Babylone c'est une urgence.
Une urgence qui court, qui court sans s'arrêter.
Une urgence passionnée, trop peu maniérée.
Une urgence qui aime, qui aime, qui aime dans la plus grande des folies.
Impatience qui longe les veines en se mélangeant à la douce excitation de l'adrénaline qui y danse déjà. Babylone est de ces gens qui ne savent pas faire semblant, de ce qui pour les choses les plus importantes -en ce qui les concernent du moins- ne peuvent pas mentir. Des émotions qui se lisent dans ses yeux par centaines et cette façon qu'elle a de vouloir que tout aille si vite. Si vite, si vite, si vite comme si tout allait exploser dans la minute qui arrive.
Babylone, c'est une explosion.
Une bombe qui s'abat dans vos vies sans rien demander.
S'impose à vos Êtres comme une évidence pour ne plus vous lâcher.
Et ça fait boom! Boom à longueur de journée.
Tornade qui pourtant s'efforce de ne rien briser, curative des cœurs émiettés qu'elle recolle de lumières et de sourires. Compréhensive Babylone qui écoute sans pourtant savoir conseiller. C'est une manière de fuir, toutes ces choses qu'elle dit parce que "crois-moi je sais de quoi je parle!" elle en balance des centaines tous les jours à qui veut l'entendre. Babylone fait du bruit, et hausse la voix pour ne pas s'entendre pleurer seule les nuits d'automne. Tristesse dans l'âme qui s'égare pour laisser place à la jeunesse turbulente et extravertie, jeunesse adorable et abordable, enivrante et enivrée.
Babylone c'est une passionnée.
Une passionnée dans ses bouquins qu'elle empile à son chevet.
Une passionnée dans la vie qu'elle affronte sans arrêt.
Une passionnée dans l'amour.
Un combat qu'elle sait perdu d'avance contre le Temps mais qu'elle n'abandonnera pas. Parce qu'elle se bat pour toutes ces personnes qui ont laissé tomber, comme si le poids du Monde ne devrait pas être sur d'autres épaules que les siennes. Courage, rigueur et honnêteté, guerrière au cœur pur qui se lance au devant du danger sans une once de réflexion, sans sourciller ni même pleurer. Ou peut-être une infime, elle qui pense toujours trop. Trop, trop, trop et trop vite. Tout le temps.
Babylone c'est un fil.
Celui sur lequel nous marchons droit, tout vers notre but.
Droit vers la vie sans ne jamais diverger.
Babylone ne connaît pas les raccourcis.
Rire cristallin qui s'envole joyeusement, humeur malicieuse qui égaye les environs. Elle est cette lampe lorsque la nuit se fait noire qui guide les corps et les âmes peine. Travailleuse et récompensée, amoureuse et adulée. Babylone a toujours mit un point d'honneur à suivre ses valeurs, paraissant naïve et idiote aux yeux de bien des gens. Mais c'est seulement qu'elle ne connaît que trop bien son amie la Mort, alors elle essaie de l'éviter malgré que elle aussi, elle l'aime énormément.
Babylone d'ailleurs c'est l'âme-sœur.
Tendre et attentive.
Mais la soeur qui hurle et répond sans aucun regret.
Babylone n'a pas peur.
Non, jamais. Amie fidèle, forte et fière parfois provocante parfois arrogante. Tendre délice qui nous frôle d'un sourire, d'une caresse du bout des doigts avant de filer sans un mot. Babylone est un vent chaud, celui de l'été même lorsque l'hivers vient geler les cœurs de ses flocons. Solaire et bien en vie.
Solaire et bien en vie.
Comme une prière qu'elle se répète du matin au soir.
Babylone c'est une mélodie, douce dans la forêt.
Quelques notes sucrées nappées de mélancolie.
Mais Babylone affirme aussi.
Toujours ses convictions.
Toujours son chemin.
Toujours ses envies.
Babylone c'est une urgence.
Une urgence qui court, qui court sans s'arrêter.
Qui aime, qui aime à en crever.
