mea culpa — fenry

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mea culpa — fenry Dim 8 Oct - 20:22



« Fenry. »

Les yeux s’échouent contre la silhouette comme vagues contre jetée — ils sillonnent les tréfonds du corps comme dentelle d’écume; happant ce qu’ils pouvaient et s’écroulant sans bruit. Derrière lui brille prisme argenté; éclairant contours et traits marqués par l’impuissance, le doute et la crainte. Accoudé contre la fenêtre qu’il vient de franchir, les rideaux enveloppent le corps et virevoltent autour de lui d’une valse discordante, ses inspirations ayant cessé d’être.

Grouillent dans ses jambes le désir d'aller la rejoindre et de se plonger en elle; de se perdre dans les constellations de ses pupilles, de s’égarer entre les pans de ses vêtements, de s’éteindre au creux de sa bouche. S’érigent pourtant remparts face à lui, et il ne peut faire davantage que l’asséner de houles désespérées, dans l’espoir de vaincre l’abrupte falaise qui s’était forgée en elle. Car un pas revenait maintenant à la voir reculer.

Alors il ferma simplement les yeux.

Et inspira à nouveau.


— ✕ —

C’est une ombre fugace qui empoisonne ses sourires, une peine tenace qui obscurcit ses regards. Car il y a quelque chose en Mephisto, un quelque chose dans ses soupirs éreintés; un quelque chose qui traverse la blême ossature et caresse ses jointures éraflées. Et c’est les cendres d’une flamme trop rapidement consumée;  épuisée par les encablures et les dédales qui s’étalent sur kilomètres, consommée par la hargne brûlant à travers ces pupilles vertes lasses de son silence et de ses secrets. Mais qui était-il pour lui en vouloir, coupable jusqu'au dernier atome de ses maux et de son animosité terrassante. Réside pourtant encore au fond du cœur un sentiment d’inachevé, une langueur insoutenable de rebâtir de ses mains latérites ces piliers vertigineux de par leur instabilité incessante — causée.  

— ✕ —


« Je sais que tu m’évites. »

Le balai frappe le sol, comme épuisé de tenir au creux de ses phalanges écorchées. Se distillent d'innombrables paroles qui tenteraient de calmer la tempête et ses ravages et contre la trachée tentent d'éclore mots qui sauront apaiser la peine assassine qui n'a cessé de le broyer de l'intérieur depuis leur dernier échange. Il aimerait lui faire parvenir, lui faire comprendre — ce capharnaüm meurtrier, cet ouragan carnassier qui ne cesse de le faire claquer des dents, de déposer rictus et remords regrets pulsions désirs en ébullition — ce qu’elle déchaîne et déclenche dans ses accélérations cardiaques incoercibles.

Et il ne veut passer par des regards, par cette facilité des pensées; il veut poser dans l’air ses dires, il veut scinder son âme par l’articulation de la mâchoire et la naissance de sons.

« Donc j’aimerais qu’on s’explique. Accorde-moi quelques minutes et si jamais ça suffit pas, j’repartirai. »


— ✕ —

Cellulaire entre les mains, il tripote la machine nerveusement; regard perdu dans les pixels luminescents. Il ne sait quoi dire alors les doigts s’immobilisent dans l’air — et les secondes tournent et s’écoulent, s’accumulant indéfiniment dans la pièce et sur la barre supérieure de son téléphone. Cela faisait des semaines maintenant qu’aucun contact n’avait été relancé et il avait laissé couler, l’amertume toujours entière dans le gosier. Nul doute qu’il tentait de fuir la réalité et ses réminiscences écarlates, le poids de ses fautes et la couleur de ses maux.

Ainsi, il avait fini par renoncer à un quelconque message alambiqué et ses doigts s’activèrent à appuyer sur les touches numériques. La première chose qui lui passa par la tête. YO. TU FAIS QUOI ?

— ✕ —


Le pied foule une légère distance et il s’énonce.

