que vois-je, qu'entends-je ? - kaya

dans cette lumineuse pénombre
Un doux début de journée, comme celles qu'il chérit, ces rayons de soleil éveille le serpentard aux aurores dans une douceur et une tendresse qu'il n'a plus connue depuis ses dernières vacances en famille, dans sa campagne natale. Il s'étire longuement, faisant craquer chaque os de sa colonne vertébrale, allant de ses pieds jusqu'à ses doigts fins, puis il baille. Un de ses longs bâillements de lion qui préviennent de son réveil. Et des premières frasques de la journée. Et il bondit. Hors du lit. Pas de temps à perdre, la journée n'attend pas. Il enfile rapidement t-shirt, ce sweat vert à l’effigie de sa maison, un jogging qui traînait, chaussettes et baskets et trotte déjà hors des dortoirs. Traverse la salle commune, monte quatre à quatre les marches les marches qui le ramènent au rez-de-chaussée et se précipite vers la Grande Salle. Le petit déjeuner y est déjà dressé. Il dérobe trois pommes dans la première corbeille qui se présente à lui et les fourre dans la poche kangourou de son sweat avant de déguerpir vers les grandes portes.

La lumière illumine tout juste le lac lorsqu'il en atteint les bords, cela a quelque chose de beau qu'il prend presque le temps d'admirer, il a déjà le regard qui s'évade, il cherche ça et là la trace d'une quelconque plante pour laquelle il pourrait donner un peu de son énergie. A quelques pas, cachée derrière un arbre gigantesque, il y a sa Dictame, qu'il a plantée, qu'il chérit et sur laquelle il essaie ses techniques agricoles dans l'espoir de la voir pousser avec force et survivre aux intempéries, bestiaux et autres inconvénient qui touchent l'agriculture. Il cherche une solution viable à la production agricole magique et biologique, en somme.

Soudain, un bruit, un contact, là, à ses pieds, contre son tibia. Il baisse la tête. Néo. Le chat l'a suivi jusqu'ici. Il lui aurait presque fait peur. Mais Yannis n'aime pas voir Néo près du Lac Noir. Il pourrait se faire attraper par une sirène. Alors il le fait grimper dans ses bras. Et là. Un bruit. Alors ce n'était pas Néo. C'eut été surprenant d'ailleurs, puisqu'il est discret, ce chat. Il se retourne, scrute les arbres. Et c'est, bien sûr, près de sa Dictame qu'il aperçoit quelques cheveux violacés. De toute façon, c'est pas drôle d'être seul. Néo blottit dans ses bras, il se déplace vers la droite pour pouvoir distinguer cette personne qui se cache tout prêt de sa plante. Pourvu qu'elle ne l'ait pas touchée.

Kaya.

Cette fille de la nuit, "princesse malgré elle", qui, putain, ne se rend pas compte de tout ce qu'elle gâche parfois. Le serpentard a vu ça. Et il voit rarement les choses, prend rarement le temps de les voir. "Surprenant, sa majesté souffle l'air frais." dit-il. Il est encore calme, pour un Yannis, il n'a pas encore attaqué, il est plus méprisant qu'à l'ordinaire. Le doux minois qui lui fait face ne lui plait pas. Du tout. Ca l'irrite. Alors il lâche, piquant "T'as pas mieux à foutre que d'te planquer dans les fourrées ?" Il s'avance vers elle, sa bouche se tord un peu, on dirait qu'il va cracher. "Tu caches des choses, panier percé ?"

dans cette luminosité
Irrité d'un simple regard, ce qu'il voit lui déplaît énormément. Ses cernes, son visage déconfit, toute cette fatigue qu'il lit sur elle... Brrr. Des frissons. C'est pas normal de s'infliger ça, pas à soi même ! A quelqu'un d'autre, il pourrait, mais là, et ton amour propre, ma pauvre ? Yannis est surpris de voir que la serdaigle est encore assez réveillée pour avoir de la répartie, et qu'elle ose même le traiter de "gamin". Mais c'est quoi ça ? D'où ça sort ? Ils doivent avoir, quoi, 1 ans, 2 ans de différence au maximum ? C'est pas sa grand-mère bordel. Un rictus sadique s'installe peu à peu sur son visage. "Ben alors, tu te crois aussi vieille que ça ? On a déjà gaspillé toutes ses cartouches, la vieille ?" Il la détaille de son regard sournois et ricane un instant. Ce toupet qu'elle a.