« Mamaaaaan... On n'est vraiment obligé d'aller à cette soirée ? »
« Bab, nous avons déjà eu cette discussion non ? »
« Mais les musiques sont nulles... ! »
« Aller prépare-toi s'il te plaît. »
Elle avait toujours détesté les soirées mondaines mais n'avait jusqu'alors encore jamais réussi à y échapper. Il y avait malheureusement des choses que même les plus épris de liberté ne pouvaient empêcher, alors elle avait bougonné encore et encore toute la journée, soupirant tout le malheur du Monde qui s'abattait sur ses frêles épaules puis s'était préparée docilement. Une jolie robe pour ne pas trop attirer les regards, elle savait pourtant que cet effort ne servait à rien puisqu'elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. On aurait dit des jumelles alors qu'en réalité elles étaient cousines, copies identiques de sang totalement différent. Du moins de ce qu'ils disaient, de par chez elle vous savez. Babylone n'avait jamais trop apprécié cette branche de sa famille qui les scindait en deux, parce qu'ils se disaient purs et n'hésitaient jamais à rabaisser l'honneur de son grand-père qui avait épousé une Moldue, parce qu'ils avaient décidé et que tout le monde s'y était plié. Alors elle n'avait pas vraiment le choix, vous comprendrez.
Il y avait du monde, du monde de partout dans ce grand salon orné de dorures et de tapisseries très anciennes en tout genre, du violon dans les airs et le brouhaha assourdissant des invités qui jacassaient dans leurs tenues de soie. Elle avait soupiré, navrée à peine arrivée de ce spectacle si affligeant qu'ils s'offraient avec condescendance et ces sourires d'hypocrisie. Mais elle avait sourit aussi, puisqu'il le faillait, elle avait sourit puis ses traits s'étaient détendus encore en une grimace d'ennui à peine cachée. Et finalement elle n'avait pas eu si tort que ça, cette soirée était d'une lenteur et d'une perfection qu'elle détestait, de plus elle ne savait pas danser alors tout le monde l'évitait. Ses iris azur s'étaient glissés alors sur cette silhouette presque égale à la sienne installée confortablement au centre de la table d'honneur à la vue de tous qui ne lui prêtaient aucune attention, c'était sa soirée pourtant. Mais Voltaire Abigaël Garrison, sang-pur proclamée et petite Princesse de la famille -entre deux rumeurs-, avait l'air bien triste de vie et bien seule aussi. Une enfant à plaindre qui pourtant n'attirait guère la pitié, Babylone savait que sous cette écrasante vérité qu'elle parvenait à percevoir derrière le masque, il n'y avait quasiment plus que de la cruauté. Sa cousine était adorable mais également beaucoup trop diabolique pour son jeune âge, totalement incompatible avec la maturité que ses 16 années lui avaient apportées.
Attention détournée par ses parents qui dansaient tout près, le sourire aux lèvres et le cœur léger à n'en pas douter, elle s'était approchée, faufilée entre eux deux pour les arrêter, le visage plus mécontent encore qu'au tout début.
« Diiiiiiiites, c'est quand qu'on rentre ? C'est horriiiiiiible ici... ! »
Presque deux heures d'écoulées et elle n'en voyait plus le bout. Sa mère avait étouffé ce petit rire, gentiment moqueur face à l'impatience grandissante de l'enfant et avait accepté finalement, à la suite d'un regard entendu avec son compagnon, qu'il était grand temps de quitter ces lieux. Ils n'avaient jamais rien eu à y faire de toutes façons, et Pré-au-Lards était un village où il faisait bien meilleur vivre qu'ici.
« Va chercher ton frère et rejoins-nous, on va saluer ta cousine. »
Ils n'auraient jamais dit "nos hôtes", n'auraient jamais pu se résoudre à parler du frère de sa mère comme des étrangers malgré la considération que ces derniers leurs portaient. Ils avaient bien eu, malgré tout, la gentillesse de les inviter à la cérémonie de pré-rentrée de leur chère enfant alors il fallait être respectueux, au moins un peu. Mais personne n'ignora les soupirs soulagés et les murmures cascadant d'une oreille à l'autre lorsqu'ils quittèrent la pièce, après tout, personne n'avait réellement comprit ce qu'un Moldu faisait ici ni même comment une femme si noble avait pu se marier avec. Seuls les Elfes de maison en plein travail leurs donnèrent un peu de baume au cœur. Ils resteraient néanmoins la honte de la famille, et les générations futures également, comme une maladie qu'on aimerait évincer.
