"Le soucis, c'est que tant que le cœur conserve les souvenirs, l'esprit garde les illusions."
Des mois passés à attendre. La Mort ou bien quelque chose d’autre. Des mois à ce questionner sur les silences et supplices de l’âme, à ce demander « pourquoi ? » sans y trouver de réponse. Des mois cloisonné dans cette chambre. Tu en es venue à la détester. Haïr les draps, le plafond, les murs et la vue. L’odeur même qui se dégage de cette pièce plus tu y passes du temps, alors que celle de Vega s’efface doucement. Cela fait plusieurs jours, peut-être même semaines, que tu te sens comme prisonnière de ces quatre murs. Comme si l’on te retenais ici. Ce qui est faux. C’est toi Borea, qui a voulu y être. C’est toi et seulement toi qui voulait disparaître. Et depuis des jours, tu comprends que depuis le début, à l’instant même où dans le coin de ton œil tu l’as aperçue avec son linceul, il y a une part infime de toi qui veut et désire plus que tout vivre. Pas juste le monstre qui s’agite. Non, toi, une part qui ne s’est pas éteinte. Alors les questions se font plus insistantes : qu’est-ce qui te retiens encore ici sans ménagement ? Tu as broyé des âmes que tu aimais profondément en mourant, alors pourquoi rester en vit quand tu sais que ton retour serait une infamie ? Tu te sens désabusée. Fatiguée de tant d’interrogations. Pourtant, tu n’en peux plus de ces murs.
Il est vrai que tu n’as pas ta baguette, mais ce n’est pas pour autant que tu te sens complètement handicapée, transplaner restait dans tes cordes. Vega et son père t’avaient acheté quelques tenues, pour le jour où tu te déciderais à rencontrer le soleil autrement qu’à travers cette maudite fenêtre. Aujourd’hui, tu l’as fait. Après avoir peaufiner ton plan une bonne semaine à l’avance, te voilà baignant dans la foule de Londres moldu après des mois de captivité. Nourris bien sûr, cette semaine tu n’as pas rechigné face aux verres de sangs, malgré ton ventre qui se retournait à chaque fois un peu plus et ton esprit plongeant dans de plus sombres ténèbres. Tu as terriblement maigris, ce n’était pas que boire du sang que tu as refusé, mais aussi tout simplement te sustenter Borea et il faut avouer que la nourriture est devenue bien fade depuis ta transformation. Les odeurs t’agressent et les bruits… une cacophonie insoutenable ; le calme du manoir Blackwell te manque terriblement, mais pas question de faire demi-tour : tu as plus que jamais besoin d’échanger avec quelqu’un… quelqu’un qui doit aussi attendre inévitablement la mort. Déterminée, tu entres dans la prison de Belmarsh.
▬ C’est pour une visite. ▬ Quel détenu ? ▬ Lukas Dawson.
Le gars de l’accueil semble regarder une liste, ça tu t’en doutait, mais tu avais prévue le coup et avant même qu’il ne te demande, sans sourciller, tu annonces :
▬ Arya Strauss.
Elle était forcément sur la liste. Toi c’était tout bonnement impossible. Peut-être bien qu’il ne voulait pas recevoir de visites, ça te semblerait relativement logique, mais le simple fait que tu viennes en plein mois de Septembre un jour de semaine où Arya devrait être en cours… ça allait piquer la curiosité si légendaire des Serdaigle, tu en étais tout bonnement certaine et en soit, c’était ta seule option.
▬ Mon collègue va vous conduire à la salle des visites.
Tu vois bien dans son regard qu’il se retenait d’ajouter quelque chose, mais valait peut-être mieux pour lui qu’il se taise… tu n’as encore aucune idée de ce qu’il se passe au niveau de tes pulsions, réactions quand on t’importune et tu n’as pas envie de le découvrir ici. C’est donc avec sagesse que tu suis le garde. Finissant par t’installer sur la chaise qu’on te désigne tu attends, un poil impatiente, mais intimement persuadé qu’il viendra. Après plusieurs minutes, tu reconnais sa silhouette. Un sourire carnassier s’étire sur tes lèvres.
▬ C’est donc ça le regard de quelqu’un qui voit un mort en vit, intéressant. Tu tapotes la table devant toi. Allez Lukas, viens t’asseoir.
Re: des bleus à l'âme ; ft. Lukas Jeu 25 Juil - 10:22
des bleus à l'âme
Les heures passent, inlassablement, comme si le temps s'était soudainement arrêté.
