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I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥]

Slàine O’Toole
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Slàine O’Toole
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I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥] Ven 1 Fév - 19:41

I'll make a man out of you.
Slàine pose enfin pied à terre et descend prestement de son balai. Là-haut, quelques passionnés de vol et de Quidditch s’étourdissent encore avec enthousiasme, mais elle estime qu’à une poignée de jours du match qui opposera Poufsouffle à Serpentard, des pirouettes en trop grand nombre ne feraient que lui porter préjudice. Et puis, c’est l’heure du goûter – le sien, comme celui de Coussinet. Elle considère, un peu naïvement peut-être, que la préparation psychologique – pour surmonter l’appréhension et la perspective de se changer en brute qui assomme ses adversaires à coups de cognards bien sentis – ne doit pas seulement consister en un bête défoulement physique mais aussi comporter sa part de douceurs et de distractions – oui. Aussi s’éloigne-t-elle en direction de la sortie, balai sous le bras, esquivant maladroitement les élèves qui s’entraînent sans avoir conscience de la place qu’ils prennent, s’excusant pour deux lorsque l’un d’entre eux la heurte ; elle presse le pas pour se soustraire à la trajectoire d’un ballon de basket et manque de rentrer, ce faisant, dans un autre de ses camarades. Dès lors, les choses auraient dû s’enchaîner comme à l’ordinaire : elle aurait balbutié de nouvelles excuses, se serait dérobée d’un pas sur le côté en gardant les yeux baissés et aurait poursuivi son chemin sans demander son reste. Seulement voilà : sa première dérobade est un échec et les pas de l’élève qu’elle n’a pas encore cherché à identifier se calquent étrangement sur les siens. D’une candeur à toute épreuve, elle prend cela pour de la maladresse – un bug de la mécanique humaine comme il en arrive souvent –, songe à une farce du sort et s’excuse à nouveau en gloussant un peu ; mais la deuxième dérobade est aussi un échec, et la suivante encore, ce qui l’empêche de s’entêter à n’y voir qu’une simple coïncidence. Au bout de quelques secondes, elle a enfin la présence d’esprit de ne plus contempler ses chaussures, et pâlit aussitôt en croisant un regard dont la hargne lui est un peu trop familière.

Slàine se liquéfie d’abord dans un balbutiement incompréhensible avant de se ressaisir un tant soit peu : « O-oh ! Tadhgán ! S-salut ! » bafouille-t-elle en écarquillant les yeux. Elle sait sans doute que c’est le meilleur moyen de l’exaspérer, mais elle ne le sait qu’inconsciemment, raison pour laquelle elle ajoute rapidement : « Pardon, haha, je ne t’avais pas vu ! » En sa présence, elle tend à retrouver spontanément son accent irlandais. Soutenir son regard lui coûte beaucoup, cependant, et le sourire qu’elle tente de lui adresser s’apparente davantage à une grimace. Il paraît toujours si en colère ! Un peu comme s’il avait en permanence un crottin de Gronian imaginaire sous le nez. C’est très perturbant. Et elle se sent immanquablement toute petite sous le poids de ses yeux colériques. Il lui rappelle Dil, en moins rigolo peut-être, en plus susceptible et rageur, et elle se demande, par moments, ce qui peut bien le pousser à vouloir piétiner agressivement le monde et ceux qui l’entourent plutôt qu’à marcher tranquillement. C’est qu’il a une fâcheuse tendance à considérer que la place du sang des gens n’est pas dans leurs veines mais hors de leur nez ; que le corps humain ne comporte pas encore assez de bosses naturelles et qu’à force de casser un os, la fracture se transformera peut-être en une nouvelle articulation. Ce n’est pas acceptable. Aussi s’obstine-t-elle, malgré la peur qu’il lui inspire viscéralement, à faire comme s’il n’avait jamais essayé de la jeter à son tour sur la pente on-ne-peut-plus glissante de la violence, certaine, au fond, qu’il n’est rien d’autre qu’un gentil garçon – si. Elle n’a absolument pas conscience du fait que la proposition qu’elle s’apprête à lui faire représente une énormité – voire une insulte – en regard du tempérament du bonhomme : « Tu… Tu vas bien ? Tu veux venir boire un chocolat avec moi… ? » C'est qu'elle a encore le vain espoir d’échapper à son coaching grincheux !
Tadhgán Payne
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Tadhgán Payne
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Re: I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥] Sam 2 Fév - 14:10


Il y en avait, du monde, en ce début de janvier. À croire que la moitié des résidents de Poudlard avait décidé d'éliminer fissa les kilos en trop après la dinde, le foie gras et la bûche de Noël… pour mieux oublier ses résolutions dans deux semaines. Ça l'emmerdait, Tadhgán, de ne pas pouvoir s'entraîner tranquillement, de devoir partager avec d'autres le bout de salle de sport qu'il avait réquisitionné, et qui se faisait lentement mais sûrement envahir par des individus de plus en plus nombreux. Quand un groupe de Poufsouffle décida de se lancer dans une partie de volley-ball improvisé, Payne se retrouva relégué dans un coin minuscule de la salle de sport. Il n'avait rien vu venir, et il tirait la gueule. Bien sûr, il engueula un coup le groupe, mais une équipe de volley, c'est six joueurs, multiplié par deux ça fait douze, et autant de paire de mains pour lui filer des claques ou lui lancer des balles à la figure s'il s'engageait dans une confrontation directe.
Payne s'extirpa donc de son coin en râlant, traversa la salle et vit dépasser d'une bonne tête la carrure de  Slàine O'Toole. Payne était grand. Pas un géant, mais il devait souvent baisser les yeux pour s'adresser à autrui, ce qui était un avantage considérable lorsqu'il cherchait à impressionner. Slàine était plus grande. Bien plus grande. Payne repoussa deux premières années qui étaient sur son chemin et qui bavassaient sans rien faire parce que pourquoi discuter ailleurs que dans une salle de sport, hein, on se le demande ???, non Payne n'était pas de mauvaise humeur. C'était les gens alentours qui étaient trop joyeux. Il s'arrangea pour couper la route de la grande Poufsouffle afin qu'elle le remarque, mais elle ne leva pas les yeux. Elle s'arrêta, essaya de l'éviter, Payne fit un pas sur le côté. Elle tenta une esquive dans l'autre sens, il se remit en travers de son chemin. C'était étonnant, cette capacité à éviter les gens, presque les yeux fermés... Elle allait bien finir par comprendre qu'elle devait relever la tête, quand même ? Payne se racla la gorge. Aah. Enfin, elle pensa à lever le nez. Et s'offrit la vision d'un Payne agacé, qui croisait les bras et la jaugeait... pas de tout son haut, puisqu'il était plus petit, mais c'était comme si. Payne paraissait souvent plus grand qu'il ne l'était en réalité.

