[CONCOURS DE PATINAGE] Ceres vs Arya

Depuis que la patinoire avait ré-ouvert, Arya avait passé le plus clair de son temps sur la glace. Ça lui vidait l'esprit, de glisser ainsi, elle ne pensait à rien, et ça la reposait ; elle dont l'esprit la torturait tant - tout le temps. Ce jour-là, elle n'était pas encore montée sur la glace, elle était restée à l'extérieur, à regarder le monde tourner en rond, et à attendre que la compétition commence. Elle n'était pas si impatiente, mais ça la calmait, et du calme, elle en avait bien besoin. Et si loin du monde, elle s'était sentie bien, seule et en sécurité.

Elle avait soufflé un rire en sentant son téléphone vibrer dans sa poche. C'était comme si le destin avait décidé de la contredire. Elle laissa passer trente secondes entières avant de prendre son téléphone, et d'y lire les messages qu'elle avait reçu.

Et elle s'attendait à tout, mais pas à elle. Les sensations revenaient chatouiller son ventre comme si c'était hier. Elle se mordit la lèvre, et répondit immédiatement, par une photo également.

Finalement, elle n'allait pas rester seule. Mais ça ne la dérangeait plus tant que ça.

Ainsi elle s'était levée des estrades, et s'était apprêtée à enfiler ses patins, histoire de s'échauffer avant que Ceres n'arrive. Et lorsqu'elle la vit s'approcher, elle lui adressa un sourire, mais pas un mot, parce qu'elle se figura n'avoir rien à dire que ses yeux n'exprimaient déjà.

Quelques lueurs de joie s'étaient dessinées dans les yeux fiévreux de Arya. Ceres était aussi jolie que dans ses souvenirs, peut-être même plus si on considérait que cette fois elle n'était pas déformée par les flous artistiques de sa décadence. Elle songea qu'aux seules lueurs des guirlandes et des lumières qui éclairaient la patinoire, l'ambiance, aussi froid faisait-il, avait quelque chose de chaleureux.

Elle l'avait regardée sans s'encombrer de honte et avait acquiescé d'un mouvement de tête.

« Bonne chance »

Elle avait parlé sans la moindre prétention. Elle ne sous-estimait pas la grâce de son adversaire. Arya qui faisait de la danse depuis des années avait appris l'humilité, pour toutes les erreurs qu'elle avait faites.

Alors elle s'élança sur la patinoire, légèrement stressée.
Il fallait dire que Ceres regardait, et ses yeux étaient plus impressionnants que ceux de tous les publics devant lesquels elle avait représenté jusqu'à présent.

La grâce d'un ours.
Arya était restée par terre quelques secondes, surprise par sa propre maladresse (et sûrement un peu sonnée), mais dès que Ceres vint à son secours, elle se mit à rire, d'un rire honnête et humble ; de celle qui se foutait de sa propre tête, et qui autorisait par conséquent l'autre à en faire de même.
Elle les voyait, ses sourires assassinés au bord de ses lèvres. Et qu'elle fasse l'effort de ne pas la brusquer l'avait touchée, un peu.

« Merci. »

Elle se releva avec son aide et la regarda faire, une pointe d'admiration au fond de ses pupilles. Et elle se lança à sa suite, reprenant confiance très vite grâce à sa délicatesse.

Arya qui faisait toujours très attention à être impeccable ; irréprochable ; s'amusait, pour une fois, d'avoir échoué. Et Dieu que ça lui faisait du bien.