Pourtant les premiers jours en tant que détenu n'avaient été que découvertes et observations, de nouveaux rituels, de nouveaux horaires, de nouvelles personnes et parmi tout ce ramassis de nouveautés qui te rappelaient ta nouvelle condition de vie tu parvenais à t'échapper lorsque quelqu'un daignait venir te voir. Arya était certainement celle qui venait le plus souvent avec Vega, elle t'apportait réconfort, un réconfort que tu t'évertuais chaque fois de dissimuler devant elle et que tu chérissais profondément chaque fois qu'elle franchissait cette foutue porte affublée du mot "sortie", ça t'étais désormais interdit, de sortir, et ça te mettait en rage de les voir s'en aller. Comme un cycle vicieux, chaque visite apportait avec elle son lot de consolation et de désespoir, entremêlés dans une quête, une recherche de liberté. Pendant un temps tu pensais pouvoir vivre par procuration, en écoutant leurs histoires, en te mettant mentalement à leur place, et si les gardiens de la prison te blâmaient pour ton manque d'adaptation tu leur répondais intérieurement que Lukas Dawson ne s'adapte pas, on s'adapte à Lukas Dawson. C'était, du moins, pour te rassurer, le déni faisant désormais part intégrante de ta vie de prisonnier. Déni d'être enfermé ou Espoir d'être à nouveau libre, tu ne saurais plus les distinguer, ce qui était sûr, c'est que tu n'avais jamais été enclin à te tourner vers l'espoir, pessimiste invétéré.
Alors, quand en pleine semaine on t'annonçait la visite de ta douce Arya, tu ne pouvais que penser que quelque chose n'allait pas, qu'elle t'annoncerait la mort de quelqu'un, car bien qu'enfermé ici Vega te tenait au courant des incidents à Poudlard et ton manque d'empathie aidant tu n'avais, jusqu'à maintenant, pas inclus l'idée que le monde puisse t'arracher un nouvel être cher. C'est la mort à l'esprit et la mort dans l'âme que tu te dirigeais vers la salle commune, lieu de rencontre entre prisonniers et proches, et la mort c'est ce que tu t'apprêtais à y retrouver.
Un frisson parcours ton corps à présent immobile, menottes aux poignets par mesure de précaution qui t'accompagnaient depuis ta cellule jusqu'à cette pièce sécurisée, tu ne t'y ferais jamais. Le gardien défait tes chaînes, tes entraves, et alors que tu te masses les poignets en entrant dans la salle tu t'arrêtes à nouveau, tes muscles se crispant. Ce sourire, tu l'aurais reconnu entre mille et pourtant tu l'avais rayé de ta mémoire, ou du moins c'est ce que tu pensais. Pourquoi se souvenir de ceux qui sont morts ?
Sourcil arqué lorsqu'elle t'appelle à la table, bordel, Borea, qu'est-ce que tu fous là ? Tu t'assieds doucement, il ne manquerait plus que les gardes soupçonnent quelque chose et ta curiosité avait été piquée à vif, c'était plus fort que toi, un nouveau mystère à élucider, une Borea revenue d'entre les morts.
« Bonjour, Arya. » tu poses chaque syllabe, faisant vibrer le sarcasme à travers tes dents, la mâchoire toujours crispée de ne pouvoir l'accabler de questions, tu jettes un coup d'oeil au gardien qui, après ce premier échange, s'éloigne pour aller s'asseoir au fond de la pièce, là où vos murmures ne l'atteindraient pas. « Putain Boswell qu'est-ce que tu fous là ? »
On n'aurait pas su dire à cet instant si c'était de la colère ou de l'incompréhension dans ton regard. Tu l'observe en grand Lukas que tu es, ce n'était pas tant sa résurrection qui te perturbait, c'était tout chez elle, tout avait changé. Pas au point de ne plus la reconnaitre, des changements infimes qu'elle tentait certainement de cacher. Le teint blême mais les joue rosées comme si elle était en bonne santé mais qu'elle n'avait pas prit le soleil depuis des jours. Son corps presque tendu comme si elle se concentrait pour ne pas penser à quelque chose, comme à une drogue, tu n'en connaissait que trop bien les symptômes mais c'était quelque chose d'autre, de plus profond.
« Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? »
Elle était différente, mais qui étais-tu pour la juger ?
