Jaurais du remarquer qu’elle n’était pas vraiment disposée à discuter. J’imagine que j’avais dû être si insistant parce que j’avais terriblement besoin d’une distraction. Sa réponse tombe, hésitante et n’apportant pas plus de clarification que tout à l’heure. Son ton se durcit sur la fin. Je réalise alors que je suis en train de l’ennuyer et mes pas s’arrêtent là.
Oh...heum désolé...okay.
Embarrassé, je sens les regards se poser sur moi. Je déteste ça. J’ajuste le noeud de ma cravate, j’inspire et je fais volte face. Il ne me restait plus qu’à me rendre au cours de défense contre les forces du mal.
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Mes pas me mènent devant la forêt interdite. Je suis seul mais déterminé. La forêt danse sous l’effet du vent, il fait nuit bien entendu. La lune brille là haut, complice. Sans attendre, je m’y aventure. Il fait sombre, mais l’obscurité ne m’empêche pas de toute distinguer. Mes vêtements sont étranges. Et pour une raison incongrue je suis armé d’un moulin à poivre et d’un filet à papillon.
Très utile. Sur le coup ça me paraît être des objets indispensables pour une expédition. Je m’avance, à l’affût sur le sentier qui serpente vers les profondeurs de la forêt, plein de promesses. J’y croise des créatures sombres et intéressantes, d’autres au contraire belles et lumineuses. De gros champignons d’un violet fluo éclairent mon chemin. C’est alors que je réalise que je suis à pieds nus.
[Les lèvres de Bertram s’entrouvre dans son sommeil et il marmonne]
Chaussures….trouve pas mes chaussures
Je me mets alors en quête de retrouver mes souliers, sans succès pour l’instant. Ca me trouble. Ca m’obsède.
Où sont mes chaussures ?. Sur le chemin, l’hippogriffe balafré apparaît et me fait la révérence. A mon tour je m’incline. La majestueuse créature pousse alors un petit cri et me fixe de ses yeux dorés. Elle s’approche et vient coller son front contre le mien. C’est incroyable. J’ai le sourire alors qu’une bouffée de chaleur s’empare de mes entrailles. Mes doigts caressent doucement les plumes sur son cou. Elles sont douces. Je ferme les yeux un instant et quand je les ouvre, l’hippogriffe a disparu. Mes doigts sont en train de caresser les cheveux de Beckett. Il me regarde.
T’es bizarre, Bertram.
Il m’adresse ce sourire de lutin malicieux, attrape ma main et m’entraîne avec lui à la poursuite de Gollum. L’air confiant et le coeur léger je lui adresse un
T’en fais pas, j’ai pris mon filet à papillon ! . Une douleur me transperce le genoux. Je m’effondre, je lâche tout.
[Ses sourcils se fronçent]
Une longue lame fine me transperce le genoux. Je ne saigne pas mais je peux sentir la douleur irradier dans mes os. Et ensuite il arrive. Comme un détraqueur, une apparition sombre, avec un masque noir qui me rappelle ces tenues étranges de SM. Une couture blanche au niveau de la bouche dessine un sourire inquiétant sur son masque. Je le connais. J’ai tout essayé. Courir. Lui échapper. Le provoquer. L’ignorer. En avoir rien à faire. Rien ne semble le faire partir. En vain je lui lance des sorts du bout des doigts, ceux que je connais, ceux que je ne sais même pas encore lancer et ceux que j’ai inventé. Je me défends comme je peux, la haine au ventre. Rien ne l’affecte. Ses lames transpercent mes bras. Mon ventre, ma cuisse droite. Je souffre. Ca fait mal. Je le sens dans mon corps. Ca a l’air si réel.
[Il grogne et ses muscles se contractent]
Que fais-tu de tes ailes, mon petit oiseau ?
Il revient toujours avec la même chose. Il s’approche, lève une de ses lames et pause. Je retiens ma respiration. Je suis là, transpercé de tout part, épinglé au sol.
Vole !
La lame finale transperce mes côtes.
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Je me réveille en sursaut. J’ai mal aux jambes. J’ai mal partout. J’essaie de respirer calmement.
Ce n’était qu’un rêve. Je regarde autour de moi dans l’obscurité de mon dortoir. J’entends la respiration calme de mes camarades qui dorment. Béring marmonne un “tocard” et se retourne. Tout est normal, je n’ai réveillé personne. Je me frotte le visage avec la paume de ma main et un soupire s’échappe de mes lèvres.
C’était plutôt intense. Mais mes rêves sont toujours intenses, mon cerveau ne s’arrête jamais. Je sais que je parle en dormant, c’est embarrassant et selon Edwyn, parfois je réponds. J’allume mon Pineapple pour consulter l’heure. 4h du matin. Mon coeur bat encore la chamade, j’ai besoin de me calmer, de lire un peu.
Je me lève en faisant le moins de bruit possible, enfilant mes charentaises et un peignoir à carreaux gris. J’attrape le livre qui traîne sur ma table de nuit et je descends les escaliers marche par marche pour rejoindre la salle commune. Et dans la légère pénombre qui la remplir, une lumière et une cascade de cheveux violets. Kaya est là. Elle doit me dévisager, avec mes cheveux en bataille et mon pyjama bleu nuit au motif étoilé. Je m’adresse à elle d’une voix encore un peu endormie
Oh...tu es debout aussi hmm ?
Dommage, j’aurai préféré être un peu seul. C’est si plaisant de lire dans le calme et de laissant son regard vagabonder par delà la verrière, vers les étoiles. Dans ma tête je m’imaginais recoller mon masque sur le visage, le gentil, plaisant, agréable Bertram à 4h du matin, ça demandait un peu d’effort. Je m’assieds dans un des fauteuils, ni trop près, mais pas trop loin pour engager une conversation. Je lui adresse un sourire poli tout en ouvrant mon exemplaire de "la chasse au mages noirs : histoire révisé du 20ème siècle":
Désolé si je t’ai embêté cet après-midi.