so hard to find this place (moïra)

Une esquisse à la commissure des lèvres, quelques mots bien gentils, trop polis qui s'échappent au rythme des regards qui se croisent ; l'apparat dans tout son éclat. Moïra cependant divague dans le monde de ses pensées, Moïra ne fait pas attention, Moïra n'écoute pas toujours, elle juge l'aptitude de l'Homme à se mouvoir dans ses rêves enchantés, ceux où de ses mains elle confectionne des pays envoûtants. Douée de passion, douée dans l'action, Moïra ne peut s'empêcher de croquer, de trier, de visser ou déboucher, et les conseils ne sont bons que s'ils peuvent l'aider à se perfectionner. Elle est de ces âmes aux bouquins accrochés aux mains, de ces fées à la curiosité discutable ; énergique et adorable, pourtant irréprochable. Il y a chez Moïra cette volonté de réussir, cette envie de découvrir et ce besoin de s'enrichir, il y a chez Moïra cette presque absence de notions simples comme l'amour ou l'amitié, mais ce savoir déjà si grand ; et encore toutes ces choses à apprendre pourtant. Moïra ne ment pas, Moïra se questionne puis questionne, interroge le monde et ses habitants sans un filtre pour camoufler ses dires. Si pure et si impure, sans aucune armure elle défie le monde en cherchant à s'intégrer, elle et son syndrome du savant adoré.

Il y a à ses lèvres comme l'air d'une constante maladresse, dans ses pas l'assurance d'une reine et la tranquillité d'une sœur. Moïra se trouve belle, Moïra comprend sans comprendre les batailles et les guerres incessantes, elle voudrait pouvoir observer encore et encore pour se faire un avis, sans jamais être sûre de pouvoir y arriver. Elle voudrait pouvoir tout apprendre, Moïra, elle voudrait pouvoir tout savoir, de ce qui est bon ou de ce qui est mauvais. Elle pratique la théorie et les définitions mieux que personne, elle connaît ces limites qu'elle n'hésitera jamais bien longtemps à franchir, car après tout, la curiosité semble en elle bien plus malsaine que chez quiconque d'autre en ce monde. Moïra n'est pas si horrible cependant, elle a le rire facile et l'entrain communicatif. Ce ne sont pas ses sourires peu nombreux qui font d'elle quelqu'un qu'on évite étant donné qu'elle est celle qui s'invite, celle qui tente puis retente pour montrer à chaque personne qu'elle est bien, Moïra, qu'elle est gentille, qu'elle est capable. Malgré ses instants de solitude, de ceux ou plus personne n'a plus d'intérêt à ses yeux, malgré son humeur changeante dès que l'inspiration arrive au creux de l'âme, malgré la folie apparente et les murmures parfois effrayants. Malgré tout ça elle tente, Moïra, d'allier son monde à l'Humanité et à celui des autres, car elle a compris qu'autrement elle ne parviendrait à rien. Tout n'est qu'intérêt.

Tout n'est qu'apparat.

EN BREF sérieuse ; réfléchie ; polie ; gentille ; stable ; son syndrome la dote d'une mémoire époustouflante ; très douée dans beaucoup de domaines ; quelques difficultés sociales qu'elle tente de corriger mais rien de trop handicapant ; lit tout le temps ; bricole tout le temps ; crée tout le temps ; n'a aucun filtre oral ; ne sait pas, ou ne veut pas, mentir ; curieuse de tout ; a la fâcheuse tendance d'oublier ce qu'il se passe autour lorsqu'elle est concentrée ; autrement elle observe beaucoup les gens pour s'imprégner de certains de leurs codes sociaux ; est assez amusante pour dire vrai ; un peu délurée ; a le rire facile (une fois qu'elle comprend) ; lit énormément ; a parfois du mal à retranscrire sa mémoire ; pas hyperactive, cependant relativement inépuisable ; tout à fait le genre de fille à chanter la reine des neiges ou ces chansons qui restent en tête et qui gavent la plupart ; aime beaucoup le vintage ; Moïra tente de grandir, consciente d'être toujours une enfant.

