Il pleuvait. C'était amusant comme sa vie avait ce côté dramatique. A chaque fois que quelque chose d'un peu important arrivait, il pleuvait. Comme dans une histoire où la pluie mettrait en valeur le côté doux-amer ou les émotions à fleur de peau des protagonistes. Ou c'était juste le fait de vivre au Royaume Uni...
Il avait envie de la voir. Après les évènements du solstice et le grand vide qu'il avait ressenti, il avait eu besoin de s'isoler un peu. Faire le point sur ce trou dans son petit monde et sur le fait de le combler si vite. Réfléchir. Cette fois ci, il voulait vraiment être sûr. Mais c'était un domaine où l'on était jamais sûr de rien. L'incertitude lui faisait peur. Il n'aimait pas se plonger à corps perdu dans le chaos. Il lui fallait des plans, de l'ordre. Et là, il n'avait rien.
Comme cet été, il lui avait envoyé un message. Une simple demande. Un "On peut se voir ?" et l'endroit indiqué. La tour de l'horloge. Certains la considéraient romantique. Lui, il aimait juste la vue. Celle de la pluie qui noyait le paysage alors qu'il était bien au sec à l'intérieur. C'était apaisant. Rassurant.
Il se retourna en entendant les dernières marches grincer. Un coup du sort aurait pu faire qu'il s'agisse de quelqu'un d'autre, mais elle était bien là. Différente. Quelque chose était changé chez elle. Il l'avait aperçue avant, mais là c'était plus flagrant, maintenant qu'ils étaient proches. Ses cheveux, autrefois si longs, étaient coupés bien plus courts. Ça lui allait bien aussi.
Salut...
Une entrée en matière timide. Perturbée par cette vision qui serait toujours pour lui enchanteresse et le nœud d'émotions qui nouait sa gorge et lui causait des palpitations. Elle était là.
L’eau avait coulé sous les ponts. Un certain calme c’était installé dans la vie de Mikhal et cela pour le bien de tous. En vérité, elle cogité doucement dans sa tête à la manière dont ils perdraient tous la vie pour leurs innombrables pêchés. Pour les traces de brûlure sur son cou, sur ses cheveux neigeux tombant à peine sur ses épaules, pour tous leurs maux vénéneux. Ils paieront. Cela prendra juste un peu plus de temps que prévu. Mais Mikhal n’est pas pressée. Pas cette fois-ci. Il fallait pour cela qu’elle grimpe doucement mais sûrement l’échelle des bons élèves à Poudlard, qu’elle se hisse au plus haut des grades au Ministère et qu’elle déverse sa haine sur eux, un par un. Sans qu’elle n’ait besoin de presser le pas vers les visés.
Un sourire c’était dessiné sur son visage à la vue d’un message venant d’Adrian, quémandant sa venue à la tour de l’horloge. Elle adorait ce lieu et la vue qui s’en dégageait. De nombreux rendez-vous s’y était passé, pas tous très bien, mais cela comptait peu si elle était accompagné du jeune serpentard. Sortant des dortoirs après un cours, Mikhal leva les yeux vers une pluie infâme derrière la vitre, et roula doucement des yeux. Hors de question qu’elle arrive jusqu’à Adrian trempée jusqu’aux os. D’un geste de la baguette, après avoir regardé autour d’elle, et la voilà en bas de la tour.
Un pied devant l’autre, Mikhal leva les yeux vers le haut de la tour et elle commença à grimper les escaliers, qui sous chacun de ses pas indiquait à Adrian sa venue imminente. Peur. Mikhal avait sincèrement peur de sa réaction au vue de sa nouvelle coiffure, et des nouvelles cicatrices plus que voyante sur son corps. Malgré le col de sa cape remonté jusqu’à la naissance de son cou, ses cheveux trop court ne pouvait en aucun cas camouflé ses blessures.
Elle grimpa sur la dernière marche avant de se retrouver aux côtés d’Adrian, ce dernier dos à elle. Mikhal avança doucement vers les vitres de la tour pour observer la pluie battante s’écraser contre cette dernière, offrant aux jeunes amoureux une douce mélodie. « Bonjour, Adrian. » La jeune gryffondor marqua une pause avant de reprendre. « J’espère ne pas être en retard. Un fin sourire se dessina sur son visage. Et alors qu’elle n’avait qu’une seule envie : lui sauter à la gorge et le couvrir de baiser, elle serra entre ses doigts le tissu de sa cape, ne voulant pas le presser. « Tu.. tu vas bien ? Non. Elle voulait lui dire qu’il lui manquait. Qu’elle n’en pouvait plus d’être loin de lui. Qu’elle avait besoin de lui. Maintenant. Là.
