Lust and Destruction

Inquiétude qui enserre son estomac alors que les arbres la surplombent et elle fouille du regard l’étendue de feu que sont les feuilles d’automne à la recherche des cheveux blancs, de l’envoûtante, de la détestable Arizona et lorsque ses yeux captent ses mèches, un sourire se forme, déchirant d’une grimace malsaine la statue de marbre, et ses yeux azur se verrouillent et soudaine l’envie monte, les promesses de hurlement de cette violence qui l’abrutit, et Age a envie de lui sauter à la gorge, de lui arracher la peau de ses ongles, de rayer son faciès et d’y apposer sa marque parce qu’Arizona est à elle dans toute sa splendeur et sa déchéance, parce qu’Arizona est un tout.
Age martèle le sol pour la rejoindre, plus proche, alors qu’elle s’enfonce un peu plus dans la forêt, s’approche de la damnation, parce qu’Age a envie de danser et de s’enchaîner au diable, et elle s’approche en soufflant, le sourire vient déchirer ses lèvres alors que le château disparaît à travers les arbres et que le silence se fait oppressant et distordant. Il n’y a pas d’oiseaux ici, rien pour dire que le vivant existe. Parce qu’Age devient Hel et rentre dans son royaume, devient la dame mortelle et implacable, parce que le monstre sort de l’eau, les épines perçant de sa charmante membrane.
Un rire glaçant traverse sa gorge, comme un hurlement de sorcière et Age s’agite, Age danse et Age s’approche d’Arizona un peu plus, comme un fantôme susurrant, faisant fi de son entourage, parce qu’après tout, l’enfer est sa maison.

Relâchement des rennes, libération de l'esprit, cataclysme imminent en approche, ouragan Age annoncé par tous les pores de sa peau. La gorge s'ouvre, laisse échapper un rire, un autre, incrédule, hautain, froid et malsain. Et Age est un animal libéré, muselière arrachée, s'effondrant dans un vice qu'elle a longtemps chassé. Et son esprit la pousse et repousse, près de l'abysse, immense et avide. Age esquisse un mouvement, un pas de danse. Les mains saisissent, griffes se plantent et la pulpe s'abîme sous la caresse trop brusque. La chute vient enfin, inévitable, et les hanches onduleuses d'Arizona se retrouvent sous les siennes, domination marquée, sang commençant à perler sur l'épiderme satiné. Et le souffle court, Age contemple son oeuvre, lippes dessinant une grimace qui se veut joviale.

Prouve le moi...

Et de ses mains dansantes, Age vient caresser les zigzags rougeoyants, maléfice empoisonnant l'air. Elle secoue la tête et ses cheveux or blanc, laisse échapper un soupir, presqu'un gémissement. Ses doigts s'agitent et elle resserre subitement ses genoux en une prise terrible pour la cage thoracique avant que ses muscles s'emballent et qu'Age disparaisse au creux des arbres, un défi lancé par le son déployé. Et elle court, libre, avide de prendre son envol et elle aimerait que les ailes se déploient, lui arrachent sa peau, déchirent son corps pour lui offrir une liberté à laquelle elle aspire. Elle avale les mètres, ignorant les marques aux sols, les hurlements de cette forêt. Elles seront châtiées pour ces heures de libertés, pour ces dangers caressants, mais ça l'enivre de savoir qu'elles contrôlent leur vie, juste quelques instants.

L’air furibond martèle un épiderme rougeoyant de froid alors que la plante des pieds arrache des mètres, avale l’espace, et le temps se distord sous le cœur battant. Borée ravit des perles cristallines de ses étreintes glacées et Age fuit, disparaît, comme elle l’a toujours rêvé. Mais la course est incertaine, bardée d’obstacles traîtres. Une branche la râpe, l’autre assassine son vêtement, déchirant l’ourlet d’un pantalon trop large pour ses fines jambes. Pourtant rien n’arrête, désir flagrant de fuir le monstre, de se fuir et d’échapper à toutes règles, d’abandonner le dictât de la vie pour celui de la survie. La chance de se dérober n’est qu’une illusion foisonnante de vie, distillant un poison qu’Age ne peut plus supporter. Et lorsque l’azur capte l’immaculée, son regard s’assombrit.

Heurt violent qui vient lui poignarder les tripes et Age s’effondre lourdement comme une valkyrie lasse d’un combat trop ardu. Une marée satinée de cheveux glacés s’étend autour d’elle, comme une auréole couronnée. Et l’Azur contemple le vide noirâtre, les branches noueuses d’arbres, se demande comment tout a pu déraper. L’espoir s’effeuille d’une normalité que certains considèrent comme abrutissante, mais Age aimerait tant ne serait-ce que tester. Mais l’Azur est happé par un Améthyste transcendant alors que la toxique fumée prend possession de ses poumons. Le sourire germe, moqueur et défait, et l’albâtre s’élève pour charmer la carnation rosée avant de saisir le filtre dépassant de ses lippes pour l’extirper puis le briser.

« En effet… »

Et elle se redresse lentement, phenix renaissant de ses cendres, grimace exubérante aux lèvres plaquée.

« Mais moi je n’hésite pas vois-tu... »

Elle esquisse quelques pas de danse.


« Au moins tu n’auras plus ta toxique fumée pour subsister. »

L’angoisse d’une fumée éternelle se dissipant gangrenant les poumons d’un goudron noir amenant le corps à s’oxyder se mue en une colère exaltant contre le vulgaire papier, maître d’un désir fulgurant et insatiable rendant esclave celle qui l’obsède. Les traits se déforment en une esquisse de jalousie obséquieuse et stupide, mais Age ignore car Age ne comprend pas le besoin grandissant d’attirer les prunelles glaciales dans l’azur sans limite. Mais la charogne s’abat, les chairs s’ébattent. Violence qui vient s’échouer contre ses os, caresser son visage d’une gifle amère alors que les mais se saisissent de sa frêle armature alors qu’Age ne résiste même pas à un envahisseur qu’elle appelle. Inexorablement les talons se reculent, l’arbre s’entiche d’Age, perce sa toison et vient lacérer sa chaire.

Aile écarlate d’une liberté sanguinolente se trace sur son dos écharpé, tandis que les griffes esquissent une danse obséquieuse sur un épiderme divinement saturé. Douleur qui éveille un monstre endormi, mais à peine enterré. L’azur reflète une colère sans frontière, et la gorge s’écharpe en un grognement bestial. L’amertume vient transcender ses lippes tandis qu’une promesses de douleur accomplis se forment sous la surface de sa cornée. Le sang s’écoule, filin vermeille, vie précieuse s’échappant de plaie striant la chaire. Hel s’éveille de toute sa splendeur tandis que la guerrière s’effondre dans un gouffre glacé. Sourires pervers qui déforment son faciès, l’albâtre se brise aussi facilement que le silence de la forêt interdite. Hel se relève, Hel s’élève dans une grandeur mortuaire et glacée. Car Hel est éternelle et damnée. L’azur s’assombrit d’une vision arrogante et la baguette se dégaine.

Accio à peine murmuré qui vient arracher le paquet des mains de sa tortionnaire avant qu’Hel s’en saisisse. Mouvement à peine visible, baguette qui s’agite et le paquet prend feu, libérant l’esclave adorateur de son esclavagisme volontaire. Son regard se tourne vers Arizona, triomphant de la douleur.

« Tu as échoué. »

La main s’élève vient caresser la chair, effleurer le crane avant de se s’en saisir et de renverser violement, révélant la gorge. Hel s’abaisse, les lèvres effleurant l’épiderme.

« Totalement échouée »

Et la main vient éteindre la dernière cigarette