Il y avait un loup dans mes cauchemars, un loup si grand qu'il en était monstrueux, et parmi les cris qui s’égorgeaient contre les murs de la maison il y avait les siens, rauques et assassins. Je ne me souviens pas très bien de ce moment où ses immenses griffes l'ont éventrée, mais j'entends encore le murmure de son râle dans mes rêves et sens la mort de son souffle au creux de mon cou. Depuis, je ne me sens plus en sécurité nulle part ; car de l'au-delà la bête pourrait bien même vouloir encore me dévorer. Elle le fera, si je ne fais pas attention.

Il n'y a que cela quelle sache faire après tout.
Elle a tué mes parents.

Il y avait aux creux des bras de Cattleya cette enfant aux pleurs incessants. Perdue dans le désert, abandonnée quelques heures à peine après sa Première. Il y a eu aux creux des bras de Cattleya ce petit ange au sourire rassurant, ce monstre aux jeux dangereux à qui la vie ne cessait d'offrir chances et cadeaux à longueur de journée. Moïra la rescapée aurait dû y périr plus d'une fois, dans ce désert brûlant, et pourtant elle y demeurait toujours, à y jouer avec son feu. Il n'y a rien à dire d'une enfance dont rêveraient tous les nourrissons, d'une éducation à foison, d'un amour qui ne cessait jamais d'être versé. Cattleya et Isaac Paddington, et Moïra, la fierté de deux existences entrelacées.

Il y avait à son jeune âge l'insouciance et l'inconscience, pourtant déjà de ces signes prédisposant le génie. Il y avait chez maman la magie, et chez papa aussi ; que de choses magnifiques. Il y avait Londres et ses gens comme elle, puis Londres où tout était différent, si beau et tellement plus animé. Moïra douée d'une mémoire à en couper le souffle, Moïra douée, toujours douée, déjà entrain de créer. Les jouets de son enfance se nomment bois et clé à molette, vis et tournevis, châteaux de cartes et bains de boue.

Il y avait les heures passées chez Hallelujah, les heures passées à s'amuser avec son cousin, avec ses cousins, puis ses oncles et ses tantes. Les heures perchées dans ces cabanes accrochées aux arbres, sur ce tapis que papa faisait voler comme Aladin pour que petite Moïra devienne une vraie princesse. Il y avait la vie, chez Moïra, et puis très vite il y eu Poudlard aussi. Une école de magie, une école pour les sorciers qu'elle semblait ravie d'intégrer pour cette seconde rentrée autorisée aux non-mages comme elle l'était. Il n'y avait même pas eu l'exclusion car elle avait forcé l'intégration.

Et puis les années étaient passées, le temps s'était écoulée. Moïra qui avait toujours eu cette chance folle avait tout perdu en une nuit de pleine lune.

Le monstre était venu et il les avait tous mangés.

Il y avait un loup dans ses cauchemars, elle loup dans ses pleurs, un loup dans son coeur. Il y avait un monstre dans son âme, rongeant chaque parcelle à l'odeur alléchante. Il y avait une bête dans ses peurs, horrible bête dans sa tête. Qui avançait doucement. Lentement. Calmement. Dans le seul espoir de pouvoir la goûter.

Il avait goûté maman.

Il avait goûté papa.

Elle avait été sauvée par son oncle qui s'invitait ce soir là.
Alaric Wheeler, frère de sa mère, beau-frère de son père, frère du papa d'Hallelujah qu'elle rejoignit dans le deuil après ça.

Depuis quatre ans sous la garde d'Alaric et de ses fils Newt et Aymeric, elle coulait des jours plus ou moins heureux sans savoir si elle était triste ou si tout allait bien. Depuis quatre ans elle s'était rapprochée de son cousin qu'elle considère comme un modèle, Hallelujah Wheeler, ancien préfèt-en-chef de Serdaigle qu'elle tentait d'imiter à son tour. Monter les échelons. Toujours s'intégrer en visant plus haut. Toujours rester dans son monde, en y accueillant les autres.

Toujours, toujours faire plus pour s'accrocher et ne plus lâcher.

Ash // TC de Bartolomeo & Kain