Il s'approcha, lentement. D'où lui venait cette timidité absurde ? Il la connaissait depuis longtemps. Et il n'avait pas été si prude cet été. C'était comme si, maintenant qu'elle occupait tout l'espace, il ne pouvait plus être aussi serein en sa présence. Ridicule. Il fit un pas de plus dans sa direction. Puis un autre. Enfin, il vit, et quelque chose se mit à bouillonner au fond de lui. Une rage qu'il contint pourtant, il y avait plus important. Arrivé à destination, il la prit dans ses bras, dans une étreinte qui se voulait réconfortante alors qu'au sein même de son âme brûlaient les feux de la vengeance. Un seul mot franchit ses lèvres.
Qui ?
Qui avait osé lui infliger ces nouvelles marques qu'elle portait ? Qui avait osé lever la main sur celle qu'il aimait ? Il devait savoir, pour plonger cette personne dans le désespoir. Lui arracher toute forme de joie, de bonheur. La condamner à une souffrance éternelle qui ferait passer les descriptions moldues de l'Enfer pour une promenade de santé.
Il n'était pas Matthew. Il n'était pas impulsif. C'était avec une haine froide qu'il exerçait sa justice, pas avec la colère ardente de l'instant. Il devait à Mikhal d'être là pour elle, pour le moment. Mais, plus tard, il trouverait le coupable et le ferait payer. Et cela durerait longtemps.
Parce qu'au-delà de tout cela, il y avait le signe d'une chose qui le blessait lui bien plus profondément : il n'avait pas su être là pour l'aider, la protéger. Et il s'en voulait.
Mikhal leva doucement les yeux lui, attendant patiemment d’entre enfin le son de sa voix. Qu’il lui dise que tout va bien. Qu’il est enfin libéré. Qu’ils peuvent enfin être ensemble jusqu’à la fin des temps sans qu’il n’y ait plus rien entre eux deux. Droite face à Adrian, elle ne pu sortir aucun mot seulement un léger gémissement lorsqu’il se rapprocha près d’elle pour la serrer fort contre lui. Il avait remarqué. Ses marques, ses nouvelles cicatrices avec qui elle essayait tant bien que mal de cohabiter. Il avait posé les yeux sur elle, et elle n’y avait vu qu’une flamme bouillonnante. Un nom ? Qui ? Passant doucement ses mains dans son dos, elle serra doucement entre ses fins doigts le tissu de sa cape, avant de nicher au plus loin sa tête au creux de son cou. Silencieuse. Elle n’arrivait pas à dire son nom. A essayer de dire leurs noms. Peut-être qu’il n’aimait pas sa nouvelle coupe de cheveux. Peut-être qu’il n’arrivait pas à vivre avec ce corps tuméfié. Ses horribles choses qui font désormais parti de sa vie. Le regard perdu, elle se recula légèrement, tête baissée vers la pointe de ses pieds. Tandis que son bras gauche agrippe celui de droite.
« Nouvelle coupe de cheveux comme tu peux voir… tout a été coupé. J’espère que tu aimes et que ça ne te dérange pas… Je suis sûre que je peux trouver un sort pour faire repousser tout ça, si tu n’aimes pas. Evidemment. » Quelle enfant persécutée. Quelle enfant perdue. Quelle enfant seule. Pourtant Mikhal essayait de sourire, lui montrer que ça allait. Que tout ça n’était que du passé. Qu’elle avait tourné la page sur les auteurs de ses atrocités, et que tôt ou tard ils paieraient pour leurs crimes. « Et euh… pour ce qui est du reste... » Elle secoua doucement la tête pour faire tomber quelques mèches sur son cou, venant remettre en place le col de sa veste pour cacher les nombreux bleus et autres cicatrices. « J’ai tendance à avoir une trop grande gueule, j’imagine. » Ne t’énerve pas, s’il te plaît... Elle avait entendue beaucoup trop d’hurlements, d’horreur, de crie et de pleur. Elle n’en pouvait plus. Même si une rage aveugle grandissait en son sein, elle voudrait simplement être au calme. Au milieu d’herbes hautes, bercée par le chant des oiseaux, proche d’un petit court d’eau. Avec lui.
