[EVENT #2] Cabine des adultes 2 — Elliot, Woni, Camille

Et c’était aujourd’hui. Sa rentrée à lui. Elliot avait donc fuit son appartement londonien, laissant sa place à la sympathique Typhaine, étudiante moldue de son état qui lui louait le deux pièces le reste de l’année. La fuite était cependant un bien grand mot. Elliot avait traîner sa carcasse jusque dans la cuisine pour boire son café, récoltant un bleu sur le tibia gauche en shootant maladroitement sur une chaise. Il lui avait fallut ensuite s’assurer minutieusement qu’il n’oubliait rien et que tout son fatras était bien fourré pèle mêle dans sa valise sans fonds. L’année dernière, il avait oublié un sous vêtement dans la salle de bain et une Typhaine rouge tomate lorsqu’il l’avait croisée en début de vacances. Note : Ne plus accepter de boxer Hello Kitty pour son anniversaire. Et surtout, ne plus jamais les mettre.

La loque humaine s’était finalement réveillé peu à peu en descendant les escaliers et sautillait déjà gaiement en mettant les pieds à la gare, sans se préoccuper un seul instant de la valise qu’il traînait sans ménagement derrière lui. Il y avait déjà du monde sur le quai. Moins que lorsqu’il était élève et qu’il devait attendre que ses parents soient prêts néanmoins. La marée humaine qu’il devait affronter alors arracha un petit sourire au jeune homme d’aujourd’hui et, relevant le menton, Elliot se dirigea tout droit vers l’avant du train, sans prendre gare à la vieille dame qui grommelait dans son dos, sa valise lui ayant vraisemblablement roulé sur le pied.

Le reste se passa somme toute comme les années précédentes. La marée humaine arriva bel et bien et le flot d’élèves se déversa dans le train. Quelques collègues le rejoignirent (ou ouvrirent la porte, le saluèrent et décidèrent d’aller poser leurs fesses dans l’autre cabine) et le Poudlard Express se mit finalement en branle pour leur faire joindre le château. Et ils arrivèrent finalement à destination sans incident notable ou évènement extra-ordinaire… Et… Ah non. Reprenons donc au moment où le train se met à piller sans aucune raison, qu’Elliot valdingue vers l’avant, percutant l’empilement savant de cartes, qu’il s’efforçait de faire tenir debout malgré les cahots du wagon, et Woni. Les caaaartes !

Elliot prit appui sur la cuisse de la jeune femme pour se redresser – tiens, elle n’avait pas grossit un peu pendant l’été ? - et regarda autours de lui d’un air hagard. Le train ne roulait plus ? Que se passait-il ? Ce fut d’ailleurs cette question qui franchit ses lèvres lorsque son regard s’arrêta sur le professeur de droit.

- Qu’esss’qui s’passeee ?

Et sans prendre la peine de s’excuser auprès de Woni, sa curiosité prit le dessus. Frottant son coude rapidement (shit, il était bon pour un bleu de plus…), Elliot s’approcha de la porte de leur cabine et l’ouvrit avant de passer la tête dehors, les yeux ronds.

Il avait actionné la poignée, tiré légèrement sur la porte coulissante qui avait libéré à moitié le passage. Elliot comptait passer la tête par l’ouverture pour se faire une idée de la situation. Il marqua un temps d’hésitation lorsque son adorable ancienne binôme mentionna des détraqueurs. Seriously ? Il ne s’était jamais retrouvé face à l’un d’entre eux… Même si bon, la théorie, il l’avait assimilée. Quelque part, dans un coin de son cerveau. Il était même capable de créer un Patronus. Sa magnifique poule naine. Lorsque tout allait bien. Quand il n’était pas sous pression. Quand il … quand il avait une baguette. Et ce fut à ce moment précis qu’Elliot s’administra une magistrale gifle mentale. Sa. Putain. De Baguette. Qui était rangée bien au fond de sa valise sans fond. Parce que, hé ! c’était la chose qu’il ne voulait absolument pas oublier. La chose qu’il avait rangé en tout premier. La chose qui était marquée quatre fois sur sa liste des affaires à emporter.

…
La chose qui lui serait inutile durant tout le voyage. A moins de passer un quart d’heure à vider sa valise dans le compartiment.

Il ne râla même pas lorsque l’homme le saisit par le bras pour le tirer en arrière, l’empêchant de passer la tête dans le couloir. A cause de la stupidité qui l’accablait ? A cause du froid qui commençait maintenant à lui remplir doucement l’âme, s’insinuant peu à peu en lui, emplissant la moindre fissure qu’il rencontrait ? Il n’aurait sut le dire.

Bras ballants, debout au milieu du compartiment au milieu des cartes éparpillées, abandonnées au sol.
Derrière le professeur en devenir, comme quelque chose qui avait besoin d’être protégé.
Inutile.
Indécis.

Il suit la conversation de loin, assimile les mots qu’il entend sans pour autant faire l’effort de réagir. Il n’aime pas ça. Se retrouver dans cet état, amorphe. Et pourtant, le Détraqueur est juste dans le couloir. Pas dans son compartiment. Pas juste à côté de lui. Une petite voix murmure dans sa tête qu’il aura du mal à s’endormir ce soir…

— Prénom, Nom, Nationalité et sang. 

Se retrouver interpellé de la sorte fait finalement réagir Elliot. Lui fournit l’occasion de se remettre en branle. De canaliser son énergie pour sortir la phrase qui lui tourne dans le cerveau depuis tout à l’heure.

— Vous voulez dire que mon supérieur vous a refusé quelque chose, et que je devrais aller contre la volonté de la personne qui me paie chaque mois parce qu’un inconnu le demande ?

Il aurait voulu y mettre de l’humour. Une pointe de sarcasme, comme il savait si bien le faire. Et pourtant, la phrase qui s’échappa d’entre ses lèvres était d’une platitude infâme. Monotone.  Et ce qui aurait pu passer pour une bravade venait juste de se transformer en une réflexion stupide d’un idiot sans cervelle…

Et comme pour confirmer son statut de décérébré, il ne percuta que maintenant à l’annonce d’un nom bien connu.

- Gaunt ? Ses yeux s’écarquillèrent légèrement alors qu’il tournait la tête vers son collègue. Il marqua une petite pause, détaillant un visage qu’il connaissait déjà. ...Ryan ? Ses pauvres neurones gelés dégivrèrent finalement sous l’action de la surprise. Omagad ! Mais… Mais il est arrivé quoi à ton œil ?

Sans doute aurait-il du porter plus d’attention au chien de garde du Ministère. Sans doute. Mais on ne se refait pas, que voulez-vous...