Mais qu'est-ce que tu fais ici ? ♦ Gabi

Edwyn pestait intérieurement contre ces ingrédients de potion farfelus que nécessitaient les recettes les plus intéressantes. Il avait cru que son stock particulièrement exhaustif chèrement acquis avant la rentrée suffirait, mais comme si c'était une règle universelle, il manquait toujours un ingrédient lorsqu'on s'apprêtait à commencer. Là, il lui fallait une graine de son choix, mais qui avait poussé sur un sol piétiné par le sabot d'une licorne. A se demander si les potionistes faisaient exprès d'inventer des ingrédients farfelus juste pour embêter les jeunes sorciers. Soupirant, il avait pris sur le peu de temps libre que lui laissaient ses licences et s'était discrètement dirigé vers les abord de la forêt interdite. Tout ça pour une potion qui clarifiait l'esprit. Ce qu'on ne ferait pas pour réussir sans trop d'efforts...

Arrivant aux abords de la forêt interdite (pour tous ceux qui ne s'appelaient pas Edwyn, à l'évidence), il aperçut une silhouette dont il ne reconnut tout d'abord que les couleurs d'uniforme qui s'engageait dans celle-ci également. Plein de bon sens et d'une logique sans faille, il courrut dans sa direction, lançant au passage :

« Hey ! Attend ! »

Il fallait rattraper son (ou sa) camarade de maison avant son entrée dans la forêt. Si la salle bestiole du directeur lui tombait dessus, c'était la fin des haricots. Bon, ok, il était en plein "faites ce que je dis, pas ce que je fais", mais lui c'était différent. Parce que... Parce que... voilà quoi. Puis, il éviterait à l'autre élève de se faire prendre en fâcheuse position, ce qui était plutôt sympa, non ?
Arrivé à sa hauteur, il se figea un instant. Il connaissait ce visage. La forêt. Ce visage. Une autre forêt. Le même visage...

« Mais t'es... » On pouvait entendre les rouages de sa mémoire tourner à plein régime, visiblement ils avaient besoin d'être graissés, mais la petite lampe finit par s'allumer au-dessus de sa tête. « ... Gabi ? Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Et lui, que faisait-il ici ? Bon, il était né ici lui, c'était moins surprenant qu'il aille à l'école de magie du coin. Mais depuis le Brésil, ça faisait quand même une sacrée distance pour venir étudier. Surtout que bon, Poudlard ne devait pas avoir grand-chose à apporter sauf aux aspirants aurors en quête d'une formation à la défense. Il y avait l'hippomachin aussi, mais ce truc ne percerait probablement jamais.

Aller c’est la dernière fois…

Cette phrase, je me la répétais à chaque fois que j’approchais de cette maudite forêt. Pourtant, cette endroit à la fois mystérieux et dangereux me rappelait tellement la forêt dans la qu’elle j’avais grandi. Habituellement, j’aimais venir ici de nuit car c’était plus simple de ce faufilé, mais aujourd’hui c’était différent. Alors que je me promenais non loin de là, j’aperçue une forme qui s’engouffrait dans la forêt, de loin je cru voir un pégase, mais je n’étais absolument pas sur de mon coup.

Je savais que l’entrée de la forêt était interdite, d’où son nom d’ailleurs, mais je ne pouvant m’empêcher de m’approcher de ce lieux mystérieux. Je savais que ce que j’étais venue chercher en Angleterre ce trouvait dans cette forêt. Je savais aussi que je n’étais pas aussi douer que ma mère et que je ne trouverais surement rien d’intéressant pour justifier une intrusion dans ses lieux. Alors que j’étais dans mes pensées, j’entendais un bruissement dans les buissons non loin de moi. Encore cette étrange forme qui ressemblait à un Pégase, mais je ne voyais pas à travers les buissons, pas encore…