Dans les brumes carmines qui envahissaient son esprit, il distinguait à peine les mots, les paroles qui ressemblaient trop à des excuses. Des excuses pour l'inexcusable. Il recula d'un pas et prit, avec douceur, le visage de sa belle entre ses mains. Son regard rivé sur les prunelles de la sorcière qu'il désirait plus que le monde.
Personne ne lève la main sur toi sans la perdre. Personne.
Pas tant qu'elle serait sienne. Jamais. Il ne laisserait pas les coupables s'en tirer à bon compte. Elle était le plus grand des trésors à ses yeux et nul n'avait le droit de lui faire le moindre mal sans en subir les très lourdes conséquences. Il retira ses mains, son regard se faisant un peu distant.
Si tu veux toujours être avec moi, en tout cas... Je sais qu'on en a pas vraiment discuté, mais... voilà, je ne supporte pas qu'on puisse te faire du mal.
Parce qu'il tenait à elle plus que tout, en cet instant. Elle était son ancre, la seule personne qui le rattachait à la réalité depuis qu'il avait fait le vide, écarté tout ce qui n'avait plus lieu d'être en lui.
Et tes cheveux sont très bien. Ce n'est pas ça qui me fera t'aimer moins, tu sais ? Enfin, ne va pas les raser complètement, ce serait probablement un peu bizarre.
Il esquissa un vague sourire. Il voulait la serrer contre lui et ne jamais la lacher, mais il avait peur de lui faire mal. Peur que d'autres cicatrices invisibles ne la fassent souffrir encore. Il faudrait faire soigner ça. Au moins, la magie pouvait effacer les séquelles physiques. Pour le reste, il serait là. Enfin, si elle voulait encore de lui...
Personne ne lève la main sur elle ? Sans y perdre la sienne ? Mikhal resta droite face à Adrian. Le visage neutre. Personne ne c’était jamais autant inquiété pour elle, de son état de santé aussi bien physique que mental. Et Adrian le faisait avec une conviction rare, et si tranchante qu’elle atteignit rapidement le cœur de la gryffondor sans qu’elle ne puisse rien dire. « Adrian... » Elle aurait pu boire ses paroles pendant des heures, comme si chaque mot était parole d’être divin. Ils étaient si différents, et pourtant si similaire.
« Si je veux quoi ? » Mikhal écarquilla ses yeux et perdit la voix le temps de réaliser ce qu’il venait de dire. Elle secoua la tête et se jeta contre lui. Logeant son visage une nouvelle fois au creux de son cou, le visage humide. Pourquoi ne voudrait-elle pas de lui ? Pourquoi voudrait-elle rejeter la seule personne apportant de l’importance à sa vie ? Se questionnant sur son bonheur, sur bon bien être ? Pourquoi Mikhal, au cœur si fragile, refuserait de le reconstruire à ses côtés ? « J’ai entendu des choses bien stupide, tu sais Adrian. Mais je crois que celle de ne plus être avec toi, et de loin la plus ridicule. » Elle déposa un doux baiser sur sa peau frêle, et le serra d’avantage contre elle.
La chaleur humaine de sa moitié la rassurer. Un regard et toute la douleur se dissipait. Toutes ses questions en suspens n’était plus. « J’ai essayé de leur faire regagner leur longueur d’antan mais... » Mikhal marqua une courte pause. Ils ne voulaient pas. Ils lui avaient interdis quoique ce soit sur cette coiffure. Sur sa longueur misérable. Si elle venait à faire quoique ce soit, alors ils recommenceraient encore et encore à s’acharner sur son pauvre corps. Seule face à sa propre famille. Le vilain petit canard avait pourtant trouver refuge auprès des écailles du serpent d’émeraude. « Mais puisque tu poses la question. » Ses mains autour de son cou, elle déplaça son visage face au sien, le regardant en contre plongé. « Es-tu enfin libéré ? » Ses yeux océan plongés au plus profond des siens, elle attendait son affirmation. Elle attendait patiemment qu’il soit sien. Là maintenant, et pour toujours. « Es-tu enfin disposé à être mien ? »
Les mots, la sensation de son contact, de son étreinte. Il sourit malgré lui et referma ses bras sur elle, avec douceur. C’était un bonheur simple, mais dont il ne se lasserait probablement jamais.
