[EVENT #8] Dove & Ezra (première partie)

Ton regard suit la silhouette de ton jumeau qui s’engouffre dans la grande salle, un sourire scotché sur tes lèvres bien malgré toi. Le bal venait de prendre une toute autre tournure et tu comptais bien découvrir ce qu’il vous réservait à Ezra et toi. Tu avais secrètement espéré recevoir une demande de sa part dans les dernières semaines, mais face à son silence tu t’étais résolue à y aller seule. Puis avec Hennessy. Et retour avec le brun qui occupait toutes tes pensées. Tes prunelles se posent enfin sur lui, détaillant rapidement son habit bien assorti à ta robe bleu nuit. S’arrêtant au bleu limpide de ses yeux, tu oses enfin esquisser un premier mouvement en déposant faiblement ta main sur son bras. Sans jamais quitter son regard. « J’espère que t’es pas déçu du changement de cavalier finalement. »

Tes lèvres s’étirent alors que tu fixes le sol, tes doigts libres glissant dans ta chevelure rousse pour replacer une mèche rebelle derrière ton oreille. Comme pour éviter de constater par toi-même toute trace de contrariété qui pourrait assombrir son regard, ou encore pour cacher le pétillement dans tes iris qui trahit ton excitation de passer la soirée avec lui. Contrairement à ce que tu aurais cru, ce n’était pas si stressant, même si ton cœur qui se débat dans ta poitrine aime te faire penser le contraire. C’est que de la fébrilité Dove. Juste l’émotion du moment qui prend toute la place, ton cœur qui s’emballe à l’idée de peut-être se retrouver dans ses bras plus tard ce soir, sur la piste de danse.
« Il nous a bien eus en tout cas » que tu t’esclaffes « je sais pas quelle mouche l’a piqué. »

Ou du moins, tu t’en doutes sans vouloir l’affirmer tout haut. Tes sentiments pour le Serpentard seraient si apparents que ça? C’était peut-être l’approbation de ton jumeau au fond, une façon pour lui de te faire savoir qu’il ne te reprocherait pas ton attachement pour son meilleur ami. Impossible de le dire tout haut en tout cas, pas en étant incertaine de ce qu’il ressentait lui. C’était déjà assez gênant de savoir qu’Hennessy avait percé ton secret sans en plus se demander ce qu’en penserait Ezra. « En tout cas, maintenant qu’on est là, on ferait peut-être aussi bien d’y aller. » Et, sans plus de cérémonie – tu voulais être certaine qu’il ne tente pas de rebrousser chemin - toujours accrochée à son bras, tu entres dans la pièce décorée pour l’occasion, certaine que tu allais passer une soirée mémorable.

Tu assimiles doucement toutes les informations qu’il te donne. Il n’est pas mécontent d’aller au bal avec toi (est-ce que ça veut dire qu’il en est heureux?). C’est son premier bal – et ça te touche d’être la première à pouvoir l’y accompagner, tu peux pas contrôler les petits papillons qui chatouillent ton ventre à cette idée d’être potentiellement spéciale à ses yeux, assez pour qu’il ne s’enfuie pas de ta douce emprise sur son bras. Tu accueilles cette révélation comme un joyau précieux, une sincère ouverture de sa part avant même que tu puisses le questionner à ce sujet. « Non, j’en avais aucune idée et je m’en serais pas douté. » Beau comme il est, tu ne pouvais concevoir qu’il n’ait reçu qu’une seule invitation dans le passé, sans jamais saisir l’occasion de se présenter. Pourtant… Tu te souviens de vos premières rencontres et tu imagines très bien ce qui a pu retenir des filles de vouloir passer leur soirée avec lui. Tes lèvres creusent davantage tes joues à cette pensée, sans raison apparente pour ton cavalier. Heureusement, toi tu ne faisais pas partie de ces gens qui se laissaient impressionner par les apparences.


Pas toi qui a appris à passer par-dessus son sarcasme et ses barrières pour sincèrement apprécier chaque seconde passée en sa compagnie. Et même s’il t’arrête pour t’avouer ne pas savoir danser, tu ne peux que te perdre dans ses prunelles et t’esclaffer doucement. Ta seconde main rejoint son avant-bras et ton sourire se fait espiègle. « Je t’apprendrai, t’en fais pas. Mes pieds guériront et ma dignité aussi. » Tu ne t’étais jamais fait refuser une danse, encore moins sous prétexte de ne pas savoir danser. Il pourrait te serrer dans ses bras en dansant sur place et tu serais quand même la plus heureuse dans la pièce, il n’était pas nécessaire de savoir danser toutes les danses sociales à la perfection pour te satisfaire.