Borea S. Boswell
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Re: des bleus à l'âme ; ft. Lukas Mer 14 Aoû - 11:32
DES BLEUS A L'ÂME
"Le soucis, c'est que tant que le cœur conserve les souvenirs, l'esprit garde les illusions."
Tu le vois arriver, menotté. L’envie de sauter sur les gardes, de l’enlever de cet endroit où il ne mérite pas d’être, te prends aux tripes et tu dois croiser tes jambes, te retenir à la table. Visiblement la colère a une façon assez radicale de s’exprimer chez toi Borea. C’est déroutant et pourtant, sa te plais. Tu lui fais un grand sourire et son regard est sans équivoque : une part de toi s’en délecte. Ce tour de passe-passe te réjouie, mais uniquement dans les yeux du Serdaigle, au fond tu sais que tu n’es pas prête pour les autres. Il s’approche et tu l’invites à s’asseoir. Lukas te gratifie d’un « Bonjour Arya » qui manque de te faire mourir, une seconde fois, de rire. Il est plein de sarcasme et tu remarques qu’il attend que le gardien s’éloigne avant de te poser la question qui lui brûle les lèvres. Putain Boswell qu’est-ce que tu fous là ? Le sourire sur tes lèvres se fait plus large, comme si ta mâchoire allait soudainement se déboîter et peut-être qu’au fond de ta gorge, tu as envie de pleurer. Parce qu’il est le seul que tu peux voir sans craindre qu’il le répète, sans craindre qu’il exprime des ressentiment face à ton mensonge, votre mensonge à Vega et toi… enfin, tu l’espères. Lukas t’observes et tu tapotes la table du bout de tes doigts. Une distraction aux battements de son cœur. Au sang qui pulse dans chacune de ses artères. Et il te demande : Qu’est-ce qu’il t’es arrivé ? Un soupire t’échappe et ton sourire s’étiole.
▬ Un accident de voiture avec Clark, comme dans la version officielle, sauf que Vega m’a… sauvé. Le regard qui se lève vers Lukas n’est plus bleu, mais vermeille et d’un battement de cil, tu le fais fuir, revêtant l’azur naturel de tes prunelles. Je l’ai refusé et je ne suis pas sûre de l’accepter aujourd’hui non plus. Sincèrement, je ne sais pas pourquoi je suis là. Je crois… je crois que j’avais besoin de voir quelqu’un. Doucement une de tes mains se tend vers lui. De voir quelqu’un en détresse et qui avait aussi peut-être envie de mourir, autant que moi.
Et tu te mordilles la lèvre inférieure. Parce que ça te secoue, mais surtout pour te contenir et chasser l’envie de lui sauter au cou. De lui faire mal, alors que c’est la dernière chose que tu souhaites.
Re: des bleus à l'âme ; ft. Lukas Jeu 15 Aoû - 15:28
des bleus à l'âme
Elle soupire. L'accident, oui tu t'en souvenais. Mais tu l'avais cru morte, tu avais récupéré son téléphone, tu n'avais pourtant rien demandé. Vega l'avait sauvée, l'hésitation, le tremblement dans sa voix, les pupilles rouges, avais-tu halluciné ? Non, tu l'avais vu, ce rouge vermeille recouvrir le bleu océan, les vagues le balayant à nouveau. Tu avais déjà vu ça, tu étais même plutôt habitué à le voir, ce changement de couleur dans les pupilles, tu l'avais vu chez Vega et ça ne pouvait pas être une supposition, c'était une certitude à présent.
« Ouais, t'es pas vraiment vivante quoi. »
C'était sorti sans vraiment de tendresse, t'avais pas soupiré, tu l'avais pas dit avec compassion non plus, c'était un fait, Borea était devenue vampire, et tu ne pouvais pas t'empêcher de t'imaginer Vega, d'ailleurs, putain il t'avait rien dit ce con, ça t'aurait évité la surprise, tant pis, tu lui en parlerais plus tard, de Borea et de sa visite.
Tu t'écartes un peu alors qu'elle te tend la main. Pas que tu sois pas content de la voir, non, plutôt que ça réveilles en toi un instinct de survie, ses pupilles rouges, les tremblements dans la voix, les doutes, l'envie, la soif, tout ça tu l'avais vu des millions de fois et t'avais pas envie qu'elle te saute au cou devant les gardes de la prison, si elle ne s'était pas nourrie depuis sa transformation elle pourrait faire de sérieux dégâts, et t'avais pas envie de mourir comme ça, comme elle.
