La matinée avait été folle et la journée qui s'était écoulée n'avait été qu'un enchaînement de rires, de blagues plus ou moins drôles, de friandises dégustées et d'horreurs mal jouées - t'avais faillit te casser une dent avec un bonbon proposé suspicieusement au goût immonde que tu ne préférais pas identifier, tu t'étais fais vanner un nombre incalculable de fois sur ton costume ridicule et le pire, c'est que tu t'étais ramassé plusieurs fois avec cette robe qui se glissait sous tes chaussures, avant de te laisser entraîner avec tes camarades de dortoirs et tes amis dans des trucs plus stupides les uns que les autres. Un pas hors de la chambre avait suffit pour que tu perdes Kain du bout des doigts, mais après quelques messages échangés, vous aviez convenu de vous retrouver - et, pour une fois exceptionnelle, tu étais arrivé au point de rendez-vous en avance.
Tout simplement parce que tu avais calculé le fait que tu prendrais dix ans à monter ou descendre les marches avec ce costume avec lequel tu te cassais la gueule toute les cinq minutes ; t'avais anticipé la grosse merde que ça serait et tu avais bien fait. Arrivé en avance - fait que l'ont pourrait noter comme surnaturelle au point où tu en étais - fit prendre conscience qu'il était inadmissible que Kain arrive un temps soit peu en retard.
Et évidemment. Il fut en retard.
Alors que tu réfléchissais à si t'allais lui déchirer ses morts, tu finis par l'entendre t'appeler du bout du couloir et bien malgré toi, ton sourire habituel vint fleurir sur tes lèvres alors que tu l'observais accourir vers toi comme un petit chien - tu serais presque tenté de faire se bruit de bouche distinct, de tapoter tes cuisses et de lui demander de ramener son gros boule de sac à puces. Il te prit cependant de court en faisant des grognements digne des plus grands oscars de films d'horreur et on t'envoyant une menace qui terroriserait même la dignité elle-même s'il en avait une.
Arrivé à tes côtés il vint te caresser les cheveux comme par automatisme, dans un geste affectif que tu lui reconnaissais bien et, comme à ton habitude tu geignis un peu en essayant vainement de te dégager sous les doigts infantilisant ; sa phrase te fis rouler des yeux et faire la moue pour croiser les bras - ce qui aurait pu être un enfant mécontent se retrouve à être un détraqueur mal léché ; le ridicule frôlait l'indécence.
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Ah. Ah. Ah. Très drôle. Et toi tu t'es pas fait euthanasier avec ta sale gueule de cleb's que tu trimbales ? répondis-tu du tac au tac ; aussi fier qu'il était de sa vanne moisie et de ta réplique pas plus recherchée, il rit légèrement et finit par t'expliquer la raison de ce point de rendez-vous précis ; même si tu en avais une vague idée.
Tu finis par te décaler légèrement du mur pour qu'il puisse faire apparaître la salle sur demandes, après quelques pensées précises et trois allés-retour bien ajusté ; la porte vint se déceler devant vous et son ouverture fut comme un énorme cadeau bien présentée, avec l'excitation de savoir ce qu'il y avait au-delà des murs - et à comment la pièce s'était arrangée sous l'imaginaire et le besoin de deux garçons en quête de frissons.
Et la magie te subjugue un instant.
Tu entends à peine son juron, alors que tu détailles chaque recoin avec une avidité et une appréhension particulière ; à quel point le réalisme était poussé ? Tu ne préférais pas trop y penser, malgré le frisson qui vint te parcourir l'échine avec ce picotement presque sournois du pressentiment qui ne présageait rien de bon. Docilement, tu le suivis jusqu'à la large bibliothèque qui s'offrait à vous et quand il vint à te pousser à commencer, tu ne pus t'empêcher de rire, choisissant du bout des doigts un ouvrage.