Slàine, visiblement mal à l'aise, bafouilla une salutation. L'idée que sa seule présence soit ce qui la gênait ne traversa pas l'esprit du garçon. Il lui rendit son salut, prudent – elle avait l'air sur le point de se barrer en courant, et c'était absolument hors de question :

"Slàine..."

Il prenait plaisir à prononcer les accents irlandais de son prénom, comme elle savait parfaitement lire le sien aussi. Ce qui ne se voyait pas ; Payne avait naturellement l'air fâché d'un bouledogue qu'on aurait privé de son os. L'Irlandaise s'excusa de ne pas l'avoir vu, ce à quoi il ne répondit rien. Il n'allait pas lui dire que ce n'était pas grave. C'était normal qu'elle ne l'ait pas vu : il y avait beaucoup de monde – ce qui exaspérait Payne – et elle marchait en fixant ses chaussures – ce qui l'exaspérait encore plus. Il ne s'écarta pas de son chemin, bien sûr, mais continua de la fixer, en la jaugeant plus sévèrement qu'avant. Il ne comprenait pas pourquoi elle s'écrasait autant devant lui. Il ne se rappelait pas avoir jamais été méchant avec elle ; du moins, pas consciemment. Sa cruauté n'était pas innée, mais Payne avait tendance à se montrer brusque sans même s'en rendre compte, tant c'était un comportement naturel chez lui. Il haussa les sourcils quand elle lui proposa... de boire un chocolat chaud. La réponse fusa naturellement, aussi abrupte et tranchante que lui :

"J'ai une gueule de Poufsouffle ?"

Il n'avait rien contre les Poufsouffles, dieu savait qu'ils constituaient le 75% de ses fréquentations, parfois à son grand dam. À croire que ces êtres gentils et solaires étaient son point faible. Payne préférait penser qu'il se reconnaissait dans leur grand sens de la loyauté. Il n'y avait aucune honte à être Poufsouffle, mais se voir comparer à un blaireau quand on était un fier lion... Se voir proposer des activités de blaireaux, surtout, c'était difficile. Il se racla la gorge, conscient que Sláine ne pensait pas à tout cela quand elle lui proposait d'aller boire un chocolat.

"J'ai pas le temps. Et toi non plus." Il désigna son équipement de Quidditch, qu'elle venait clairement d'utiliser pour pratiquer un peu avant le match : "Tu crois que c'est ce qui va te sauver des cognards sur le terrain ?"

Bien sûr, les genouillères, le casque, les gants et toutes ces protections, vous évitaient probablement la majorité des dégâts qu'un cognard très vénère peut occasionner. Slàine faisait cependant une cible facile. Payne était près à parier qu'elle aurait tous les cognards sur le dos pendant le match contre Serpentard, parce qu'elle était grande – et donc visible – et qu'elle ne s'imposait pas – donc pas effrayante pour un sou. Les batteurs adverses allaient la mitrailler, si les joueurs ne lui rentraient pas simplement dans le tas, parce qu'elle était facile à victimiser. Lui, c'est ce qu'il aurait fait. Un trèès léger sourire trancha son expression sévère :

"T'es en forme ?"
Slàine O’Toole
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Slàine O’Toole
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Re: I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥] Ven 8 Fév - 16:14

I'll make a man out of you.
Visiblement intimidée, Slany rentre un peu la tête dans les épaules comme pour ne pas faire sentir à Tadhgán leur – négligeable – différence de taille. En vérité, elle le trouve très impressionnant et il lui semble tout à coup que son regard a un peu le poids – et l’acharnement – d’un marteau-piqueur géant. Oh, l’espace d’une seconde, elle détourne évidemment les yeux pour mesurer ses – maigres – chances de fuir, mais il a comme une aura dissuasive qui rayonne bien au-delà des contours véritables de son corps. Impressionnant, vraiment. Il a d’ailleurs l’air si fâché qu’elle ne songe pas davantage à le contrarier – en tout cas, pas en s’enfuyant : après tout, il serait très malpoli de partir en courant lui tourner le dos ainsi, n’est-ce pas. La proposition de chocolat chaud n’a pas l’effet escompté, du reste. Sa réponse, qui figure un charmant rugissement, lui fait un peu plus rentrer la tête dans les épaules, et elle fronce prudemment les yeux, comme pour éviter l’intrusion d’un essaim de guêpes minuscules – tu sais, celles de l’agacement : « Je – quoi ? piaille-t-elle sans avoir l’air de comprendre. N-non ! Et puis c’est quoi une gueule de Poufsouffle, d’abord – je veux dire, une tête de Poufsouffle. » C’est que sa Maman lui aurait sévèrement tiré les oreilles de l’entendre parler ainsi ! C’est vite oublié néanmoins et, sans même s’en apercevoir, elle arbore bientôt un sourire songeur : « Mais enfin, maintenant que tu le dis, je dois bien admettre que tu as la tête d’un garçon qui a besoin d’un chocolat chaud. Tu es sûr de ne pas vouloir venir avec moi ? » Et c’est dit avec l’air de supposer ingénument qu’il va la laisser poursuivre son chemin.

Quand il décline plus fermement toutefois, prétextant le manque de temps, elle cille à plusieurs reprises, un peu étonnée, avant de répliquer sans se laisser démonter : « Mais j’ai toujours le temps pour un chocolat chaud, Tadhgán – tiens, c’est précisément parce que je suis une Poufsouffle, n’est-ce pas. Et bien sûr, le chocolat chaud est ce qui me permet d’avoir le temps – et la patience – pour tout le reste ! » De toute évidence, elle hésite à poursuivre, mais se ravise finalement : elle comprend in extremis qu’il n’aurait pas été judicieux de lui demander ce que c’est, son chocolat chaud à lui, parce qu’il aurait forcément répondu quelque chose comme « Les gnons. », et toute sa mauvaise stratégie à peine consciente destinée à tenir leur conservation le plus loin possible des sphères infernales de la violence serait tombée à l’eau !