Soudain, concentrer sur ma cible, je n’entendais pas que l’on s’approchait de moi. C’est le son d’une voix qui m’avait surprise en premier. Quelqu’un me demandais d’attendre, mais attendre quoi ?! J’allais perdre de vue cette créature qui m’intriguait tant. J’entendais les bruits de pas s’approcher de moi. Tournant la tête vers l’inconnue. Ce visage m’était familier, mais je n’arrivais pas à mettre un nom sur ce visage. Puis, ce fut l’illumination dans mon cerveau, il s’appelait Edwyn. Je l’avais rencontré au Brésil. Je lui avais servi de guide à lui et ses parents dans la jungle alors qu’il cherchait du bois pour fabriquer des baguettes.

Il semblait m’avoir reconnue tout de suite. Mon regard vagabondait entre Edwyn et la forêt puis je lui fis un petit signe comme pour lui dire bonjour.

« Bonjour Edwyn, j’ai quitté le Brésil pour venir étudier à Poudlard, je fais des recherches sur les créatures qui vivent dans la région tout en continuant mes étu… »

Un bruit venait de m’arrêter net dans ma phrase. C’était encore ses buissons qui
bougeaient. La créature que j’avais remarquée semblait toujours là. Doucement je commençais à m’approcher de la forêt. Je ne regardais plus Edwyn, mais je continuais mes explications.

« Je continue mes études ici. Je me baladais dans le coin et j’ai été interpellé par ce qui semble être un pégase. Je n’en suis pas sûr, mais j’en aurais le cœur net quand je me serais approché de ce buisson… »

Je parlais beaucoup plus doucement pour éviter d’effrayer ma proie. Faisant un léger signe de tête à Edwyn pour qu’il me suive. J’avançais lentement vers le buisson, poussant les branches pour voir ce qu’il se passait derrière. Un groupe de pégase se baladaient tranquillement, mais quelque chose semblait les inquiéter et ils partirent en courant à travers les bois.

« Mince ils sont parties… »

Je me tournais lentement vers Edwyn afin de reprendre la conversation.

« Que fais-tu ici ? Je pensais être la seule à oser m’approcher de cet endroit ? Enfin la seule, j’imagine que beaucoup de gens viennent ici, mais je n’ai jamais croisé personne. Ah ! Si les gardes-chasses, ils sont très sympathiques, mais pas très futé. »

Elle semblait distraite, mais l'explication ne tarda pas à pointer le bout de son museau. Un pégase, hein ? Rien de particulièrement surprenant, mais il garda cette pensée pour lui et la suivit le plus silencieusement qu'il put. Fort heureusement, sa curiosité surpassait de loin la terreur que lui inspiraient les insectes, même s'il ne put réprimer un frisson en pénétrant dans cette forêt qui devait en être remplie.
Coup de chance, c'étaient bien des pégases qui les attendaient, même s'ils ne restèrent pas longtemps, et pas l'un des autres résidents.

« Tu sais, on a un équipe d'hippoball. Si tu aimes les pégases, pas besoin d'aller si loin pour en trouver. »

Bon, ce n'était peut-être pas pareil s'ils étaient sauvages ou dressés, mais pour lui c'était un détail très secondaire. Un pégase était un pégase. En ce qui concernait sa propre présence sur les lieux, c'était assez peu intéressant et il ne chercha pas à tourner inutilement autour du pot.

« Je cherchais des ingrédients pour potion. Il y a beaucoup de licornes dans le coin, même si je n'en ai jamais vu de près. »

Et tout un tas de bestioles plus ou moins amicales. A se demander qui avait eu la brillante idée de laisser la forêt (soi-disant) interdite accessible au premier élève venu.

« Par contre, je te déconseille de t'aventurer trop loin. Les centaures sont du genre territoriaux. Tout comme les acromentules, les cynospectres et autres redcap. »

Les loups-garous, par contre, c'était un mythe, tout le monde le savait. Mais si l'on comptait les sombrals, les licornes, les pégases et les centaures, on aurait pratiquement pu la rebaptiser la forêt des équidés.