Ils étaient morts ce soir-là.
Ils étaient tous morts.
Sa mère, son père et son frère aîné qu'elle aimait tant.Tous sauf elle, Babylone en sang au milieu des flammes qui léchait avidement les murs de leur habitation. Finalement il n'y aurait pas traditionnelle de contre-soirée cette année. Ni l'année prochaine non plus. Il n'y aurait rien, plus rien que des cendres, du sang et des larmes à jamais.
L'année qui suivit avait été catastrophique, personne chez les Gryffondor n'était parvenu à comprendre tous ces dérapages qui ne lui ressemblaient pas. Babylone si douée d'habitude, si passionnée et tellement attentive à tout autour avait été remplacée par une autre. Cette Babylone au regard pensif et aux mots évasifs, Babylone tête-en-l'air qui récoltait les échecs et dont les conneries et les mauvaises blagues n'avaient absolument plus rien d'amusant. Ça avait duré quelques mois avant qu'elle ne reprenne doucement le goût des choses. De longs mois pendant lesquels elle avait accumulé l'irrattrapable et lorsque sont venus les examens elle n'a pas su y répondre elle qui d'ordinaire finissait toujours dans le trio de tête. On l'a faite redoubler et alors elle a redoublé d'efforts en effet et petit à petit, le temps aidant, elle était redevenue celle qu'ils connaissaient tous. Babylone la joviale, Babylone le soleil mais Babylone avait besoin tout de même de plus d'épaules, de plus de chaleur et de réconfort. Malgré son objectif changé et sa nouvelle vision du monde, elle avait besoin de ce temps qu'on lui avait accordé sans délai.
Pour se reconstruire et parvenir à passer les vacances seule comme jamais auparavant. Car sa famille proche décédée n'avait en rien arrangé les liens qui l'unissaient à la plus éloignée et personne n'avait bougé ne serait-ce qu'un orteil pour l'aider. Tout le monde s'était désisté comme si elle n'avait jamais existé.
Poudlard lui a été dès cet instant d'une grande aide, elle avait décidé d'y passer ses vacances au moins le temps de sa seconde sixième année, puis elle avait réitéré l'expérience l'année d'après pour ne plus jamais arrêter. Et ses été elle les passait à Pré-au-lard aux Trois Balais dont elle s'était liée d'amitié avec l'aubergiste. Elles avaient négocié quelques travaux contre une chambre à bas prix pour que Babylone puisse vivre dignement. Quelques mois plus tard elle était parvenue à vendre sa maison qu'elle ne pouvait plus se permettre de garder ni d'entretenir et l'auberge était devenu son nouveau chez soit. Sa maison s'était agrandit, passant de sa demeure de naissance à ce petit coin du Monde qui comprenait l'école et tout son village. Parfois elle se dit que s'ils n'avaient pas été là... Sans oser penser à la suite.
Jamais.
•••« Je m'occupe de vos animaux, je vous obéis sans un mot et je me mêle pas d'vos trucs c'est ça ? »
Elle semblait réfléchir aux conséquences de ce qui résulterait de ce contrat oral qu'elle s'apprêtait à signer. Assise sur sa chaise, dos salement posé contre le dossier et les jambes croisées, elle l'avait regardé, puis elle avait sourit. "Vous savez, j'suis pas un toutou, j'veux apprendre et bosser ici plus tard c'est tout." qu'elle lui avait dit sans détour. L'infirmerie de Poudlard avait quelque chose d'assez effrayant quand on y pensait, peut-être était-ce dû à la présence de son infirmier en chef qui faisait tourner autant de têtes qu'ils en faisait se pisser sur eux. Mais Babylone n'avait pas peur bien au contraire, avides de connaissance elle avait cette soif d'apprendre qui ne l'empêcherait pas d'intégrer cet endroit l'année prochaine. Peu importe ce qu'il pourrait en dire.
Et puis Miss Scamander avait accepté, elle avait même appuyé la demande alors...
Enfin, à une condition. Encore une.
« Puis vous savez, avoir une tête gentille pas très loin ça accélère la guérison. Du coup vous aurez moins d'casse-pieds 'voyez ? »
L'année prochaine c'était dans deux mois.
Sa dernière année.