Elle considère son équipement avec candeur lorsqu’il le désigne et son interrogation lui arrache une petite moue. Refusant de saisir son allusion, elle rétorque d’un ton docte, avec un petit air d’aspirante première de la classe : « Mon rôle n’est pas de me sauver des cognards mais de les empêcher d’atteindre mes coéquipiers en les renvoyant ! Et pour ça, travailler la souplesse de son vol, c’est important. » Oh, le sourire du Lion ne présage sans doute rien de bon, mais les sourires ont toujours eu un prodigieux ascendant sur elle, même quand ils entretiennent un lointain lien de parenté avec les rasoirs, et elle ne peut s’empêcher de lui en rendre un aussi soyeux que de la guimauve. Malheureusement, elle ne mesure pas du tout les enjeux de sa question et, plutôt que de prétendre qu’elle se sent un peu fatiguée, s’écrie très honnêtement : « Je déborde d’énergie ! Ce sera encore mieux après un goûter. » Le déni se poursuit plus ou moins consciemment quand elle l’interroge de nouveau, avec un enthousiasme très enfantin : « Tu vas venir au match, alors ? » Elle s’apprête à épiloguer au sujet du Quidditch, néanmoins elle s’aperçoit avec horreur – oui. – qu’elle ne peut décemment pas lui dire « Il y aura des Serpentards à martyriser dans les gradins ! » Pendant une seconde, elle a l’air parfaitement crétin et, au mépris de sa bonne contenance et des belles transitions, elle se résout brusquement à passer du coq à l’âne avec la subtilité et la discrétion d’une course d’hippopotame : « Je ne sais pas comment on va réussir à se concentrer, cela dit ! C’est le premier match depuis… Je veux dire, tu as vu ces deux étranges portails qui sont apparus dans l’école ?! Il paraît qu’on peut les emprunter ! Tu as essayé ? J’ai vu celui qui mène à Beauxbâtons mais je n’ai pas osé… » Cela s’appelle noyer le calmar géant. Et la voilà qui fait un pas de côté, ni vu ni connu – on-ne-peut-plus vue et on-ne-peut-plus connue en réalité –, manifestement pour reprendre son chemin vers la sortie.
Tadhgán Payne
Eleve né-moldu
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Re: I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥] Lun 11 Fév - 14:00


Tadhgán Payne avait parfois l'attitude du pitbull devant lequel on n'osait pas passer sans qu'il y ait besoin d'ajouter une pancarte qui indiquait "attention, chien méchant". Le genre d'animal auquel il était mal avisé de tourner le dos. On ne savait pas bien ce qu'il ferait dans ce cas-là, mais on préférait ne pas courir le risque de le perdre de vue ne serait-ce que quelques secondes. C'était peut-être les bras croisés, la mâchoire presque naturellement crispée, ou cette pose stable, bien ancrée au sol, les jambes souples comme s'il était prêt à piquer un sprint et exécuter un plaquage de rugby à la moindre occasion. Mais en interactions sociales on ne gagnait pas des points à écraser ses adversaires, ce qui expliquait que Payne soit si peu doué pour ne pas effrayer Slàine. Il essayait sincèrement de l'aider.

"Quoi ?" lâcha-t-il un peu fort, comme un grand-père sourd, quand la Poufsouffle marmonna quelque chose à propos de la gueule des élèves de son espèce.

Payne détestait communiquer verbalement, il avait de la peine à se concentrer quand la discussion durait plus de 3 secondes, mais si en plus on parlait dans sa barbe, ça l'agaçait. La réplique suivante le pris un peu de court. La tête... d'un garçon... qui a besoin d'un chocolat chaud. Payne fronça les sourcils, ce qui était sa façon d'exprimer la surprise bien sûr, et aussi l'ennui, la colère, l'amour bref, tout un tas d'émotions pas facile à décoder pour ses interlocuteurs. Il était conscient d'afficher une attitude menaçante – s'il y avait bien une chose à propos de lui avec laquelle Payne était parfaitement au clair, c'était bien la menace qu'il pouvait représenter – sans comprendre exactement pourquoi elle avait autant d'effet sur une fille aussi grande et costaud que Slàine. Tiens d'ailleurs costaud, ça se genrait mal au féminin. C'était peut-être un début de réponse, mais la réflexion était trop poussée pour le Gryffondor. Il décroisa les bras et enfonça les mains dans les poches de son jogging pour avoir l'air détendu.

Il ne l'était pas tellement, mais l'important était l'impression qu'il donnait. Il lâcha un soupir : oui, les blaireaux avaient toujours le temps pour les chocolats chauds, ou la bouffe, et tout ce qui impliquait de s'empiffrer, dormir, glander... Ce n'était pas déplaisant, c'était juste pas le moment. Mais Slàine avait cette idée fixe en tête et Payne sentait qu'il aurait du mal à lui faire lâcher le morceau. Il fallait lui donner un os à ronger. Était-il en train d'étendre sa propre métaphore canine à sa camarade ? Oui.

"Ok, peut-être plus tard."

Tadhgán Payne n'arrivait pas à croire qu'il avait dit "ok" pour un chocolat chaud, mais avec de la chance la Poufsouffle oublierait cette promesse une fois qu'il en aurait fini avec elle. Elle semblait aisément distraite. Mais peut-être sa propension à sauter du coq à l'âne n'était-elle qu'un moyen de détourner habilement la conversation ? Payne se retenait très fort de ne pas croiser les bras. Il fronçait déjà assez fort les sourcils, très concentré.

"Si t'as le temps pour un chocolat, t'as le temps pour t'entraîner", affirma le Gryffondor, persuadé que l'Irlandaise ne trouverait rien à redire à cette vérité. "C'est bien que t'aies déjà bossé le vol."

Il disait ça sévèrement mais c'était réellement une félicitation. Slàine prenait son rôle dans l'équipe au sérieux et il comme n'était pas un grand partenaire de la course aux sabliers, il pouvait lui souhaiter sincèrement d'aider Poufsouffle à remporter ses matchs, même s'ils devaient affronter Gryffondor. Son sourire s'élargit quand elle confirma qu'elle avait encore de l'énergie, avec toute la motivation qu'elle possédait et la candeur d'une enfant de huit ans qui vient de se voir proposer un nouveau tour de manège.

"Ouais, j'vais venir."

C'était toujours plaisant de voir des gens se prendre des cognards dans la tête, sauf quand il s'agissait de personnes que vous aimiez bien, ce qui était exactement ce que Payne essayait d'expliquer à Slàine. Mais la communication était difficile... Et la Poufsouffle n'aidait pas, s'éparpillait vraiment dans tous les sens, c'était difficile pour Payne de la suivre ; est-ce qu'elle faisait exprès pour le perdre ? Il ne pensait pas que Slàine était capable de telle fourberie, mais il la vit faire un pas sur le côté et- non. Payne sortit une main de sa poche et amorça un mouvement vers Slàine :

"Reste là", dit-il – il était prêt à la ramener de force si elle faisait un pas de plus, et il aurait pris le même ton pour ordonner à son chien de ne pas bouger.