D’une légère pression sur son bras, tu l’incites à te suivre vers le plancher de danse, ne prenant pas non comme réponse. Tes mains rejoignent les siennes, glissant l’une d’elle sur ta taille et conservant tes doigts sur la seconde. « On y va lentement, t’auras qu’à suivre mes pas. » Tu lui souris, ton regard rivé au sien pour ne pas fixer vos mains unies où des petits frissons parcourent ta peau nue contre la sienne. Même si t’es pas sûre que ce soit une meilleure idée de te perdre dans ses yeux, certaine d’oublier quelques pas si tu ne te ressaisissais pas rapidement.

Il brise l’union de vos regards et t’es pas mécontente sur le coup, bien plus apte soudainement à te pencher sur les pas de valse de ton cavalier. Tu baisses les yeux un moment, tentant de voir où l’hésitation de ses pas l’amenait. Bien qu’il soit loin de réussir tous les mouvements, il n’était pas immobile et c’était déjà un bon début pour quelqu’un qui n’avait jamais dansé. Tu t’attendais à devoir descendre tes attentes – tu allais finalement devoir les abaisser davantage tout compte fait – mais, si c’était pour partager ce moment avec lui, tu n’y voyais pas d’inconvénient.

Un rire secoue tes épaules et tu ne peux qu’arriver à la même conclusion. « Détends-toi Ezra. » La tension que tu sens sous tes doigts est visible dans chaque trait de son visage et même dans ses pas décalés aux tiens. Décidément, la danse le rendait mal à l’aise. Au moins, il avait accepté d’essayer, c’était déjà ça de gagné. « Si tu veux, on peut aller au buffet, ça te donnera une pause bien méritée. »


Ton sourire s’accentue et tes doigts glissent contre les siens pour libérer ses mains, maintenant libres de se poser là où elles le voulaient. Temporairement, tu comptais bien reprendre les lessons de danse éventuellement dans la soirée, mais peut-être que manger l’aiderait à perdre de sa rigidité. Marchant vers le buffet près de ton compagnon, tu en profite pour plisser délicatement ta robe et calmer les battements effrénés de ton cœur. Du moins, tenter de les calmer, parce que ta tentative est un lamentable échec.
Occuper tes mains devrait aider. Et hop une petite pâtisserie aux fruits.

« Je comprends pas comment tu peux vouloir manquer un pareil buffet. Faut venir au bal de fin d’année surtout pour la nourriture, ils sortent le grand jeu. »

Princesse. Ce simple surnom t’arrache un léger frisson le long de ta colonne vertébrale. Parce que c’était lui qui le disait, et que dans sa bouche ça sonnait presque comme de la possession. Princesse sous-entendait ma princesse dans ta tête, et tu ne pouvais qu’approuver. Tu redescends sur terre à sa provocation et un rire secoue tes épaules, incapable de le rassurer sur ses talents inexistants en danse. « D’ici la fin de la soirée, on aura partagé une vraie danse toi et moi, t’en fais pas. J’abandonne pas si facilement. » Un sourire complice scelle cette promesse d’un soir, comme d’un gage d’une soirée parfaite. Une danse, c’était tout ce qu’il vous faudrait.

À la mention des réglisses, tu hausses des sourcils, surprise. En même temps… Tu pourrais faire pareil avec pas mal tous les bonbons existants, c’était peu dire. Un jour, vous pourrez vous faire un dîner de bonbons, avec plein de baguettes à la réglisse, des chocogrenouilles, des dragées… « Tu dirais pas ça si c’était un buffet de baguettes à la réglisse. » Fière de ton coup, tu n’as pas le temps de te réjouir trop longtemps qu’il te quitte pour vous ramener à chacun une coupe.
Ravie d’avoir de quoi te désaltérer, ton sourire s’étire – autant que la chose soit encore possible – et tes petits doigts s’enroulent autour de ton verre pour trinquer, ton regard plongé dans le sien.
Éclatant de rire à son affirmation.
T’empourprant à la vue de son sourire.

T’es décontenancée Dove, tu t’attendais pas à ça de lui, mais t’en perds pas tes mots pour autant, trop heureuse de pouvoir saisir l’occasion de te moquer gentiment de lui à ton tour. « Ouf, j’en doute fortement. Bois encore quelques coupes et on en reparlera. » Tu prends une première gorgée, noyant ta fierté quelques secondes dans le contenu de ton verre.
Légèrement revigorée, tu noues tes deux mains autour de la tige de ta coupe, certaine d’être trop tentée de lui reprendre la main si tu n’occupais pas tous tes doigts autour d’un même objectif. Ne pas échapper le verre. Ne pas échapper le verre. Ne pas prendre la main oui.