« Je suis désolé. Pour le bal, pour toute cette histoire. C’est.. »
Fenry D. Williams
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Fenry D. Williams
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Re: mea culpa — fenry Dim 8 Oct - 22:49


The fuck I did wrong
Ses pieds nus frôlaient le sol froid de leur chambre, à elle et Cannelle, qui, comme d'habitude, avaient laissé la fenêtre ouverte pour aérer - c'était ce que Fenry avait trouvé pour que la chambre n'empeste pas le parfum. Elle avait enfilé un t-shirt noir en guise de pyjama et s'était dirigée vers la fenêtre, froid aux jambes et aux bras, le bout de ses cheveux humides contre le coton de son haut. Le corps immobile, elle s'était figée devant la silhouette plantée là, dans l'encadrement de la fenêtre et des rideaux dansant au vent. Un frisson lui parcouru la colonne vertébrale, plutôt à cause du froid qu'à cause de sa présence, et elle ferma les yeux lorsqu'il articula son prénom. Elle n'avait pas envie de savoir.

Elle pouvait bien lui reprocher d'avoir laissé couler deux mois entiers, mais il avait essayé – maladroitement – et elle n'avait pas répondu. Était-ce alors à elle de se blâmer ? Elle rouvrit les yeux à ses prochaines paroles mais se refusa l'entrée au carnage qui devait faire rage sous son crâne. Elle tenta d'esquisser des syllabes mais se ravisa bien vite. Elle attendait – elle ne savait pas trop quoi, mais elle attendait.

Il avança d'un pas et, pour une fois, elle n'avait pas reculé.

« Oui. »

Enfin elle daigna baigner la pièce de ses paroles, lâchées dans le vide d'une voix à peine assumée, presque douce. Elle avait haussé les épaules et aurait voulu détourner le regard – ses yeux restaient figés. Elle s'osa les bribes d'un sourire, fugace et léger, riant de son propre égoïsme. Elle se débattait avec son ego et sa fierté, ses maladresses et ses complexes, elle se débattait avec sa jalousie et sa colère, ravalée dans un ultime effort et se déchaînant ensuite sur les mauvaises personnes.

Il n'était pas si responsable qu'il le disait.

Le silence n'avait jamais dérangé Fenry, même pas ainsi, où il signifiait qu'elle avait peur et qu'elle voulait fuir, où il signifiait que ses émotions tremblaient de ne savoir quoi lui répondre. Elle avait baissé les yeux, dans un sentiment de honte – pour avoir été celle-là qui salopait l'existence. Elle avait serré les dents, se maudissant comme rarement pour avoir été Fenry une fois encore.

Elle releva les yeux, un soupire pratiquement inaudible glissant au bord de ses lèvres entre-ouvertes, et quelque part entre les ombres qui déchiraient son âme et les maux qui maudissaient son esprit, elle avait trouvé la force de ne pas lui hurler de partir. Ou c'était juste qu'elle préférait qu'il reste.

« Ferme la fenêtre. Il fait froid. »

Elle avait avancé d'un pas, peut-être dans l'espoir que ça signifie quoi que ce soit. Puis d'un autre, appelé par le précédent, et sans s'en rendre compte, elle avait englouti la distance qui les séparait, le regard dévorant ses pupilles noires.

Peut-être qu'elle aurait aimé ajouter quelque chose, lui dire qu'elle n'était pas fâchée ou peut-être le rassurer en imaginant ses convictions ébranlées à l'intérieur de son esprit torturé. Elle avait fait le vœu de ne plus y entrer sans qu'il lui ouvre – au moins cette fois – et elle s'en était contentée – au moins cette fois. Les mots se débattaient au bord de ses lèvres et se perdaient quelque part au travers de ses pensées éteintes.

Elle aurait aimé lui dire que tout allait bien, et reprendre là où ils s'étaient arrêtés. Elle lui tendit une main.

« Tu danses? »

Elle esquissa un sourire – ironique. Elle était peut-être gonflée, de ne rien ajouter de plus. Elle ne savait plus, Fenry, quels étaient les mots qu'elle avait voulu prononcer, si elle voulait lui dire qu'elle l'aimait ou qu'elle le détestait. C'était un peu des deux mais surtout beaucoup de l'un qu'elle refusait d'admettre. Elle se mordit l'intérieur de la joue et sans attendre de réponse, anéantit ce qu'il restait de distance entre leurs corps perdus.

Elle avait haussé les épaules, un maigre sourire amer au bord des lippes. Elle était fatiguée des drames.

« Imbécile. »

C'était sa manière à elle de lui demander pardon.
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Re: mea culpa — fenry Dim 11 Mar - 20:47



Tout au long de cette existence, il avait su feindre l’indifférence. Il vivait de manière désintéressée pour éviter les peines, pour ne plus se retrouver blessé d’une rupture, essuyer un nouvel abandon. Et à force de paraître, il était devenu. Celui qui ne s’attachait à rien, celui qui laissait venir et repartir les choses sans émettre la moindre opposition; il était devenu coutume de ne pas s’accrocher; à rien. Une prescription contre ses peurs, un protocole de survie. Sans le vouloir, sans s’en rendre compte, il était presque devenu le fils de son père. La farce était sordide; les moires devaient bien s’en réjouir.

