin sortir de cette salle commune. Qui était, beaucoup trop commune, à son humble avis.