Tu hausses doucement les épaules. Elle n’a pas à te remercier. C’est normal et sincère ce que tu dis. Il n’aurait, pour toi, pas pu en être autrement. Tu lui offres un sourire comme toute réponse.
Évidemment, elle n’en reste pas là, mais toi, tu ne t’y étais pas suffisamment préparé. Tu es quelque peu surpris par sa question et tu restes un petit moment à la fixer de tes grands yeux verts sans trop savoir quoi dire. Puis, tu te réveilles.
« Oui, bien sûr ! Par exemple... »
Par où commencer ? Ton problème est que tu as trop de défauts. Du moins, tu ne te trouves pas énormément de qualités. On aurait pu commencer par là, non ? « Quelles sont tes qualités ? » tu en aurais cité l’une ou l’autre, pas trop convaincu. C’est un peu bizarre de montrer à quel point on est sale à son interlocuteur, non ?
Mais vu qu’elle le désire vraiment, tu vas jouer la carte de la franchise.
« Parfois, je peux passer pour un connard arrogant qui se pense mieux que les autres. »
Lorsque ça concerne la danse, tu es souvent comme ça effectivement. À penser que ton précieux ballet a plus de valeur que le hip-hop ou quoique ce soit d’autre. Trop élitiste ? Trop égoïste aussi. Tu refuses qu’on t’égale ou te surpasse.
« Dans ma discipline, je fais pas de cadeaux, je refuse d’être second, troisième. Je dois toujours être le premier et ça peut me rendre aigri, je suppose... »
Bon, c’est très bien tout ça, mais ça ne concerne pas ta vie de tous les jours – sauf exceptions – car tu es loin de hurler sur chaque élève qui a de meilleures notes que toi – tu en deviendrais muet. Que peux-tu lui dire sans être trop intrusif et toucher à ton précieux secret – qui condense toutes les termites du dégueulasse et de l’horrible ?
« J’ai pas énormément confiance en moi, aussi. Tu dois te dire que c’est bizarre car je peux être arrogant à côté… et pour finir, je suis quelqu’un qui garde ses secrets, qui cache beaucoup de choses. Enfin je m’arrête là, car je pourrais discourir pendant une heure sur tout ce qui ne me plaît pas dans mon comportement ! On essaie de se soigner, hein ! »
Tu lui fais un sourire éclatant pour qu’elle oublie un peu tout ce que tu viens de lui dire. C’est pas joli joli. Il ne vaut mieux pas s’y arrêter.
Vous discutez encore un peu et vient enfin le moment où il vous faut vous quitter. Quelques minutes peuvent passer tellement vite ! On en voudrait plus. Tu souris, ravi qu’elle ait pensé à te demander – ça n’est pas tout à fait cela mais voilà – ton numéro – tu l’aurais fait sinon, ça n’est pas un problème – et tu l’inscris sur un petit morceau de papier que tu lui tends, avec ton prénom et ton nom juste au-dessus.
« Je crois en toi ! » ris-tu lorsqu’elle te fait part de ses difficultés avec la technologie.
Tu sors également le tien pour faire de même, sûr que dès que tu retourneras dans ton dortoir, tu lui enverras un message pour la remercier de cette soirée – qui sans son intervention aurait été vraiment triste.
Et peut-être que bientôt, tu lui en renverras un autre avec une invitation.
« halloween »