secrets of my own ✿ ft. fenry

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Samedi après-midi. Il fait super beau, on sent que l'été approche, même pour l’Écosse. C'est un jour idéal pour aller s'occuper de ton petit jardin fleuri. Non loin des serres tu t'es approprié un petit carré de terre et tu l'as fais tiens, y plantant toutes sortes de fleurs et de plantes. La majorité n'ont pas ou très peu d'effets magiques ; tu aimes simplement avoir ton petit coin. Et comme tu connais le langage des fleurs mieux que personne, tu n'hésites pas à exprimer toutes tes émotions dans ton jardin. Tout ce que tu ressens et ce qui te représente. Et s'il n'est pas vraiment caché à la vue des autres, personne ne sait ce qu'il signifie pour toi. Tu peux souvent être observée entrain de prendre soin des fleurs que tu as planté, mais même Petra et Fenry ne savent pas ce que tu caches là dedans. Et tu en a mis, des choses différentes.

Habillée seulement d'un pantalon en toile et d'un débardeur blanc trop grand pour toi, tu marches pieds nus dans l'herbe du parc, savourant la caresse du vent et le baiser du soleil sur ta peau. Poupoune t'accompagnes, logé dans un creux de ta prothèse, les moustaches au vent. Tu quittes rarement ton dortoir sans lui, après tout.

Tu arrives finalement devant ton paradis, baigné de soleil. De loin, tes fleurs attirent l’œil, et tu as déjà vu des élèves s'asseoir juste à côté pour flâner. Ça ne te dérange pas, tant qu'ils ne dégradent rien. Au contraire. Mais aujourd'hui il n'y a personne, et c'est tant mieux. Tu t'assieds en tailleur et salut tes fleurs d'une petite voix. Oui, tu leur parles, des fois. Au moins pour dire bonjour. Délicatement, tu observes ton chef d’œuvre pour en retirer les mauvaises herbes, les imperfections, donner un petit coup d'arrosage d'un coup de baguette ou plus généralement pour surveiller la croissance de chaque plante.

Plus de la moitié des choses qui poussent sont là simplement parce que tu les trouves jolies et harmonieuses. Mais certaines fleurs comme des lys ou du jasmin laissent supposer dans leur langage que le lieux est lieu secret dans lequel on peut explorer tes sentiments. Tu mets un peu de tout ici, tant que ça te touche.
Et puis dans un petit coin de ton parterre, rassemblées en une jolie composition, poussent quelques fleurs particulièrement resplendissantes. Ce sont de loin tes préférées. Camélias, azalées et violettes. Si l'on se réfère au langage des fleurs, cela donne « tu es parfait. » « la vie à tes côtés me rend heureuse. » et « je t'aime en secret. » Ces fleurs là, tu les a planté pour quelqu'un. Quelqu'un avec qui tu apprécies chaque moment passé, même s'il vous arrive de vous prendre un peu le choux. Quelqu'un qui est grand et stupide et qui s'appelle Ruben. C'est lui, ton plus grand secret.

Tu effleures les pétales des camélias du bout des doigts et un de tes si rares sourires étire tes lèvres. Ce genre de sourires qui véhiculent des émotions fortes, profondes. Tu les gardes pour toi, pour tes amis proches et pour les plantes. Une petite paire de moustaches te chatouillent le cou. Et pour Poupoune aussi, oui. Il pose une petite patte griffue sur ta joue pour venir te renifler, comme s'il te sentait comme ça pour la première fois. Ou peut-être que tu sens juste un peu la bouffe. Il fini par se laisser glisser de ton épaule jusqu'entre tes deux seins et se blottit dans ton soutient-gorge. Tu ne sais pas pourquoi mais c'est sa place préférée. Ça ne te dérange pas, c'est comme un petit cœur tout doux et chaud. Comme toi, au fond. Tu es très douce, mais peu de personnes ont la chance de te voir comme ça. Tu sais que tu as le sang trop chaud, que tu t'énerves pour un rien et que tu devrais te détendre. Mais c'est plus fort que toi, tes nerfs lâchent quand t'as l'impression qu'on te traite différemment pour une quelconque façade de ce que tu es. Et cette impression te frappe plusieurs fois par jours.

Cependant, là, il n'y a personne pour te juger. Tu souris un peu plus en observant tes fleurs secrètes, profitant de cette douce solitude pour être vraie, pour être toi-même.

La princesse aux Camélias

Cela faisait plusieurs jours qu'il faisait terriblement chaud. Et sous le soleil de l'après-midi, Fenry avait la sensation de fondre. Elle avait retiré ses chaussures pour marcher dans l'herbe, les avait gardées à la main, et avait fait un nœud à sa chemise pour la remonter au-dessus de son ventre. Et elle avait vagabondé ainsi dans les parcs et les plaines alentours au château, toute la journée, défiant l'ennui et la solitude.

Elle était arrivée près des jardins lorsqu'elle remarqua non-loin des serres une silhouette qu'elle reconnaîtrait entre milles. Féminine mais une crinière absente, un bras robotique et un amour inconditionnel pour les plantes - à des kilomètres elle aurait pu dire qu'il s'agissait de Reese.

