i'm done pitying myself ♛ solo

i'm done pitying myself solo et je cours, je me raccroche à la vie je me saoule avec le bruit des corps qui m’entourent

La semaine fut longue.
Tournois. Disparitions. Mort.
Ce mot avait toujours été si familier dans son vocabulaire. Si proche, comme une vieille berceuse qui l'enlaçait de ses doigts glacés. Mort. Tout était si loin maintenant. Mort. Elle avait toujours voulu plaire, pour le jour où elle serait
morte
Elle avait toujours eu peur d'être oubliée une fois
morte
Et il y avait eu Dawn. Dawn était morte. Elle n'aurait jamais pu le prévoir. Pas de maladie, pas de signes, juste des cœurs meurtris et un silence comblé de lucioles disparaissant dans une brume nocturne.
  Aelys se passa le visage sous l'eau, regarda les gouttes d'eau retomber dans un triste rythme dans l'évier. Elle n'avait pas sourit ses derniers jours, mais pour des raisons qu'elle pouvait difficilement articuler.
Ce n'était pas tant la détresse de ceux qui étaient revenus, et la perte de ceux qui ne l'étaient pas. C'était une peine différente, la peine de n'en avoir jamais eu. D'avoir toujours regardé les problèmes d'autrui comme des futilités. D'avoir vu leurs larmes et de se mordre la langue amèrement, en se disant que ce n'était pas cela, la douleur.
La douleur c'était elle. La douleur c'était vivre. Elle enviait les morts parfois, et leur catatonie paisible.
  Et il y avait la lumière parfois. Il y avait Olympe, qui acceptait toute son amertume et sa douleur. Il y avait Edwyn, qui la poussait à regarder plus loin que des doutes et des peurs. Il y avait les longues quêtes avec Danil à oublier les jours et rêver au-delà de leurs sourires.

Et elle était en vie.

Et elle respirait.

Elle n'était pas Dawn.

Elle n'était pas

morte.

Elle était douleur mais elle était vivante. Et elle respirait. Elle pouvait rire. Plus Dawn. Plus maintenant. Plus jamais.
Elle en avait marre. Marre d'être elle. Marre de se complaire dans la pitié. Elle voulait plus que cela, maintenant.
Et le jour où elle le serait (morte), est-ce qu'elle n'aurait rien de plus ? Quelques sorts et un nom dans un journal, qui prendrait la poussière ? Est-ce qu'elle serait juste une malade ayant succombé.
Est-ce qu'elle serait quelqu'un ?
Est-ce qu'elle était quelqu'un ?

  Elle regarde le papier dans sa poche, certificat de maladie, demande d'exonération pour sa participation. Oh, elle pouvait probablement le faire signer à Yaroslav, ses parents savaient comment faire pression, si quoi que ce soit, et ils mourraient d’inquiétude pour elle si elle participait. Toujours inquiets. A l'empêcher de faire des choses que même sa maladie ne l'empêchait pas en soi. Est-ce qu'elle risquait vraiment quelque chose, au final ? Peut-être un peu plus que le reste, mais c'est tout.
Et elle resterait sur le banc.
Ou elle participerait sans volonté.
Et on aurait pitié.
Pitié de la petite fille handicapée, ici malgré elle.
Pitié.
Alors qu'elle était vivante.
Et Olympe s’inquiéterait. Et Billy. Et Edwyn. Et Maybelline. Et Soleil. Et Snezana. Et Lola. Et Danil. Et Andy. Et Beckett. Et merde, Vega aussi peut-être.
Parce qu'elle s'était laissée protégée. Être un fardeau.
Alors qu'elle était vivante.
Qu'elle était sorcière.
Qu'elle était aimée.
Qu'elle était plus capable de se défendre que Dawn ne le pourrait jamais.
Elle jeta le papier au fond des toilettes.

Elle en avait marre d'avoir pitié d'elle-même pour des raisons qui lui étaient apparues comme des évidences.
Pour des raisons qui n'étaient que des désillusions et des fuites.
Cette fois elle serait forte.
Cette fois elle se battrait.
Et plus jamais elle ne se plaindrait ou ne se laisserait plaindre.

Plus jamais elle n'oublierait qu'elle était vivante.