RENCONTRE HASARDEUSE ft. Amélia

Les crissements incessants de la faune nocturne traçaient toute l'ambiance de la forêt nocturne où le naturel semblait avoir bien du mal à trouver sa place. Une magie sombre flottait dans l'air, un tintement qui n'appartenait qu'à la nuit - et mon esprit dévergondait déboulait dans ce dédale, désorienté, désireux d'une douce solitude que la proximité d'humains ne pouvait offrir.
Les vents froids comme une caresse provocatrice ; les rebonds des sensations du corps, et mes yeux s'offraient le spectacle des teintes marinées des arbres endormis.
Au sein de ces lieux interdits, l'attrait de l'inaccessible ; à travers les sentiers, la senteur des lieux si rarement foulés.

Polarisée par la création incessante, guidée par les esprits artistiques ; et tout se terminait dans une lente destruction, la doucereuse agonie qui ravissait les yeux.
Dans ce voile impassible, la plus vivace douleur avait la douceur du battement d'ailes d'un papillon - et cet envol durait, jusqu'à ce bref instant d'un paroxysme qui succédait à la mort. Parfois, il me prenait le goût du sang ; parfois, l'envie d'une douleur violente pour flirter avec les plaisirs d'une mort imminente. Ma réponse n'était peut-être pas accessible si ce n'est dans une fin assumée. L'accomplissement final, les échos justes d'une mélodie finement achevée.

Chaque pas marquait les résonances des notes, chaque respiration, comme un rythme apposé à l'air funeste d'une vie éprise de liberté. L'orchestre s'entrecoupait de silences ; la longue réflexion d'existence, parsemées des doutes sur ma volonté.
Les arbres moqueurs, l'obscurité naissance, et mon absence de baguette comme le rire silencieux d'un destin farceur. Avec la flamme d'une colère, l'envie de brûler la forêt ; avec ces sentiments inconstants, une versatilité dangereuse.

« Me prêterais-tu ta baguette ? »

L'instinct avait parlé avant même que les yeux ne voient ; l'esprit s'était réveillé, détaillant la silhouette, avant même d'en avoir examiné ses droits.
Une voix fluette, tracée sur le fil d'une gourmandise incessante - et dans mes yeux, à chaque pas qui rompait la distance rendue imprécise par l'omniprésence d'une obscurité dominante, l'envie grandissante d'un besoin enivrant de comprendre.

« J'éprouve le désir intense de brûler cette forêt sur-le-champ. »

Le monde, à l'instant de ma prise de conscience, avait aligné les astres pour faire parvenir le croisement de nos regards. Nos destins s'étaient décalqués pour cette unique rencontre, les jours avaient défilés, marquant le temps de ce moment sans pareille. Une vision opposée, des sentiments partagés ; nos âmes à l'unisson, un demi-refus, sa neutralité éludant la curiosité à l'égard de ma demande soudaine.
Aurait-il accepté, avec une baguette plus commode ? Aurait-on consumé ces agents des ténèbres dans un feu grandissant, privé cette école d'une part de sa légende, d'une peur éternelle ?

Mes yeux pétillaient de l'étrange désir d'un fantasme à portée, la gourmandise à quelques mètres de sa réalisation, au nom d'un bout de bois un peu trop affirmé. Mes désirs égoïstes obstruaient parfois le jugement d'une raison boitillante, se maintenant aux flots d'une folie écrasant les moindres limites.
Pour autant, le refus me pesait ; et la frustration me rendait impatiente tandis que mon corps se mouvait avec une étrange nervosité. Quelques pures expressions d'une colère muette, le désir intense de répondre au besoin d'une pyromanie soudaine, intense, éclatante.

Les flammes semblaient danser sur ma peau encore glacée par l'hiver, la sensation enivrante d'une chaleur grandissante comme la pensée salvateur d'un instant d'inaction. Un corps givré, incapable de se contenter du regard ; l'âme dévergondée, agitée par les intenses virements versatiles qui ne trouvaient pas de fin.

« Pour la même raison que toute autre envie. Par caprice de l'esprit, par sursaut de l'âme. Je ne déteste pas cette forêt, mais mes pensées me hurlent de la condamner à l'immolation. »

Le désir du quotidien s'entrelaçait avec ces soudaines impulsions dangereuses, mêlant le mal à la plus morne simplicité. Sous les lueurs nocturnes, les étoiles cachaient leur regard aux sombres ténèbres que la forêt renfermait - l'âme la plus noire, libre de toute limite, défiant les plus lointains piliers d'un univers inéluctable.
L'arrogance en tête de file, traçant les courbes de mon cœur capricieux jusqu'à diluer les normes dans une envie si profonde que pas même l'univers n'y résisterait.
Durant une seconde, mon regard quitta cet univers lointain pour s'attarder sur le visage de ce garçon étrange - et il capta le sien pour ne plus le lâcher, captivé par l'expression unique qu'il abordait.

« Jusqu'où peux-tu voir dans cet univers ? Parviens-tu à répondre à tes propres désirs et à accrocher l'ombre de ton propre bonheur ? Je lis de la clairvoyance dans ton regard, et pourtant, tu n'éprouves pas la moindre peur. Est-ce que tu aimes vivre ? »

Laisse-moi comprendre, pénétrer tes pensées.
Laisse-moi explorer jusqu'aux frontières de ton âme.