Boys will be boys - PV RUBEN

Assis dans les fauteuils les plus confortables, ceux qui étaient juste devant l'âtre crépitante ; Hylas attendait, les yeux rivés sur la porte de la salle commune.

Ce soir-là il n'avait pas mangé ; Son estomac tant bien que mal, tentait encore d'ingérer sa monstrueuse fierté qu'il avait décidé d'y enfourner plus tôt dans la journée. Mais devant un morceau aussi conséquent, son système digestif peinait à remplir sa fonction première et pour l'instant rien n'avait été dissous. Alors Hylas s'était résolu à prendre son orgueil en bouche, à en mâchouiller longuement tous les morceaux les plus indigestes et depuis une trentaine de minutes il les ingurgitaient petit à petit dans un processus aussi long que laborieux.

Hylas avait rarement l'habitude d'ouvrir un oeil sur ses rares tords, encore plus quand ceux-ci appartenaient à un passé révolu parce que, dans une fantastique gymnastique mentale, il s'arrangeait toujours pour être du juste côté et ainsi les rares fois où il devait accepter une faute, c'était toujours à contre-coeur.

Hylas ne s'autorisait jamais l'erreur.

Mais il savait qu'il en avait commise une et elle était tristement humaine. Sur le bois de la porte, ses souvenirs passèrent le film de ces évènements révolus ; Il se revit animé d'une rage dont il avait oublié les parents, gesticuler devant Ruben, hurler sa colère dans tous les nerfs qu'elle avait, puis exploser comme une météorite qui se fracasse contre la croûte terrestre.

Il avait quitté l'équipe comme ça ; Au paroxysme d'une dispute et faisant un serment sous l'égide de la colère, s'était juré de ne pas revenir. Il avait tenu cette promesse à son orgueil et avait continué sa route sans jamais faire un pas en arrière. Mais Hylas avait toujours eu ce regard en coin à jeter par dessus son épaule et à présent qu'il voulait revenir, la pente ne lui avait jamais semblé aussi raide.

Le mont escarpé arborait le nom de sa fierté malvenue et Hylas savait bien qu'il ne fallait pas l'escalader mais plutôt la démolir.

Si seulement il avait pu le faire en agitant sa baguette.

Sa gorge le démangeait - Il brûlait d'enfin affronter son monstre et d'en avoir enfin fini avec mais Ruben n'était toujours pas arrivé.

Il attendit cinq, dix, quinze minutes. Vit défiler devant lui beaucoup de gryffondor ; Toutes sortes de personne sauf le capitaine de l'équipe de quidditch. Hylas pesta. Il était impatient. Enfin la carrure imposante de Ruben s'entrecoupa dans l'encadrement de la porte et Hylas le héla, retira ses pieds du fauteuil qui lui faisait face pour que son ami puisse y prendre place.

- Bien mangé ?

Hylas aurait voulu aller droit au but mais sa gorge était toujours encombrée, le forcant à être circonspect. Mais sans se laisser dérouter, il reprit avec cette affabilité qu'on lui connaissait si bien.

- J'ai entendu dire pour l'équipe.. Ca va ?

Le ventre rempli, tu ressentais désormais le besoin de repos - et de préférence, au sein de ton dortoir. Il n'y avait plus de places et tu as la terrible impression d'avoir pris 50kg d'un coup : tu avais trop mangé - et beaucoup trop rapidement. Un aliment en plus et tu recrachais la totalité du repas. Alors, tu veux fuir la grande salle, fuir car l'odeur de la nourriture t’écœurait à présent. Qu'est-ce qu'il t'a pris à tout dévorer comme un ogre ? La faim d'un grand costaud. Tu désirais tellement, tellement te jeter sur ton lit - chose que tu voulais le plus voir, en cet instant précis - et écraser ton ventre gonflé contre celui-ci. Néanmoins, tu décides de faire un petit tour dans la salle commune - comme à ton habitude.