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Tu vas voir, j'vais t'faire pisser dans ton froc.Tu vins t'asseoir contre un tronc coupé juste à tes côtés, comme positionné là exprès comme une assise - ce qui semblait être clairement le cas. Et le nez dans le livre, tu vins à l'ouvrir et tu sentis un froid surnaturel te caresser le visage et les mains qui détenaient chaque page ; un peu curieux, tu le feuilletas quelques secondes avant de prendre au pif un début d'un nouveau chapitre et d'une nouvelle histoire. A cet instant, tu ressemblais à un vieil enchevêtrement de draps noir, le menton baissé te cachant les yeux bêtement alors qu'en te glissant en tailleur, t'avais amassé boue et feuilles mortes.
Tu tousses de façon théâtrale.
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Un soir... Parce que c'est toujours le soir, à minuit pendant la pleine lune hein... Donc, un soir d'octobre, dans une petite maison, Emilie... et tu fais légèrement la moue avant de relever le menton vers ton ami ; il ne voyait que ta bouche
Ouais, non, on va changer les noms randoms par d'autres, ça sera plus drôle... Alors. et à nouveau tu tousses inutilement
Donc je disais, un soir... d'octobre... Sharl... et tu te mords la joue très, très fort
...dormait paisiblement sous les draps. Comme chaque soir, son chien restait sous son lit et comme c'est une flippette du genre à s'pisser dessus, il avait l'habitude de passer sa main sous son lit pour que Fripouille (c'est le nom du chien) lui lèche les doigts dans un geste rassurant. tu essaies de lui jeter un regard avant de replonger dans ta lecture presque improvisée
En cette nuit d'octobre, Sharl pouvait entendre le robinet de la salle de bain attenante goutter inlassablement alors qu'il essayait tant bien que mal de dormir... C'est agacé qu'il se relève pour aller fermer le robinet. Alors, il revient dans son lit et laisse sa main se glisser sur le sol, pour sentir Fripouille lui lécher les doigts et espérer se rendormir tranquillement. tu relèves à nouveau le menton et tu captes son regard
Mais c'est là qu'y a une couille dans l'poté. et tu replonges une énième fois entre les lignes.
Alors qu'il s'endormait, Sharl entend à nouveau le lavabo goutter... jor, ploc, ploc, ploc, tout ça... Alors comme ça lui casse les couilles, il se lève et va à nouveau serrer le robinet à fond, puis il se repositionne dans son lit et là, à nouveau, il sent son iench lui lécher les doigts. une inspiration
Mais encore. Encore ce bruit d'eau qui goutte et raisonne dans la pièce. Sharl ne comprend pas et ça commence clairement à les lui briser. Il ouvre les yeux et il se rend compte que le bruit ne vient pas de la salle de bain mais de son placard.Un silence.
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Tin. Tin. Tin. Alors Sharl, qui voudrait bien dormir quand même - parce qu'il a sortilège le lendemain donc faut pas déconner - s'élance vers son placard, sans vraiment comprendre ce qui pouvait bien faire ce bruit si distinct entre ses piles de vêtements. Il ouvre le placard. Mais il n'y a pas d'habits. tu fais un peu la moue
C'est pas plus mal, vu les fringues qu'il porte, tu me diras. et tu tousses pour reprendre faussement ton sérieux
Non. Plus rien. Si ce n'est son chien, Cassecouille, la nuque brisée, pendu aux cintres du placard. C'est son sang qui goutte inlassablement. Et là. Inscrit dans le bois, il discerne une phrase, unique, qui le pris d'effroi : les humains aussi, peuvent lécher les doigts. et tu te redresses soudainement, ta main glissant légèrement sur ta capuche pour pouvoir le regarder, gravement, comme si tu allais lui annoncer un sort terrible.
Tu fais claquer le livre entre tes doigts de façon théâtrale, le bruit se répercute dans toute la salle et dans ce bois, entre les arbres.
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Ce qui se trouvait sous son lit, c'était Orphan. Voilà. C'était un début de fanfiction Sharl x Orphan. Giga glauque hein ? Comment tu veux qu'une histoire soit plus effrayante que celle-ci ? dis-tu très rapidement, comme pour clore un sujet embarrassant.
-- et le pire, c'est que tu es presque sérieux.