Edwyn me parlait de l'équipe d'Hippoball de l'école. Il est vrai que si je voulais voir des Pégases, je pouvais aller là-bas, mais la je n'étais pas attiré par un pégase au départ, je me baladais juste histoire de me dégourdir les jambes... Puis j'écoutais ce qu'il me racontait d'autre, mais mon attention s'arrêta sur le mot Acromentules. Mes yeux commencèrent à briller de mille feux et une envie soudaine de parcourir la forêt de long en large rien que pour en voir une d'assez près.

   "Vous avez des Acromentules ?! Ou ça ?! Elles sont loin d'ici ?! Elles vivent en groupe ou plutôt en solitaire ?! ... "

Alors que je continuais avec mes questions, je m'arrêtai net quand je compris que d'un il ne pourrait pas y répondre si je n'arrête pas de parler et de deux, qu'il ne devait peut-être pas connaître tous les détails sur la vie des Acromentules. Je repris mon souffle et lui lança un petit sourire.

   "Je suis désolée, je m'emporte un peu, mais quand j'entends le nom d'une créature magique, mon corps s'emballe un peu trop et je finis par en devenir obsédée et vouloir l'étudier sous toutes les coutures... Je ressemble beaucoup trop à ma mère dans ses moments là... "

Je passais une main nerveuse dans mes cheveux en essayant de changer de sujet histoire de détendre l'atmosphère.

   "Quel genre de potion tu voulait faire ? Si tu veux je peux t'aider à trouver la trace d'une licorne, si je peux t'aider ça sera avec plaisir comme ça on pourra parler de ce qu'il t'est arrivé depuis ton séjour au brésil ? "

En l'entendant parler des acromentules, il lui lança un regard dont la signification claire, nette et précise, ne pouvait être que « Est-ce que t'es dingue ? » Sérieusement, il fallait l'être pour vouloir faire ami ami avec ces horribles bestioles. Et un peu suicidaire, aussi.

« Euh, tu sais que ces choses te dévoreraient sans hésiter ? En tout cas, ne compte pas sur moi pour te dire où elles sont, je l'ignore et ne suis pas pressé de le savoir. »

Edwyn aimait l'aventure, mais... Il y avait l'aventure et puis, il y avait l'aventure avec les insectes disproportionnés. La sagesse était dans la connaissance de ses limites. Il accueillit avec bienveillance le changement de sujet, les petites bestioles - et leurs versions géantes -, ce n'était vraiment pas son truc.

« Il me faut juste une graine d'un arbre ayant poussé sur un sol piétiné par une licorne. Basiquement, toute la forêt doit correspondre à cette définition, mais je n'ai rien contre un coup de main. Ce serait bête de devoir revenir. En ce qui concerne mes péripéties depuis notre dernière rencontre... »

Ça allait prendre un temps fou à résumer, mais il devait pouvoir lui brosser un tableau qui résumerait l'essentiel de la situation et on verrait ensuite les points qui l'intéresseraient. Tout en se mettant à marcher doucement, il commença :

« ... J'ai terminé mes études ici et avant de commencer ma licence, j'ai décidé de passer une année à faire le tour du monde des sorciers. Disons que ça a été plutôt riche de rebondissement, j'ai enlevé une riche héritière le jour de ses fiançailles, été maudit, manqué de me faire tuer par des mages noirs consanguins, joué au échecs sorciers avec une légende, passé trois jours avec un tigre sur les talons, chassé dans la savane et rencontré un tas de gens formidables qui m'ont appris une quantité de choses fascinantes. »

Il s'arrêta un moment pour respirer après cette longue tirade et vérifier qu'elle le suivait bien. Cela résumait l'essentiel de ses aventures. Bon, certes, il y avait la rencontre avec les hyènes-garous et une ou deux broutilles du même genre, mais il serait toujours temps de revenir là-dessus plus tard. Malicieux, il ajouta :

« Et toi ? »

Je regardais Edwyn pendant qu'il parlait. C'est vrai que l'on n'avait pas vraiment gardé contact après son séjour au Brésil. J'écoutais attentivement tout ce qu'il me racontait. Il en avait vécu des choses en une année. C'était un vrai aventurier le petit Edwyn en fait ! Tout en l'écoutant, je continuais de le suivre. C'est vrai qu'à la base, j'étais là pour une malade, mais nous cherchions des herbes pour ses potions. Soudain, il me demanda ce que j'avais fait durant ses dernières années.