Oh, soulagement. Elle s'écarte de sa Dictame, quelque chose d'autre a attiré l'attention de son corps livide. Il se retourne. Elle cueille des champis. Tu m'étonnes, la faim, hein ? C'est ça qui la tient debout ?

Elle le nargue. Défi. Elle le défie. Oh pitié Kaya, n'abaisse pas tout le monde à ton niveau auto-destructeur.

Ca le fait rire, il s'esclaffe, puis repose Néo, et en une caresse, lui assène de rester à ses pieds, entre ses jambes. Une main se glisse dans la poche de son sweat, de laquelle il sort, un grand sourire narquois sur les lèvres, l'une de ces pommes rouges. Il la regarde droit dans les yeux, juste pour la narguer, et croque dans cette pomme juteuse comme Barbossa l'aurait fait, avec cruauté et saleté. Si bien que du jus coule de ses lèvres jusqu'à son menton. Sanguinolent, le "gamin". C'est la bouche pleine qu'il lui sort "J'crois bien que tes petits secrets t'en ont fait rater d'autres." Bordel, c'que c'est bon une pomme. Se laisser défier, peut être, mais pas sans batailler.

Il tire une autre pomme de sa poche et la lui montre, l'air de dire "regarde ce que j'ai". Ici, l'auteur a envie de faire une référence à Draco Malfoy, sauf qu'il n'existe pas. Yannis joue de ce fruit, le fait tourner dans sa main. "De quoi t'as vraiment faim, ma caille ?" Il croque encore dans sa pomme, le salopiaud.

dans cette étrangeté
Bordel, mais cette pomme est délicieuse. Il la mange sans gêne. Sauf qu'elle le fait rire, encore. Elle lui assène le titre de "personne superficielle", si bien que Yannis recrache une partie de sa bouchée aux pieds de Kaya. Ca n'a aucun sens ce quelle dit, ça le fait rire, franchement, qu'elle le voit comme un gamin inexpérimenté. Comme si ça vie à elle valait 10000 fois plus. Et puis quoi encore ? Surtout vu ce qu'elle en fait...

Et c'est à ce moment qu'il s'en rend bien compte. Elle croque dans le champignon. D'accord. Et là elle devient bizarre. Vraiment étrange. On dirait une folle. Elle lui tourne autour, Yannis recule, trébuche un peu et ça fait reculer Néo. C'est quoi le délire ? Il range ses pommes dans sa poche, de nouveau. "Mais t'es parano ma parole, qu'est-ce que ça peut me foutre ce que tu fais de ta vie ?" siffle-t-il. Il ne rit plus. Les champignons ne font pas effet instantanément, qu'est-ce qui lui prend ? Elle lui propose de lui envoyer des roses pour la Saint Valentin. Il fronce les sourcils, et alors qu'elle approche trop dangereusement à son goût la main de son visage, il a un nouveau mouvement de recul et donne une tape dans cette main pour qu'elle le laisse tranquille. Son regard dédaigneux s'est transformé en un mélange de malaise et d’écœurement. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez cette fille ? Instinctivement, sa main droite glisse vers son avant-bras gauche, c'est là qu'il range sa baguette. Elle n'y est pas. Il l'a oubliée. Merde.

"Putain mais ça déconne dans ton cerveau !" Il fait un pas en avant et tend la main. "Donne moi ça !" Il lui arrache le champignon des mains.

Il croque dedans. "C'est bon là, t'arrêtes ta crise ?" Ses réactions n'ont tellement pas de sens, il ne sait plus trop comment réagir. "J'en ai rien à foutre de toi, tu m'intéresses pas, descends de ton nuage putain."