[SPEED-DATING] é madmoizel t bel / fenry

tu savais pas trop ce que t'attendais de ce speed-dating auquel tu t'étais inscrit - de ton plein gré - mais sans aucune conviction. ta vie amoureuse était vraiment catastrophique et là, c'était un peu comme si tu forçais le Destin. sauf que le Destin, il aime pas être forcé, donc ça va probablement finir mal et tu vas te sentir nul... ça sera un problème pour le futur toi. tu rentres dans la grande salle avec un énorme sourire idiot collé au visage. tu regardes un peu autour de toi pour voir qui s'est inscrit aussi, parce que t'avais pas vraiment regardé la liste (tu préférais avoir la surprise). ok, bon, y tadhgan... mais il est déjà avec quelqu'un. et puis y a... ah, judy. tes joues s'empourprent de souvenir d'une nuit lointaine de laquelle vous n'aviez pas vraiment rediscuté oralement. c'était un peu gênant - mais loin d'être un regret.
bon allez, faut chercher ton date maintenant... tu tournes la tête, à droite, à gauche et puis... FENRY WILLIAMS??? TOUTE SEULE??? quelle est cette sorcellerie??? qui aurait laissé la joueuse de quidditch de dernière année, réputée experte en duel etc etc... seule...? sa réputation la précède tellement qu'il est impossible de la croiser sans quelque uns de ses amis - les élus, vraiment - autour d'elle ! quelle chance t'as aujourd'hui, sharl... c'est peut-être même pas de la chance... OUI ! le revoilà, le Destin. c'est elle ton binôme, t'en es sûr maintenant, c'est comme ça, elle t'attend... alors tu te glisses sur le banc d'en face, pose le coude sur la table et ta tête sur ta main.
bounsoire... que fais une si jolie demoiselle seule à sa table? oh ! mais suis-je bête ?! elle m'attendait !
molière se retourne dans sa tombe de ton incompétence théâtrale... c'est effarant. tu te redresses un peu, parce que faut quand même avoir l'air présentable, ce soir... t'avais même - essayé - de faire un effort vestimentaire ! un pull pas troué et un jean lavé ! incroyable. de toute façon même en costard t'aurais eu l'air moche à côté de fenry.
sharl azelhart ! enchanté milady. tu lui tends ta main... oui, se serrer la main, c'est absolument la façon de fonctionner des dates. fenry, c'est ça ? je pensais pas te voir ici... i mean, t'as probablement déjà toute l'école à tes pieds. bon, en vrai si t'es là peut-être pas mais je pensais que si ? si je parle trop arrête moi, je serais pas blessé.
peut-être un peu quand même.

Mademoiselle

Le désert, le silence. Plusieurs secondes s'étaient écoulées ainsi, peut-être plusieurs minutes, durant lesquelles Fenry s'égara dans le chaos de ses propres pensées alors que sa rencontre précédente était partie. Évidemment, qu'il était parti ; c'est qu'elle devait faire peur, Fenry, à toujours tout savoir ; tout lire ; entendre. Ils étaient là, à rouler des mécaniques, à tenter de jouer à un jeu de séduction qui ne prenait pas.

Elle avait soupiré, et posant un coude sur le bois du banc devant elle, avait soufflé sa flemme en pensant à Castiel qui devait bien se marrer. Il avait raison, ce con ; peut-être que ce qu'il manquait à Fenry était effectivement de l'amour (autant d'en donner qu'en recevoir, d'ailleurs) mais elle y pouvait quoi, s'il n'y avait qu'elles pour s'aimer suffisamment ?

En se fustigeant, elle releva subitement le regard vers celui qui se présenta comme le prochain prétendant, et déposa son bras le long de la table. Sourcils haussés, lèvres entre-ouvertes, elle est prise de court, mais rapidement se décore d'un rire, discret.

Immédiatement, sa legilimancie s'était mise en marche, et déjà elle arpentait les spires de son cerveau. Elle songea rapidement que,
oui,
peut-être,
elle l'attendait.

Elle serra sa main.

« Toute l'école ? »

Son rire s'accentua, et elle baissa les yeux, un peu gênée. C'était qu'elle avait plutôt l'impression de faire peur que de séduire. Peut-être que la peur inspirait des émotions de ce genre aux gens..

« Je dirais qu'à mes pieds il n'y a que le sol, mais si ça te dit d'aller y faire un tour, je ne t'en empêcherai pas. »

Elle haussa les épaules, et figea son regard dans le sien. Un rictus se mit à rire au creux de ses joues.

« Quoique j'aime autant que tu restes en face de moi, sinon je n'aurai plus personne à qui parler, tu vois ? Mes pieds ne sont pas très bavards. »

Elle s'enfonça contre le dos de sa chaise inconfortable.

