Do you hate me ? | Feat Soleil A. Nilsson

Les journées sont belles en ce début d'année. Le sourire se tient toujours sur tes lèvres, tu termines encore une journée dans laquelle tu as pu vivre un peu plus. Tu entres dans le dortoire alors que tu laissais le jeune jaune, qui a prit ton coeur lors du bal de l'année dernière. Tu ne pouvais plus rêver mieux. Tu tiens une lettre dans ta main, elle vient de chez toi. Tu ne l'as pas ouverte de peur que ce soit encore ta mère qui te supplie de revenir parce qu'elle a peur pour toi. Si seulement elle acceptait un jour cette idée...
La journée a été longue, les cours intéressants, les pauses remplis d'éclat de rire et la fin de la journée douce et agréable. Mais la journée était plus épuisante que d'habitude, étrangement. Tu souhaitais qu'une chose, c'était de retrouver ton lit.
Tu soupires en avançant vers les dortoires, tout ces escaliers sont épuisants, évidemment les Serdaigle sont dans une tour, toujours plus haut comme dirait le vieu Robinson. Mais tu les connais depuis le temps. Ça ne peut plus être un problème.
Tu repenses à Epona, la jument que tu chevauche à l'hippoball, elle avait l'air particulièrement agité aujourd'hui. Elle est toujours contente de te voir, si tu pouvais tu la prendrais chez toi pour toute ta vie... Ce serait un court séjours, mais parfait en même temps. Tu ne veux pas y penser, pas avant d'aller dormir. C'est un coup à faire une insomnie.
Tu arrives dans le couloir des dortoires, et en relevant la tête, tu croises le regard de Soleil. Soleil. Soleil, cela fait longtemps que tu ne lui as pas parlé. Depuis... Le bal si tu te souviens bien, pourtant tu l'as croisé, enfin... Tu ne te souviens même plus. Tu lui souris en lui faisant signe.

Hey ! Ça fait longtemps dis donc !

Tu t'approches un peu, tu espères du fond du coeur que tout va bien. Tu te rends compte que ça t'avait manqué les discussions avec elle. Mais tu percutes aussi que Soleil a changé... Elle est plus distante, pour ne pas dire froide et ça t'inquiète un peu. Qui a bien pu la blaisser ? Elle qui est si gentille et généreuse.. Tu espères que ça ira bientôt mieux pour elle. Tu veux l'aider à aller mieux en tout cas, même si tu ne sais pas par quel moyen. Tu la soutiendras quand même jusqu'à ce qu'elle retrouve son beau sourire.

Tu l'observes d'un air empathique, tu connais ça le surboucage, et tu sais que certain le gère moins que d'autre. Tu n'as pas encore fait de match d'Hippoball, mais tu sais que ça peut être probablement très stressant, et une pression énorme car tu dois donner tout ce que tu peux pour ne pas décevoir ton équipe. Et puis les cours n'en parlons pas, avec les examens de fin d'année et le devoir de réussir pour passer à l'année suivante et enfin avoir vos diplômes... C'est une pression en plus. Tu fais une moue, en signe que tu comprends.

Oui ça va, un peu plus fatiguée que d'habitude mais tout va bien ! R.A.S comme on dit

Tu ris lègèrement et souris un peu faiblement mais grandement aussi. Tu t'approches encore un peu, mais sans trop non plus. Tu veux être subtile et même si l'envie de dormir te cri dessus, celle de parler à Soleil arrive encore à la dominer.

Tu sais, même si nous ne nous parlons plus trop, je serais toujours là pour toi. Et je vois bien que quelque chose ne va pas...

Tu baisses la tête. Tu sais que c'est dur de se confier, de tout vider. Alaine t'en a fait baver pour briser ta coquille. Maintenant tu arrive à t'exprimer sur ce que tu ressens, même si tu ne dis pas tout, pas même à Connor... Mais c'est pour ne pas les inquiéter, comme l'est ta mère.
Tu penses que si quelque chose ne va pas, il faut en parler, il ne faut pas le garder pour soi. Ça ne fait qu'empirer les choses et rendre malade les personnes qui portent ce fardeau.
Tu relèves la tête vers Soleil, serrant la lettre qu'il y a dans ta main.

