Vengeance will be mine ((Diana))

Diana absorbée par la lecture d’un article sur son téléphone, s’était dès le matin isolée dans cette bulle psychologique dont elle avait le secret. Immunisée du bruit ambiant de la salle commune, elle plantait machinalement sa fourchette dans les fruits frais coupés dans son assiette, et les portait à sa bouche tout aussi mécaniquement. Même à la mastication, elle ne donnait aucune intensité réelle, simplement un réflexe, celui de se nourrir. L’article prenait fin et ainsi fut il pour son petit déjeuner, qu’elle abandonnait sur sa table. Elle avait mieux à faire que de rester des heures durant sur les bancs de la grande salle, à flotter au milieu de conversations qui ne l’intéressait même pas, qui ne l’intéressait sans doute jamais.
L’air dans le vague, la tête ailleurs, elle ne remarquait même pas la jeune femme qui s’approchait dangereusement d’elle, munie d’un verre de jus collant et surtout tâchant, qu’elle déversait sur la robe en lin qu’avait choisi Diana ce jour là, avant de s’écrier quelques inepties que la rousse n’écoutait que d’une oreille. Blanche partait en ricanant, et elle restait de marbre, plantée au milieu de la grande salle, fixée par quelques regards amusés. Les yeux levés au ciel, elle quittait à son tour la pièce la tête relevée, offrant toute la grâce de son indifférence aux murmures qui relayaient l’incident.
De Algare. La déchéance sociale l’avait rendue folle, bien que Diana n’en ait jamais été particulièrement proche de la jeune femme, elle savait de quoi il en retournait. Chez elle on marginalisait ceux qui sortaient du lot, de toute les manières ; les cracmols isolés dans cette chambre cachée au bout d’un couloir d’une aile de manoir à l’abandon, et les fous, les excentriques, comme l’avait été son oncle sur les dernières années où elle l’avait vu… Ceux là finissaient par disparaître, d’une manière ou d’une autre. Ce Cafard de de Algare méritait sans aucun doute que la rousse lui rappelle quelles étaient les conventions, et quelles étaient les limites à ne pas franchir, même en jouant à la névrosée.

Sortant de son dortoir, changée et le teint frais, Diana était descendue pour rejoindre la bibliothèque, la main glissant sur la rampe froide de la pierre des escaliers ; Quand au loin, elle entrapercevait la chevelure blonde et la démarche irrégulière de l’excentrique. Sourcil levé, doigts qui se crispaient autour de sa baguette enfouie dans une poche de sa longue veste, le désir de vengeance picotait sous sa peau comme un besoin jamais satisfait. Elle n’éprouvait aucune joie à l’idée qui se dessinait doucement dans son crâne, tandis qu’elle posait son pied délicat au deuxième étage. La folle chantait fort, dansait dans les couloirs, sans se soucier de qui pourrait bien lui emboîter le pas. Et quand, au détour d’un renfoncement de pierre, plus personne d’autres qu’elles ne semblait fréquenter les couloirs, elle tire sa baguette de sa poche, vise les jambes de Blanche et murmure.

« Impedimenta ! »
La jeune femme, adossée au mur, glissait à terre, les jambes entravées, et Diana s’approchait, gardant une distance raisonnable, baguette de nouveau rangée dans sa poche.

« Tu as 30 secondes pour t’excuser de ton attitude de mal élevée ou je te transforme en gargouille pour décorer ce couloir. »