Colocataires ► ft. Zen

Je me laissai tomber dans mon lit, poussant un grand soupir. Ça faisait du bien, parfois, de se laisser aller comme ça. De s'abandonner à une pause, loin de tout le monde. Rien de tel qu'un petit moment de solitude pour recharger les batteries. Yeux clos, des bruits de conversations étouffées me parvenaient de la salle commune. L'odeur des draps fraîchement lavés me titillait les narines, m'apprenant que les elfes de maison avaient du passer par ici récemment. Tant mieux. Je faisais toujours de mon mieux pour que ma partie de la chambre soit en ordre, et il m'arrivait parfois d'inciter mes camarades à faire de même lorsque c'était nécessaire, mais il était toujours plus pratique de les laisser s'occuper de ce genre de choses. Puis j'avais d'autres trucs à faire, comme d'étudier par exemple. Ou avoir honte de l'incident ayant impliqué ma personne et une Serpentard au deuxième étage. Le simple fait d'y penser suffisait à tendre ma mâchoire et à me faire froncer les sourcils de honte.

Visiblement je n'arriverais pas à m'endormir comme ça. Poussant un nouveau soupir, je m'assis donc, las. Aller passer du temps avec les autres Poufsouffles dans la salle commune... soyons honnête ce n'était pas trop mon genre. Enfin, pas quand je pouvais être seul. J'allongeai donc le bras pour récupérer mon sac, le jetant sur le lit avant de retirer mes bas. Ah, quel soulagement que d'avoir les pieds nus. Je fouillai ensuite dans mes affaires, attiré par le manuel de potions par habitude. Mais non, je devais aussi me concentrer sur mes autres cours, sinon je prendrais du retard. Enfin, non, je prendrais moins d'avance techniquement. Peu importe. Je jetai donc mon dévolu sur un lourd ouvrage traitant de la médecine moldue, curieux de voir quelles méthodes ils employaient et avaient mis au point et, surtout, comment elles pourraient être conjuguées à la médecine magique pour de meilleurs effets.

“un premier contact”

les colocataires

pv. ethan stoker

∞Bon ok, parfois, il faut penser a se reposer. Tu bouges beaucoup Zen, car tu as envie de faire de nouvelle chose, de découvrir de nouvelle chose. Fort heureusement, tu saoules un peu moins ton monde depuis que tu as intégré cet espèce de club : la table ronde. En bref, tu arrives a satisfaire une partie de tes désirs de découverte grâce a ce superbe groupe. Mais voilà, aujourd'hui, il n'y a rien de tout ça, aujourd'hui tu es a nouveau seul et tu dois trouver une occupation. Réviser ? Mouaiiiiis… moyen. Les révisions, ca n'a jamais été ton fort, tu es du genre a ne pas tenir en place alors te placer devant un bouquin pendant plusieurs heures, très peu pour toi. Pourtant, tu arrives a avoir des notes correcte, c'est pas l'excellence car bon, un miracle ça n'arrive jamais sans révision, mais c'est déjà ca. Franchement, oui, tu te reposes trop sur tes facilités et tu le sais.

Tu te balades, tu retournes dans la salle commune des Poufsouffles qui semble assez animé, mais en vrai au lieu de profiter de cette occasion de te trouver une occupation, tu te contentes de te rendre dans ton dortoir. Pourquoi cette décision assez irrationnelle ? Tout simplement parce que tu sais que tu n'as pas encore eu trop le temps de parler avec tes compagnons de dortoir et que là maintenant tout de suite, c'est la seule chose que tu as en tête. Tu as du bol, il y a un gars de ton dortoir présent quand tu arrives. En réalité, il semble assez concentré.

Est-ce que tu vas faire l'effort de lui laisser le calme dont il a besoin ? Non. Parce que toi, Zen, tu fais pas trop attention a ce genre de chose et aussi parce que quand tu as quelque chose en tête, tu le fais. Tu t'assois sur le lit juste à côté du sien et tu regardes ce livre qu'il a en main. Tiens, étonnant, tu connais bien ce genre de livre et pour une fois, comme tu as tes lunettes sur ton nez tu arrives a bien lire ce qu'il y a écrit dessus. Tu souris en coin, en voilà une bonne occasion d'aborder ce gars concentré :

« Ouah. Un livre sur la médecine, c'est pas trop mon truc mais si tu as des questions dessus n'hésites pas, après tout, ce genre de livre j'ai baigné dedans depuis mon enfance ! »

Ouais, même si tu en as jamais lue un en entier, tu t'y connais et puis, pour eux, pour les sorciers, c'est l'inconnu le monde des moldus, ce qui n'est pas ton cas au vu de ta race. Tu lui affiches un grand sourire, allant tendre une main amicale pour le saluer, car c'est un peu la première fois de la journée que tu le croises.