Bref, tu finis par y pénétrer et constate qu'il n'y a pas vraiment la foule ici. Tu remarques la présence d'Hylas. « Bien mangé ? » tu donnes deux tapes contre ton ventre. « Comme tu peux le voir... Non je veux plus entendre le mot manger, je me sens pas très très bien et j'ai super envie de dormir. » et comme tes gestes ne suivent jamais tes paroles, tu finis par t'installer sur le fauteuil face à ton ami, jadis, un très vieux membre de ton équipe. Ah, après tout il t'a libéré une place, tu pouvais roupiller n'importe où et à n'importe quel moment - et en réalité, il t'était facile de t'endormir dans votre salle. Tu croises les bras, le regard figé sur le plafond, le pied qui se balance dans le vide, tu finis par bailler tout en lâchant un espèce de rugissement étrange. « Woah la vache, la bouffe m'a refilé un de ces coups de barre. » pas de productivité pour aujourd'hui Ruben. Quelle ironie. Tu te souviens de la fois où tu en as fait baver à Cannelle avec tes cours de sport pour l'entretien du corps. Ça te fait sourire.

C'est bizarre, mais tu sens que quelque chose cloche Ruben. D'habitude, tu es une bille pour sentir ces choses-là. Mais quelque chose tracasse le Gryffondor. Le silence te le fait dire. Mais tu penses te tromper dès lors qu'il reprend la parole. Ah. Rapide coup d’œil en sa direction, et tu t'étires en te grattant la barbe inexistante. « Ça va, c'est la vie, les imprévus, les choses changent, les choses évoluent, les amis partent. C'est comme ça. » Non pas que tu en avais l'habitude. Bien sûr, tu te souvenais très bien du premier gros choc : le départ il y a quelques années de ça, du blond même qui se trouve à tes côtés. Coup dur. Départ après une violente dispute. Ça a failli ruiner votre amitié, mais vous avez réussi à surmonter tout ça. Le passé, c'est le passé. tu aimerais voir les choses de cette manière. évidemment, chaque départ sur chaque année fut toujours difficile. mais cette année, c'était différent. Ton équipe comptait de réels amis, de lien fort, malgré tout ce que l'on pouvait croire et malgré vos nombreux règlements de compte sur le terrain. Tu les as sincèrement aimé comme des membres de ta famille. C'était ta famille. et les voilà littéralement tous hors d'équipe, ou hors de Poudlard même. Tu y repenses, et ça te fait beaucoup plus de mal que ce que tu essaies de faire croire Ruben. Capitaine, et tu t'es senti complètement déboussolé. perdu. largué et surtout : seul. abandonné. T'aimerais imposer tes distances, ne pas t'attacher à ton équipe, mais au delà des match, des défaites, des victoires, et de membres, tu voyais toujours beaucoup plus loin. Parce que c'était toi.
Parce que ressentir de l'attachement après une ou plusieurs année ensemble, c'était normal.
C'était normal.

Et tu allais sans doute revoir le film et connaitre le même sort. Et dans pas longtemps, tu partirais toi aussi, tu laisserais tous ces souvenirs derrières toi. Le Quidditch était ta plus grande passion. Toi qui pensais ne pas avoir d'objectif, ni de rêve, tu en avais peut-être trouvé un. Peut-être. Tu inspires. C'est difficile mais t'as presque des étoiles dans les yeux. tu éviterais cependant de parler à coeur ouvert, et de ce que tu ressens réellement. « Tu sais Hylas, tout ça là... c'est... c'est comme mon bébé. Ça fait des années que je gagne et que je perds avec des équipes qui parfois se renouvellent et parfois pas. Tu sais que ce ressent une mère quand on lui arrache son gosse des bras ? J'sais pas non plus, mais j'imagine que ça doit faire mal. J'adore le Quidditch, je crois que j'en suis passionné sinon je serais pas là mais... ce que je veux dire c'est que c'est pas le sport qui fait que j'aime ça. Mais le tout, et surtout les gens  qui compose une équipe et l'âme qui se dégage d'elle. » tes yeux décollent enfin du plafond, et s'attardent sur les quelques emblèmes de votre maison qui décorent la pièce. « C'est pas facile j'dis pas, c'est normal. Mais ça va je m'en sors, donc pour répondre à ta question : tout va bien et tout s'arrange au final. Le passé, c'est le passé maintenant on vit le présent. » il y a toujours du vrai et du faux dans ce que tu dis Ruben. Bien sûr que tout s'arrange, mais tu es loin de tourner aussi facilement la page. Et bien que tu aimes les nouvelles personnes qui la composent, tu as du mal à faire le deuil de ton ancienne équipe, d'une amitié liée en partie grâce au Quidditch.

