Je serais aussi brillante qu'une étoile || Pan

Tu la détailles alors que chacun de ses nerfs se crispent. Tu te demandes si elle a peur de toi et dans ce cas là, pourquoi donc ? Après tout, jamais tu ne t’étais montré menaçant avec elle. Alors pourquoi devrait-elle te craindre ? La réponse effleure ton esprit et tu souris pour la première fois ce soir, d’un très léger retroussement de lèvres.
Elle insinue elle même sur ton ressenti par rapport à sa présence. Tu hausses les épaules, comme si cela ne t’importait peu.

— “Je me fiche que tu sois là ou non. Cependant, tu as l’air trop crispée pour que je puisse en dire de même pour toi.”
Tu te rapproches d’elle, pour qu’elle puisse te faire face. Tu la regardes de haut, sourcil levé et tu te mords la joue.

— “Notre dortoir, Llewellyn. A ce que je sache, on le partage, n’est-ce pas ?”
Tu fronces les sourcils. Elle te cache quelque chose, le fond de sa pensée. Ses remarques détournées veulent signifier autre chose. Mais tu es quelqu’un de franc Pan, et tu ne supportes pas ceux qui n’assument pas.

— “Je peux très bien te retourner la question. La ronde des préfets est terminée. Et tu n’es pas préfète-en-chef, donc aucune excuse pour sortir.”

Quand on t’accuse, tu retournes la situation à ton avantage, la transperçant avec détermination et malice.

— “Et pour ta gouverne, je venais juste me reposer l’esprit car il m’est impossible de fermer l’oeil.”

Elle recule, elle cherche ton angle mort. Elle cherche à s’éloigner de toi, à trouver un angle mort, pour peut-être se dérober. En vrai, ça te fait légèrement sourire, parce qu’après l’avoir observé pendant des années, elle te paraissait loin de sa réputation. Alors qu’elle se conduisait comme une diva excessive et princesse possessive.. la tigresse venait de se transformer en pauvre chaton, comportement de proie face au chasseur.

— “Les règles sont faites pour être transgressées.”

Tu soutiens son regard et passe une main sous ta capuche pour ébouriffer tes cheveux. Tu aimerais bien que le sommeil te rattrape et vienne te cueillir, mais même tes yeux ne picotent pas. Tu sens l’adrénaline du réveil pomper une énergie inhabituelle.
Elle finit par cracher le morceau. Mais c’est une vérité qui t’étonne. Une poche de sang ? A cette heure-ci ? Tu fronces les sourcils et montre la bague qu’elle ornait à son majeur gauche du bout de tes propres doigts.

— “Pourquoi aller chercher une poche de sang alors que tu as un calice ?”

Cette idée même de calice te dégoute, ainsi même que sa condition que tu considères comme une malédiction, une maladie d’addiction. Comment un être vivant pouvait-il se nourrir du sang d’autres êtres humains ? Tu restais perplexes quand à l’acceptation de créatures comme telles dans un établissement scolaire. C’était comme si on essayait de prétendre que tout ceci était normal. Alors que ça ne l’était pas.

— “J’ai entendu dire que ton petit-ami a été mordu et transformé par un loup-garou. C’est peut-être même lui ton calice. Et c’est peut-être même pour ça que tu refuses de te nourrir sur lui.”

Tu ne savais même pas si elle était au courant, et si ça allait être un choc pour elle. Pour être honnête, tu te fichais de sa fragilité. Tu n’arriverais même pas à reconnaitre de la tristesse même si elle pleurait. Peut-être qu’elle allait te traiter de menteur, mais tu savais que ce que tu venais de dire n’était que la pure vérité. Tu était passé le voir à l’infirmerie. Curiosité malsaine. Et même si tout ses amis, ou admirateurs, lui avait souhaité un bon rétablissement. Tu avais senti qu’il ne se rétablirait jamais. Car c’était à son tour d’être maudit.

Quand enfin, son cerveau assimile la vérité que tu lui imposes, tu vois ses pupilles se dilater. Tu ressens la révolte et la tristesse envahir chaque cellule de son corps. Cette rage, tu la discernes car elle est violente. Ses pleures trahissent ton impartialité et ton insensibilité. Tu fronces les sourcils, la toisant avec un mépris considérable. Tu ne devais montrer aucun signe de compassion, car tu rentrerais dans le jeu d’une relation humaine.

Mais elle explose, comme une bombe que tu n’avais pas prévu d’amorcer. Tu n’as pas le temps de te protéger de tes bras qu’elle t’écorche. Tu es à vif.

— “Je ne te dis que la pure vérité. Je l’ai constaté avec évidence.”

Une réponse presque robotique, mais ce n’est qu’un bouclier. Ta voix ne devrait pas trembler.
Tu recules comme pour échapper à sa colère qui aurait presque tendance à te contaminer. Tu retires ta capuche et va t’asseoir sur la rambarde.
Tu oublies un instant le vampire cachée sous l’humaine, ressentant le besoin de la prendre dans tes bras pour la faire taire. Comme un père qui ne saurait comment consoler un bébé.

— “Il a tout simplement été stupide, au mauvais endroit au mauvais moment.”

Tu le pensais sincèrement. C’était encore une preuve irréfutable que les loups-garous n’avaient rien à faire à Poudlard.
Après, s’il méritait ou non … Personne ne méritait. Mais il payait tout simplement de sa curiosité et de sa bêtise. Ce n’était pas quelqu’un que tu estimais spécialement ou que tu portais dans ton coeur.

