Il est rare que tu viennes à Pré-au-Lard accompagné, et d’habitude, même si c’est plus fun d’être à deux ou plus, tu ne t’en plains pas car tu peux aller où tu veux sans limite de temps ou de divergences d’opinion.
Toutefois, ça ne te tuera pas d’y aller avec quelqu’un, n’est-ce pas ?
À vrai dire, tu as pas mal apprécié la jeune fille que tu as rencontrée au speed dating un mois plus tôt. Enfin la dernière, parce que celles d’avant… tu ne sais pas, t’étais pas vraiment convaincu. Et elles non plus visiblement car elles ne t’ont pas rappelé. Tant pis ! Tu aurais étrangement omis de répondre de tout façon.
Et parce que en quelques minutes, vous n’avez pas eu à ton goût assez le loisir de vous découvrir, tu as décidé de lui envoyer un petit message pour voir si ça lui dirait de t’accompagner à la prochaine sortie à Pré-au-Lard, que le salon de thé – quoiqu’à la décoration pas fameuse si on ne venait pas en couple, ce qui n’avait jamais été ton cas – servait des boissons délicieuses et des petits gâteaux exquis.
Libre à elle de changer les plans sur place, choisir un autre lieu où se poser ou tout simplement faire les boutiques. Tu es ouvert à tout.
Et elle a accepté. Tu étais presque étonné quand tu as reçu sa réponse.
T’as rarement eu de la chance socialement parlant, c’était une super bonne nouvelle qui a enjolivé toute ta journée (pour ne pas dire ta fin de semaine) et plus la date approchait, plus tu avais hâte mais redoutais ce moment où tu aurais à la revoir. Que lui dire ? Comment la saluer poliment sans en faire des tonnes et la mettre mal à l’aise ? A-t-elle accepté par politesse ?
Tu doutes trop.
Puis tu te souviens de ce que tu lui as dit. Tu lui as déballé tous tes défauts – et encore, il y en a beaucoup que tu as passé sous silence – et tu ne sais pas si toi, tu aurais eu envie de revoir quelqu’un comme toi.
Bon, plus qu’à essayer d’être le plus agréable et facile à vivre possible pour qu’elle et toi passiez un bon moment !
Le jour J, tu t’es joliment apprêté (dégage, uniforme moche !) avec une jolie chemise blanche aux motifs brodés – te rappelant tes origines mais sans aller dans le folklorique excessif – et un pantalon marron pas trop serrant cette fois-ci. Tu as ciré tes chaussures, t’es parfumé, a vérifié que tu étais bien peigné et t’es rendu au point de rendez-vous dans le village de Pré-au-Lard : le salon de thé. Tu l’as prévenue un peu plus tôt dans la journée que tu l’attendrais à une table à l’intérieur parce qu’il faisait froid dehors et pas que, une fine pluie venait de commencer à tomber.
Assis, tu avais remercié la serveuse pour les cartes et précisé que tu attendais quelqu’un qui ne devrait plus tarder pour ne pas avoir à commander tout de suite – c’est impoli, non ?
Et maintenant, tu es plongé dans la contemplation de l’écran de ton téléphone, envoyant quelques textos à tes proches restés en Pologne. Tu es fébrile, stressé. Tu essaie de penser à autre chose qu’à la rencontre qui va suivre.
A peine était-elle rentrée le soir du Speed-dating qu'elle avait reçu un message. Néanmoins, mettant toujours son téléphone sur silencieux et ne l'utilisant qu'à de rares occasions -quasiment inexistentielles, Ene s'endormait immédiatement. Ce fut le lendemain matin qu'elle lisait son invitation et prenait le temps de réfléchir. Il ne lui avait pas fait mauvaise impression. Cela ne lui ferait pas de mal de sortir et pourquoi pas en sa compagnie ? Elle avait simplement répondu par l'affirmatif, une phrase sans aucun smiley car elle ne savait pas en utiliser et n'y voyait aucun intérêt. Et elle pensait l'avoir envoyé.
Du moins, était-elle sûre de l'avoir fait. Sauf qu'elle n'obtenait pas d'accusés de réception. Ce n'est pas grave. Sûrement un bug comme il y en avait toujours avec la technologie. C'est tellement peu fiable. Jusqu'au mercredi matin où une de ses amies attrapa son téléphone. Elle le déverrouilla facilement car à quoi bon mettre une sécurité quand on a rien à cacher ? Il n'y avait pas de mot de passe compliqué, un simple balayage d'écran et c'était fait. Elle farfouilla pour lui installer une application "à la mode". Comme si cela l'intéressait, Ene ne l'utiliserait sûrement jamais. Cette dernière lui lança une petite remarque.