Parce que bien sûr que Payne avait un chien – celui de sa famille – ça tombait sous le sens. Sara Jessica Barker. Mais tout le monde l'appelait Sara. Et comme Slàine, elle baissait la tête quand on la grondait, même si elle n'avait pas la moindre idée de la raison pour laquelle on la disputait.

"Tu peux renvoyer tous les cognards que tu veux si tu voles bien, mais s'ils atterrissent directement sur toi ? Ouais, ce sera pas sur tes coéquipiers, mais t'as envie de finir à l'infirmerie ? Alors deux choses." Il reprit sa respiration à ce moment parce que prononcer des phrases aussi longues c'était putain de fatiguant en fait pourquoi il parlait ? "Soit tu t'entraînes assez pour devenir en béton armé, soit tu fais assez peur à l'adversaire pour que l'idée de te viser lui paraisse aussi suicidaire que celle de sauter dans une mare de crocos."

Il parlait avec ses deux mains maintenant pour appuyer ses propos, et ne lui en voulez pas mais les métaphores n'étaient vraiment pas son truc. Il donna une grosse claque sur le bras de Slàine pour imprimer ce qu'il essayait réellement de dire. Dans les deux cas, va falloir te bouger, ma grande.

"Viens avec moi." Et comme si l'ordre n'était pas assez clair, il ajouta : "C'est pas négociable si tu veux ton chocolat."

Voilà qu'il la soudoyait clairement, à présent… mais si ça fonctionnait sur un rottweiler de 42 kilos, pourquoi pas sur Slàine ?
Slàine O’Toole
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Slàine O’Toole
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Re: I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥] Dim 17 Fév - 12:17

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Slany reste très influençable malgré elle : la manière qu’il a de ranger ses mains – comprendre : ses poings pleins de doigts hargneux et assoiffés de beignes – dans ses poches la soulage un petit peu ; non qu’elle le pense susceptible de s’en prendre à elle tout particulièrement, au contraire, mais l’étrange aura de violence qui émane de lui agit sur elle comme un aliment trop piquant ou une eau trop chaude, c’est-à-dire qu’elle lui inspire l’irrépressible envie de s’y dérober. C’est un peu comme se tenir tout près d’un cactus dans un espace très fréquenté où n’importe qui pourrait vous pousser dessus par inadvertance – à ce moment-là, elle commence à divaguer –, mais ça peut être mignon, un cactus, et coiffé de rares et d’autant plus jolies petites fleurs – c’est sans doute l’effet de l’appréhension –, alors, pour se sentir moins effrayée, elle se met tout à coup à imaginer son camarade avec une jolie petite fleur sur l’oreille, lève lentement les yeux pour ajuster sa vision mentale et la mettre à l’épreuve de celle qu’il offre en permanence – sourcils froncés, bouche aiguisée par une contrariété inapaisable – et ne peut s’empêcher de sourire bêtement. Oh, elle sait qu’il n’est pas méchant, au fond, qu’il a simplement une effroyable propension à éprouver la résilience de son prochain parce que, pour lui, le monde entier est un cactus alors que, pour elle, il s’apparente plutôt à un vaste champ de fleurs de coton – au secours. Son attendrissement se transforme cependant en stupeur lorsqu’il consent à partager un chocolat chaud avec elle. Ses sourcils, ses yeux et sa bouche s’arrondissent et, intérieurement, elle fond tout à fait. C’est très inattendu ! C’est tellement inattendu qu’elle en oublie de lui rappeler que l’énergie qu’elle peut consacrer à l’entraînement est rigoureusement tributaire des chocolats chauds qu’elle est susceptible de s’offrir ; tellement inattendu qu’elle ne perçoit même pas son sous-entendu. Bien évidemment, elle reçoit tout ce qu’il dit à travers le prisme de son enthousiasme et l’annonce de sa présence au match lui apparaît un peu comme la cerise sur la chocoballe : elle pousse une petite exclamation de joie, indiquant par là même que le poisson a totalement été ferré – pardon, qu’il a réussi à faire d’elle le petit chien-chien-à-son-pépère. Comme il sourit un peu plus, alors elle aussi, très niaisement, et c’est assurément l’instant où elle aurait remué la queue et complaisamment donné la papatte ; néanmoins l’enchantement est de courte durée et quand une main pleine de doigts ressort de la poche de Tadhgán, Slany s’immobilise brusquement, comprenant qu’elle vient de commettre une erreur.

Bien sûr, elle aurait aimé pouvoir lui répondre que c’est encore plus simple quand les cognards se dirigent directement sur elle mais ce n’est pas forcément vrai : elle n’a pas toujours le temps d’ajuster son bras comme elle le voudrait et la collision est parfois inévitable. Une moue perplexe – et un peu triste, il faut l’avouer – lui froisse la bouche tandis qu’il lui explique ses alternatives. « Mais je n’ai pas envie de faire peur à qui que ce soit ! » jappe-t-elle piteusement ; la peur, c’est quand même le plus désastreux des ciments dans les relations sociales !

Dépassée, encore groggy d’avoir si vite basculé de l’attendrissement à la stupéfaction, Slany suit nerveusement les mains de son camarade chaque fois qu’il les agite pour étayer ses arguments ; elle a l’air complètement stupide, mais c’est plus fort qu’elle, comme si elle ne parvenait pas à oublier leur potentiel de tapette à mouches – et elle a raison : la claque qu’il lui administre brusquement sur le bras la fait sursauter violemment. Sans oser râler ouvertement, elle se le frotte boudeusement, et par là même, réduit à néant toutes ses chances de rétorquer quelque chose comme : « Je suis déjà en béton armé ! » Le courage de protester lui manque quand il lui demande de le suivre : d’abord, elle ne peut s’empêcher d’être touchée par sa disposition à lui consacrer du temps, et il lui semblerait très irrespectueux d’affirmer qu’elle préfèrerait se débrouiller toute seule ; ensuite, la condition qu’il impose transforme ses maigres résistances en un gargouillis d’impuissance. Ses yeux deviennent un peu humides. « On devait prendre le chocolat avant ! » essaie-t-elle tout de même, sachant pertinemment qu’au fond, elle vient de tomber lamentablement dans le panneau. Et puis, crotte, pourquoi lui semble-t-il tout à fait invraisemblable de partir en courant maintenant qu’il se détourne pour l’emmener Merlin sait où ?! Il doit y avoir quelque chose de très dissuasif dans la fermeté de ses jambes. « Tadhgán… ? Qu’est-ce que tu as prévu… ? Je te préviens, je ne veux pas faire de mal à qui que ce soit ! » Elle le suit à contrecœur et tâche de se donner du courage en songeant au chocolat chaud qu’il lui a promis – elle n’oubliera pas.