Ça fonctionne un temps. Pas assez longtemps. Doucement, tes doigts se délient et s’avancent pour saisir sa main libre, dans une tendresse presqu’irréelle. « J’en conclus que tu voudras bien redanser tout à l’heure? » Tu quêtes sa réponse dans ses yeux si clairs, incertaine quant à si tu devrais te contenter de lui quémander un slow plus tard ou si tu devais insister pour l'avoir à toi toute la soirée. Comme tu en avais rêvé si longtemps des semaines durant.

T’éclates de rire. « Hey, au moins y a de l’espoir après quelques verres, c’est pas peine perdue. » C’était réponse sur réponse qui s’enchaînaient, toujours pour vous taquiner et pousser la blague plus loin, créer une complicité qui repousse les barrières, encore et toujours. Sous ses airs blessés, tu avais deviné l’amusement qu’il cachait, décelé l’once de taquinerie qui brillait au fond de ses prunelles. Ce léger brillement qui l’a trahi, qui fait pétiller ton regard à ton tour d’un mélange de malice et d’espoir à l’entendre accueillir la possibilité de retourner danser plus tard. Une promesse sans cesse remise à plus tard, mais jamais écartée. « T’as raison, on en reparlera plus tard. »

Tes lèvres se trempent légèrement dans le contenu de ta coupe, engloutissant à petits traits les quelques gorgées restantes pour te délester à ton tour de ton verre. Te libérer de toute chose qui pourrait faire dévier ton attention de lui. De vos doigts qui s’emmêlent, du rouge sur tes joues lorsqu’il approche sa main de ton visage. Des papillons qui te chatouillent l’estomac à son contact.
À ton souffle qui s’accélère.
À l’espoir qui miroite dans tes yeux.
Au pétillement de tes prunelles à la pensée qu’il se rapproche.

Et tu le vois se pencher au ralenti, comme dans les films, incapable de bouger, de te défiler, et ce même si tu n’avais absolument pas l’intention d’esquiver ses lèvres à cet instant, au contraire.
Le cœur qui rate un battement.
Reprend petit à petit le contrôle.
Paupières closes, tu te laisses aller à la douceur de l’étreinte, ta main libre glissant vers son cœur où résonne un tambourinement semblable à celui qui se débat dans ta poitrine. Caressant à ton tour ses lèvres des tiennes en réponse à son baiser, même les sifflements approbateurs de ton frère ne pouvaient t’atteindre dans le cocon que vous vous étiez tissé.

Si tu te sentais auparavant isolée du reste de Poudlard avec lui, tu avais désormais l’impression qu’il n’existait que vous en ces lieux. Plus rien n’importait si ce n’était que vous deux. Encore sur ton petit nuage, tu sépares vos lèvres sans t’éloigner pour autant de lui, une nouvelle lueur de tendresse ornant ton regard qui se plonge dans le sien, vaine tentative d’y lire les réponses à toutes ces questions qui t’assaillent.
« On devrait faire ça plus souvent. » Un murmure teinté d’une malice sincère, le bleu de tes yeux miroitant dans le sien, un sourire creusant tes joues rosées. Incertaine de vouloir en dévoiler davantage sur tes sentiments, tu voulais juste profiter du moment, ne pas le gâcher par un possible refus. « Mais dis-moi, que m’en vaut l’honneur? »

La réponse n’aurait pas dû te surprendre. Pourtant, si tu te laissais aller à espérer qu’il ait eu envie de ce baiser autant que toi, l’entendre de sa bouche rend l’étreinte encore plus concrète à tes yeux. Puisqu’il l’avait désirée. T’es incapable de te défaire du sourire qui fend tes lèvres depuis plusieurs minutes déjà, trop heureuse d’être avec lui, contre lui. « C’est la meilleure raison. Pas besoin d’en trouver une autre. » C’était un faible murmure, mais t’étais certaine qu’il t’avait entendue malgré tout.

