Vous voilà désormais arrivez dans les jardins de l’école avec le sentiment du devoir accomplie. Cette partie est déserte ce soir, vous étiez seul et vous n’entendez quasiment plus la musique qui s’émanait de la grande salle. A peine, votre danse s’était-elle stoppée que tu regrettais déjà de ne plus sentir son corps contre le tien, son battement cardiaque si élégant. Cependant, il fallait voir les points positifs, tu allais enfin pouvoir satisfaire cette soif qui commençait à se faire très oppressante. Cela faisait très longtemps que tu n’avais pas laissé cette envie aussi longtemps insatisfaite, tu la sentais, qui commençait à ankyloser tout ton corps, comme une plante parasite qui étendrait petit à petit ces racines pour prendre le contrôle de son hôte si jamais on ne lui apportait pas ce qu’elle désirait. Tu réalisais bien que avais sous-estimé ton état de soif et qu’il était grand temps de la satisfaire afin que cela ne dérape pas. Tu allais te saisir de ta flasque quand ta chère partenaire te devança avec surprise. Tu ne comprenais pas vraiment ce qu’elle était en train de faire là. Tu la voyais s’éloignée avec le précieux liquide et avec lui, ton corps qui commençait à s’agiter. Tu la vois porté le contenant à ses lèvres, tu vois ces petites perles rouges qui parcourent ses lèvres, tu imagines le filet pourpre qui parcourt maintenant sa gorge et tu imagines ressentir cette divine sensation ferrique dans la tienne. A cette pensée tu te vois vrillé, t’imaginé prendre pleinement sa bouche pour récupérer les derniers reliquats de ce fluide que tu désirais tant. Tu te sens commencé à perdre le contrôle et cela te terrifies, te glaces le sang, ce même sang qui occupait quasi-intégralement tes pensées désormais. Tu observais sa moue de dégoût qui t’aurait d’ordinaire amusé mais là tu ne voyais que ses doigts qui essuyais les quelques gouttes scintillantes qui avaient un peu trop coulées sur sa peau. Tu étais sur le point de tomber dans la folie hémoglobinique et ça tu ne le voulais pas, tu devais résister encore quelques temps. Tu étais tout de même capable de te tenir un peu plus que ça ! Il fallait que tu récupères cette flasque et vite afin que tout rentre dans l’ordre et que vous puissiez terminer cette soirée sans accroc. Croc…

Soudainement, alors que tu t’approchais de la charmante brune, tes yeux embuées par le désir sanguinaire tombèrent à nouveau sur sa ravissante et appétissante nuque. Tu plantas alors tes canines dans ta lèvre inférieure avec force, comme pour te sortir de cette torpeur dangereuse. Tu ne pouvais pas lui faire cela, tu devais te tenir, tu avais un rang trop important ici et au ministère pour te laisser aller à de pareilles pulsions, mais cela faisait si longtemps que tu n’avais ressentie le goût fin et délicat du sang humain et qui plus est du raffiné sang de femmes. Tu accentuas la pression sur des crocs, jusqu’à sentir des lèvres commencer à se percer et à sanguinoler, te battant avec toi-même pour ne pas planter tes canines dans autres chose. Tu l’entendais poser des questions au loin, mais tu étais trop concentré dans tes pensées, dans le fait de répulser toutes ces choses, que tu ne pouvais plus les écouter.

Une fois arrivé à sa hauteur, tu allais tendre le bras vers la flasque pour la récupérer, obligeant ton regard à se concentrer uniquement sur ton objectif quand une de ses questions arriva à ton oreille malgré toi :

-"est-ce que… le mordu… souffre ?"

Ton cœur pilonnait ta cage thoracique, il fallait que tu fasses semblant de n’avoir rien entendu, ne plus penser, ne plus réfléchir et tout cela sans te laisser aller pour autant. Tu repoussais les images de tes deux pointes effilées plongeant dans son épiderme délicat et la vue de son sang si doux qui affleurait à la surface de tout cette scène de crime. Alors que tu allais t’en saisir, tu vus soudainement la bouteille disparaître de ton champ de vision et aller se loger dans le bustier de ta tortionnaire. Tu n’étais plus qu’à quelques secondes du drame, imminant désormais. Elle voulait jouer mais tu le savais elle allait sans mordre les doigts et toi aussi si on ne stoppait pas rapidement la partie. Morde, Mordre, Mordre… ce mot tournait en boucle dans ta tête depuis que tu l’avais pensé, entendu, imaginé ? Tu ne savais plus, tu ne savais plus rien si ce n’est qu’il te fallait agir. Résister à ton corps tout entier commençait à être de plus en plus insoutenable et tu entendais tes mots se déformer sous la douleur et pour une rare fois, tu voyais tes sensations se relevés transparentes.