"Et bien pour ma part j'ai fini ma septième années au Brésil et j'ai été acceptée en licence de soin des créatures magiques. Après une intense réflexion, j'ai décidé de venir faire ma licence a Poudlard, j'avais envie de découvrir la faune local durant mes études et changer un peu d'air. Forcement, le départ fut assez compliqué, car tout quitter pour arriver dans un pays étranger c'est quand même une chose importante. Sinon j'ai beaucoup appris avec ma mère sur les créatures magiques de la jungle d'Amazonie, mais en Angleterre, on trouve certaines créatures magiques qui sont introuvables ailleurs et maintenant que je sais qu'il y a un nid d'Acromentules dans cette forêt, je compte bien mettre la main dessus afin de les étudier afin de peaufiner un peu plus mon journal de recherche !."

Alors que je continuais de parler, quelque chose au sol m'interpella d'un coup et je coupais nette la discussion. Je me penchais lentement vers le sol pour examiner un peu mieux ce qui semblait être des traces d'équidé. A la forme et la distance des traces, mon choix ce porta rapidement sur une licorne, mais ce qui semblait bizarre, c'était qu'il n'y avait pas que des traces d'équidé. D'autres traces à côté que je ne reconnaissais pas semblait avoir suivi la licorne sur plusieurs mètres.

"Edwyn regarde, les traces sur le sol, je mettrais ma main à couper qu'il s'agit de trace laisser par une licorne, mais celle à côté, je n'en ai encore jamais vue. Qu'est-ce qui pourrait laisser de toute petite empreinte dans le sol comme ça..."

Je continuais de suivre les traces en regardant qu'Edwyn me suivait bien. Les traces commençaient à s'éloigner comme si la licorne avait commencé à galoper. Les autres traces elles aussi commençaient à être plus distante. Une sorte de course poursuite avait commencé ici.

"Edwyn, toi qui connais à peu près les créatures de cette région, qu'est-ce qui aurait pu prendre en chasse une licorne et avoir une chance de la rattraper ? "

J'étais redevenue très sérieuse. Lorsque je ne comprenais pas quelque chose, j'avais cet air sérieuse. Mon cerveau était en marche, il fallait que je trouve une réponse à cette question et je ne partirais pas avant d'avoir trouvé. Je suivais toujours les traces et n'avait même pas remarqué que j'étais entrée dans la forêt interdite. M'arrêtant devant un arbre, les traces avaient disparue.

"Quoi ?! Mais, on ne peut pas perdre la trace d'une licorne comme ça ! Elle ne sait tout de même pas envolé ! "

Les créatures magiques ? Oui, ça expliquait assez facilement son intérêt pour les bestioles dangereuses du coin. Mais tout de même, il aurait largement préféré que ce soient des dragons et pas des insectes géants...
Quelque chose l'arrêta pourtant. Et il se pencha pour observer la source de cette interruption. Des traces au sol qui ressemblaient à celles d'équidés, oui. Enfin, pour ce qu'il en savait. C'est à dire pas grand-chose. Sans rien ajouter, puisqu'il n'avait aucune contribution utile à formuler, il la suivit, commençant à laisser de petites marques à l'aide d'un sort de Peintenlair pour retrouver leur chemin en cas de besoin, ils s'enfonçaient dangereusement dans la forêt et, si la lisière était relativement sécurisée, c'était de moins en moins le cas à mesure qu'on y avançait.