Tu le dévores du regard alors qu’il fixe ailleurs, te mordillant la lèvre à force d’arriver au même constat encore et encore. Il te plaisait beaucoup trop, et t’étais incapable de lutter contre ton cœur qui s’emballe à rien, rappel constant de tes sentiments pour le brun.
Mais t’avais pas envie de lutter, juste de profiter de chaque seconde en sa compagnie comme si c’était les dernières. De vivre cette soirée comme si elle n’avait pas de lendemain. T’as l’impression de flotter dans un rêve lorsqu’Ezra t’attire vers la piste de danse, ton regard incapable de se déconnecter du sien pas même pour une milliseconde par peur de briser le moment. Tu sentais une connexion entre vous, nouvelle et pourtant si naturelle, et tu redoutais de l’ébranler même dans une moindre mesure.

Sans un mot, tu glisses une main vers l’une de ses épaules, conservant tes doigts enlacés aux siens de l’autre. Les yeux perdus dans ses prunelles, tu laisses tes pieds suivre un rythme lent dicté par ton cœur, un rythme qui détonne du reste des danseurs. Mais pour une fois, tu te fichais bien d’être sur les bons temps, t’avais juste envie d’être lovée contre lui et de te sentir enveloppée de ses bras. « Finalement, un verre aura été suffisant pour te rendre meilleur danseur. » Tu le piques gentiment, riant doucement en pensant qu’au fond, t’es probablement juste trop déconnectée de ce qui vous entoure pour réellement saisir si ses talents s’étaient améliorés ou non.

Après un court moment, tu interromps votre danse pour t’élever lentement sur le bout des pieds, incapable de réfréner ton envie plus longtemps. Vos lèvres s’unissent, brièvement, tendrement. Une fois, deux fois. Tu as de moins en moins peur de faire le premier pas, de céder à tes propres envies maintenant qu’il a laissé place aux siennes. Et ça te fait drôlement du bien.
« Dis… » Tu souffles, toujours à quelques centimètres de son visage. « Si je t’avais invité au bal, tu m’aurais accompagnée? »

Et quelque part en toi, tu te doutais que peu importe sa réponse, le bal ne se serait certainement pas présenté de cette façon si ton frère ne s’était pas immiscé dans le vôtre.

Probablement. C’était d’une incertitude, mais ça laissait sous-entendre qu’il aurait penché vers l’affirmatif, même si l’inverse n’était pas exclu non plus, ça laissait un peu place à l’espoir qu’il aurait dit oui. Quelque part, ça te rassure même si tout n’était qu’hypothèse : tu ne lui avais fait aucune demande et il n’avait eu aucune réponse à te fournir, tout avait été planifié par Hennessy et il avait joué ses cartes trop finement pour qu’aucun de vous ne puisse se désister. Mais ses questions poussent les suppositions plus loin, repoussent à nouveau les limites de ce que tu avais anticipé.

« Je sais pas. » Tu ne pouvais pas mentir, surtout pas lui mentir. Habituellement si prompte et confiante dans tes propos, tu te retrouvais gênée, intimidée dans tes aveux alors que tu avançais quelques instants plus tôt que tu aurais pu faire les premiers pas. « J’espérais que tu m’invites en fait, j’ai cru que… Tu voulais pas y aller avec moi, alors j’ai pas tenté de mon côté. » Une légère pause ponctue tes hésitations, mais tu avoues avec fermeté, ton regard toujours plongé dans le sien. « J’ai bien failli t’inviter, mais j’avais peur que tu me dises non. »

Doigts enlacés, front contre front, tes traits s’adoucissent, se relâchent. Incapable de cesser de le détailler, ta main libre s’élève pour caresser sa joue, effleurant à peine sa peau avant d’enfin te laisser aller à un contact plus concret, légèrement plus appuyé. Le cœur battant à tes tempes, tu te surprends à accepter ses remerciements sans broncher, sans chercher à comprendre le pourquoi du comment derrière ses paroles. T’avais pas envie de te plonger dans des échanges de merci à peine soufflés, reconnaissante de ton côté de pouvoir passer un bal magique avec lui, que ce soit encore mieux que dans tes rêves les plus fous.
Alors ton sourire s’étire, simplement, et ton pouce caresse la peau rugueuse. « Un jour il faudra que tu m’expliques pourquoi tu me remercies. » Tu avais changé dans les derniers mois, Dove. Toujours affublée de « pourquoi » qui poussent à bout même les plus patients, tu acceptais aujourd’hui de remettre à plus tard une conversation importante. Ta famille serait probablement fière. « Mais pas maintenant. » Tes doigts se délient, se libèrent de ceux d’Ezra doucement pour glisser dans son dos. « Serre-moi contre toi, tu veux bien? » Et laisse-moi y rester pour l’éternité.