The Better Way ♦ Aileen E. Scamander

Elle a ce sourire, mince et doux à la fois. Même quand elle est en colère, contrariée ou inquiète, on le devine juste là, au coin de ses lèvres. Dans son regard aussi, ou dans ses gestes maternels, on peut voir toute la douceur qui émane d’elle comme une lumière, non pas vive, mais chaleureuse.

Aileen c’est une âme solitaire malgré la présence d’un jumeau… qui s’est depuis déjà longtemps montré dysfonctionnel et peut-être qu’en un sens elle l’est aussi, mais pas comme lui. Discrète dans son coin, à l’admirer évoluer, devenir le grand sorcier qu’elle ne serait jamais ; peut-être un peu jalouse aussi. Parce qu’elle l’est Aileen, envieuse parfois de ce statut, de cette magie qui se refuse à elle depuis toujours. Elle regrette de ne pas avoir été plus courageuse dans ses jeunes années, de ne pas s’être montrée plus forte… d’avoir simplement courbé l’échine face à cette injustice.
Spectatrice, mais pleine de curiosité. Des journées entières passées à dévorer les livres de l’imposante bibliothèque de Poudlard, à emmagasiner savoir sur savoir et à se balader, la tête pleine de rêves, le regard droit vers le ciel.
Elle s’est toujours su chanceuse dans sa malchance.

Emplie d’une sagesse ancienne, elle semble parfois être une âme bien plus vieille qu’elle-même ; si bien que ses colères ne sont jamais débordantes et explosives. Elles sont glaciales et tranchantes. Ses émotions la dominent rarement, mais Aileen n’est pas un être froid pour autant. Elle peut parfois se montrer sévère et même amère, mais elle est surtout très juste, malgré son attendrissement plus particulier pour les sans-magie.
La vie n’a pas été tendre avec Aileen, bien qu’elle ne fut pas dure non plus, mais elle en a appris les leçons. C’est après mainte réflexion et introspection, qu’elle a su s’affirmer telle qu’elle est au monde, montrer la femme forte qui réside au plus profond de son être et afficher son déterminisme. Elle a avec intelligence su disposer ses pions pour atteindre des sommets, et elle continue ; surtout pour les élèves et ceux comme elle, plus rarement à son propre profit, bien que cela ne reste que dans l’idée du défis de se surpasser.

Fière de ce qu’elle a accomplie et déjà impatiente de la suite, mais non pas précipitée. La tête près des nuages, mais les pieds bien sur terre.
Parfois, Aileen elle flanche, elle doute… elle ne se sent pas à sa place, légitime vis à vis de son frère. Elle ne le montre pas, cela fait déjà bien longtemps qu’elle a revêtue cette armure et qu’elle se démène, pour faire du mieux qu’elle peut sur cette route qu’elle a choisie d’emprunter, pour montrer qu’elle a sa place en haut du piédestal.

Elle a cet amour, là où Orphan a la cuautée. Elle a cette sincérité, dure peut-être, mais douce à côté des diverses magouilles qui s’échafaudent dans son dos. Aileen elle a cette combativité de protéger les plus faibles et de leur donner toute la tendresse qu’il leur faut.

D’aussi loin qui lui soit possible de s’en souvenir, elle n’a connu que ce château. Les mêmes murs de pierres et les grands jardins avec la forêt au loin. Parfois encore, quand elle descend les longs escaliers, elle se revoit avec Orphan, entrain de faire la course… de se lancer des défis toujours plus fous. Elle se rappelle l’innocence de leurs regards, des bonhommes de neiges bancales lors des hivers et des longs après-midi d’été au bord du lac. Aileen se souvient quand ils étaient encore égaux l’un par rapport à l’autre.

Née un peu plus d’une minute avant son jumeau, elle a toujours eu l’impression qu’il fallait qu’elle veille sur lui, même quand maman est partie au fond d’un trou, malgré que les grandes personnes lui répétait sans cesse qu’elle était au ciel. Aujourd’hui elle a du mal à se souvenir des traits de son visage et du sons de sa voix. Le seul souvenir marquant de sa mère, est celui où elle leur faisait compter les veaudelunes à Orphan et à elle. Aileen est plutôt heureuse de ne se rappeler que d’un instant doux et possiblement heureux. Un souvenir fort.

Ce n’est que plus tard que les choses ont changés. Une honte, oui, non… peut-être ? Edern l’aimait, sincèrement, il ne savait juste pas quoi faire, ni comment aider sa fille qui serait à jamais privée de magie. Aileen l’aimait aussi et culpabilisais d’être si… banale ; une étrangère dans sa propre famille. Elle s’est mise en marge, après tout, c’est là qu’était sa place. Ce monde n’avait que faire d’elle ; il n’avait rien pour Aileen. Au début elle essayait de rester proche d’Orphan, de continuer de grandir avec lui, mais il se faisait des amis, il devenait un brillant sorcier et elle, elle n’était qu’une ombre rasant les murs d’un château qu’elle a appris à connaître par coeur. Chaque recoin, chaque passage… Poudlard n’a plus beaucoup de secrets pour Aileen désormais.

Le frère prodigue a changé. Ou peut-être a-t-il toujours été différent ? Au fond d’elle, elle l’a toujours su. Il n’avait pas besoin de le lui dire, elle savait, mais elle ne pouvait accepter. Aileen a dû repousser l’amour trop insistant de son frère. Cet amour malsain, qui la rebutait et lui faisait peur. Elle ne voulait pas le blesser, elle l’aimait elle aussi, mais comme une soeur aime un frère, pas comme un homme aime une femme. Il lui arrive de se sentir coupable de ce qu’est devenu Orphan, tout ça parce qu’elle a refusé cette impureté… mais au fond d’elle, Aileen sait que le fruit était déjà pourri bien avant qu’elle ne ternisse leur lien.

Edern parti rejoindre maman. Ce fut un jour triste et un deuil lourd et dur, un coup de massue. Un homme si grand et si bon, qui s’envola trop tôt. Ce fut l’électrochoc d’Aileen. Elle ne pouvait pas laisser Orphan diriger seul. Elle était aussi l’enfant d’Edern Scamander, elle portait son nom au même titre que son jumeau, elle était fille et cracmole, mais elle restait l’aînée ; celle qui veille. Bien des années qu’elle n’avait plus joué ce rôle, bien des années qu’elle n’avait pas fait un pas dans le vrai monde, se contentant de discuter avec les tableau et monologuer avec le poulpe géant. Plus assurée d’esprit que de prestance, elle s’est imposé à son jumeau sans lui laisser le choix : ils gouverneraient cette école ensemble.

Ce ne fut pas facile. Les jours de repos se firent de plus en plus rares, sans parler de la discorde : des cracmols et des moldus à l’école ? Elle avait réussie et rien ne pourrait lui retirer ce sourire. Aileen gravait lentement, mais sûrement, son nom dans l’Histoire de la Magie, elle une cracmolle et directrice d’une des plus grandes écoles de magie au monde. C’était assurément un poids pour Orphan, qu’il prit comme un coup bas et là où ils devaient s’entendre, travailler ensemble… une affaire non pas de vitesse, mais d’endurance de chaque jour. Une guerre ardue ou chaque bataille compte et où parfois, ils doivent s’allier pour écraser la menace.