« Honnêtement, je n'en ai aucune idée. Je n'ai pas pris l'option de Soins aux créatures magiques en troisième et le sujet ne m'a jamais vraiment intéressé. »

L'arithmancie, les runes anciennes, même la divination, ça lui parlait plutôt bien, mais les bestioles, bof. Il voulait manipuler les forces ancestrales qui régissaient la sorcellerie et en tirer ce qu'il désirait, en imprégner des objets plus ou moins complexe, repousser les limites des diverses disciplines. Il n'y avait pas de place pour jouer les éleveurs ou les vétérinaires dans son emploi du temps.

Quand à la raison pour laquelle les traces disparaissaient soudainement, c'était un mystère pour lui également. Peut-être était-ce un pégase et non une licorne dont ils suivaient les traces et qu'il s'était simplement envolé ? Peut-être qu'il y avait une propriété magique localisée qui les faisait disparaître ? Non, ça c'était assez peu probable...

« Peut-être que les licornes savent grimper aux arbres ? »

Il plaisantait sur le coup, mais une brève pensée lui fit lentement faire deux pas en arrière et lever ses yeux en même temps que sa baguette vers le haut. Qui savait si la licorne présumée n'avait pas été capturée par un prédateur qui rôdait au-dessus de leurs têtes en ce moment même...

Le vent s’était arrêté. Un long silence régnait dans la forêt. Les seuls bruits que l’on entendait étaient ceux de Gabi et Edwyn qui parlaient. Gabi était encore accroupie sur le sol, les yeux rivés sur les traces supposées d’une licorne. Elle ne remarquait pas qu’Edwyn, qui se tenait derrière elle, avait commencé à reculer et scruter la cime des arbres, baguette en main. Gabi tourna le regard vers Ed’, interloquée par son attitude. Elle se redressa, s’approcha de lui et lança quelques regards autour d’elle par la même occasion, pour vérifier que rien n’approchait d’eux. Une fois proche du jeune homme, elle se stoppa et prit la parole :

« Edwyn ? Est-ce que tout va bien ? »

Elle lui lança un léger sourire, comme pour lui faire comprendre que tout allait bien. Malheureusement pour elle, tout n’allait pas bien. Alors qu’elle regardait Edwyn, elle remarqua quelque chose descendre le long d’un arbre derrière ce dernier. Intriguée, elle n’osa pas pour autant bouger. La chose en question avait fini sa course derrière un arbre pour se camoufler dans un énorme buisson. Intriguée, Gabi passa à côté d’Ed’ pour s’approcher de l’arbre en question.

« Il y a quelque chose qui a bougé par là ! »

Elle avança sans hésitation et quand elle arriva en devant le buisson, elle entendit un petit sifflement. Intriguée, elle sortit sa baguette et commença à pousser les branches pour voir ce qui se trouvait dans le buisson. Lorsqu’elle trouva la source de ses remous, elle découvrit une petite Acromentule qui semblait effrayer. Son cœur ne fit qu’un tour, mais elle ne fit pas de bruit pour éviter de l’effrayer. Elle chuchota légèrement dans la direction d’Edwyn pour le prévenir.

« Edwyn, vient voir elle est trop mignonne. »

Alors qu’elle avait le regard tourné vers Edwyn, elle ne remarqua pas qu’une ombre venant d’en haut semblait s’approcher d’elle…

La question de sa camarade se répercuta en écho dans son esprit. Est-ce que tout allait bien ? Non. Pas vraiment. Il était dans cette forêt pleine de bestioles sans préparation et il y avait potentiellement une acromentule qui n'attendait que de fondre sur eux pour se faire un dessert absolument royal. Ce n'était pas de la paranoïa quand le danger était réel, n'est-ce pas ?

Et comme de juste, Gabi avait repéré quelque chose qu'il n'était pas forcément pressé d'aller voir de plus près. N'en déplaise à son commentaire sur le côté mignon de la chose. Il n'avait côtoyé sa camarade de maison que quelques semaines, mais il sentait très bien que ce qui était "mignon" à ses yeux pouvait relever de l'abomination pour lui.