Arrête de t’inquiéter pour tes cheveux. Tu es très belle comme ça aussi.
Un détail au milieu de tant de choses importantes. Comme les deux dernière questions qu’elle lui adressa. Son « oui » fut happé par ces yeux si bleus, il était amoureux de ces yeux et de celle qui les possédait, toute entière. C’était moins dramatique que dans les histoires ou les pièces de théâtre, mais c’était le moment. Celui qui changeait tout. Comme si tout le reste n’avait été qu’un prélude. Comment exprimer cela avec des mots ?
Aussi longtemps que tu seras mienne, je t’appartiendrai.
Pas trop mal. Même si ça avait un côté un peu solennel, comme un serment inviolable ou l’un des anciens pactes. A ce rythme, ils finiraient mariés avant la fin de l’année. La pensée l’amusa. Et une part de lui n’aurait clairement pas été contre. Néanmoins, il y avait une condition. Un point qu’il désirait ajouter à ce contrat informel qui les lierait.
Mais je veux que tu fasses soigner ces blessures, d’accord ?
Comment aurait-il pu apprécier ce genre de moment s’il avait peur de lui faire mal à chacune de leurs étreintes ? Un jour, il se vengerait sur ceux qui lui avaient infligé cela, mais en attendant, atténuer ses souffrances était le plus important. Il passa une main dans la chevelure raccourcie de sa belle, rapprocha son visage du sien et, le cœur battant, l’embrassa.
« Merci Adrian. » Le simple fait d’entendre sa voix avait réussi à apaiser ses maux si douloureux. Elle qui voulait à tout prix fuir l’existence de sa mère, et de son sang, la voilà à lui ressembler comme si elles étaient jumelles. « J’en doutait encore jusque là. » Haussant les épaules elle essaya de lui offrir un doux sourire, comme pour le rassurer à son tour. Et la suite de ses mots vinrent lui réchauffer le cœur alors que la pluie dehors continuait de s’abattre sur les vitres de l’horloge, refroidissant ainsi l’atmosphère. « Tu m’en vois ravie, alors. » Peut-être finirait-ils mariés avant la fin de l’année. Peut-être que cela pourrait lui sauver la vie en l’éloignant d’un cocon familial puéril et sans cœur. Ou peut-être cette union pourrait alors sauver la pauvre vie de certains de ses frères et sœurs, sans que personne ne le remarque. L’idée lui traversa l’esprit et Mikhal ne pu retenir un fin gémissement. Tout va bien. Tout ira bien.
Ses blessures ? « Sont-elles si visible que ça ? Je commençait à m’y faire tu sais. » Haussant les épaules d’un air nonchalant, Mikhal soupira longuement. C’était une suite logique, si elle n’avait en aucun cas le droit de changer sa coupe de cheveux par la magie, les blessures non plus. « Ce n’est malheureusement pas si facile. » Les prochaines vacance arrivaient rapidement, et si elles n’étaient plus visible à ce moment, son sort serait sûrement plus difficile à accepter que l’actuel. « Je vais bien Adrian. Ce n’est qu’une question de temps avant que je sois complètement rétablie. » Son sourire se voulait doux, il fallait le rassurer sur sa condition mental et surtout physique. Ils paieraient pour cet affront. Mais le temps n’est pas à la vengeance. Pas tout de suite. « Je n’en ai pas vraiment peur tu sais… c’est... » Elle marqua une pause, presque honteuse de devoir se justifier pour quelque chose qui n’est pas de son ressort. « Ils ne réfléchissent pas comme nous. » Ezra était lui-même à Poudlard, et elle pouvait encore sentir son regard accusateur se posait sur son corps. Ce dernier exemple d’une punition pour certains, et tableau pour d’autres.