Tadhgán Payne
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Re: I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥] Mer 20 Fév - 15:48

Il y avait quelque chose de touchant dans la naïveté de Slàine, dans la façon qu'avait son visage de trahir la moindre de ses expressions, aussi. Tadhgán était pareil : on lisait clairement toutes ses émotions, à la différence que celles de Slàine étaient douces et celles de Payne… bah pas du tout. Mais cela témoignait d'une grande honnêteté intérieure, et cela, le Gryffondor pouvait le respecter. Ainsi, quand la batteuse de Poufsouffle exprima tout haut sa tristesse à l'idée de faire peur à qui que ce soit, Payne réagit de la même façon qu'il l'aurait fait si Sara avait accidentellement bavé sur son journal en essayant de le lui rapporter. Ce n'était pas de sa faute. Au moins, elle faisait des efforts. Tadhgán aimait beaucoup sa chienne.

"Essaye même pas de renvoyer un cognard alors, parce que y'en a à qui ça fait peur", dit-il en levant les yeux au ciel.

Ce qu'il essayait de lui faire comprendre, c'était qu'elle effrayerait forcément des gens, que ce soit assise sur un balai une batte à la main, ou dans sa vie de tous les jours. Les animaux plus petits qu'elle devaient faire un pas de côté en la croisant. Les premières années les plus impressionnables également. Aussi vrai qu'il y avait toujours plus fort que nous, il y avait plus faible. C'était une loi de la nature. Et Slàine semblait vouloir aller à l'encontre de sa nature plutôt que l'accepter pleinement. De la part de quelqu'un qui avait passé des années dans le placard, c'était un jugement effronté, et à la fois très empathique.

"On devait prendre le chocolat avant !"
"Nan." Après tu te sens lourd et ton estomac est pas content. Mais c'était long à expliquer et Payne était trop occupé à fendre la foule pour trouver un coin tranquille, alors c'était juste : nan. Il allait se retourner pour vérifier que la Poufsouffle le suivait, mais sa voix l'informa de sa présence pas loin :
"Tadhgán… ? Qu’est-ce que tu as prévu… ? Je te préviens, je ne veux pas faire de mal à qui que ce soit !"
"Me donne pas des idées !" plaisanta Payne avec son humour un peu déplacé. "Y'a une différence entre faire peur et faire mal. Non ?"

Il écarta les deux mêmes élèves qui causaient en plein milieu du chemin avec une mince agacée et retrouva l'endroit où jouait l'équipe de volley improvisée. Des Poufsouffles entre la troisième et la quatrième année.

"On peut effrayer quelqu'un sans lui latter la gueule", reprit le Gryffondor avec son amour de la délicatesse et de la poésie. "Suffit de se montrer… persuasif."

Il se tourna vers Slàine, les bras croisés.

"Et là, j'te sens pas très persuasive." Il lorgna sa tenue d'entraînement, son matériel, et revint sur son visage, cette expression presque enfantine, bienveillante. "Fais-moi peur."

C'était un défi très étrange, Payne en était conscient. Il ajouta donc, dans sa grande mansuétude :

"Tu peux utiliser ta batte. Ou n'importe quel autre objet. Personne. Accessoire. Ce que tu veux, comme tu veux."

Bon, si elle courait se chercher un déguisement d'Halloween, ça prendrait des plombes, mais il ne voulait pas la décourager quand même. Pas trop vite. Elle allait le mériter, son chocolat chaud ! Et lui aussi, parce que quelque chose lui disait que l'après-midi allait être longue…
Slàine O’Toole
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Re: I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥] Sam 23 Fév - 13:47

I'll make a man out of you.
Tadhgán sait mettre le doigt là où ça fait mal. La nouvelle référence aux cognards la fait blêmir et elle ne se sent même pas le courage – ou plutôt la conviction – de bredouiller quelque chose comme : « O-oui mais c’est dans le cadre d’un jeu où tout le monde est consentant ! » En vérité, elle trouve extrêmement problématique qu’un quelconque consentement puisse se construire sur la base d’une telle violence et elle n’est pas sans percevoir l’hypocrisie qui sous-tend la plupart des sports, qu’ils soient sorciers ou moldus : le passage diplomatique « d’ennemi » à « adversaire », de « Je vais te détruire. » à « Ça n’a rien de personnel. », de « Il y va de ma fierté et de mon intégrité. » à « Ce n’est qu’un jeu. » Et elle a un plus gros problème encore avec son propre égoïsme qui l’empêche de démissionner de son rôle, avec son amour inconditionnel du Quidditch qui lui permet encore de se voiler la face dans une casuistique plus que suspecte. Elle trouve Tadhgán un peu cruel de mettre au jour ses contradictions mais n’a aucun argument recevable à lui opposer – en un sens, il n’a que trop raison ; aussi ne peut-elle que se taire. Il maîtrise d’ailleurs parfaitement l’art de la museler et le « Nan. » catégorique qu’il lui retourne, elle le sent aussi distinctement qu’une piqûre, ne souffre aucune discussion.

Sans un mot, l’air dépité, elle tâche de le suivre mais s’avère beaucoup moins habile que lui pour fendre la foule – c’est drôle, ça, remarque-t-elle, tout le monde s’écarte sur son passage à lui, mais pas sur le sien ! Elle présente gauchement ses excuses à des élèves qui sont de toute façon trop occupés pour les entendre, sans compter que sa voix n’est pas assez forte, pour la simple raison que l’humour de Tadhgán l’inquiète soudain beaucoup. À quoi Merlin peut-il penser ? Sa question la jette dans un abîme de confusion. Il lui est difficile de mesurer la différence entre faire peur et faire mal : les deux sont horribles pour elle. Physiquement, la première alternative est sans doute plus acceptable que la seconde, mais psychologiquement ? Elle a toujours trouvé que la peur était une émotion très violente, avec des répercussions physiologiques potentiellement désastreuses. Comment le lui expliquer, cependant ? Anxieuse, elle s’excuse pour lui aux deux élèves qui n’ont de toute évidence rien à faire là et qu’il écarte sans ménagement de son chemin pour le leur faire comprendre, puis trébuche légèrement lorsqu’il s’immobilise brusquement non loin d’un rassemblement de petits Poufsouffles. Oh ! Elle rosit d’attendrissement en les regardant se renvoyer la balle de volley avec une hargne de petits démons en devenir très touchante – Billy ne s’y trouve pas, mais elle leur fait coucou quand même, sans se vexer de ne pas obtenir de réponse de leur part.