Il fit un pas dans sa direction, mais s'arrêta presque aussitôt, figé dans son mouvement par des frissons glacés. Ce qu'il avait craint était en train d'arriver, là, dans le dos de la Serdaigle qui s'approchait d'elle. Il pointa le doigt, mais les mots ne venaient pas. Il était bloqué comme un lapin devant une voiture, contemplant la lumière des phares. Elle allait se faire blesser ou même tuer et il ne pourrait rien y faire. On le regarderait comme celui qui avait laissé mourir sa camarade sans lui venir en aide. Quelqu'un de faible, d'inutile, un bon à rien. A quoi servait donc d'être un brillant sorcier, si l'on était incapable de faire quoi que ce soit de concret ?

Il avait la bouche sèche, le regard halluciné, le sang battait à ses tempes comme s'il allait exploser d'une minute à l'autre. Il fouilla sa mémoire en quête d'une solution.
Il fallait fuir. Il aurait déjà dû fuir. Mais ses pieds restaient plantés dans le sol, refusant de bouger et il ne pouvait pas l'abandonner. Même si c'était sa faute s'ils en étaient là maintenant.

Frustré par sa propre incapacité à agir, il se donna une gifle magistrale et laissa même échapper un petit « ouille !». Il n'y était pas allé avec le dos de la main morte. Un peu plus réveillé, il pointa sa baguette vers Gabi et, oubliant d'user d'un informulé comme à son habitude, lança :

« Accio chaussures de Gabi ! »

On ne pouvait pas invoquer une créature vivante, mais rien n'empêchait d'employer ce sort sur un objet fermement attaché à la personne. Et il annula son sort juste avant de se ramasser le coup de pied du siècle. Encore un peu secoué par la situation, il l'aida tout de même à se relever rapidement et ajouta :

« On se barre, avant de découvrir si cette chose a des amis ! »

Ou de la famille, des colocataires, des relations de travail, peu importe. Il était tout à fait partant pour lutter contre ses peurs, mais pas d'une façon aussi littérale. Sans plus attendre, il prit la fuite, espérant qu'elle le suivrait et reconnaissant envers l'Edwyn du passé d'avoir laissé des marques dignes d'un Petit Poucet Sorcier.

La fascination, c’était la seule chose visible dans les yeux de Gabi. Pour une première rencontre, elle ne pouvait pas rêver mieux. Une Acromentule, une vraie en chair et en poil ! Elle commençait à examiner la petite créature dans les moindres détails, enfin, peut-on vraiment dire d’une créature qu’elle est petite quand elle fait déjà un mètre de diamètre et que ses mandibules fonds la taille de votre main ? Non pas vraiment.

Insouciante du danger qui s’apprêtait à fondre sur elle, Gabi avait littéralement oublié la présence d’Edwyn derrière elle. Lentement, elle passa une main dans la petite sacoche qu’elle portait en bandoulière pour essayer d’attraper son petit calepin à croquis. Ses doigts mirent enfin la main dessus, mais quelque chose l’empêcha de finir ce qu’elle avait commencé. En un éclair, sa chaussure fut comme projeter en arrière et elle avec. Elle vola sur quelques mètres avant de se retrouver non loin de son camarade. Oh Edwyn, qu’est-ce qu’il fait ici ? Ah oui, elle l’avait traîné dans la forêt, c’est vrai… Elle comprit rapidement ce qu’il venait de se passer. Aider par le jeune homme pour se redresser, elle était partie pour lui dire ce qu’elle pensait, mais elle n’eut pas le temps pour ça. Edwyn avait crié quelque chose avant de partir en courant.

Gabi resta la pendant quelques secondes, ne sachant pas quoi faire. L’Acromentules qui se trouvait dans les buissons, c’était rapprocher de la petite Serdaigle, mais avait été elle aussi surprise par le sprint du jeune homme. Elle poussa un petit sifflement en direction de Gabi qui ne tarda pas à lui répondre.