Dernière édition par Mikhal E. Allen le Jeu 2 Mai - 23:07, édité 1 fois
Adrian M. Blake
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Re: It's time ft Mikhal Mar 30 Avr - 22:43
It's time
ft Mikhal
Les réponses de Mikhal faisaient naître plus d'inquiétudes qu'autre chose dans son esprit. De la confusion aussi. Comment pouvait-elle accepter qu'on la traite ainsi ? Qui osait lever la main sur elle ? Et pourquoi ne pouvait-elle rien faire ? Et puis, lui, il ne voulait pas qu'elle soit ainsi, forcée de souffrir par des inconnus.
Je ne comprends pas, Mikhal.
Il avait du mal à comprendre qu'elle protège ses mystérieux tortionnaires. A eux deux, ils formaient un duo plutôt redoutable. Ils n'auraient rien eu à craindre de personne.
C'est quelqu'un à Poudlard ? Tu sais, j'ai pas mal de contacts ici, des gens qui me doivent un service ou deux. Des gens influents comme des préfets et d'autres du genre à connaître des sorts... particulier.
Oh oui, le réseau d'Adrian valait son pesant de galions et les faveurs accordées aux cours des années qui précédaient étaient bien loin d'avoir toutes été remboursées. Un petit mot à son amie Mae ou à cette brute de Jasper qu'il avait souvent tiré d'affaire et c'était plié.
Même en dehors, tu sais que tu peux venir chez moi quand tu veux. Ou, si tu veux qu'on soit plus au calme, on a une maison de campagne qu'on utilise assez peu. Je sais que c'est probablement un peu tôt dans notre relation, mais si tu veux rester avec moi pendant les vacances...
Tout plutôt que de la laisser souffrir. S'il laissait faire, il avait peur de la retrouver plus gravement blessée la prochaine fois. Et ça pourrait même aller plus loin... Non, il ne devait pas penser à ça. Si elle ne voulait pas en parler, soit. Mais il ne resterait pas à rien faire pendant que quelqu'un s'en prenait à elle.
Il n’y avait rien à comprendre. Il n’avait rien à comprendre de plus que ce qu’elle essayait tant bien que mal de lui dire. De lui faire comprendre. « C’est bel et bien quelqu’un de Poudlard. » Mikhal secoua la tête négativement avant de reprendre. « Je connais des sorts comme ceux auxquels tu penses Adrian. Je n’hésiterai pas à les utiliser également. Ce n’est juste pas… pas le moment. » C’était beaucoup trop tôt. Ezra et sa sœur épiait chacun de ses faits et gestes dans le but de pouvoir l’enfoncer d’avantage. Elle en rêvait bien plus qu’il n’y paraissait à cette vengeance. A ce visage qui se défigure sous la douleur, et surtout sous la peur. La peur de ce qu’il adviendrait du lendemain, si toutefois il y en avait un pour lui.
Mikhal ouvrit grand ses yeux lorsqu’elle cru entendre qu’il l’invitait à passer les vacances à ses côtés, loin de toute l’agitation possible et l’angoisse du domicile familial. Un sourire se dessina sur son visage, et avant même qu’elle n’ait en tête de répondre elle posa délicatement ses mains sur son visage, et tira ce dernier vers elle pour lui offrir un doux baiser. Sur la pointe des pieds, elle fit durer quelques secondes ce moment, ses lèvres jointes aux siennes, son corps collé au sien. « J’accepte volontiers, si tu le penses vraiment. » C’était peut-être prématuré, peut-être même trop tôt mais elle s’en fichait éperdument. Elle ne voyait que le côté protecteur qu’elle recherchait depuis si longtemps. Ce regard inquiet qui ne demande qu’à être rassurer.