« Je crois que je fais fuir la plupart des gars. Je les entends se dire que je suis bonne mais décidément impossible à vivre. Ils ont plutôt raison. »

Castiel serait retourné dans son lit s'il l'entendait se vendre ainsi.

il fallait dire que tu l'imaginais pas trop comme ça fenry... elle avait une façon de parler tellement plus détachée et accessible qu'elle laissait paraître dans les couloirs. tu la pensais ultra froide, en mode chioné la déesse des glaces mais en fait non ! elle a même l'air super drôle ! ça annonce une bonne soirée - du moins pour lui, reste encore à savoir si la serpentard apprécie sa compagnie sur le long terme.
des pieds bavaaaaaards oh non je chiale... j'imagine les petits orteils qui bougent en mode hihi bonjour je suis le pied !
ce n'était pas très intelligent comme remarque, même pour toi, mais pour une raison qui te semblait obscure, tu te suprennais à ne pas vraiment te prendre la tête ce soir ; toi qui d'habitude te dresse et te confond en maladresses à chaque fois que tu parles à une fille. bon ! c'est pas mauvais signe, tant mieux à vrai dire.
comment ça tu les entends dire ? genre s'ils te le disent comme ça en face à face c'est pas super gentil quand même. je vais pas mentir, c'est vrai que t'es bonne, mais t'as pas l'air difficile à vivre non plus... ? enfin, après tout je parle mais j'en sais rien ! je veux dire que bah euh tu te connais mieux toi même que moi je te connais, je suppose... tu vois ?
tu sais pas vraiment depuis quand tu te lançais dans de tels monologues, mais faut croire que tu le fais maintenant? d'ailleurs, y a rien à manger ici ? genre grignoter et tout tu sais pas... ça serais peut-être bien pour un premier date ? voir si la personne sait manger quoi...
dis fenry, tu sais manger correctement ? genre tu mets ta fourchette dans la bouche et ça retombe pas dans l'assiette ? moi bof, ça m'arrive souvent mais je fais de mon mieux !
c'est fou comme tu pouvais être stupide et, surtout, sans filtre. t'arrivais à dire tout ce qui te passe par la tête sans vraiment ressentir de gêne ou quoique ce soit... c'est un peu un talent, en soi.
t'aimes le rap ? ah ouais nan attend vous les filles vous préférez les jolis poèmes non... ? attend, et si je te fais un poème mais je rap le poème ? en mode je fais euuuuuuh baudelaire de la street ?

Mademoiselle

Son débit de pensées était aussi désert que son débit de paroles était absurde. Fenry avait l'habitude d'écouter les silences des autres, de chercher à l'intérieur d'eux la vérité, comme une fouine, une peste. Lui, il lui offrait tout de manière si brute que ça l'avait rendue fragile, vulnérable. La spontanéité avait toujours eu cet effet de l'adoucir.

« Manger correctement ?

Et à chaque nouvelle réflexion sa mine s'était un peu plus transformée en un mélange de stupeur et d'incompréhension, de rire et de perplexité. Pour une fois elle avait fait taire sa legilimancie, et elle se sentait sans armes, juste libre, juste elle et lui, sans détour ou non-dits.

Il y avait quelque chose de reposant, et d'enfin sain ; elle avait l'impression de respirer.

« Ah ouais, carrément, Baudelaire de la street ça me fait kiffer. »

Elle avait fait tomber sa tête en arrière et ouvert la bouche, caricaturant son extase factice. Et en relevant la tête elle avait continué sur un rire à peine dissimulé.

« Peut-être qu'on s'embrasse à la fin de ce date si ton rap-poème m'émeut assez, deal ? »

bah oui manger correctement... tu sais genre... pic, puis ziouuuum et cronch crinch cronch? bah moi ça fait pic, puis ziouuum puis PAF et après re ziouuum puis cronch... enfin voilà.
la conversation suit son cours avec la légèreté qui t'a toujours caractérisée. parfois, on pourrait presque croire que ça te passe au dessus... mais non pas du tout ! t'as juste l'esprit... volatile. eh attends... elle a dit embrassé là, non? si ton rap-poème l'émeut? trop de pression pour ta cervelle de moineau, ça s'emballe dans tous les organes de ton corps. c'est presque comme si t'oubliais comment rapper d'un coup là.
bon, allez, faut focus, c'est la vie amoureuse d'un soir en jeu là, c'est supra important. en y mettant tout ton coeur, tu t'élances dans un beatbox un peu moins foireux que d'habitude... attention aux paroles, c'est du lourd.
EH? EH? HEYO. C'EST PARTI. FENRY, OUAIS C'EST TOI T'ES JOLIE. T'ES ENTREE DANS MA VIE COMME UN PAQUET DE SURIMI. CA TE DIRAIT D'ALLER MANGER DES SUSHIS? OUAIS MÊME QU'ON POURRAIT PEUT-ÊTRE FINIR CA AU.... SHHHH!!
on reprend sa respiration et ses esprits avant de continuer ce chef d'oeuvre digne des plus grands rappeurs américains qui sont bien évidemment tes modèles et idoles dans la vie.
T'AS CRU C'ETAIT FINI? GIRL NON MERCI. J'AI ENCORE QUELQUES RIMES ON EST CHAUDS NOUS ICI. JE SAIS T'AS DIT POEME, C'EST PAS TROP REUSSI SAUF QUE TU SAIS MON INSPI... EST UN PEU POURRIE! YEAH!
bon, c'était clairement pas le rap qui te ferait percer, mais t'hésites quand même déjà à le mixer pour soundcloud... faudra tu demandes à ton pote de caler une instru dessus... ouais, ça rendra mieux. en tout cas t'espères, parce que vu les regards de la salle, ils sont pas trop... CONQUIS. passion rîme en i.
alors, t'en as pensé quoi?

