[EVENT#6] Table des professeurs (interventions du staff ici)

Du coin de l’œil, Jamal s’était assuré que les trois élèves qui avait passé le portail étaient tous bel et bien présent et en apparente bonne santé dans la Grande Salle. Une fois rassuré, il avait reporté toute son attention en direction des différents membres du personnel qui s’étaient avancés vers lui pour le saluer et le questionner. Jamal était soulagé que la plupart d'entre eux lui fasse bon accueil, mais il n’était pas naïf ; s’il était reconnaissant envers les professeurs qui lui avaient proposé de s’attabler avec eux pour discuter de la situation et des solutions qu’on pouvait lui trouver, il savait pertinemment qu’il valait mieux pour lui d’attendre qu'Orphan Scamander ne le lui propose en personne.
Il ne fit cette fois guère attention au manque de courtoisie du directeur car il lisait l’impatience et la tension dans son regard, et se doutait bien qu’agir intelligemment équivalait cette fois à répondre aux questions qu’on lui posait sans zèle ni excès –de la sincérité pure et dure.
Ça tombait bien ; cela faisait des années que Jamal apprenait enfin à être honnête, loin de son père et de ses attentes qui exigeaient le mensonge.

« J’ai brièvement entendu parler des incidents arrivés ici dernièrement, fit Jamal d’un ton qui se voulait conciliant. Je vais tâcher de vous dire au mieux ce que je sais. »

Il inspira un grand coup le temps de mettre ses idées en ordre, mais quand il ouvrit la bouche pour raconter ce qu’il savait et ce qu’il avait compris des autres depuis son retour à Uagadou, le portail s’illumina une nouvelle fois pour laisser passer la turbulente Wanda Dujanga, véritable tornade humaine, professeure de métamorphose à Uagadou et accessoirement très bonne amie de Membaye, pour le plus grand inconfort de Jamal.

« Nos méthodes de discussion sont différentes Wanda, peut-être auriez-vous dû traverser le portail avant moi si ma conciliance vous dérange, siffla Jamal les sourcils froncés, irrité d’être ainsi interrompu alors que le dialogue avec Orphan venait à peine d’être établit.

Ce sont tes élèves après tout pas les miens.

Isaac soupire. Il commençait à se trouver légèrement agacé de voir tout se monde arriver au bout milieu de la Grande Salle comme si c'était quelque chose de normal. Même Orphan semblait ouvert à la conversation, et possiblement modérement agressif. Il y avait évidemment une sorte de méfiance, du côté des Anglais, mais elle semblait s'être dissipée chez une grande partie du personnel après la retransformation des animgaus.
Une nouvelle personne passe le portail, et Isaac tape du pied. Il se trouve un peu frustré de ne pas comprendre, et les deux inconnus - Jamal et Wanda apparement - commencent à le lancer des piques entre eux.

« Loin de moi l'idée de vous déranger dans vos retrouvailles, mais est-il possible de passer directement aux explications plutôt que de nous faire attendre? »

La belle était entourée de deux de ses proches : Calista et Othello. L'ambiance était quelque peu particulière, la première n'appréciant pas tant que ça le second. Il y avait aussi cette tension dans l'air, apparue en septembre et qui ne s'était qu'à peine dissipée ces derniers mois... Calypso avait parfois du mal à se sentir en sécurité dans le château, malgré le dispositif normalement infranchissable de Poudlard.

Normalement. En quelques secondes, une brèche lumineuse apparut dans la grande salle, d'où sortirent des animaux sauvages. L'astronome eut un mouvement de recul, un réflexe. Si tous les adultes ou presque autour d'elle avaient dégainé leur baguette, Calypso se contenta de poser une main sur le couteau qu'elle possédait et qu'elle cachait toujours sur elle. Cette fois-ci, il était contre sa poitrine, entre ses seins, affublé du capuchon qui l'empêchait de la blesser.

Elle restait attentive à tout ce qui se déroulait sous ses yeux, assez silencieuse. Elle ne se sentait pas vraiment en danger, pourtant.

[...]

« Calypso Ypsilàntis, bienvenue, devrais-je vous dire. » Elle accompagna sa parole d'une petite courbette. Cependant, l'heure n'était pas vraiment aux présentations, comme le soulignait Andersen. Il y avait des problèmes à Poudlard, il semblerait que le même genre se déroule à Uagadou. La blonde fut tentée d'en rajouter une couche mais elle n'était pas prête à ce qu'on la remette à sa place en public et en si belle compagnie ; Jamal Loongo était un homme très séduisant.