De nouveau sur ses pieds, elle secoua sa robe comme pour la remettre en place, se racla la gorge et continua. « C’est juste qu’ils s’y attendent, et je ne veux pas leur donner cette satisfaction. Et je ne veux pas non plus que quelqu’un s’en charge à ma place. Je veux m’en occuper tu comprends c’est ma fam... » Son visage se crispa. Elle en avait déjà trop dit, et si Mikhal avait été à la place d’Adrian, elle aurait sûrement sauter sur l’occasion pour s’occuper de ces ordures. « Mes relations avec ma famille sont tendues. Depuis toujours. Ma mère… mon père a perdu son rang de sang-pur pour les beaux yeux de ma mère. Elle qui ne sait même pas tenir une baguette… je n’ai jamais compris. Et. Je ne comprends toujours pas. Elle ne s’y intéresse même pas, à tout ce monde autour de nous… » Tête baissée elle soupira longuement, incomprise. « Ils n’acceptent pas que je ne comprenne pas, c’est tout. » La jeune gryffondor porta sa main derrière sa tête en frottant cette-dernière, gênée. « Je suis plutôt têtue... » Elle se rapprocha de la fenêtre derrière eux, la pluie venant toujours s’y écraser. « Et maintenant je parle beaucoup trop. Excuse-moi. »
Pas le moment ? Pourquoi donc ? Quel impératif l'empêchait de donner une bonne leçon à ceux qui s'en prenaient ainsi à elle ? Mais le baiser de la jeune femme, ses lèvres posées sur les siennes, c'était une puissante distraction. Une distraction qu'il aurait bien aimé voire durer plus longtemps. La perspective de passer les vacances avec elle, juste tous les deux, avait de quoi le ravir et il ne dut qu'à sa maîtrise de ne pas afficher un sourire niais. Ce seraient probablement les meilleures vacances de sa vie.
La suite le ramena sur terre assez brutalement. Sa propre famille ? C'était impensable. Elle était leur chair et leur sang et ils s'en prenaient ainsi à elle pour de simples paroles ?
C'est atroce, Mikhal. Quelle famille ferait ça à l'un des siens ?
La sienne, apparemment. Et il était le frère d'un meurtrier. C'était dire à quel point cela lui paraissait insensé. Tout criminel qu'il soit, son grand-frère avait toujours été bon avec lui. Un peu taquin à l'occasion, il y avait parfois eu des blagues moins bonnes que d'autres, mais jamais de violence de ce genre.
Et tu voudrais que je reste à ne rien faire ?
Comment le pourrait-il ? C'était sa décision, il la savait très capable. Elle n'avait pas besoin qu'on la protège, il le savait très bien. Mais laisser faire... Il ne savait pas s'il en serait capable. Sans plus un mot, il alla la rejoindre, dans son dos comme la dernière fois. Il l'enlaça doucement. Que dire qui mérite d'être dit ?
Je...
Il s'interrompit. C'était trop tôt. Ce genre de parole, il fallait les conserver plus que les gallions. Ne pas les dire pour tout et pour rien, même si on les pensait. Elles perdraient de leur valeur, sinon. À la place, il répondit à ses derniers mots.
Sa propre famille. Mikhal n’avait jamais été très tendre avec eux non plus, à forcer le destin, à argumenter là où il n’y avait pas lieu, et à tenir tête sans raison, si ce n’est que vouloir avoir le dernier mot était plus fort que tout. Manquant par la même occasion de respect à bien des membres de sa propre famille. « Je n’ai pas été très facile non plus. J’ai dis des mots que je pensais pas. Ce n’est que le retour de bâton… Je pense. » Des mots qu’elle ne pense du moins plus actuellement. Les événements passer, les attaques à Poudlard, les élèves amochés, et sa mère toujours très inquiète envers sa sécurité et sa fille lui ouvrait les yeux peu à peu. Elle était sa mère. Moldu. Étrangère à la magie. Jusqu’à ses derniers jours.
« Je voudrais que tu ne fasses rien, s’il te plaît. » Elle esquissa un léger sourire, comme pour le rassurer sur la situation. Et alors qu’il se glisse juste derrière elle, sentant la chaleur de son corps contre le siens, elle ferma les yeux un court instant pour profiter du moment. « Rien ne sert d’être pressé. Je suis encore mal-en-point, et ils s’attendent forcément à ce que je rétorque. Je suis impulsive, et ils le savent. » Dos à lui, Mikhal haussa les épaules. « Ils oublient que je suis intelligente, et parfois patiente. » Tout était déjà réfléchie. Le lieu. La date. L’heure et les minutes, même. Rien ne devait être laissé au hasard pour venger l’affront de taille qu’elle avait subit.