-"Mademoiselle Adams… s’il vous plaît, rendez-moi cette flas…que. Croyez-moi perso…nne n’a envie de voir la suite si… je n’ai accès à cette derni…ère rapidement !"

Tu la voyais partir, commencer à courir ses talons à la main, les cheveux soufflés par le vent frais de la nuit, dégageant au passage son cou si appétissant. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait, ou alors elle ne le savait que trop bien, bien au contraire. Tu priais pour ne croiser personne sur le chemin de ta course, car tu n’étais pas sûr de pouvoir encore résister longtemps, si on te présentait une nouvelle proie autre que celle en robe élégante qui s’agitait un peu trop à ton goût. Enfin, tu n’avais surtout pas réfléchi énormément et avait commencé à poursuivre à vive allure la jeune femme, instinctivement, comme tous les prédateurs qui voient leur repas leur filer entre les doigts. Heureusement pour toi, même si tu ne t’en rendis pas vraiment compte complètement absorbé par ta folie sanguinaire, mais ta collègue s’était dirigée vers une zone quasi-déserte du jardin avec toute la malice qui la caractérisait.

Boosté par ta soif d’hémoglobine et l’adrénaline, tu ne mis pas longtemps à la rattraper, surtout qu’elle ne courait pas vraiment vite. Tu la plaquas sauvagement sur un sol qui semblait fait d’une sortie d’herbe semblable à de la mousse. Tu lui faisais face, tes canines toutes pointes dehors, les mains sur ses hanches, la dominant de tout ton poids, de toute ta force, de toute ta soif. Tu plantas à alors tes crocs avec forces dans le creux de son cou, cependant, tu fis attention à ne pas toucher les gros vaisseaux dont tu pouvais presque voir le flux tellement il t’envoutait. Sauvagement mais avec intelligence, c’est comme ça que tu avais toujours fait avec tes « proies ». Tu sentais le fluide pourpre épais se délayer peu à peu dans ta bouche sous l’effet de ta salive. Ce goût ferrique si raffiné, si doux et puis sans oublier cette magnifique sensation, ses splendides arômes de sang frais, cela faisait des années que tu ne les avais pas ressentis. Tu pouvais sentir les battements de son cœur dans ta cage thoracique qui en faisait caisse de résonance, te laissant bercer par ce doux rythme.

Tu ne traînas cependant pas trop longtemps afin que cela ne soit pas dangereux pour elle. Tu défis ensuite ton nœud papillon et appuyas à force sur les deux plaies que tu venais de lui faire afin d’arrêter le saignement. Tu commençais à revenir dans ton état normal mais tu ne quittais plus ces yeux, ces deux prunelles que tu avais admiré toute la soirée et même si tu t’étais interdit de fréquenter tes collègues Echo, tu aimais trop les belles femmes pour ne pas succomber au charme de la douce professeure de divination. La situation ne pouvait pas mieux s’y prêter et comme encore habité pas des instincts bestiaux, abandonnant toute réflexion, tu remontas doucement ta main gauche du creux de ses hanches jusqu’au derrière de sa tête et tu terminas ton geste en liant avec passion vos deux.

Tu décollas tes lèvres des siennes quelques instants. Ton regard avait changé, oui ce n’était plus le même qu’au bal tout à l’heure mais pas non plus le regard de bête assoiffé de sang d’il y a quelques minutes, s’en était un tout autre, un peu entre les deux d’ailleurs, c’était celui du séducteur, cette autre partie de toi que tu t’efforçais tant bien que mal de cacher en ces lieux.

-"Décidément, ce soir, je ne peux pas vous résister !", lui lanças-tu avant de te saisir de ses hanches et de te délecter à nouveau du goût de sa bouche mélangé à celui de son sang qui s’écoulait doucement d’une toute petite coupure que tu lui avais sans t’en rendre compte lors de ton premier baiser.