« Bon désolé, mais là, ce n’est pas le moment ma belle, je dois rattraper mon ami, je reviendrais promis ! »

Elle commença à courir dans la même direction qu’Edwyn, laissant la petite Acromentule seule sur place. On pouvait voir dans son regard de la tristesse, dû au fait de voir sa nouvelle amie partir, ou son déjeuner… Gabi rattrapa rapidement Edwyn et lui attrapa le poignet pour l’arrêter net. Ils étaient sortis de la forêt. Essayant de retrouver un semblant de souffle, une main sur sa poitrine, elle prenait de longue inspiration. Une fois retrouver l’usage de ses deux poumons, elle prit la parole.

« Dit donc, ça fait longtemps que j’avais pas couru comme ça, tu fais de la course de fond ? Pourquoi tu m’as lancé ce sort ?! Elle était inoffensive, elle voulait simplement se faire de nouveaux amis ! Bon il n’était pas non plus exclus qu’elle nous considérer comme son prochain repas, mais… »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que de nombreux sifflement se firent entendre dans la forêt se rapprochant des deux camarades. Une première Acromentule sortie des buissons se dirigeant à toute allure vers eux. Gabi se retournant vers la dite Acromentule pointa sa baguette et lança un Flipendo avant de crier sur l'Acromentule qu'elle venait de pétrifier.

« ON NE M’INTERROMPT PAS QUAND JE PARLE ! »

Les sifflements dans les buissons s’intensifiaient de plus en plus, mais aucune Acromentules ne sortait pour le moment…

Il haussa les épaules à la première question de Gabi, reprenant doucement son souffle lui aussi. Ce n'était pas la première fois qu'il courait pour sa vie, mais ce n'était jamais particulièrement agréable. Et il ne tenait pas vraiment à ce que cela devienne une habitude.

« On ne fait pas le tour du monde en allant à petits pas... »

En vrai, il avait eu énormément de temps libre cet été et bon, un peu de sport histoire de se remettre en forme avant la rentrée, ça ne faisait pas de mal. Mais il semblait qu'elle ne comprenait pas un autre aspect évident de la situation d'il y a quelques secondes. Peut-être n'avait-elle pas vu la version plus grande de cette horreur qu'elle considérait "mignonne" et qui semblait avoir pour seule intention de faire d'elle son casse-croute ? Il patienta un instant, le temps qu'elle corrige l'impudente créature qui avait osé interrompre la conversation et reprit.

« T'as pas vu l'autre ? Celle qui descendait tranquillement de l'arbre dans l'intention évidente de te faire découvrir les joies du cocooning à la mode locale ? »

Le doggy bag façon acromentule, il s'en passait bien, personnellement. Fort à propos, son estomac émit le son caractéristiques du rappel d'usage à un maître trop distrait. En soi, c'était presque bizarre, au vu de la situation. Enfin, il valait mieux ça qu'une soudaine envie de pisser en plein duel pour sauver sa peau.

« Si on allait manger, plutôt ? Ce n'est pas comme si elles allaient nous suivre très loin. Elles savent que ce serait une mauvaise idée de se rapprocher de l'école. »

Il se tourna vers la forêt, exerçant un effort pour mettre de côté sa répulsion et porter l'accent sur le sérieux de la situation. Et annonça d'une voix autoritaire :

« N'EST-CE PAS ?! »

Il était Edwyn Ollivander. Il n'allait pas se laisser emmerder par des insectes disproportionnés. Et il emmerdait aussi ceux qui viendraient lui dire que techniquement, c'étaient des arachnides et blablabla. Il n'avait pas pris soins aux créatures magiques, alors qu'on lui foute la paix avec les machins techniques. C'était quand même dingue de vivre à une époque où on ne pouvait jamais être tranquille deux minutes.