Hell is our nation || Caïn de Shrewbury & Valentyne Rosebury

Hell Is Our NationFeat. @Valentyne Rosebury & @A. Caïn de Shrewbury

Diamants, rubis, saphirs et émeraudes. Pierres précieuses, brutes et fines, ciselées et impures, s'écoulant sans douceur dans des sabliers enchantés. Une bien piètre façon de représenter les différentes maisons qui semblaient régir les élèves du Château. Cependant, il y avait là un motif, quelque chose de symbolique. Le rubis était le plus courant, le plus vulgaire, se mariant à l'or, friperie et camelote ordinaire. Le saphir était déjà plus noble, plus intéressant, mais froid et inhumain, dépourvu de qualités qui l'auraient rendu plus... subtile. Le diamant, mystère incongru au vu de son association aux jaunes, était la plus pure des pierres mais aussi la moins flexible, la plus difficile à travailler, la plus sauvage. L'émeraude était, de son côté, celle qui se mariait à l'argent aussi bien qu'à la platine, qui ravissait yeux et cœurs, pierre chaleureuse mais indifférente à la fois, à la couleur des arbres dont les sommets balançaient dans les nuages. Une roche précieuse si particulière et raffinée, que tu n'osais même pas défier son allégeance à la maison à laquelle tu as été associée à ta venue ici.
Préfète à Beauxbâtons, tu en avais fait la demande ici, mais une greluche banale et inintéressante avait déjà été sélectionnée pour le poste. Ta colère fut parfaitement maitrisée, masquée d'un sourire froid et menaçant, alors que l'indignation portait ton sang à ébullition. Heureusement, il se trouva que tu pouvais être utile d'une autre façon, discrètement et silencieusement, espionne pour les deux autres préfets dont tu avais fait la connaissance approfondie à l'intérieur de la salle commune en pavés de pierre froide.
Ton sourire blanc et vil s'étira lorsque tes yeux perçurent Valentyne, suivie par des prétendants tous aussi pathétiques que les autres, indignes d'une femme comme elle, mais qui tels des chiens errants, croyaient être à la hauteur de l'étoile qu'elle formait. Ce qu'ils semblaient ignorer, c'est que les traînées derrière les étoiles sont vouées à la destruction et à la combustion instantanée.
Alors, Rosebury, depuis quand tu as des laquais ?
Un rire à peine camouflé retentit derrière ton dos et tu n'eus pas à te retourner alors que Caïn, noble serpentard aux allures de prince des enfers, vint se poster non loin de toi, un regard à la fois amusé et teinté de jugement dirigé à ton encontre. Tes épaules se haussèrent et tes lèvres s'étirèrent davantage, car tu savais ton humour morbide partagé.
Jaloux, Shrewbury ?
Une hésitation, un doigt fin levé en signe d'intense réflexion, et la voix se plie à des inflexions sarcastiques et ainsi manipulée s'écoule des lèvres tordues en un rictus satisfait.
De Shrewbury, bien sûr, comment daignais-je oublier, Sire.

Hell is our nation

Le Hall d'entrée aux heures de pointes avait des airs de fourmilière assourdissante, comme si tous ces gens dont elle ne connaissait pas les noms s'étaient fait passer le mot pour l'ennuyer de bon matin. Un concours à qui hurlerait le plus fort probablement dans l'idée absurde de la voir sortir de ses gonds au moins une fois dans l'année. Ils avaient l'air fiers ces garçons qui passaient et repassaient autour d'elle sans qu'elle n'y prête la moindre attention. Jusqu'à ce que l'un d'eux la bouscule. Un Serdaigle. Moins cinq points. Non Valentyne n'était pas réellement de bonne humeur, rares étaient les fois où elle l'était après tout. Alors elle s'était avancée, suivie à nouveau de quelques personnes un peu en retrait, en direction de la raison de sa présence ici. Agnès.

« Sois gentille et trouve-nous un lieu plus discret la prochaine fois, que je puisse apprendre à ces messieurs à quel point il est agréable de me connaître dans mon entièreté. »

Qu'elle leur fasse comprendre surtout qu'il valait mieux ne pas s'approcher trop prêt. Mais ton regard avait ce quelque chose de menaçant aujourd'hui, Caïn. Lorsque tu poses ses iris sur eux, ils déguerpissent presque aussitôt, allez savoir pourquoi. Peut-être étais-tu réellement jaloux après tout.

Valentyne n'aimait pas la foule, elle ne s'y sentait pas à l'aise du tout et pourtant rien n'en transparaissait. Ils n'y avait probablement que vous deux pour remarquer que ça ne lui plaisait pas, peut-être toi encore plus Caïn. Toi qui la connaissait par cœur après toutes ces années, presque comme une fille, comme une sœur et elle trouvait cela bien pratique parfois. Elle n'avait pas besoin de dire que ça n'allait pas. Tu le savais. Et Agnès aussi probablement.

« Bien le bonjour, Sire De Shrewbury. »

Elle avait articulé ces mots pleins d'ironie, les lèvres étirées d'une esquisse malicieuse qui, si on ne la connaissait pas, aurait pu passer pour de la sympathie. Ce que les autres ne savaient pas c'est que ça l'était réellement, de la taquinerie à ton égard Caïn parce qu'après tout ce statut t'allait si bien. Un sourire adressé à Agnès en retour, complicité informulée, faible mais pourtant bien présente. Bien trop présente pour qu'elle ne puisse l'ignorer.