Mais face à Fenry qui ébranlait son empire, que fallait-il faire pour ne perdre la raison ?    

Car lorsqu’elle apparaissait devant lui de cette splendeur dévastatrice, une voix lui murmurait de fuir avant qu’elle ne cause sa ruine. Il était pourtant sans cesse à la recherche de sa présence, même dans son absence ou ses silences. Une pulsion enveloppait ses actes et ses pensées, sans savoir comment la réguler — ni même l’annihiler. C’était une force sybilline qui l’animait : il se sentait tout simplement aimanté. Ressentait-elle la même chose ou était-il le seul aliéné dans cette histoire ?

Il s’exécute en silence face à cette toute première et véritable phrase déclinée, souhaitant se remémorer les ondulations de cette voix encore quelques instants avant qu’elles ne le fuient à nouveau — cette même voix qu’il semblait ne pas avoir entendue depuis de longues années. Alors que cela ne faisait que deux mois. Ô Fenry, que m’as-tu fait ? Et tandis qu’elle s’approche à pas félins, il se plonge dans une contemplation mutine de ces courbes qui tardent à la rejoindre. Les mots butent contre le bord de ses lèvres, l’envie pressante de lui sortir tout ce qui germait depuis ces deux mois, tapis dans les cavités de son cœur et à n’en plus savoir où y jeter son regard. Se refrène pourtant le désir, une crainte pleutre de venir tout gâcher une fois encore; alors il se contente de saisir la main qu’elle lui offre d’un geste fébrile, le corps tendu et le cœur fragile de ses multiples assauts.

Il engage une légère révérence, avant de venir épouser ses doigts et de déposer sa main libre au creux de sa hanche. Un rire lui échappe face à l’injure et il murmure, la face cachée contre sa chevelure : « Ouais. Je te demande... pardon. En même temps, je suis à Gryffondor et j’pense pas qu’on soit réputés pour notre vivacité d’esprit. Non ? » Il entame un pas maladroit, l’esprit incertain de la cadence à adopter puisqu’ils ne disposaient d’aucun autre son mis à part la vibration de ses pulsions sanguines et de leur souffle combiné. Il se met donc à fredonner un air quelconque, pour combler le mutisme ambiant; et il l’entraîne contre lui, dans une valse malhabile.      
Fenry D. Williams
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Re: mea culpa — fenry Mar 13 Mar - 22:59


The fuck I did wrong
Elle avait cédé, s'y était aventurée ; en ces terres désolées que représentaient son esprit, elle avait retrouvé le chaos – la discorde – qui régnaient en son cœur mutilé ; et quelque part dans son rire elle avait trouvé une note apaisée ; quelque part en ses murmures, elle voulait croire que les drames s'étaient éteints. Alors pour cet interstice temporel dans lequel ils se trouvaient désormais, Fenry avait déposé ses armes et avait nourri des tendresses ; avait abandonné son corps au sien, lâché en ses bras qui la confortaient, sa tête contre son épaule et les pas se laissant bercer par sa mélodie vague.
En fermant les yeux, au creux de toute sa chaleur, elle eut l'impression de retrouver quelques fragments perdus de son existence ; et ainsi complétée par un être encore plus inachevé qu'elle ne l'était, les maux de Fenry, pour cet instant seulement, s'évanouirent. Et sa voix brisa la mélodie, dans une chaleur cassée qui ne lui ressemblait que peu.

« Oh, si tu savais. »

Un rire lorgna au bord de ses lèvres, inhabituellement heureux et serein. Puis ses yeux avaient cherché son regard, et, le dévorant, tout à coup hypnotisée par les nouvelles mélodies qui hantaient son palpitant, Fenry s'approcha ; dangereusement. Mais avant de l'atteindre, la voix de Cannelle de l'autre côté de la porte la sortit de ses songes, et elle se précipita sur son canif magique, verrouillant pour de bon la porte de leur dortoir. Elle laissa tomber le canif, et se retourna vers Mephisto, un spasme riant sur son visage.