« Quelqu'un en détresse ? Boswell j'crois que t'as pas bien compris, je vis juste une putain d'injustice ici mais je sortirais c'est temporaire, et puis j'ai pas envie de crever, j'suis bien trop jeune et trop beau pour dire bye bye à la vie. » l'ego gonflé à bloc, comment avais-t'elle supposé que tu ne voulais plus de ta vie.
Evidemment, il y avait Lily, c'était surtout pour elle que tu aurais voulu mourir, pour qu'elle puisse vivre, mais tu savais que c'était impossible, elle n'était plus et toi tu ne pouvais pas t'empêcher de vouloir mourir, comme le cafard que tu étais, tu résisterais à tout ce que le monde déciderait de te faire endurer.
« Merde toi aussi t'es jeune » et belle, mais bon, t'étais pas du genre à faire des compliments « et même si Vega il a parfois des sortes de regret à être ce qu'il est j'pense que tu te rends pas bien compte de la chance qu'il t'a offert, parce que si tu veux crever pas de soucis je connais plein de façon de tuer un vampire » tu avais prononcé ces derniers mots dans un murmure, il ne manquerait plus qu'on te foute à l'asile en pensant que t'étais devenu fou, et t'avais entendu que là bas y avait pas de café et que la bouffe était vraiment dégueulasse « faut que tu comprennes que Vega il t'a offert un choix, rien de plus, maintenant je sais pas tu peux choisir de gâcher cette seconde vie ou bien d'en faire quelque chose, tu pourras toujours t'autoflageller ou tu pourrais aussi te dire que t'es libre même si c'est une liberté un peu différente de celle que tu connaissais. »
T'étais peut-être un peu amer, de savoir qu'elle s'empêchait de vivre et d'exister quand toi on te retirais ce choix, quand toi t'étais enfermé ici, mais malgré tout t'essayais de la raisonner, parce que tu savais que Borea elle aurait un avenir si elle le souhaitait.
Borea S. Boswell
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Re: des bleus à l'âme ; ft. Lukas Sam 31 Aoû - 18:52
DES BLEUS A L'ÂME
"Le soucis, c'est que tant que le cœur conserve les souvenirs, l'esprit garde les illusions."
Ouais, t’es pas vraiment vivante quoi. Au fond, ça fait mal. Pourtant, c’est ce que tu t’évertues à répéter à Vega et son père : si tu en es là, c’est que tu es morte, juste un instant et tu ne peux pas non plus ignorer qu’il y a quelque chose chez toi Borea, que la Mort a pris avec elle sous son bras. Devant ta main il s’écarte. Il a raison. C’était peut-être trop tôt et sûrement une mauvaise idée. Et tu te le redemandait encore : Pourquoi est-ce que je suis venue déjà ? Mais plus profondément, pas seulement pour voir quelqu’un, en détresse. Pourquoi Lukas ? Peut-être parce qu’il était le plus accessible, peut-être parce qu’il te reconnectait à la part toujours vivante en toi. Tu te redresse Borea. Et tu prends une gifle d’ego en pleine poire. C’est temporaire. Pas comme toi, c’est éternel. Pendant un instant ton esprit se perd, il s’imagine ta vie future et puis la voix du Serdaigle te ramène à la dure réalité. Oui ça c’est sûr, tu es jeunes et tu vas l’être un moment en plus. Tu l’écoutes, mais tu ne le regarde plus, sauf quand il mentionne sa connaissance sur les diverses façons de tuer un vampire. C’était comme si tes entrailles rentraient en ébullitions, comme si elles pouvaient comprendre les mots et pressentir le danger. Tes poings se serres un instant. Il continua. Accentua sur ta liberté et tu te sentie égoïste, lui qui était enfermé… mais tu es têtue Borea, une vrai Gryffondor, tu ne peux t’avouer vaincue si facilement, changer d’idée en un claquement de doigt. Tu vas devoir digérer ses mots. Le silence vous englobe et d’un battement de cil, tu te questionnes sur le temps que cela te prendrait de faire évader Lukas. En étais-tu seulement capable ? Tu hausses des épaules pour toi-même et tu te lèves.
▬ Merci Lukas. Ta voix se fait plus tranchante que tu ne le pensais. Il faut que je rentre et… ajoutes-moi à la liste, ça sera plus simple comme ça.
Et sans attendre une réponse, un signe ou un geste, tu le plantes là. Passant devant la sécurité et sortant dans la rue, inspirant l’air pollué de Londres.
* * *
Novembre 2028.
