goodnight ladies •• avalon

goodnight ladies

Les réunions du club de boxe, en soirée, avaient ça de bien qu'on pouvait s'éterniser. C'était toujours plus difficile à la fin, la fatigue se faisait sentir, l'exaspération d'un coup impossible à éviter, encore et encore, les ventres qui se mettaient à grogner, les corps finissaient par geindre comme un seul homme et le groupe clôturait la séance sans presque se concertrer, d'une seule et même voix. La fatigue. C'est après que les choses devenaient intéressantes.

Mais il fallait tenir jusque là, et même Payne parfois, abandonnait comme les autres. Agacé de perdre en série ou de ne pas pouvoir cogner assez fort, assez méchamment, parce que le club avait des règles et que la première règle était de les respecter – on pouvait en parler, ce n'était pas le Fight Club. Pas encore. Quand essoufflé il fallait continuer de tenir debout, feindre la nonchalance et la résistance, les "même pas mal, moi".

J'pourrais continuer toute la nuit comme ça.

Alors quand enfin les enfants allaient se coucher, c'était presque difficile de retenir un petit sourire condescendant, leur dire au revoir, "dormez bien, fillettes", avec un petit signe de la main. Le respect dans la boxe, c'était important. Tant que le club ne fermait pas ses portes. Payne claqua sans cérémonie le battant de la salle de sport sur le dernier des boxeurs amateurs et se retourna pour faire face au sac de frappe. Il claqua une main contre l'interrupteur pour économiser l'énergie et se retrouva seul au centre d'un cercle de lumière. Presque seul.

"On fait des heures supplémentaires ?" demanda-t-il à l'autre survivant.

Avalon Borgia n'était pas ce qu'on appelait une fillette, malgré les apparences parfois trompeuses, et Payne avait du mal à ne pas s'imaginer à la place du sac de frappe quand elle le regardait aussi intensément que derrière ses deux poings levés.

goodnight ladies

Payne jaugea Avalon, les mains dans les poches de son jogging, un petit sourire aux lèvres. Quidditch et boxe, boxe et quidditch : ils avaient leurs priorités à l'envers.

"J'fais des heures supp pour ça aussi", ricana-t-il avec un air qui annonçait une connerie. "Je me sers souvent de ma batte en dehors des entraînements."

Il aurait bien ajouté un "et c'est pour ça que j'suis aussi doué", mais elle allait forcément trouver le moyen de le contredire ou de le provoquer et son petit ego fragile était fatigué.

"Est-ce que tu prêt à ce que je te mette la pâtée ?"

Voilà non elle n'avait pas besoin de lui pour ça. Payne afficha une expression patiente, celle qu'il prenait toujours avant de gueuler "mais putain SARA QU'EST-CE QUE JE VIENS DE DIRE ?" Sara était son chien. Il n'avait pas le temps de (se) mettre en garde qu'Avalon le taclait poliment jusqu'au sol. Il aurait dû sortir les mains de ses poches.

"Fuuck."

La chute était moyennement contrôlée. L'impact en lui-même se gérait par réflexe grâce à des années d'entraînement, le point d'impact lui était parfaitement aléatoire. C'était presque involontairement qu'il se retrouvait à écraser Avalon, mais il n'allait pas se plaindre. Parlant de plaintes... Sa remarque lui arracha un grognement qui aurait tout aussi bien pu être amusé.

Payne maîtrisait bien l'art de grogner en s'amusant, oui.

"Moi aussi mais c'est toi qui m'fatigues." Il donna un petit coup sur sa tête, pas assez fort pour être douloureux, juste assez pour être humiliant. "Et ta garde, elle est partie en vacances ?"