« Bien le bonjour ! Ca va bien sinon ? »

Ou comment passer du coq à l'âne …∞

par humdrum sur ninetofive

HRP:

Alors que je lisais un paragraphe particulièrement intéressant sur la tachycardie, quelqu'un d'autre était entré dans la chambre. Serait-ce Gus qui venait me forcer à sortir un peu de ma tanière ? Ou alors ce satané Narcisse qui venait encore me chercher des noises et me provoquer ? Et non, perdu. Levant le regard au-dessus de mon ouvrage, je découvris plutôt un blond à lunettes, sans doute le colocataire avec lequel j'avais le moins interagis au fil du temps. Zayn ? Zen ? Quelque chose comme ça. Puisqu'il se dirigea vers un autre lit, j'estimai que j'allais avoir la paix, à tort. Enfin, ce n'était pas plus mal quelque part, j'avais parfois besoin d'être un peu forcé pour devenir sympathique. Surtout que, en soit, il n'avait pas l'air méchant. Mieux, il s'intéressait à ma lecture, se montrant disposé à répondre à mes questions, mentionnant qu'il avait grandit entouré de ce genre de livres.

« Tes parents sont médicomages ? Enfin, ou des médecins ? »

Car il me semblait qu'il y avait une histoire à ce propos, avec Zen. Je ne savais plus trop s'il était cracmol ou né-moldu ou ce que c'était exactement. Je n'avais pas nécessairement envie de raconter n'importe quoi ou d'être involontairement insensible à sa situation. J'avais moi-même un peu d'expérience dans le domaine, disons ça comme ça, et je savais donc ce que ça faisait. Poursuivant dans sa lancée amicale, le jeune homme m'avait aussi tendu la main, sans doute dans l'optique que je la lui serre en retour. Je n'étais pas trop fan des contacts physiques avec des humains, en règle générale, mais il était aisé de deviner qu'il ne pensait pas à mal. La mâchoire tendue, je me résignai donc à faire un effort et à lui donner la poignée de main qu'il attendait.

« Ouais, ça va. Et toi ? »

Pas très loquace, pour ne pas changer. Ça avait de quoi en décourager plusieurs, mais c'était un peu mon but quelque part. Moins les gens me tournaient autour et plus ils me semblaient en sécurité. Enfin, ça devenait tout relatif dans le cas de mes camarades de chambre. Eux n'avaient pas trop le choix de partager leur espace de vie avec moi et d'espérer que je ne leur saute pas dessus dans leur sommeil. Peut-être que, en vertu de ça, je devrais faire un petit effort moi aussi pour essayer d'établir de bonnes relations ?

« Tu es dans quel programme déjà ? Et tu aimes ce que tu fais ? »

Voilà, avec un peu de chance ça suffirait à lancer un semblant de conversation et, avec plus de chance encore, elle serait à propos du blond plutôt que d'être à propos de moi.

Intéressant, son père avait donc étudié la médecine. Vu le choix de mot, c'était bel et bien un fils de moldu et, dans ma naïveté, je pris donc pour acquis que Zen était un né-moldu, un sorcier aux parents moldus. Il n'y avait aucune malice dans mon raisonnement, simplement un raccourci emprunté par mon esprit qui ne le connaissait pas encore très bien. Ce que je trouvais fascinant, toutefois, c'est que mon camarade de chambre admette avoir lu ces livres. Peu étaient les gens de notre âge à volontairement rechercher une éducation en autodidacte ou à faire des lectures de cet ordre sans qu'elles ne soient explicitement demandées par un enseignant. Ça faisait plaisir de voir qu'il y avait une autre personne pour combattre les préjugés sur la paresse des jaunes. Ceci étant dit, dans l'optique de faire un brin d'humour, et puisque ça faisait un peu partie de mon domaine, je me risquai à passer un commentaire sur un ton amical.