Alors elle accéléra le pas, sautillant de temps en temps, rendant sa démarche plutôt ridicule. Et arrivé à sa hauteur, elle lui adressa le plus beau des sourires.

« Hé Reese ! » Encore à jardiner ?

Fenry n'avait jamais été extrêmement douée en botanique - elle avait su tenir une moyenne acceptable mais n'avait ni le talent ni la sensibilité extraordinaire dont Reese pouvait faire preuve. Et ça la fascinait, en quelques sortes, de voir la passion se dessiner dans ses gestes et ses traits, chaque fois qu'elle était entourée de sa meilleure amie la nature.

Sauf que le visage de Reese était différent, ses pensées étaient plus chamboulées - elle qui trouvait d'habitude la paix chaque fois qu'elle avait les pieds dans l'herbe. Et ça, Fenry n'avait pas pu le manquer.

« Qu'est-ce qu'il y a, elles sont malades, tes fleurs ? »

Ce n'était décidément pas ça. Mais elle n'arrivait pas à y voir clair dans le capharnaüm de ses pensées. Alors elle pencha la tête, dans l'espoir qu'elle lui donne une réponse satisfaisante, sans avoir besoin de la chercher.

« On dirait que tu les entretiens bien, pourtant.. »

Plus que les autres, c'était ça, le détail de trop.

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Tu te crispes en entendant des bruissements de pas dans l'herbe et tu te retournes vivement. Mais tes épaules se détendent en reconnaissant Fenry. Comment ne pas reconnaître une telle allure de toute façon? Elle a l'air de profiter du beau temps, comme toi.

▬ Salut Fenry!

Tu lui souris moins vivement qu'à tes fleurs mais tu es quand même très contente de la voir, c'est quand même Fenry après tout. Elle fait une remarque sur ton jardin et tu fronces légèrement les sourcils d'incompréhension, jetant un regard furtif sur tes fleurs, soudainement inquiète. Tu les observes sans comprendre.

▬ Non tout va bien. Tu passes ta main droite sur l'ensemble des plantes. Elles ont peut-être un peu chaud, mais c'est normal à cette heure de la journée, ça ira mieux dans quelques heures.

Tu te gardes bien de lui pourquoi certaines resplendissent plus que d'autre et à qui elles sont secrètement destinées. Tu essayes aussi de ne pas trop y penser, tu sais que Fenry a pour petite habitude de sonder l'esprit des autres.

▬ Ça va toi? T'essayes de détourner son attention su autre chose.

Poupoune pointe le bout de son nez, curieux de voir à qui tu parles, sans doute. Il regarde ta colocataire avec ses petits yeux noirs et grimpe sur ton épaule en un petit bond, t'arrachant un petit rire lorsqu'il te chatouille le cou. Le soleil te réchauffe et embrasse doucement ta peau, tu te sens très calme, pour une fois. D'un petit geste de la main tu invites ton amie à venir s'asseoir à côté de toi, elle ne compte pas rester debout quand même.

La princesse aux Camélias

« Il fait beau, il fait chaud, on est dehors entourés de plantes, ... on peut dire que ça va oui ! »

Elle n'avait pas posé plus de questions que ça, elle avait écouté ses réponses avec un maigre sourire et s'était installée près d'elle, incapable de refuser l'invitation de profiter de l'herbe et du beau temps en sa compagnie. Mais ça n'avait eu de cesse de la chiffonner - cette expression étrange qu'elle avait avant que Fenry n'arrive, ce chant délicat qui s'échappait parfois de son esprit lorsqu'elle portait son attention sur les camélias. Elle se contenta de lui adresser un sourire.

« Je disais pas ça parce qu'elles avaient l'air malades. Je disais ça parce que c'est ta tête qui était différente. T'es pas si chamboulée quand tu t'occupes de tes plantes d'habitude. »

Quoique chamboulée n'était peut-être pas le mot adéquat. Elle n'en savait rien, finalement, Fenry, des émotions qui avaient foudroyé le cœur de Reese - elle ne lisait que les pensées. Et là, elle n'avait pas su lire grand chose. Son regard s'était posé sur Poupoune, son rat, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Et ses pensées avaient à nouveau divagué jusqu'aux camélias, elles qui brillaient plus que les autres.

Fenry, elle n'y connaissait pas grand chose en plantes, mais elle savait, à force de parler avec Reese, que les fleurs, leurs sortes et leurs couleurs avaient une symbolique, un langage. Elle avait indiqué les camélias d'un mouvement de menton, vaguement intriguée.

« Les fleurs, là, comment elles s'appellent ? »

L'idée que Reese ait besoin de chance ou d'aide lui avait traversé l'esprit - peut-être ne s'en sortait-elle pas avec ses révisions et les examens la stressaient, alors elle comptait sur ce que les fleurs pouvaient lui apporter. Peut-être avait-elle des problèmes de santé ? Ou n'y avait-il aucun lien entre ces fleurs et son état d'esprit ? Elle était perdue, Fenry. Elle s'était perdue au travers des pensées de Reese, et ne comptait plus en sortir, surtout maintenant qu'elle commençait à être inquiète.