Est-il bien surprenant, dès lors, que Tadhgán se retourne vers elle pour lui reprocher de ne pas se montrer assez persuasive ? « Tu sais, la douceur, ça peut être très persuasif aussi ! » tente-t-elle avec ingénuité en comprenant aussitôt qu’il ne voudra jamais rien savoir à ce sujet. Désillusionnée, elle rentre à nouveau la tête dans les épaules et songe que sa poésie, de fait, est vraiment effrayante. Sa directive, du reste, aurait pu la jeter par terre. Slany écarquille les yeux de stupeur et plie sous le poids de l’absurdité de sa demande, pâlit sensiblement quand il ajoute avec le détachement d’un présentateur météo qu’elle peut tout à fait utiliser sa batte. Sa b.a.t.t.e.  Comment pourrait-elle faire une chose pareille ?! À plus forte raison face à un garçon qui parviendrait sans doute même à rendre une chaise émotive avec son extraordinaire capacité à intimider son monde grâce à la seule inflexion de ses sourcils ! La perspective d’utiliser « une personne » pour lui faire peur achève de la méduser – en vérité, elle n’arrive même pas à le concevoir. Et puis, est-il seulement possible de l’effrayer, lui, si peu impressionnable et si conscient de ses insuffisances ?

Son cœur s’affole tout à coup et elle se sent si démunie qu’elle a toutes les peines du monde à ne pas fondre en larmes – mais il ne faut pas déconner non plus : il lui suffit pour l’instant d’imaginer ce que Dil aurait pensé d’elle en la voyant ainsi pour garder un semblant de contenance. Tiens, qu’aurait-il fait, son gros voyou de frère ? Elle s’aperçoit qu’elle n’a aucune idée de ce qui pourrait faire peur à Tadhgán, aussi le considère-t-elle longuement en silence. De quoi les grosses brutes ont-elles peur ? Pourquoi les grosses brutes sont-elles des grosses brutes, d’ailleurs ? À ce moment-là, Dil lui aurait sans doute aboyé dessus quelque chose comme « Tu peux te foutre ta psychanalyse de comptoir au cul ! » et leur Maman lui aurait lavé la bouche avec un sort de Crache-Limaces pour lui faire passer l’envie de fleurir son langage ainsi. Elle suppose que Tadhgán, qui ressemble quand même beaucoup à son frère, n’aimerait pas connaître le cheminement de ses pensées et savoir qu’elle cherche des causes à sa brutalité chronique ; alors elle s’obstine dans son silence. N’y a-t-il pas quelque chose qui aurait gêné Dil – partons de la gêne, oui – au point, peut-être, de l’effrayer – en un sens ? Son visage s’illumine tout à coup : « Oh ! E-est-ce que ça te ferait peur si je te bondissais dessus pour te faire un gros câlin devant tout le monde ? Dil ne supporte pas ça ! Il n’aime pas les manifestations de tendresse en public – e-enfin, il n’aime pas les câlins, surtout, s-sauf quand ils visent à étrangler, je crois. » Elle cille à plusieurs reprises, prenant tout à coup conscience de son erreur. « A-ah mais, mais… Je viens de ruiner toutes mes chances de jouer sur l’effet de surprise, là, non… ? » Elle se décompose sous le poids de sa propre balourdise – mais peut-être que celle-ci le fera fuir en courant ? On se console comme on peut !

Honteuse, elle fuit résolument le regard de Tadhgán mais s’efforce tout de même de rester concentrée. Bientôt, elle rassemble tant bien que mal le courage de lever à nouveau les yeux vers lui. Bon. Peut-être qu’un début de réponse se trouve dans sa posture à lui ? Après avoir abandonné son attirail de Quidditch, elle l’observe d’abord à la dérobée, puis plus franchement. Les jambes pour commencer : les siennes propres sont poliment serrées et fléchies, le genou droit timidement tourné vers l’intérieur, tandis que celles du Gryffondor sont légèrement écartées, de manière à lui donner une assise plus robuste et dissuasive. Le simple fait de l’imiter lui fait gagner deux bons centimètres ; mais ses épaules sont toujours voutées tandis qu’elle considère ses propres jambes raffermies en émettant un petit pet de bouche dubitatif. Cependant elle ne se démonte pas et continue son observation : Tadhgán croise souvent les bras et ce geste, anodin de prime abord, lui donne en fait l’apparence d’une forteresse ; aussi l’imite-t-elle à nouveau, croisant les bras étroitement sur son torse de manière à contracter ses biceps, et cela la pousse spontanément à redresser le buste et à tirer les épaules en arrière. Ce faisant, elle gagne quelques centimètres de plus et s’écrie candidement en remarquant qu’elle ombre maintenant le visage de son camarade : « Oh ! Je n’avais jamais remarqué que je te dépassais autant ! Tu es grand, pourtant ! » Dommage, hein, que sa posture soit complètement mise à mal par l’arrondi poupin de son visage ? Parce que maintenant qu’elle essaie de froncer les sourcils comme lui, elle a l’air tout à fait ridicule et ressemble à peu de choses près à un guépardeau poussant son tout premier rugissement – de toute évidence, elle ne sait pas froncer les sourcils sans loucher un peu. C’est sans la moindre conscience du caractère désespéré de son cas qu’elle s’enquiert : « Alors ?? TU AS PEUR ?? » Évidemment, le haussement de voix ne fait absolument pas partie de la mascarade et traduit seulement un entrain qu’elle ne parvient pas à réprimer – elle aurait tout aussi bien pu se mettre à piailler.
Tadhgán Payne
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Re: I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥] Dim 10 Mar - 18:33