« Je ne voudrais pas blesser ma mère. » Mikhal tourna doucement son visage vers Adrian, son menton en l’air. Elle n’avait jamais tenue de discourt pareil jusqu’à maintenant, jusqu’au jour d’aujourd’hui. Se préoccuper volontairement du bien être de sa génitrice, et des répercussions que les prochaines semaines pourraient avoir sur elle. Cette sensation agréable qui se mis à se faire sentir en son sein lui arracha un second sourire, avant de laisser tomber sa tête contre Adrian, les yeux fermés. Mikhal y était bien. En sécurité. « Encore merci. » Il était doux et si généreux avec elle, qu’elle aurait presque oublié n’avoir jamais ressentie ce sentiment. Cet amour si pure et si fort alors qu’elle n’avait connue qu’égoïsme et coup d’un soir durant un moment, sans jamais s’attacher, sans jamais rappeler. « Mais assez parlé de moi, tu ne m’as pas répondu. Comment vas-tu ? » Changer de sujet était la meilleure solution pour ne pas s’étaler sur ce sujet si périlleux. Si douloureux.
Il l'écouta, satisfait de la tenir au creux de ses bras. C'était un bonheur simple que les mots de sa belle teintaient d'amertume. Il trouvait qu'elle leur donnait des excuses qu'ils ne méritaient pas. Même au vu des circonstances, leur comportement lui paraissait toujours intolérable. Il resta silencieux à ce sujet, cependant. Son point de vue sur la question, il l'avait déjà fait entendre. A quoi bon insister ? Il serait là pour elle le moment venu et avant aussi.
Quoi que tu fasses, je serai à tes côtés.
C'était une promesse. Même s'il savait pertinemment que s'ils lui faisaient encore du mal, il aurait des difficultés à se retenir de les châtier. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il l'aimait et ses blessures le faisaient souffrir également.
La question le concernant le surprit un peu. Avait-il l'air d'aller mal ? Ils étaient bien là, non ? Malgré les sujets sombres de leur échange, leur proximité était une chose qu'il n'aurait abandonnée pour rien au monde.
Tant que tu es là, je vais plutôt bien. J'ai souvent pensé à ce jour, cet été, tu sais ? Tu m'as manqué.
Il se demandait si elle avait toujours le t-shirt. Peut-être que cette question trouverait réponse durant leurs prochaines vacances ? Mais ils n'étaient pas seuls au monde, même si la perspective ne lui aurait pas particulièrement déplu. Et il y avait d'autres sources d'inquiétude.
Je m'inquiète un peu pour mes amis, certains semblent perturbés par... les événements récents.
Depuis l'annonce de The Crow, qui semblait promettre un âge d'or aux yeux de certains. Adrian aurait pu songer à tirer parti de tout cela pour avancer ses propres objectifs. La perspective que quelqu'un fouille ses pensées l'en avait rapidement détourné. Il aimait trop ses secrets.
Quoi qu’elle fasse il resterait à ses côtés. Cela pouvait sûrement paraître bateau ou niais au possible, et pourtant personne n’avait jamais prononcé de mots aussi doux à ses côtés. Peut-être qu’elle l’aurait sans doute déjà entendue si elle était plus douce avec les autres, comme elle peut l’être avec Adrian. Ces barrières qu’elle s’est elle-même mise durant ses années l’ont sûrement fait passer à côtés d’un tas de bonnes choses, de choses délicates et agréables, sans devoir passer par les insultes et les haussements de voix. Non. Une vie normale, comme elle en a toujours rêvé. Seule. « Tu te souviens du t-shirt que tu m’as laissé ? Et bien, je l’ai toujours avec moi. Je… je dors toujours avec. » C’était vrai. Elle ne pouvait plus se passer de lui. De ce morceau de tissu qui lui appartenait, et qui désormais passer le reste de ses nuits collé à sa poitrine. Comme si ce vêtement l’empêchait de faire de mauvais cauchemars. Qu’il adoucissait ce qu’elle est. Ce qu’il y avait dans sa boîte crânienne. « Tu m’as manqué aussi. J’ai cru que tu avais oublié. Que tu étais toujours amoureux d’elle et ... » Mikhal marqua une légère pause avant de secouer sa tête et de grimaçais à cause d’un mauvais mouvement, les bleus étaient toujours ici. « Tu m’as manqué. C’est tout. » C’était le principal, en réalité.