Pour toute action, elle se contenta de chuchoter ces quelques mots, à l'intention de ses voisins. « Pour une fois, je suis bien d'accord avec Andersen. Nous ne sommes pas à un dîner de charité. Poudlard a besoin de réponses. Maintenant. »

Wanda s’était montrée… fidèle à elle-même.
Cela faisait au moins dix ans que Jamal n’avait plus eu affaire à elle en tant qu’élève et pourtant elle avait toujours ce don agaçant de le faire se sentir aussi impuissant qu’un enfant obéissant devant son autorité insolente.
La mâchoire légèrement crispée, il avait accepté de la laisser s’occuper du duo de directeur et les suivit du regard tandis qu’ils s’éclipsaient de la Grande Salle, avant de se racler la gorge et se tourner vers les autres membres du personnel.

« Désolé pour…ça, fit-il d’un ton qui trahissait son propre malaise vis-à-vis de l’entrée fracassante de Wanda. Même après des années à la côtoyer on ne s’y fait pas… »

On l’invita à rejoindre la table des professeurs, proposition qu’il accepta d’un sourire poli et d’un hochement de tête de circonstance.
Il prit ensuite une grande inspiration et posa les mains sur la tables pour se donner contenance pendant qu’il se concentrait pour expliquer ce qu’il savait du mieux qu’il le pouvait.

« Il y a sous Uagadou, une entité magique que nous appelons Kinga, fit-il en prenant un accent anglais le plus impeccable possible par automatisme. Nous la considérons comme une forme de divinité mais il s’agit en réalité d’une concentration de magie à la puissance démesurée qui s’est accumulée pendant des années, jusqu’à acquérir une conscience propre. »

Il s’assura en balayant la table d’un regard que tout le monde le suivait jusqu’ici avant de continuer.

« Les écoles les plus anciennes comme Poudlard et Uagadou ont, j’ai ouï dire, été construites sur d’anciens sites de rituels druidiques, et mon père pense que c’est la raison pour laquelle cette puissance magique est d’autant plus forte que dans les écoles les plus récentes. »

Il prit une nouvelle inspiration, conscient que ce qu’il disait pouvait paraître inconcevable.

« Nous pensons que des personnes malintentionnés veulent s’emparer de Kinga et de la chose similaire qui dort –enfin dormait– sous Poudlard. Nous ne savons rien sur eux, ni pourquoi ils veulent s'emparer de cette magie, mais ce que ne savons, c'est que ces forces se sont réveillées et ont lié nos écoles pour que nous puissions nous défendre ensemble. »

Et maintenant, à nous de jouer.

Calypso réprima à peine le sourire qui survint sur son visage quand la vieille femme s'adressa aussi sèchement au directeur. Entendre tout ça, ça avait une saveur particulière, elle devait bien l'avouer. Cependant, elle fronça les sourcils, sa frimousse assombrit les secondes suivantes. Etait-ce une menace que la sorcière venait de lancer à l'attention d'Aileen ? Un peu inquiète, elle regarda le trio s'éloigner. Toute son attention était désormais vouée à Monsieur Loongo, seul détenteur des réponses aux questions qui tourmentaient toute l'équipe enseignante depuis le mois de septembre.

Elle aussi, elle était un peu sceptique. Mais en même temps, ne vivaient-ils pas dans un monde plein de mystères et de magie ? Un monde aux limites toujours repoussées, où tout pouvait être expliqué à l'aide d'un geste de morceau de bois ? Calypso était soucieuse, plus qu'elle ne l'aurait voulu. Il y avait forcément du vrai dans ce que disait cet homme, bien qu'elle comprenait la position de Luke. Ce fut d'ailleurs vers lui qu'elle se tourna. « Hmm, Luke, si je peux me permettre, je pense que tout n'est pas à prendre au pied de la lettre. Nous, occidentaux, n'aurons pas forcément la même vision des choses. Nous pouvons très bien entendre qu'une puissance magique et autonome sommeille sous les grandes écoles, dues à la concentration de sorciers pendant des années sur ces lieux. De là à parler d'une divinité possédant sa conscience, j'imagine que c'est une question de point de vue, tant que nous ne savons pas de quoi il en retourne avec précision. » Ses yeux cherchèrent ceux de Loongo. « Je me trompe peut-être. »