« Ça ne doit pas être si chiant que ça si tu as lu la plupart de ses livres. »

Jusqu'à présent les choses se passaient bien, l'échange était cordial et au final j'étais presque content que l'on soit venu me déranger. Quoi que ses dispositions changeraient peut-être lorsqu'il apprendrait que quelqu'un dans cette pièce avait les dents plus pointues que les autres. Spoiler alert, c'était moi. Le blond me parla finalement de son programme d'étude, diamétralement à l'opposée de la médecine ou même de la médicomagie. Au moins il reconnaissait de lui-même le paradoxe, et avec le sourire. La curiosité piquée, j'avais fini par glisser un signet entre mes pages pour mieux fermer mon ouvrage et lui offrir toute mon attention. C'était la moindre des politesses, après tout. Il évoqua d'ailleurs les différents outils utilisés dans le monde moldu pour sauver des vies et je ne pus m'empêcher d'acquiescer.

« Je dois admettre que c'est plutôt impressionnant les trucs qu'ils arrivent à faire sans magie. En comparaison on a vraiment la vie facile en médicomagie, beaucoup de trucs peuvent être faits avec un coup de baguette. »

Puis, bien sûr, la question m'était retournée et il était à mon tour de passer aux aveux.

« Je fais un double DEMA : Médicomagie et Défense magique et occultisme. Heureusement ils ont quelques cours en commun, ça me facilite un peu la vie, même si parfois je serais tenté de regretter mon choix. »

On peut bien aimer apprendre et aimer ses cours autant qu'on veut, la charge de travail fini toujours par se faire ressentir, qui que l'on soit. Bon, à mon tour de chercher de quoi relancer la conversation. J'optai pour le premier truc qui me passa par la tête, convaincu que si nous avions quelque chose en commun, c'était bien nos autres camarades de chambre.

« T'as eu l'occasion de faire connaissance avec 'Gus aussi ? Enfin, Argus. »

Quelqu’un qui se contentait de tout niveau lecture ? J’ai un peu de mal à le croire quand on parle d’ouvrages de médecine, surtout vu le prix de chacun de ces satanés bouquins. Je sais, en tout cas, que je laisserais pas un gamin les emprunter comme ça pour lire pour le plaisir, surtout qu’il n’y a rien de fun là-dedans. Enfin, c’était juste bizarre quoi, ça cadrait pas, mais pourquoi pas. Qui suis-je pour le contredire ? L’autre jaune en profite d’ailleurs pour saluer mon courage d’étudier dans le domaine, ce qui me fait stupidement acquiescer avec gêne, parce que je sais pas comment réagir et on va dire que c’est une façon de le remercier. Quant à savoir si c’est la difficulté…

« Je crois surtout que c’est une question de quantité de travail. Si je faisais que le DEMA en médicomagie ce serait déjà plus facile. »

J’ai envie d’ajouter que c’est la faute à la bi-licence si j’ai pas de vie sociale, mais ce serait mentir. J’ai jamais été du genre à parler à beaucoup de gens ou à avoir beaucoup d’amis. Même si j’avais choisi un autre domaine ou que j’avais eu moins de cours, le résultat aurait très probablement été le même. D’ailleurs, la conversation dérive sur mon compagnon de pratiquement toujours et Zen m’apprend ce que je sais déjà : il est sympa. C’est un fait. C’est le best bro. Bon par contre j’avoue la fin me fait sourire, voir rigoler un peu. Ça m'évoque toutes les fois où je l'ai vu médire avec une bonne couche d'ironie sur l'astrologie. Un spectacle qui vaut la peine à chaque fois, selon moi en tout cas.

« L’astronomie. Gus aime l’astronomie, pas l’astrologie. »

Et je me retiens bien de mentionner que j’ai donc été, par la force des choses, forcé de m’intéresser à l’astronomie aussi. C’est l’un de ses sujets préférés, particulièrement de nuit quand il n’arrive pas à dormir et que je suis la personne toute désignée pour lui tenir compagnie jusqu’au matin. Au moins ça me permettait d’apprendre tout un tas de choses qui ne me serviraient probablement jamais. Et, avec moins de mauvaise foi, me permettait de l’aider à se détendre un peu pour oublier les terreurs de son subconscient.

« Je l’ai connu quand j’avais onze ans et depuis pas moyen de m’en débarrasser alors forcément… c’est mon meilleur ami. »

C’est un frère pour moi. Évidemment, le tout est dit avec le sourire, voir un brin de tendresse peut-être.