Elle se détacha doucement de ton étreinte te laissant seul avec un mélange d’excitation et de frustration malaxé par ton cœur qui battait la chamade. Tu fus surpris de sa réaction et tu eus alors peur de l’avoir déçue ou bien apeurée mais un clin d’œil bien placé de sa part dissipa finalement tes doutes naissants.

Elle s’était redressée et avait sorti la bouteille de firewhisky de ta veste et tu fis de même, t’asseyant doucement en face d’elle. Tu sentais que tu regagnais progressivement ton état normal et que le désir vampirique qui avait pris possession de ton être s’éloignait doucement en essuyant sa figure ensanglantée. Elle te fit ensuite des remarques sur les sensations qu’elle avait ressentie et sur ta légère brutalité. Elle semblait étrangement satisfaite de cette expression et suite à ces mots un très léger sourire habilla tes lèvres. Le mot « calice » vint alors subitement se loger dans ton crâne avant que tu ne le repousses quasi-instantanément. Il était tout bonnement hors de question pour toi de ne serait-ce qu’envisager cela. C’est vrai que l’idée d’avoir une réserve de sang frais et humain ne pouvait que te faire frissonner de plaisir mais cela ne compensait pas l’inquiétude que tu pouvais ressentir à avoir une relation aussi particulière et engagé avec une personne.

Une question de ta collègue te sortie finalement de tes réflexions. Tu replongeas alors les yeux dans les tiens essayant de les réguler à nouveaux afin de perdre ce regard bestial de créature affamée. Sa question était en effet plus que légitime mais tu n’avais vraiment pas l’habitude de tutoyer les autres et encore plus rarement les femmes, que tu ne côtoyais rarement plus d’une nuit qu’en tout cela devenait intime. Tu fermas quelques courte secondes les yeux afin de ne pas être hésitant et balbutiant, afin de cacher les quelques difficultés que tu ressentais à répondre à cette interrogation.

-"Ca résulte simplement de mon éducation, je suis comme ça je n’utilise que très rarement le tutoiement mais si telle est votre… enfin ta volonté je commencerais à te tutoyer."

Cela t’était étrange de lui parle comme cela. C’était idiot d’ailleurs. Tu n’avais pas eu de problème pour lui prendre la bouche mais pas comprendre utiliser le « tu » en t’adressant à elle cela te dérangeait à moitié. De toute façon tu savais pertinemment que tu n’avais pas la même manière d’aborder tes relations de séduction avec les femmes que tes autres relations sociales. Même si ici, cela te semblait différent, presque à la croisée de plusieurs chemins différents. En effet, elle était ta collègue, tu la voyais presque tous les jours et malgré ta volonté toute relative, vous aviez fini par vous séduire et elle allait sûrement finir par être ton amante d’une nuit. Pour toi qui aime bien les limites et les séparations cette situation t’étais quelque peu compliqué D’un autre côté tu savais que tu intellectualisais trop ce moment, comme d’habitude. Tu t’amusas presque à penser que c’était plus simple quand tu étais encore à moitié possédé par ton instinct animal et que tu avais arrêté de sur-réfléchir tes décisions.

Tu la regardais déboucher la bouteille avec son grand sourire de femme-enfant impatiente et cela te faisait rire. Tu avais envie de la connaître plus et aussi d’en deviner plus sur son passé car tu savais pertinemment qu’elle n’allait rien te raconter sur ce dernier comme cela. Elle était comme toi au final. Sauf qu’elle ne dissimulait pas tous ces sentiments derrière des manières et un flegme à tout épreuve mais avec une folie douce plus élaborée que ça n’en avait l’air.

-"Vous vous plaisez-ici, enfin,", tu t’éclaircis la voix avant de reprendre"Tu te plais ici ? A Poudlard, je veux dire", fis-tu en désignant de la tête le gigantesque château qui se dressait à côté et au-dessus de vos têtes.

Tu faisais attention à tes questions car tu savais qu’il y avait de grande chance qu’elle te les renvois ensuite. Tu les sélectionnais alors avec soins, évitant celles auxquels tu ne voulais pas répondre toi-même.