La pluie qui tombe te met toujours de bonne humeur. Étrange n’est-ce pas ? On t’a déjà fait la remarque que c’est un peu bizarre. Il fait gris, froid, l’eau ça mouille et on est obligé de s’habiller en mode soldat anti-drache pour aller dehors, mais toi, tu aimes ça. Ça te fait ricaner ces élèves qui courent sous la tempête pour s’en protéger au plus vite. Toi, en fait, tu t’en fiches. Bon, tes cheveux sont ensuite dans un état un peu pathétiques, mais quelle importance ?
Mouais… pas sûr pour ce coup-là. Ta chevelure infernale est sacrée.
Tout est-il qu’aujourd’hui, les dieux du ciel ne sont pas de très bonne humeur et les couloirs de l’école sont infestés par les élèves grelottants et trempés qui ne veulent surtout pas remettre le nez dehors. Manque de mot, certains cours se situant à l’extérieur, tous n’ont pas la chance de rester au chaud.
Et toi non plus.
Mais dans ton cas, c’est par choix plutôt que par contrainte que tu braves la météo. Sentir les gouttes tomber sur ton visage n’est pas désagréable, et des vêtements, ça se change. C’est bon, il ne fait pas glacial non plus, tu ne tomberas logiquement pas malade. Et après t’attend une récompense : une tasse de thé bouillante pour te remettre de toutes ces émotions.
Tu franchis sous les regards étonnés de tes condisciples les portes menant à l’extérieur, le sourire aux lèvres. Tu es fort peu habillée pour quelqu’un qui sort. Ils ont le droit de se demander ce que tu fiches. Tu réponds aux quelques curieux de manière joyeuse et peut-être un peu niaise. Tu es folle, clairement.
Tu accueilles le mauvais temps sans trop de surprise et sans le moindre problème. Où aller maintenant ? Il est con de rester sous l’eau sans bouger – ou on appelle l’asile – alors tu te diriges vers la forêt interdite. Bien sûr, tu ne vas pas entrer dedans seule, tu as bien trop peur et tu espères expérimenter cela avec un volontaire motivé, mais suivre l’orée un peu à l’abri est appréciable. Prions pour qu’aucun professeur ne te tombe dessus.
Tu trottines en respirant à pleins poumons. L’air sent bon, enfin, c’est particulier. La terre mouillée c’est cool quand même. Au loin, tu avises une flaque énorme. Un sourire taquin se dessine sur ton visage angélique alors que tu t’élances. Sans voir, à cause de la légère brume, la jeune fille qui vient vers toi dans l’autre sens.
Tu sautes à pieds joins.
Plouf.
Tu ris. Tu es bien éclaboussée. L’inconnue aussi.
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