— “Et toi Llewellyn, est-ce que tu penses mériter plus que lui même ta condition ?”
Tu sautes à nouveau de là ou tu venais de t’assoir. Tu ne ressens pas le besoin d’être immobile, de la chasser du regard. Tu t’approches et prend sa main pour la lever et examiner la bague qui brillait d’une faible lueur vermeille. Ce pacte t’intriguait réellement, c’était une magie obscure que tu n’avais jamais rencontré.

Ses émotions sont exacerbées, exaspérantes. Elle les laisse trop déborder, s’emparer d’elle comme un poison. Tu restes inerte, silencieux. Tu observes ses ongles s’enfoncer dans la doublure de son uniforme, ses dents arracher un morceau de lèvres, son nez renifler et ses yeux flamboyer. Elle ne contrôle pas son impulsivité et le vampire qui sommeille en elle se réveille.

Tu fronces les sourcils et tu attends que la tempête passe. Tu plisses les yeux pour mieux voir la lueur vermeilles se refléter dans ses prunelles hargneuses.

— “Calme toi.”

Ta voix se fait forte, comme presque pour lui donner un ordre, l’extraire de ce misérabilisme dans lequel elle se plonge elle-même.

— “Tu ne contrôles pas tes émotions. Donc tu es faible. Vulnérable.” Tu souffles. “Et un brin insupportable, aussi.”

Tu réduis la proximité qui vous sépare et tu te t’abaisses pour se mettre à sa hauteur. Tu attrapes son visage entre tes doigts. Son visage est froid malgré ses joues qui doivent bouillir. Tu dégages des mèches de devant ses cheveux.

— “Je ne suis pas un robot. J’ai juste appris à ne laisser paraitre que l’essentiel. A ne pas m’encombrer de l’inutile, de ce qui n’a pas besoin d’être montré. Comme mes faiblesses.”

Tu souffles sur son visage pour faire fuir définitivement ses mèches rebelles.

— “Et tu es faible. Il est censé te rendre forte mais tu n’es rien du tout. J’aurai pu t’abattre au moins treize fois depuis que tout à l’heure. Sans baguette.”

Apparemment, elle n’arrive pas à se calmer. Mais qu’as-tu fait qu’elle puisse te reprocher à part lui dire la vérité, accompagné d’une extrème franchise ? C’était pour ça que tu demeurais un vide émotionnel. Etre craint était plus facile d’être aimé au fond. Même en essayant d’aider, tu avais empiré les choses. Tu ne lui devais rien après tout… Pourquoi donc te hurlait-elle dessus comme si tu lui avais pris quelque chose ? Elle te méprisait au fond plus que ce qu’elle t’accusait elle même de mépriser. Un paradoxe émotionnel difficile à cerner. Mais tu mettais ça sur le coup de la tristesse ressenti par rapport à Kinglsey.

— “Je n’ai jamais dit que je n’avais pas de faiblesse.. j’ai dit que j’évitais de les exposer inutilement.” Tu t’emportes, peut-être pour la première fois, laissant dévoiler des traits un peu plus humains. “Est-ce que tu écoutes seulement ce qu’on te dit petite idiote ?!”

Tu te mords la joue et la fusille du regard, agacé par son misérabilisme perpétuel.
Soudain, un de ses dires te fait bondir de rage. Tes yeux laissèrent passer une lueur meutrière.

— “Te briser le cou hein..”

Elle te révolte et te révulse. Elle fait passer tes conseils pour des menaces. Et sa stupidité de gamine névrosée en rajoute une couche. Tu la chopes avec rapidité par la peau du cou, coinçant sa tête sous son bras et appuyant de ta main sur sa poitrine pour diminuer sa respiration. De ton autre main, tu tires ses cheveux pour la forcer à ouvrir la bouche, chopant une de ses canines qui s’allongeaient sous l’adrénaline et le manque d’oxygène.

— “Quand on veut tuer un vampire, on lui arrache d’abord ses canines, à vif, une par une. Et seulement après." Tu murmures, désormais. “On lui coupe la tête.”

Tu la pousses violemment pour qu’elle puisse reprendre son souffle et te frotte les mains. Tu as un regard noir, violent, et surtout rancunier.

— “Avant de proférer des horreurs sur moi sans me connaitre, réfléchie à ne ne pas dire de conneries au moins.”

Tu n’aimes pas spécialement les autres Pan, alors quand on te dit de partir. Tu ne te fais pas prier, surtout si la situation t’ennuie et perd de tout intérêt.
Tu lui offres un sourire mielleux, tout de même et t’incline devant elle avec une révérence qui pouvait sonner fausse.

— “Soit, alors si tu veux rester dans ton marasme, fais donc.”

Tu tournes les talons, amusé d’avoir réussi tout de même à la pousser à bout. Tu espères qu’elle comprendra que les sentiments à un niveau exacerbés peuvent parfois être une faiblesse. Et que les faibles s’en tirent rarement.

— “Si tu as besoin de mes conseils, tu sais ou me trouver.”

Tu as un petit rire, digne d’un rictus dénué pourtant de toute arrogance. Tu finis tout de même par te mettre dos à elle, sur le point de partir. Enfilant ta capuche pour te protéger de la brise.

— “Et ne t’en fais pas pour Kingsley. Mieux vaut être ce qu’il est qu’être mort, tu ne crois pas ? Quoique..”