Cela faisait quelque mois, sans être trop. Tu as vue Soleil chez les Blackwell. Entre elle et les mots de Lukas qui te travaillaient toujours, tu as fini par choisir de revoir tes parents, ton frère et de reprendre les cours à Poudlard. Cela ne fait que quelque semaines. Tu attendais à la même table que la dernière fois. Les jambes croisées et le regard lointain. Tu allais bien, disons mieux. Et tu l’attendais lui. Pour lui dire merci ? Peut-être. Pour savoir comment il allait ? Certainement. Tes ongles tapotes la table et à nouveau tu te fais la même réflexion que la dernière fois : Est-ce que ça serait si compliqué de le faire sortir d’ici ?
Re: des bleus à l'âme ; ft. Lukas Lun 2 Sep - 19:00
des bleus à l'âme
Elle avait semblé être ailleurs. Elle avait l'air d'avoir prit ce que tu lui avais dit en plein coeur. Un coeur, ça te faisais cruellement défaut, surtout quand il s'agissait de trouver les mots, t'avais jamais été empathique, les sentiments des autres tu t'en foutais royalement, enfin, c'est ce que tu te répétais, peut-être que c'est parce que c'était plus facile de croire à ce mensonge, de pas trop te préoccuper des autres, des élus, de ton cercle.
Le silence s'était installé. Un léger goût amer dans ta gorge, avais-tu été trop dur avec elle ? Probablement.
Elle semble être en état de choc, tu venais d'alimenter le traumatisme avec lequel elle s'efforçait de vivre ou plutôt de ne pas vivre. Salutations polies que tu lui retournes, tu acquiesces simplement de la tête lorsqu'elle te demande de l'ajouter sur ta liste. Une liste. Tout n'était plus que listes ici, liste de personnes que tu autorisais à venir te voir, horaires listés sur les tableaux d'affichages vous indiquant comment vivre en ces lieux où rien de ce que vous faites n'est par pur volonté, où toute responsabilité ou autonomie vous a été enlevée.
Les mois passent, les routines s'installent, même les élus se calent sur des rythmes de visites plutôt prévisibles, tu vois le temps passer et bon sang le temps est long.
C'était alors devenu presque une liberté lorsque quelque chose de nouveau venait perturber ces routines incessantes, Borea revenait, quelques mois plus tard, sans prévenir, Borea serait ta bouffée d'air frais en cet après-midi d'automne pluvieux. Tes cheveux poussaient à vu d'oeil, la barbe de trois jours indiquant que tu abandonnais peu à peu l'idée d'être libre un jour, tu repensais sans cesse à ce que t'avais dit Vega, qu'il te sortirait de là si le jugement était défavorable mais t'espérais que ce soit pas le cas, parce que t'avais pas envie de te cacher le restant de tes jours et changer de visage ce serait si dommage, tu en ferais pleurer plus d'une, ce serait un sacrilège d'abandonner une telle beauté naturelle.
En attendant ce jour salvateur tu dansais avec Satan les nuits et les démons te hantaient le jour.
« Boswell, » sourire sarcastique, presque moqueur, tu t'étais glissé jusqu'à la table où elle t'attendais « toujours en vie ? » rire étouffé au fond de ta gorge asséchée, tu parlais peu aux autres détenus, tu t'enfermais dans un mutisme lorsque personne ne te rendais visite.
« T'as l'air... » tu t'asseyais devant elle « d'aller mieux. » et c'était vrai, elle avait moins l'air d'un cadavre d'ailleurs, faudrait lui dire, « En tout cas on dirait plus un cadavre ambulant. » voilà qui est fait, c'était important, de le dire, de lui rappeler qu'elle pouvait vivre autrement, elle semblait en avoir fait le choix et heureusement, tu n'imagines pas ce que ça aurait pu avoir comme conséquence sur Vega si elle avait choisi autrement.
Borea S. Boswell
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Re: des bleus à l'âme ; ft. Lukas Dim 3 Nov - 13:38
DES BLEUS A L'ÂME
"Le soucis, c'est que tant que le cœur conserve les souvenirs, l'esprit garde les illusions."
Il apparaît enfin. Ses cheveux ont poussés. Sa barbe est là depuis quelques jours. Ça te fais tiquer Borea. Et alors qu’il s’approche, qu’il te salut avec son éternel sourire sarcastique de ton nom de famille. Tu lui sers aussi un sourire, plus doux que le siens.