Les petits Poufsouffles jouaient au volley sans se soucier de leur aînée ou de la brute qui essayait de la conseiller sur comment avoir l'air plus comme lui et moins comme eux. Il y avait une raison pour laquelle Slàine avait été choisie pour aller à Poufsouffle et pas à Gryffondor comme tous ses frères, comme Tadhgán même, mais ce dernier réfutait la thèse qui voulait que l'on se limite aux qualités de sa maison pour évoluer. Oui, les Poufsouffles pouvaient être courageux, ce n'était pas l'apanage des Gryffondors, et ces derniers pouvaient se montrer loyaux et acharnés. Tenez, Payne lui-même, était loyal et acharné. Présentement, il s'acharnait sur Slàine. Il refusait d'associer l'Irlandaise à ces petits blaireaux qui jouaient innocemment – mais aussi avec beaucoup d'acharnement – au volley, aux chocolats chauds ou à cette expression naturellement douce et gentille qui était la sienne. Il ne l'avait pas crue quand il lui avait parlé pour la première fois – quand il lui était tombé dessus, plus vraisemblablement – après le départ du dernier de ses frères. Il avait en tête les caractères affirmés, quoique très différents, de Din et de Luam O'Toole – il était trop jeune pour avoir réellement connu l'aîné de la fratrie, Aodh – que Slàine porte le blason jaune des Poufsouffles n'y changeait rien ; il ne l'avait pas crue quand il l'avait eue face à lui, grande, forte, et pourtant très effrayée. C'était une déception, alors, de comprendre qu'il n'aurait pas avec Slàine le type d'interaction qu'il pouvait espérer de ses frères. Et par interaction, nous entendons qu'il se faisait latter par Dil, voire Luam s'il avait le malheur de leur manquer de respect. Ce qu'il faisait constamment, évidemment, comme n'importe quel cadet soucieux de s'imposer aux yeux de ses aînés. La hiérarchie chez les Lions avait quelque chose de compliqué. La déception avait fait place à l'acceptation : Slàine n'était pas faite du même moule que les héros de sa jeunesse ces insupportables roux, et Tadhgán devrait faire avec.

Ou pas.

"Tu sais, la douceur, ça peut être très persuasif aussi !" était le genre d'expression qui lui arrachaient une grimace presque dégoûtée, parce que c'était ce qu'on attendait de lui, n'est-ce pas, et parce que c'était tout à fait hors de propos. Avait-on jamais vu un match de Quidditch se terminer parce qu'un adversaire avait été trop gentil, trop fair-play ? Sans que ce dernier ne finisse à l'infirmerie ? Non. Il y avait d'autres situations, des situations qui n'impliquaient pas un sport violent, dans lesquelles cette affirmation était vraie, mais Payne refusait de reconnaître leur existence.

Bien sûr, il le savait.

Il lâcha plutôt un grognement en guise de réponse, sans décroiser les bras. C'était la seule chose qu'il pouvait faire sans davantage la rabaisser. Il ne le souhaitait pas ; ne l'avait jamais réellement cherché. L'esprit de compétition que lui inspiraient les aînés O'Toole s'était transformé au contact de la cadette. Rapidement il avait renoncé à la provoquer, à la confronter, jamais plus l'idée de l'affronter ne lui avait traversé l'esprit, car Slàine n'était pas Dil ou Luam. Slàine était leur petite sœur et à présent qu'il ne pouvait plus se faire amoureusement latter la gueule par les deux insupportables rouquins, Tadhgán n'avait pour eux que du respect – inavoué et franchement enfoui sous sa fierté – sentiment transmis directement à la dernière des O'Toole.

Bien différente de ses aînés dans sa façon d'appréhender... la peur. Le froncement de sourcils du Gryffondor s'aggrava à mesure qu'elle se perdait dans une comparaison avec Dil et les démonstrations publiques d'affection. L'image hilarante qui lui traversait l'esprit – un Dil extrêmement fier qui se voyait attaqué par un câlin sauvage de sa petite sœur en pleine rue – n'était pas suffisante pour dérider Payne ; il ne voyait pas où elle voulait en venir.

"Ce serait gênant", fut tout ce qu'il trouva à dire.

Gênant parce qu'il s'imaginait mal à la place de Dil ; mais gênant n'était pas effrayant.

"A-ah mais, mais… Je viens de ruiner toutes mes chances de jouer sur l’effet de surprise, là, non… ?" observa Slàine.
"Oui", répondit Tadhgán, impitoyable.

Il soupira, décroisa enfin les bras et les enfonça dans les poches de son jogging. Cette après-midi serait longue, n'est-ce pas ? Pourquoi n'avait-il pas quitté la salle après avoir salué Slàine ? Pourquoi s'acharner à faire d'elle ce qu'elle ne voulait pas devenir ? On en revenait toujours à ses sentiments pour les frangins O'Toole. C'était en l'honneur de ce respect qu'il avait pour eux que Payne avait décidé de prendre soin d'elle, parce que oui, c'était ce qu'il essayait de faire, maladroitement, en s'assurant qu'elle ne se faisait pas démonter par les cognards averses au prochain match de Quidditch. L'idée qu'elle puisse s'en sortir comme elle l'avait toujours fait précédemment ne lui traversa pas l'esprit ; Payne avait décidé que son attitude était problématique, alors elle l'était. Inconsciemment, d'une part, il associait encore beaucoup trop Slàine aux aînés O'Toole. Et d'autre part, elle avait fini par lui être sympathique, sans rapport aucun avec sa fratrie, simplement parce qu'elle était gentille, oui, et que ses maladresses la rendaient attachante. Il était persuadée qu'elle pouvait être bien plus, cependant, et cette certitude, qui plongeait parfois avec le reste de ses convictions la concernant, s'en retrouva renforcée lorsqu'elle essaya, d'abord maladroitement, d'imiter sa posture. Payne observa la façon dont ses pieds s'ancraient au sol, ses bras se croiser et son dos se redresser. Elle était, effectivement, plus grande que lui.

"T'avais jamais remarqué ?" demanda-t-il, moins sévère qu'auparavant.

Juste sincèrement surpris. Il ne pouvait pas comprendre que Slàine était une petite fille qui vivait dans un corps trop grand pour elle. Elle fronçait les sourcils comme si elle louchait sur quelque chose. Payne leva légèrement la main vers son visage, parce que pendant une seconde, il crut qu'il y avait une tache sur son nez – mais non, c'était juste Slàine qui faisait de son mieux pour paraître impressionnante. Il pinça les lèvres – il ne voulait toujours pas la rabaisser, et donc sourire – mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle crie à son visage. La question, qui aurait dû être effrayante, perdait tout son impact ainsi, mais Payne recula bel et bien, très légèrement – sorte de tressaillement surpris. Il cligna brièvement des paupières. Pris une inspiration, se mordit la joue. Non, décidément, il n'allait pas réussir à le faire.

"Non, tu me fais marrer", avoua-t-il, puisqu'il était incapable de conserver davantage son sérieux.
Tout dans l'attitude de Slàine aurait dû l'effrayer, et pourtant il ne pouvait pas se retenir de rire. Ce n'était pas un fou-rire et ce n'était pas moqueur, c'était un ricanement, très léger, mais qui lui étirait tout de même les lèvres dans une expression qu'il n'affichait jamais volontairement – sauf pour effrayer, à son tour, quelqu'un qu'il avait envie de frapper. Payne passa une main sur sa bouche, comme pour effacer cette expression pas très appropriée.