Le sourcil gauche d'Hylas s'arqua légèrement tandis qu'il observait le ventre de Ruben en imaginant la peau bien tendue que devait dissimuler sa chemise puis il regarda ses paupières d'un air suspicieux en priant Merlin pour qu'il ne s'endorme pas pendant leur conversation. Chose improbable mais pas à exclure ; On parlait après tout de Ruben Damon.

Mais si fatigue il y avait, son ami la chassa bien assez vite et fut comme à son habitude d'une loquacité plaisante où se rencontraient lieux communs et métaphores improbables dans une mixture attendrissante. Hylas ne put s'empêcher de rire et sa gorge en déploya le bruit caverneux au travers de la salle commune ; Quelques regards curieux dévièrent dans leurs directions mais il n'en eut cure et sur le ton de la plaisanterie, taquina son ami.

- Oh Ruben crois-moi si tu fais ce genre de métaphore, je pense que le mot passion ne suffit pas à résumer ton rapport avec le quidditch.

Hylas avait presque oublié la raison première de cette conversation mais cela lui allait. Dans ces agréables et badins détour, il pouvait mâcher puis remâcher jusqu'à faire plier sa fierté récalcitrante aussi, il décida de continuer à tourner autour du pot.

Il gomma le sourire de ses lèvres et observa Ruben dont l'impressionnant maintien ne cessait jamais de le surprendre.

- Mais c'est bien, moi je pense que l'équipe d’Angleterre aurait bien besoin de gars comme toi. Peut-être qu'on finirait enfin par gagner quelque chose comme ça.

Hylas formula cette opinion comme une indubitable vérité parce que s'il le songeait c'était forcément vrai. Il n'y avait ici nul volonté de plaire, ni de lancer des fleurs ou encore moins de cirer des bottes. C'était purement et simplement factuel.

Son pied gauche alla se poser sur son genoux droit et son coude sur l'accoudoir du fauteuil pour y soutenir son menton qui ne tarda pas à y prendre place. Hylas cessa de regarder Ruben et ses yeux disparurent dans les flammes de l'âtre.

Cette conversation était plaisante, il souhaitait s'y attarder le plus longtemps possible avant de s'embourber dans le marécage de ses regrets. Alors Hylas prit un ultime détour, le long d'une boutade et à l'ombre d'un sourire mutin.

- En plus si t'en fais parti je pourrais dire à mes enfants qu'à Poudlard j'ai joué avec Ruben Damon... Et qu'il n'était pas un capitaine terrible.

Puis il inspira longuement comme un plongeur qui s'apprête à entrer en apnée. Hylas fixa Ruben droit dans les yeux puis s'immergea enfin.

- Et que je lui ai sauvé les miches en redevenant batteur quand toute son équipe s'est barrée en neuvième année.

Une bile acrimonieuse déborda dans sa bouche. Hylas ne connaissait que trop peu la saveur immonde de la honte et à présent qu'elle chatouillait son palais il se décida à boire le calice jusqu'à la lie.

- Ecoute vieux... Je suis désolé de m'être barré comme un abruti.

Le morceau enfin craché, Hylas sentit les relents du vomis dans sa bouche ; Il avait dégueulé tout ce dont il était capable et il espéra que cela suffise.