« - Tu sais que ton message n'est pas parti ? - Eh...? Mais je l'ai bien écrit ! - Oui, mais il est dans tes brouillons. »
Ene soupira, affligée. C'est sûr qu'il n'allait pas lui répondre si elle n'avait rien envoyé de son côté. Elle n'arrêtait pas de se dire que les lettres étaient plus pratiques, plus agréables et personnelles mais surtout plus simples. Qui irait créer une fonction de brouillon ? Sérieusement, pourquoi cette fonction existait-elle ? Personne écrivant un message ne le laisserait en attente dans des brouillons. Elle avait beau avoir lu le manuel d'utilisation en entier, en réalité, elle n'y comprenait rien. Ce n'était pas pour elle. Elle appuya sur la touche, vérifiant que cette fois, elle avait bien reçu l'accusé puis elle rangea le téléphone dans son tiroir. Prendre un portable en cours ? Elle devait bien être la seule qui ne le faisait pas.
[...] La semaine s'était écoulée sous le rythme des cours et des tensions que le corbeau commençait doucement à répandre. Un sujet qu'elle préférait ignorer. En apparence car à l'intérieur elle cogite. Devant son miroir, elle vérifie que ses cheveux ne font pas d'épis indésirés. Comme il pleut pour ce magnifique printemps, Ene porte un pantalon rose pâle taille haute qui se serre parfaitement sur sa taille et un pull blanc. Elle prend un long manteau et un sac pour y mettre quelques affaires. Elle est prête et s'aventure dehors, son parapluie accroché à son poignet, elle ne se presse pas, elle ne sera pas en retard -elle n'aime pas cela. Elle s'est renseignée sur l'endroit pour être sûre de ne pas se tromper. Elle arrive devant le salon et attend. Sans penser à regarder son téléphone. Elle attend dix minutes avant de sentir quelques gouttes de pluie sur ses épaules et de lever le regard. Quitte à être là, autant entrer. C'est ce qu'elle fait, elle jette un regard circulaire et l'aperçoit plus loin, à une table... C'est bizarre, il aurait dû la prévenir. Fébrilement, elle sort son téléphone et aperçoit le message. Elle soupire, s'approche pour le rejoindre et l'interpeller doucement.
« Pardon pour l'attente... »
Un peu mal à l'aise car elle vient de faire ce qu'elle déteste, elle s'assoit et détourne le regard. Arrivée avec autant de retard, c'est tellement impoli qu'elle s'empresse de s'expliquer.
« Je n'avais pas vu ton message, je ne m'en sors vraiment pas avec ce téléphone. »
Elle lui sourit, gênée de cette excuse pourtant vraie mais qui semble tellement peu crédible.
code par ene
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Re: filiżanka herbaty | z Ene Mer 8 Mai - 13:46
filiżanka herbaty
Le temps passe mais tu essaies de ne pas t’en faire. Tes yeux évitent soigneusement le petit coin de ton écran où est affichée l’heure. Tu sais que si tu la regardes ne serait-ce qu’une seule fois, tu vas commencer à stresser. À te sentir mal et à te torturer l’esprit.
Mais pourquoi diable n’est-elle pas encore là ?
Tu n’es pas con, et tu n’as pas besoin de connaître la minute précise pour comprendre que le moment où elle aurait dû arriver est déjà dépassé. Et qu’il n’y a toujours personne en face de toi. Ton cœur se serre douloureusement dans ta poitrine. Elle ne viendra pas.
C’est typique. Tu invites quelqu’un quelque part et la personne accepte sans problème alors qu’elle ne veut pas – mais ça, toi tu l’ignores car tu es trop content d’avoir eu un rendez-vous – et le jour J, plus aucune nouvelle. Tu t’es déplacé pour rien. Dans quelques jours, tu recevras un message « oups, j’ai perdu mon téléphone, haha désolée ! » et ces excuses, tu ne pourras pas les entendre et tu auras perdu bêtement quelqu’un en ayant voulu être trop insistant.
C’est triste.
Alors que tu t’apprêtais à te lever pour t’en aller avec une mine dépitée, une voix te sort de tes sentiments négatifs. Sa voix. Immédiatement, tu relèves les yeux. Et la voir te choque presque. Tu ne l’attendais plus !
« Ene ! Tu es venue ! »
Un sourire reprend place sur ton visage. Enfin ! Et toute la rancœur que tu commençais à ressentir à son égard pour s’être volatilisée sans t’en avoir parlé disparaît instantanément.