▬ Lukas. De tes mains, tu désignes ton corps, l’éclat vif dans le regard. Comme tu peux le voir et toi, tu ne te laisses pas trop aller j’espère ?
D’un sourcil rehaussé et d’un coup d’œil prononcé, tu désignes sa tignasse en bataille et sa barbe de trois jours. Tu voudrais penser que tu peux comprendre ce que c’est d’être enfermée dans une cage, pendant des mois, mais tu sais que vos expériences n’ont rien à voir Borea. Tu as choisie délibérément de disparaître, de rester cloîtrée dans la chambre de Vega… et tu ne doute pas un instant que cette chambre était cent fois plus agréable que celle qu’occupe Lukas ici. Le Serdaigle te fait une autre remarque. Tu le prends pour un compliment. Un sourire signifiant « merci » s’étire sur tes lèvres.
▬ J’ai repris les cours, à Poudlard, depuis Halloween. Le dire, te semble presque irréaliste. Mes parents ont presque failli demander à Scamander à ce que je reste dormir à la maison tellement ils étaient heureux… bon, Lola et Clark me font la gueule, mais je pense que j’y survivrais. Ton regard se perd un instant au loin. Je me contrôle maintenant.
Cela te semblais important de le préciser. Surtout que tu es sortie de l’école illégalement. Même toi Borea, tu te rendais compte à quel point ta première visite pour voir Lukas était réellement une des pires initiatives que tu ais pu prendre. Ça aurait tellement pu déraper dans le mauvais sens… Délicatement, tu te penches en avant. Vers lui.
▬ Et toi, comment ça va ? Elle laisse planer quelque secondes de silences avant d’ajouter : Pas la peine de mentir, j’entends ton cœur aussi distinctement que la pluie qui glisse sur le toit.
C’était le genre d’affirmation qui faisait flipper, mais qui te faisait te sentir plus vivante que jamais. Qui te donnais une sensation de puissance à toute épreuve.
Re: des bleus à l'âme ; ft. Lukas Jeu 5 Déc - 18:30
des bleus à l'âme
Il t'était impossible d'oublier le changement qui avait opéré chez elle, toi qui l'avait connue pleine de vie, surement trop à ton goût, Borea était devenue une version bien plus sombre après ces évènements qu'elle qualifierait sans doute de tragiques tandis que toi tu y voyais un miracle. La vie après la mort, n'était-ce pas ce que le commun des mortels cherche sans relâche ? Mais quelle vie ? Et qui es-tu pour juger de cette seconde chance ? Ça ne t'empêcherait pas de la juger pourtant. Tu n'avais plus que ça ici, cet esprit acéré, acerbe, infecte, tu avais engrangé la roue d'un cynisme infini et ton empathie fébrile s'amenuisait à vue d'oeil.
« Comme si tu t'inquiétais vraiment de ma santé physique ou mentale... » lui réponds-tu en roulant des yeux, le ton sec, ce n'était peut-être pas voulu mais quand bien même tu n'avais plus la force de paraître et de te cacher, on pouvait clairement lire le désespoir dans ton âme esseulée.
Tu t'affales un peu plus dans la chaise, même sa présence ne réussit pas à briser les murs de ta prison mentale, de ta liberté il ne restait plus rien à présent, toi qui vivait de magie et de technologie tu dépérissait comme un vieux pc qu'on ne met plus à jour.
A sa remarque sur la reprise des cours tu ressens son engouement, sa joie, et ça te brise, « Ce serait tellement dommage que tu pètes un câble et que tu tues quelqu'un, enfin, ça te ferait une anecdote passionnante à venir me raconter j'imagine. » et c'était cruel, parce que c'était certainement sa plus grande peur. Aussitôt dit ta gorge se serre, et dans un souffle presque étouffé « Je suis désolé Borea. »
« Chaque nuit j'imagine que je vais me réveiller à Poudlard, et chaque matin je me rappelle que c'est un mensonge que je me conte à moi même, bordel, je préfère même faire des insomnies parce que la désillusion me brise et m'étouffe. Je m'habituerais surement à vivre dans cette prison moldue à force, j'espère, que la douleur s'estompera, que mes souvenirs de magie et de vous ne seront plus que des rêves lointains, il faut que j'arrête de me raccrocher à cette vie à laquelle je ne goûterais plus. Peut-être que je le mérites, c'est de ma faute si Lily est morte. »
Tu n'aurais jamais pu te confier si tes barrières ne s'étaient pas brisées, si toutes tes défenses n'avaient pas implosé.