Il rit et tu le suis, sans ne trop savoir pourquoi. Fallait-il réellement une raison ? c'était communicatif. Visiblement, votre sujet de conservation débute sur le Quidditch. Dieu que tu adorais parler du Quidditch. Parfois, quand tu prenais le temps de réfléchir Ruben et avec du recul - comme en cet instant, il t'arrive de réaliser certaines choses. Ton pied ne cesse de se balancer dans le vide et les bras croisés, tu as l'air pensif - mais présent à la fois. moi je pense que l'équipe d’Angleterre aurait bien besoin de gars comme toi. tu poses ton pied à terre, figé telle une statue. Tu finis par te redresser correctement, comme si le sujet devenait très sérieux. « Hylas tu. Tu le penses vraiment ? Enfin, bien sûr que tu le penses mais je veux dire... tu penses que ça pourrait arriver ? Ça serait cool. J'y ai jamais pensé mais, je pense que si on me fait une proposition j'serais pas en mesure de refuser. Parce que de base, après Poudlard je veux... je veux... » tu saisis un coussin et y plonge ta tête à l'intérieur afin de remettre tes idées en place. Tu veux quoi ? Retourner voir maman et papa ? Vivre comme un moldu ? Comme dans tes vieux souvenirs, à l'époque où tu étais encore inconscient du monde magique ? tu le veux Ruben. Mais... tu jettes le coussin contre les cuisses de ton camarade. « Rien, j'ai un an pour y réfléchir de toute façon. Faut pas me faire rêver comme ça Hylas, j'vais avoir du mal à atterrir après tu le sais bien ! » tu dis ça sur le ton de l'humour, mais c'est que les paroles du bougre te faisaient réellement rêver. Tu t'imagines joueur pro Ruben ? Et surtout, tu imagines recroiser Goeffrey sur le terrain comme au bon vieux temps ? rêveur et nostalgique à la fois, un sourire prend place sur tes lèvres. « Et que je lui ai sauvé les miches en redevenant batteur quand toute son équipe s'est barrée en neuvième année. » Hylas petit ange t'a amené au ciel avec ses mots, pose finalement ses mains sur tes épaules pour te faire redescendre sur terre. Hein ? Comment ça ? Sur le moment, tu ne saisis pas. Qu'est-ce qu'il raconte ? Est-ce qu'il... ? Est-ce qu'il sous-entendrait quelque chose ? Un retour ? Son retour ? Tu croises son regard et tu ne le quittes pas des yeux. On dirait presque que tu le provoques en duel, mais il n'en est rien. Tu réfléchis.
tu réfléchis silencieusement.

Il s'excuse, semble sincèrement s'en vouloir de son départ d'abruti comme il le disait si bien. Tu lui en as tellement voulu Ruben. C'était presque comme une trahison, si ça n'en était pas une. C'était donc pour ça les questions et cette discussion sur le Quidditch. Tu n'aurais jamais deviné quoi exactement, mais tu avais bien senti que quelque chose clochait chez lui. et le silence continue Ruben, tu restes muet comme une carpe, aucune expression sur le visage : pas terrible comme réponse. comme si tu finissais enfin par te venger de lui, le laisser dans un malaise palpable. Bien sûr, le temps a fait les choses et tout est revenu normal depuis, mais vous n'aviez jamais réellement rediscuter de cette épisode-là comme de vrais hommes. Un rictus se dessine sur tes lèvres. « Bah alors, on fait son mea culpa que maintenant ? Qu'est-ce que t'essaies d'me dire concrètement ex-batteur ? » tu fais l'idiot, celui qui ne semble toujours pas comprendre. Mais tu avais parfaitement saisi : il désire rejoindre l'équipe. comme au bon vieux temps. Tu te lèves et lui fais face. enfin, tes bras encercle sa nuque et sa tête finit par disparaître sous ta masse. « MAIS REBIENVENUE MON FRERE ! » après l'avoir étouffé entre tes bras tu lui fous la paix, et termine sur une bonne grosse tape contre son épaule. tu contiens ta joie, tu te retiendrais presque une larmichette. à vrai dire, difficile de le réaliser, tu crois même rêver. tu es... soulagé ? « Tu seras toujours le bienvenue Hylas et, depuis le temps je t'en veux plus. Un peu quand même parce que je m'attendais vraiment pas à ce que tu te barres comme ça mais... tu sais que je sais que j'ai eu tort aussi. Surtout dans ce que j'ai pu dire. Enfin on a jamais réellement discuté de ça sans que ça parte en couille. » tu reprends ta place et inspire un bon coup. « Mais cette fois ça ira, j'le jure. Tu peux me dire les choses, je sais que je me suis aussi comporté comme un abruti ça n'a jamais été un truc nouveau, mais... les défaites ça rend fou, tu le sais. Enfin j'ai d'excuses à donner. Désolé. Aussi. » excuses présentées yeux dans les yeux. c'est jamais facile quand on est une aussi grosse tête de mule, mais tu finis toujours par reconnaître tes torts. tu es sincère comme il l'est. Hylas a toujours été un élément fort, un bon camarade, un ami, un frère alors tu es heureux de pouvoir le compter à nouveau au sein de ton équipe.