Sans lui laisser le temps de commenter, elle avait englouti la distance qui les séparait, et avait lié ses lèvres aux siennes ; ses mains avaient glissé à ses hanches et l'avaient poussé – elle le fit trébucher au bord de son lit ; le plaquant contre le matelas ; elle avait grimpé à sa suite, ses jambes pliées de chaque côté de son corps allongé ; puis ses lèvres retrouvèrent leur place ; descendirent à son cou, son souffle chaud contre sa peau.
Depuis combien de temps ces pensées-là hantaient son esprit, tant à lui qu'à elle ?
Ses doigts parcouraient sa peau, de ses hanches à son dos, marquant son épiderme par dessous son haut.

Un nouveau rire ; silencieux et tendre ; se dessina sur son faciès, ses mouvements à l'arrêt en entendant l'insistance de Cannelle – puis son abandon.

« Ptain Williams t'es sérieuse ? J'espère que tu copules pas et encore moins sur mon nouveau plaid. Je vais voir Jason en bas, lui il me rejette pas ! »

Et en entendant le bruit de ses pas s'éloigner, un murmure s'éleva au creux de ses tendresses.

« Tu crois qu'elle se doute que c'est toi? »

Et au loin, à l'autre bout des escaliers, on pouvait entendre Cannelle grommeler.
« Bordel il y a la salle sur demande pour ça. personne m'aime ici t'façon... »
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Re: mea culpa — fenry Mar 29 Mai - 1:37



La nuit et ses éphélides diapraient ces corps de leur vespérale étincelle, eux qui dansaient comme grands insouciants sur l’estrade immaculant leurs fautes et névroses; corps contre corps, ils surplombaient finalement ces lointains regrets, estompant d’un pas de danse ces violines ecchymoses nippant leurs esprits. Et cadran de son palpitant suspendu, il se délectait de cette sulfureuse éternité qui s’amorçait comme baptême d’une accalmie nouvelle, d’un inopiné heurt des âmes, roulant lascivement sur sa langue les phonèmes qui composaient son nom, comme s’il s’agissait de sa première fois, comme s’il s’agissait de sa définitive pénitence. Car il lui semblait à nouveau bourgeonner de truculentes nuances lorsqu’elle se trouvait à ses côtés — de surcroît contre cette proximité insoutenable à laquelle il aurait voulu s’attiser davantage — lui qui, face au désir de vivre, n’en possédait plus que la couleur du givre.

L’amusement sculpta ses commissures tandis qu’il suivait du regard la silhouette qui s’en allait à la hâte sécuriser la chambre d’un voyeurisme spontané. « J’avais presque oublié que tu étais dans la même chambre que Cannelloni. C’est pas trop dur de vivre ave.. » La valse rompue, il ne pensait pas la retrouver si vite, si précipitamment contre lui une fois encore, à s’éprendre de ses lèvres, à galvaniser d’autant plus ces tardives retrouvailles — et ayant sous-estimé la desiderata qui l’animait tout autant que lui, il se retrouva allongé sur son matelas en l’espace de quelques secondes. Un souffle s’échappa alors silencieusement de ses lippes entrouvertes, pendant qu’elle enivrait ses sens de ses impétueuses mains. « Merde. Si j’avais su, j’serais venu plus tôt. » Ses phalanges vinrent s’échouer à l’arrière de son crâne, se refermant sur quelques mèches, tandis que ses labres s’occupaient à épouser les siennes fiévreusement.

La voix importune se dissipant progressivement en simple et distant bruit de fond, il contempla la figure de sa désirée de la même façon que l’on s’éprenait des oeuvres d’art dans un musée : d’un silence sacralisant et d’un émerveillement presque enfantin. « Tant que tu n’en viens pas à hurler mon prénom… » qu’il murmura d’un ton mesquin, ses terminaisons nerveuses se logeant alors contre le creux de ses hanches d’une poigne ferme, pendant que la carrure se redressait lentement en position assise. Le cours du temps paraissait s’étioler de nouveau lorsqu’il se perdait à déraison dans ces horizons de jade qui taisaient les aliénations de l’âme et de ses blâmes, quand bien même grouillait dans les entrailles une crainte mutine de cette ataraxie et de son accoutumance; voire inévitable dépendance. « Bon. Partante pour copuler sur son nouveau plaid, Williams ? »

Et ses doigts se déposèrent finalement sur ses cuisses, en y caressant l’intérieur à l’aide de ses pouces et d’une tendresse qui lui était presque étrangère.  
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