Mademoiselle

C'était pas l'improvisation qui allait faire chavirer son coeur, c'était certain. Elle l'avait cependant écouté jusqu'au bout, silencieusement, se mordant une ou deux fois les lèvres pour se retenir de rire. C'est que le surimi, même si elle aimait ça, ça la faisait pas rêver dans un poème romantique.

« Wah. »

Puis le silence, un peu gênant. Elle se demandait s'il comptait vraiment en faire un mix ; si elle risquait que son nom soit associé à son... art. C'est qu'il disait son prénom et que des filles qui s'appelaient Fenry, à Poudlard et ailleurs, y en avait pas beaucoup. Personne ne s'y tromperait.

« J'aimerais exercer un droit de véto pour la production de ce single.. Puisque mon nom apparaît dedans. »

Elle lui avait adressé un rire léger.

« Ne t'y méprends pas, j'adore les sushis. »

Maintenant qu'ils avaient parlé de bouffe elle avait faim. Elle s'imagina dévorant un immense plat de chili et fit la moue de frustration.

« Tu as pas gagné le baiser, mais si tu veux on peut aller manger. Tu me montreras le pic zioum paf rezioum cronch, mais moi je meurs de faim. »

rah meuf tu lis dans mes pensées ou quoi? je voulais grave en faire un single va falloir je remplace ton prénom pour pas que tu me colles un procès au cul...
et pour pas qu'elle ai à subir des remarques sur le fait que son prénom apparaît dans une de tes compositions alors que toute l'école sait que tu es un boloss fini. la honte de sa vie mais toi tu réalises pas trop. au moins elle aime les sushis, c'est déjà un bon début. tu pourrais peut-être l'inviter pour en manger mais c'est cher cette merde et toi t'as pas une thune donc bon...
manger? manger. manger! oui bonne idée! ah putain pic zioum j'en reviens pas on en est déjà là dans la relation franchement je te montre tous mes pires atouts là, donc si ce soir tu m'aimes encore bien c'est que t'es la bonne.
tu crois pas qu'elle compte t'épouser - et puis c'est un peu rapide quand même pour ça - mais t'aurais pu lui montrer tes talents genre... le skate t'es vraiment doué, des bails du genre. au lieu de ça tu lui montres ton rap bancal et ton incapacité à manger... t'en déduis donc que si elle fuit pas d'ici là c'est bague au doigt mariage sur l'autel. bref. arrête de penser et demande où.
alors oui du coup mais on mange où? tu veux qu'on sorte quelque part? je sors pas beaucoup pour aller dans des endroits où faut payer donc je sais pas où on pourrait aller.
super, vas-y dis lui que tu vis dans la rue aussi, la meuf va être deg elle va aller manger avec quelqu'un d'autre.
ahahah PRANKED! je veux dire je t'invite, tu choisis l'endroit!
espèce d'abruti avec QUEL ARGENT.

Mademoiselle

Fenry haussa les sourcils, dans une mine perplexe. Mais il n'avait pas d'argent, comment comptait-il faire ? Courir après le repas et lui dire à elle de prendre ses jambes à son coup ? Elle leva les yeux au ciel. Les mecs et leur orgueil à deux balles..

« Tu m'inviteras quand t'auras fait un carton avec un rap et que t'auras amassé de la thune. En attendant je paie ET je choisis l'endroit. »

Elle se leva sans lui laisser le temps de répondre, et espéra juste qu'il la suive. Et en se retournant vers lui, elle lui fit un mouvement de tête interrogatif.

« C'est que je serais un peu gênée que tu me demandes de courir après avoir mangé. »

Elle haussa les épaules dans un sourire.

« Mais là, il faut vraiment que je quitte cet air. »

Assez de speed-dating pour aujourd'hui, elle avait sa dose de déception.

elle avait refusé que tu l'invites... rah dommage. en même temps, ça t'arranges quand même... le malaise que ça aurait été tu passes ta carte bleue et hop paiement refusé devant la belle gosse de l'école : nul. en tout cas, elle trace, donc tu te mets à la suivre.
ah t'aimes pas les resto-baskets? dommage, c'est fun de temps en temps quand même.
puis tu t'y connais toi en course, monsieur club d'athlétisme... même si ça fait longtemps que tu t'es pas pointé à un entraînement... oups?
c'est vrai que y a beaucoup de monde ici... et plein de moches aussi.
t'avais tourné la tête vers un mec en disant ça... en face de lui, judy jenkins. la tentative de garder contact n'avait pas vraiment fonctionné et maintenant, elle était des bouclettes brunes parmi tant d'autres... elle était les souvenirs brumeux d'une soirée lointaine.
eh t'es poétique aujourd'hui mec.
allez, on se casse, j'ai la dalle.
et vous passez les portes de la grande salle, t'es ravi d'aller bouffer.