L’espace qui le séparait de Ruben semblait presque palpable, comme si une tension soudaine avait rendu l’air solide. Pour Hylas, il n’y avait rien de pire que cette microseconde d’incertitude où l’environnement prenait une nouvelle ampleur ; pourtant, tout autour d’eux, était banal. La salle commune était un décor quotidien. Il n’y avait pas un silence lourd de conséquences ou quoique ce soit qui y ressemble. Leurs condisciples déambulaient à droite, à gauche, ils s’agitaient et constituaient un fond visuel et sonore auquel Hylas était habitué.

Le moment avait pris pour lui, une tournure solennelle. Il espérait de tout cœur ne pas être refoulé dans son initiative pénible et l’envisager avait crée un malaise qu’il dissimula derrière une facade stoïque.

Ruben ne tarda pas à lever le voile de son appréhension et en quelques mots Hylas fut délivré. La joie monta en lui pareille à une flèche fulgurante. Il fut incapable de ne pas sourire avec un air un peu idiot et avant qu’il n’ait eu le temps entreprendre le moindre geste, des bras l’enveloppèrent.

Hylas se perdit dans la chaleur d’une étreinte et il n’y avait pas de mots convenables pour décrire l’idéal fraternel qu’ils incarnèrent. Le monde sembla se réduire à cet instant et quand ils se quittèrent et qu’Hylas fut gratifié d’une ultime tape sur l’épaule, il se sentit profondément rasséréné.

Il s’enfonça dans le canapé et rejeta sa tête en arrière, fixa le plafond comme s’il s’agissait d’un ciel plein d’étoiles.

Hylas écumait de joie.

“Ah par Merlin !”

Il fut pressé d’ajouter une pierre à l’édifice de la réconciliation la plus totale qui s’amorçait enfin.

“Merci Ruben. Franchement, mon vieux. Et maintenant que tout ça est passé, l’important, c’est tout ce qu’il reste à venir. Cette fois, je ferais les choses bien, je le jure sur la barbe de Merlin.”

Hylas aurait juré sur tout un tas d’autres choses parce qu’à présent, il avait une conscience aiguë du peu de temps qu’ils leurs restaient à Pouldard. Tout cela lui était précieux, car il savait bien que les choses pouvaient être éphémères alors il fallait faire du résidu de secondes, un feu d’artifice mémorable.

Hylas passa une main dans ses cheveux et fixa le feu dans son âtre en pensant à tout ça. Encore un match, une ultime saison de quidditch avant que tout ça n’appartienne au passé.

“On va jouer contre Poufsouffle, c’est ça ? On va finir l’année en battant Roxanne, voila qui me plaît.”

Il croisa les jambes en songeant à la préfète en chef des jaunes avec qui il entretenait une rivalité sportive, amicale et pensa qu’il n’avait pas pu espérer mieux comme match de reprise.

Hylas avait une montagne de travail à gravir, mais il se sentait bavard, souhaiter s’attarder au coin du feu avec Ruben et il reprit le sujet d’un peu plus tôt.

“D’ailleurs, je crois sérieusement à ce que je t’ai dit.”

Il prit un air sérieux et cessa de sourire. Hylas ne s’égarait jamais dans des flatteries inutiles.

“Tu es un vrai bon joueur de quidditch, sincèrement. Tu as tout ce qu’il faut pour réussir donc si tu en as vraiment l’ambition, je ne vois sérieusement pas ce qui pourrait t’arrêter.”

Il y avait d’ailleurs une métaphore qui seyait parfaitement à son compagnon. Elle était presque faite sur-mesure ; Ruben était une force de la nature.

Hylas, vaguement pensif, poursuivit en le regardant droit dans les yeux.

“Tu n’auras pas besoin d’atterrir si tu te donnes les moyens de réussir.”

Il observa de nouveau les flammes.

Le temps passait si vite.