Et son excuse est toute mignonne et tu la crois. Peut-être a-t-elle dû penser la même chose que toi lorsqu’elle attendait ? Que toi aussi tu lui avais posé un lapin ? Ce n’est pas ton genre voyons ! Tu te rappelles de ses difficultés à enregistrer ton numéro lors de votre première rencontre.
Pourquoi mentirait-elle ? Dix minutes de retard ou pas, elle est là maintenant.
« Y’a pas de souci, je suis content que tu sois là ! »
Car c’est tout simplement vrai. Du bout du doigt, tu désignes la carte qui est en face d’elle.
« Tu peux prendre tout ce que tu veux, fais-toi plaisir ! »
Tu n’as pas de problème pour payer pour les autres si tu les apprécie et qu’ils en valent la peine. Tu lui fais un sourire avenant et plonges toi aussi dans la contemplation du menu. Le choix est impressionnant et tu es comme toujours un peu perdu. À vrai dire, tu n’as qu’une envie : tout dévaliser et commander chaque petit gâteau.
Mais tu n’es pas un ogre Inocenty. Mais bien un simple humain.
Alors tu arrêtes ton choix sur un thé au jasmin et un lava cake avec une boule de glace vanille. Un classique bien calorique mais que tu peux bien te permettre de temps en temps.
Tu as rangé ton téléphone et fermes la carte pour signifier que tu as pris ta décision concernant ton repas. Pas si facile ! Tes yeux verts se posent sur Ene.
Le ton de sa voix montre bien qu'elle l'a trop fait attendre et c'est encore plus gênant qu'elle était simplement dehors, devant, à attendre. Quelle idiote. Il faut vraiment qu'elle pense à consulter plus souvent son téléphone, qu'elle apprenne à vivre avec la technologie et sorte le nez de ses livres. Sinon, elle allait encore gaffer et oublier de répondre à quelqu'un, poser des lapins sans le savoir... Elle soupire une nouvelle fois, incline sa tête légèrement pour répéter.
« Pardon... »
Elle ne dit rien de plus car tout ressemble tellement à un mensonge et pourtant, il la croit et ne lui en veut pas. Elle lui adresse un petit sourire, reconnaissante et glisse ses mains dans ses longs cheveux légèrement humides à cause de la pluie. Elle n'a pas voulu utiliser son parapluie pour quelques minutes ; cela la gênerait tandis qu'elle pouvait le poser sur une chaise pendant leur... dégustation. Elle l'écoute et devient mal à l'aise en détournant le regard, un sourire gêné aux lèvres.
« T... Tu sais, je ne suis pas... très riche alors... »
Alors elle ne va pas prendre trop pour au final devoir lui réclamer de l'argent. Pas question qu'en plus d'être en retard elle profite de lui, quelle image renverrait-elle en agissant ainsi ? Elle attrape délicatement la carte, l'ouvre et reste immobile. Wah. Il y a tellement de choix qu'elle ne sait même pas ce qui lui donne le plus envie. Sa tête s'enfonce dans ses épaules, elle hésite, tourne les pages, le regarde pour savoir si elle n'est pas trop longue puis retourne dans sa contemplation.
« Hum... Un chocolat chaud aux guimauves et... »
Et... le néant. Quitte à être ici, autant goûter quelque chose de nouveau. De toute façon, tout sera meilleur que sa cuisine.
« Banoffee pie...? »
Et elle relève ses yeux vers les siens, lui adressant un sourire toujours un peu gênée car elle ne savait même pas si elle allait aimer ce qu'elle venait de commander... Mais c'est une sortie entre amis alors, il n'y a pas de raison que cela se passe mal.
code par ene
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Re: filiżanka herbaty | z Ene Lun 20 Mai - 20:48
filiżanka herbaty
Elle s’excuse et toi, tu te contentes de lui sourire car tu ne lui en veux plus vraiment. Elle ne semble pas agacée, rien du tout, plutôt même sincèrement désolée. Toi ça te va. Elle n’a pas besoin d’en faire des tonnes non plus, ce n’est pas la mort – même si tu as bien failli te lever et t’en aller tristement.
Et évidemment, ta façon de t’exprimer n’a pas été claire. Pourquoi as-tu la poisse comme ça ? Tu passes pour quelqu’un d’horrible qui agites ses billets sous le nez de ceux qui ont moins et qui exiges d’eux qu’ils dépensent des sommes astronomiques pour un repas… c’est faux, c’est totalement faux et tu t’empourpres un peu. Te voici aussi embarrassé qu’elle. Ça commence divinement bien. Même lors du speed-dating tu te sentais mieux.
