Un jour de plus dans les archives internes, un grain de sable qui vient bloquer toute la machinerie et fait fumer l'organe principal dans un sifflement rude. Sa main vint se crisper sur le haut de son vêtement et son regard se languit. Cours qui n'en termine pas, voix monotone d'un enseignant fatigué de ses propres problèmes, comment en gérer dix de plus. Son crayon s'abandonne à des formes abstraites, il n'est plus question de réfléchir mais d'espérer. Espérer une fin qui se fait désirer, sa lèvre saigne, elle veut fuir. Regret ferme les yeux, tente de se calmer, mais la névrose s'empare peu à peu de son cœur et rend le tout détestable et laid.
Son corps se penche légèrement en avant pour tenter de respirer plus aisément, ses doigts se logent dans ses cheveux courts. Vingt minutes qui en semblent le double, et enfin le glas sonne.

Premier éclat et première échappé d'air, elle se lève, ramasse le tout dans son sac et sans accorder la moindre importance à son univers dégradant elle s'y échappe. Elle déchire le tout, se créer une fissure et se glisse lentement dans ce bain de solitude. Seule en face de ses doutes, elle ne se permet pas une seconde de s'y attarder, ce serait définitif. La demoiselle accélérait le pas, ses iris vagues semblent appeler la tranquillité mais rien ne vient.

Dehors il faisait beau, c'est rare et précieux, le printemps revient. Les éclats de rire sont plus faibles dans ce côté de l'école, et c'est tout à son bonheur, car la sorcière préfère le silence aux exclamations, dans tout les sens possibles, pour mieux pouvoir se plonger dans les abysses infimes de son être. Regret marcha en direction d'un banc livre et vint s'y installer, ses yeux se ferment et elle ressent sur ses paupières les caresses d'un soleil timide.

Le temps s'impose en grand maître et tout semble plus fade. Sa tête se baissa légèrement et ses mèches vinrent cacher son visage absent. Une douleur sans nom qu'elle ne parvenait pas à identifier, et pourtant bien présente, car destructrice, elle tiraillait son cœur et ses intestins. Tout se tordait dans son ventre. Elle désire une étreinte et une caresse, mais aussi du mépris et du courage. Ce doux mélange n'existe pas chez l'humain, et même si elle le trouvait, elle ne pourrait pas l'atteindre de là où elle est. Howard est réaliste. Howard est maligne. Howard est triste.

Le but même de l'angoisse, c'est d'ignorer le pourquoi du comment, en opposition avec la peur, à laquelle on sait pertinemment l'objet de notre mal être. S'en est malsain et c'est si frustrant que tout les sens semblent bouillonner, s'entrechoquer pour trouver une réponse logique à cela. Son état ? Son passé ? Un garçon ? Si seulement.
Sa poigne sur ses cuisses se crispe et elle reste là, les épaules basses, présente et si loin du temps présent.

Noyée dans ce mutisme mutin, elle se protégeait de ses murs invincibles, elle procédait à cette mue sentimentale qu'elle faisant encore et encore. Effacer la saleté sur son corps détruit par cet handicape, devenir simple insecte vide, coquille venteuse. C'est si simple, à la porté de tous, mais personne n'ose devenir ce cafard laid qui se contente de ramper aux pieds des autres. Ses pensées vinrent s'écraser contre les roches de la réalité, une voix la fit sursauter et un contact brûlant sur sa peau, lui forçant à relever le menton. Regret ouvrit de grands yeux, et son visage s'adoucit comme instinctivement. Patrick, le meilleur des professeurs, l'unique avec qui elle osait partager un sourire sincère. Le début du printemps, il l'apportait avec lui, dans son sillage l'air se faisait plus doux et le vent plus chaud. Une lueur vint s'incruster dans le fond de son iris et elle s'égara un instant à observer l'angle de sa mâchoire, son cou, et cette tâche de poussière que rapidement il essuya, faisant sourire la jeune Serdaigle. Précieux.

Mais quelque chose l'irrita tout particulièrement. Non, le mot était mal choisit. Cela l'inquiéta grandement, et à une vitesse vertigineuse. Ce poison légalisé à l'odeur infecte. Trop sorcière pour connaître les coutumes des moldus, trop puritaine blasphématoire pour pouvoir comprendre toutes les subtilités des êtres simples, l'unique paquet de cigarettes qu'elle avait vu une fois par mégarde avait inscrit en gros «  fumer tue. » depuis, elle tenait en horreur cette pratique de s'éliminer à petit feu, en particulier quand cela touchait à Patrick.

Sa main vint s'accrocher à la manche du brun et dans ses yeux on pouvait y lire une peur naissante. D'un petit non de la tête, elle exprima son malheur sur le fait qu'il consomme de la fumée létale. C'est limite si les larmes ne montaient pas. Doucement, la demoiselle sortit son petit carnet, car elle n'avait pas la force de communiquer avec une langue bancale, et munit de son stylo, métaphore de sa voix, elle écrit un petit

« Ne fume plus »

En soit, elle venait de répondre à la première question ; oui, elle a un soucie, la santé du professeur. C'était aussi un moyen de ne pas lui dire pourquoi son moral avait tant chuté, car elle ignorait pourquoi, et même si elle avait une petite idée sur la raison, elle en aurait bien trop honte. Assumer ainsi ses faiblesses, c'était exposer tout le reste.

Ceci dit, Patrick était bien trop bon avec elle, alors elle fit l'effort – que rarement elle fait, d'ajouter une autre phrase à la suite de cela

« Même sale tu arriverais à rester impeccable » Son écriture était tremblante, de peur d'ennuyer le professeur en mettant trop de temps à écrire, elle faisait au plus vite, et lui afficha un petit sourire timide en lui montrant les pages.