Collée à lui, ses yeux perdus vers le dehors de l’horloge, elle l’écouta parler attentivement. « Tu fais sûrement référence à celui qu’on appelle The Crow, n’est-ce pas ? » Mikhal grimaça et repris rapidement. « On est tous un peu perturbés par ce qu’il a annoncé, et ses rêves. » Un fier loup parmi un troupeau de moutons qui ne demandent qu’à trouver un leader, quelqu’un de fort psychologiquement pour leurs montrer la voie à suivre. Elle avait déjà entendu des bruits de couloirs, des élèves qui auraient sans doute relier sa cause, certains ne seraient même plus revenus à Poudlard après la dernière attaque. « Certains de tes amis sont intéresses par ses sombres dessins ? » Elle laissa tomber sa tête en arrière contre son torse en fermant les yeux un court instant. « J’ai également entendu parler d’un groupe de personne qui se serait formé. Je n’ai malheureusement pas d’informations sûres ni poussées mais, il s’agirait de personne voulant faire tomber ce corbeau et sa petite armée. » Levant ses yeux bleus vers ceux d’Adrian, elle fronça les sourcils. « Et toi Adrian, es-tu perturbé par les derniers événements ? » Le jeune homme avait dû vivre difficilement ces dernières semaines. Entre le solstice et ce fameux sort pour le libéré d’un amour trop fort, et maintenant The Crow qui essaie d’attirer ses amis dans ses filets.
Elle l'avait gardé. Elle le portait pour dormir. Rien que de l'imaginer enflammait son esprit. Peut-être qu'il existait un sortilège lui permettant d'échanger sa place avec son t-shirt ? Il chassa rapidement cette pensée inconvenante, même si passer ses nuits avec la belle Gryffondor blottie au creux de ses bras était une perspective plus que réjouissante.
Il se retint aussi de lui dire qu'il ne serait plus qu'à elle, désormais. Son rituel avait fonctionné, emportant au loin ses autres sentiments. Il n'était resté qu'une sorte de vide un peu étrange qu'il espérait la voir rapidement combler. Elle avait déjà commencé, d'ailleurs. Mais les mots lui semblaient un peu vides pour rendre ce genre de sensation. Il l'aimait avec une possessivité peut-être trop grande pour être tout à fait saine, mais tant qu'ils y trouvaient tout deux leur compte, était-ce bien grave ?
La savoir là tout contre lui, c'était suffisant. Il avait désiré son contact, ardemment et elle le lui avait offert. Tout était parfait. Ça n'aurait pu être mieux s'il l'avait planifié. Mais la conversation devenait sérieuse et il ne pouvait éternellement se laisser absorber par la joie pure qu'il ressentait.
Je les sens qui s'éloignent et tout cela les affecte, qu'ils soient partisans ou non du nouvel ennemi de notre monde.
Tant que The Crow les laissait en paix tous les deux et ne faisait pas de mal à ses amis, il resterait en retrait, à observer. Ce n'était pas son problème. Nul doute que le terroriste serait vaincu. À sa place, Adrian ne se serait pas dévoilé du tout. Il aurait laissé les différentes communautés magiques s'accuser mutuellement du vol de la gemme et aurait profité du chaos.
Je ne sais pas. Je n'aime pas les legilimens en général et lui semble pire que les autres, mais je n'étais pas à la chasse aux plumes et il n'a pas dévoilé mes secrets... C'est peut-être égoïste, mais je ne pense pas que ce soit trop mon problème.
Il avait d'autres choses à gérer. Des choses plus personnelles qui accaparaient son esprit. Il essayerait de tenir ses proches éloigné du conflit qui ne manquerait pas d'arriver, surtout si une faction opposée existait bel et bien. Mais il ne voulait pas s'impliquer dans cette histoire. Certains points du discours se rapprochaient de ses convictions personnelles, mais il refusait d'être au service d'un sale fouineur.
Et toi ?
Allait-elle foncer avec sa fougue et sa témérité de rouge et or ? Rejoindrait-elle les opposants du Corbeau ? Se mettrait-elle en danger ? Il n'y tenait pas trop, parce qu'il serait forcé de s'impliquer, alors. Il essayerait de la convaincre de ne pas le faire, mais s'il ne pouvait l'en empêcher, alors il resterait avec elle. Aucune chance qu'il la laisse se battre seule. Pas maintenant, pas après tout ça. Même si tout cela ne l'inspirait pas...
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