« A... ah. Mais tu sais, je pense que tu ne m’as pas bien compris quand je t’ai dit de choisir ce que tu voulais... »
Tu lui souris nerveusement, tritures tes doigts bien soignés, détournes légèrement le regard, puis finalement décides de le planter dans le sien, déterminé.
« Je n’ai jamais eu l’intention que tu paies quoique ce soit. C’est moi qui invites, alors c’est moi qui règles à la fin ! Et il n’y a pas de négociation possible. Franchement, choisis ce qui te fait le plus plaisir sans faire attention aux prix ! »
Tu espères qu’elle ne se sentira pas trop embarrassée de te faire payer l’addition. Toi, ça t’est égal. Tu as des sous, tu es là pour lui faire plaisir. Quel gentleman serais-tu si tu exigeais d’elle qu’elle mette la main au portefeuille ?
Elle semble accepter de prendre la carte, c’est déjà un bon point. Alors tu fais pareil et te plonges, un peu mal à l’aise malgré tout, dans la lecture de cette dernière. Hm… tu vas finir par tout connaître par cœur, mais est-ce pour cela que le choix sera plus aisé ? Pas du tout. Il y a de nombreuses bonnes choses dans ce petit salon de thé. Et tu as envie d’être gourmand. Impossible cependant, et pour quel genre d’énergumène passerais-tu ? Non, non. Il faut être bien élevé. Pour ne pas que le malaise déjà bien présent ne devienne insoutenable.
« Très bon choix ! » commentes-tu lorsqu’elle te fait part de ce qu’elle va prendre.
Tu restes le nez dans la lecture minutieuse de chaque gâteau encore quelques secondes. Puis, tu reposes le menu face à toi, et ton regard croise à nouveau celui de Ene. Tu souris, encore.
« Je pense que je vais prendre la même boisson que toi ! »
La serveuse arrive à cet instant et tu lui déclines ta commande, donc le chocolat chaud aux guimauves accompagné d’une part de tarte aux pommes. Simple mais efficace. Tant que c’est bon ! Tu croises les jambes, attendant que ton invitée en ait fait de même, cherchant dans ton esprit quelles questions tu pourrais lui poser aujourd’hui. Car il faut bien commencer par quelque part, non ? Vous n’allez pas rester l’un en face de l’autre dans un silence contrit tout le rendez-vous.
Ene n'est pas douée. Elle n'est pas habituée et quand il éclaircit la situation, elle ne peut s'empêcher de rire doucement. Non, elle n'avait pas compris qu'il allait lui offrir. Elle est venue le rejoindre sans prendre conscience que c'est bien différent du speed-dating. C'est bien plus difficile comme expérience et elle lui adresse un petit sourire en hochant doucement de la tête. Autant ne pas faire la difficile et refuser, cela les mettrait encore plus dans l'embarras.
« Merci Inocenty. »
C'est la moindre des choses. Elle se replonge dans la carte un instant avant de finalement se décider pour qu'ils puissent passer commande. Une fois cela fait, le silence reprend, et de nouveau, elle ne peut s'empêcher de rire. C'est amusant. Maintenant qu'ils sont là, ils n'arrivent pas à trouver les mots alors que pendant la précédente soirée, le dialogue était bien plus simple. C'est comme s'ils étaient revenus au point de départ. Alors, elle essaye d'alléger la situation en voyant cette rencontre comme une simple sortie d'amis, cela l'aidera à ne pas trop réfléchir et lui aussi, peut-être ?
« Je ne me moque pas. »
Elle le rassure, glisse sa main dans ses cheveux pour ensuite continuer, de bonne humeur elle sent peu à peu cette gêne la quitter. Heureusement qu'elle est franche, cela l'aide à parler de ce qu'elle pense.
« C'est juste... amusant. C'est la même chose qu'au speed-dating, au départ on n'arrivait pas du tout à discuter ! »
Et elle sourit, amusée par cette réalité. Elle détourne un moment le regard, essaye de trouver un compromis sans pour autant le froisser. Il n'a sûrement pas les mêmes attentes qu'elle, elle va jouer franc jeu et éviter de le blesser ou de le laisser espérer. C'est juste impossible que quelque chose se produise en aussi peu de temps. Ils ne se sont jamais parlés. Ce genre de choses ne se fait pas en un claquement de doigt. Elle est trop coincée pour cela. Plus elle y pense, plus elle se sent incapable de s'engager dans quoique ce soit. Elle se freine toute seule et soupire. Elle reporte son regard vers lui.
« Alors.... Hum.... Essayons de... profiter...? Sans se prendre la tête...? Tu viens souvent ici ?.. »
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