"Je sais pas d'où ça vient." Il recula d'un pas pour mieux visualiser l'attitude de Slàine. Elle avait jusque là fait les choses bien. "Le reste est très bien. Garde le dos droit", lui conseilla-t-il, de peur qu'elle se relâche sous ses compliments. Oui. Compliments. "J'crois que tu manques juste d'entraînement. Ou alors c'est ton visage, il est pas... naturellement effrayant. Je dis pas qu'il faudrait que t'ait l'air méchant au naturel, mais ton visage est pas... pas... enfin, même quand t'as pas d'expression, t'as un air trop gentil. Ça colle pas avec le reste."

C'était une constatation, pas un reproche. Slàine avait le physique d'une batteuse de Quidditch et le visage qu'une grand-mère approcherait pour lui demander de sauver son chat coincé dans un arbre, porter ses courses, ou arroser ses plantes durant son absence. Un visage avenant, bienveillant. Payne n'avait rien contre la bienveillance. Sincèrement. Il fallait des gens bienveillants. En réalité...

"Non, j'crois pas que ce soit ton visage, le problème..."

Il réfléchissait tout haut, en se frottant le menton. S'il y avait bien une brèche à colmater, entre ces deux grands décalages, elle ne provenait pas du physique de Slàine, mais de sa façon d'en jouer. C'était juste une vague hypothèse, un début d'idée, et il avait du mal à l'exprimer. Le coach Payne était très mauvais psychologue, si on pouvait encore en douter.
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Re: I'll make a man out of you. [Tadhgán ♥] Sam 3 Aoû - 17:19

I'll make a man out of you.
Tadhgán s’est montré si implacable, si inflexible jusqu’à maintenant, qu’au moment où elle perçoit le léger mouvement de recul qui le fait tressaillir, elle croit avoir réussi, si ce n’est à lui faire vraiment peur, du moins à le surprendre. L’espace d’une seconde, elle oublie que son exclamation s’apparentait bien plus à un piaillement qu’à un rugissement, et elle se rêve impressionnante, peut-être même intimidante ; oh elle en pousserait presque un cri de joie pour libérer toute l’excitation et la fierté qui lui compriment déjà la poitrine, mais c’est sans compter le terrible verdict que son camarade fait soudain tomber sur ses illusions comme un couperet. « O-oh ! Je… Tu… Je te fais rire ? » bredouille-t-elle d’une voix décomposée et avec une mine déconfite. Une part d’elle, vexée au dernier degré, en aurait pleuré sur-le-champ ; mais déjà une autre s’acharne à la combattre, celle qui se fait immanquablement un triomphe de la joie ou de l’hilarité – fût-elle moquerie – qu’elle peut susciter. Alors, sa perplexité, une fois encore, lui donne un air tout à fait stupide, oscillant entre grimace de dépit et sourire mi-digne, mi-attendri ; mais celui-ci ne tarde pas à disparaître, parce que Tadhgán, tout rieur qu’il soit à cet instant, l’est d’une manière bien à lui, c’est-à-dire effrayante – est-ce seulement possible ? Sa voix n’est plus qu’un miaulement quand elle se hasarde à remarquer : « Au fond, le but à atteindre est le même, non… ? Il faut désarmer. Et je crois que je t’ai désarmé, puisque tu as ri ! » Elle-même cependant ne tarde pas à se figurer les limites de sa réflexion à travers l’image d’un Dil impétueux cassant la figure de quelque malheureux en riant tout son soûl. Ainsi, le désappointement l’emporte pour de bon sur l’optimisme dont elle a essayé de faire preuve jusqu’à présent, et bien qu’elle ait d’abord lutté contre l’acharnement de Tadhgán à faire d’elle ce qu’elle n’est de toute évidence pas, Slany lui est reconnaissante, au fond, de s’obstiner encore, de ne pas l’abandonner là comme une cause perdue, alors même qu’elle ne recherchait rien d’autre que la tranquillité une poignée de minutes auparavant. Qu’a-t-elle subitement vu dans le regard de son camarade et qu’elle ignorait ? Elle n’est pas certaine de vouloir être en mesure de le formuler.

L’examen dont elle est l’objet vient à bout de ses derniers efforts et elle sent ses épaules s’affaisser invinciblement, jusqu’à ce que le Gryffondor ne lui intime de se redresser. Essaie-t-il de la rassurer à sa manière – c’est-à-dire en l’enfonçant un peu malgré lui ? Elle cille fébrilement, bien consciente du fossé abyssal qu’il peut y avoir entre son corps solidement charpenté et son visage aussi doux qu’un oisillon revêtu de son tout premier duvet. Mais il lui semble, à elle, qu’elle ne peut pas faire grand-chose contre l’inflexion naturellement avenante de ses traits, et comme s’il avait lu dans ses pensées, son camarade se met à réfléchir tout haut pour débusquer la véritable source du problème. Suspendue à ses lèvres, Slany espère de toutes ses forces qu’il va enfin aboutir à une solution, mais les secondes défilent, et Tadhgán semble s’abîmer toujours un peu plus dans le silence de sa recherche. « E-et toi, Tadhgán ? s’entend-elle demander sans pouvoir s’en empêcher. Comment fais-tu pour être comme ça ? J-je veux dire… Ne le prends pas mal mais – elle enfonce à nouveau la tête dans les épaules – tu as l’air si fâché tout le temps, comme si la colère était naturelle chez toi. Peut-être qu’à moi, il me manque quelque chose… » Elle finit par baisser piteusement les yeux, songeant à sa peur presque maladive des conflits, à sa peur de la capacité inhérente à tout être humain – et profondément indésirée chez elle – à blesser l’autre, non seulement par des coups, mais aussi par des choses aussi anodines en apparence que l’attitude, la parole, ou tout simplement le regard… Sa voix se fait subitement toute petite : « Se peut-il que je sois tout bêtement lâche, Tadhgán ? Tu sais, parfois, je me dis qu’une situation exceptionnelle me donnerait le courage de vaincre mes craintes, mais je n’en suis même pas sûre… » La compromission – celle du mutisme ou de la fuite – lui semble encore préférable à l’éclat du conflit et elle sait, oh elle sait qu’elle a loupé le coche de la juste mesure, si bien atteint par Luam au contraire, doux chaque fois qu’il le peut, mais ne reculant jamais devant l’alternative de la violence le cas échéant.


HRP : Prrrr encore pardon pardon pardon pour ce temps de réponse catastrophique...  rub  rub
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