Le soulagement se lit sur l'expression de son visage. Hylas t'avait manqué. Il a toujours fait partie de ceux que tu considérais comme un des plus grands piliers, parce qu'il était plus qu'un membre : un fidèle ami, un frère. Il parle de faire les choses bien, et il le jure. De ton côté, tu aimerais lui promettre un peu plus de contrôle dans tes paroles, dans tes actes. Les défaites te rendent malade et mauvais. Mais tu sais que tu as également changé depuis. Au fur et à mesure des années, tu as appris à communiquer avec ton équipe, à les encourager et les soutenir plutôt que de les rabaisser - bien que tu finissais toujours par t'excuser lorsque ça arrivait. Tu as gagné en maturité Ruben. « C'est ça, il ne nous reste plus beaucoup de temps alors profitons un max. J'pourrais pas jurer comme tu l'fais Hylas, mais crois-moi que j'en ai tiré des leçons. J'ai beaucoup appris depuis. Je finirais pas cette année et l'année prochaine sur une mauvaise note, ça je peux te le promettre. » c'est étrange de prononcer ces mots. Il est vrai que le temps passe vite - beaucoup trop vite. Et parfois tu trouves ça même terrifiant. tu sembles déjà nostalgique alors que tu n'as pas encore quitté Poudlard alors qu'en sera t-il de l'année prochaine ? tu sais que ça sera difficile. Quoiqu'il en soit, comme le fait remarquer Hylas, il restait encore le dernier match de l'année 2028 contre les Poufsouffle. L'avant dernière saison est sur le point de prendre fin. « C'est ça contre eux mais surtout contre Roxanne. Ca m'fait bien rire parce qu'on s'est lancé dans une connerie du genre, le perdant aura un gage. Ça pimente encore plus le match. Mais j'sais pas Hylas, je le sens bien. » un rictus prend place sur tes lèvres et tu t'étires. le feu t'hypnotise et tu as du mal à t'en détacher. ça te provoque une espèce d'absence, où tu te perds dans tes pensées sans le réaliser jusqu'à ce que la voix d'Hylas te ramène à nouveau sur terre.

Il avait décidément les mots pour te réconforter dans tes idées, et tu ne doutais même pas de sa sincérité. Il le pense, alors il le dit de vive voix. Et ça te fait un bien fou. Ca te parait soudainement possible, accessible. Peut-être que ce rêve finira par se réaliser. « J'te remercie mec. C'est vrai que jusqu'ici j'savais pas vraiment quoi faire de ma vie. Puis l'idée de devenir joueur professionnel m'a traversé l'esprit mais c'était vraiment qu'une idée. tu marques une pause avant d'adresser un sourire à ton ami. Je vois les choses autrement maintenant. C'est toujours plus excitant d'avoir un objectif à atteindre dans sa vie. » tu observes tes camarades défiler dans la salle commune dans un brouhaha de plus en plus présent mais tu n'as aucun mal à y faire abstraction. « Quand je t'écoute parler, j'me dis que tu as vraiment ta place au sein de l'équipe Hylas. Ta parole a toujours été super importante pour moi, t'sais quoi dire pour remotiver les autres et aussi gueuler quand ça ne va pas qu'ça plaise ou non. Et c'est vrai que quand tu t'es barré, pour moi c'était fini quoi. Ça m'a pas mal déstabilisé j'te le cache pas, c'était même encore plus tendu avec les autres, t'as laissé un gros bordel derrière en fait haha ! Mais on a fini par réussir refoutre de l'ordre. Aujourd'hui encore j'me dis, que tu ferais un bon capitaine. T'es clairement celui que je vois me remplacer, dommage que l'année qui arrive soit ta dernière aussi. » tu te frottes l'arrière du crâne sans lui lancer un regard : parce que tu n'es franchement pas à l'aise avec ce genre de confidence. et t'essaies tant bien que mal de cacher ton malaise - comment tu veux y arriver ? tu es rouge jusqu'aux oreilles. mais quoiqu'il en soit tu ne regrettes pas tes paroles, tu préfères dire les choses avant que vos chemins ne se séparent. Hylas doit savoir ce que tu penses de lui. « D'ailleurs je t'ai jamais posé la question mec, mais tu comptes faire quoi après... tout ça toi ? »