Il faut que tu en parles.

Ton regard exprime le soutient, tu ne veux pas continuer à la voir souffrir sans rien faire, tu ne veux pas être spectateur mais bien actrice du bien être des autres. Evidemment que tu ne te mèleras pas de ce qui ne te regarde pas. Tu n'es pas surhumaine, tu n'es même pas sorcière. À cette pensée un frisson parcours ton corps. Tu aurais dû l'être, comme ta famille...

Tu vois Annaëlle, Soleil n'a pas envie d'en parler, tu le vois et le ressens. Ça te chagrine, mais toi non plus tu ne lui as pas avouer tout tes tracas. La preuve en est au bal, où elle venait de découvrir que tu connaissais Connor Sunbeam. Tout le monde a ses petits secrets, et... Parfois ils sont tellement difficile à avouer qu'il vaut mieux les garder. Mais tout fini par ce savoir et c'est là que tout se détruit.

Vous êtes amies depuis longtemps maintenant, il ne devrait pas y avoir de filtre entre vous, pourtant le fait est que plus rien n'est pareil. Qu'aurait-elle fait à ta place ? Soleil est du genre à être franche, et pourtant aujourd'hui elle ne dit rien. Tu es surprise, ça ne lui ressemble pas.

Elle te dit qu'il n'y a rien de grave. Cela te fait sourire un peu plus, c'était déjà ça en moins. Mais tu savais qu'il y avait quelque chose avec toi. Mais quoi, tu l'ignores.
Ce qu'elle ajoute te laisse perplexe, pas le fait que tu sois une bonne personne, non, mais plutôt que toute vérité n'est pas bonne à prendre. Elle veut te cacher quelque chose. Mais pourquoi ? Pour te protéger ou pour éviter un conflit... Tu fronces les sourcils, parfois lorsqu'il faut sortir les vers du nez de quelqu'un, il faut y aller franco. De toute façon tu ne crains rien. Tu n'as certes pas de pouvoirs, mais tu as du cran. Pour toi, il est clair que tout doit être dévoilé, même si tu devais en souffrir.
Tu inspires profondément.

Soleil, tu n'as rien à te repprocher. Si tu as quelque chose à dire, peu importe ce que c'est, peu importe si c'est dur, dis-le.

Tu te pinces les lèvres puis poses tes yeux sur la lettre. Tu n'auras probablement pas le temps de la lire aujourd'hui. Peu importe, de toute façon ce n'est pas important pour le moment. Tu lèves à nouveau ton regard sur Soleil, et tu t'appuis contre le mur en face de celui où s'est appuyer Soleil.

Je peux tout entendre. Tu sais, j'ai bien vu tes réactions lorsqu'on se croisait.

Tu la revois passer devant toi, essayant d'éviter un maximum de te parler. Tu te fais peut-être des films, mais il y a des choses qui ne trompent pas.

Tu as l'impression d'être un peu trop insistante, mais le jeu en vaut peut-être la chandelle. Tu veux seulement qu'elle se lâche pour aller mieux, que tout redevienne comme avant. Soleil t'affirme que toute cette histoire ne te regarde pas, que tu n'as pas à t'en mêler, et elle a raison. Cependant tu es une dur à cuir, et quand quelque chose te fait du mordant, tu fais tout pour que ça aille mieux.

Soleil avance rapidement vers toi, tellement vite que par réflexe tu as un mouvement de recul. Elle te rassure quand même en te disant que vous êtes toujours amies, pourquoi ne le seriez vous plus ? Tu hausses un sourcil, sans comprendre. Tu te sens étrangement perdu. Elle insiste sur le fait qu'elle n'a rien contre toi, ce qui te fais encore plus douter. Tu es un peu mal à l'aise. Tu te redresses un peu histoire d'encaisser sans avoir l'air d'être atteinte. Tu à la tête dur et les pieds bien accrochés au sol.

Soudainement, tu assistes à une métamorphose, elle est à bout Soleil. C'est après une grande inspiration que l'avalanche se déclenche. Tu as l'impression de faire irruption sur un champs de bataille. Soleil est devant toi, arc tendu, flèche pointée vers toi. Seulement elle est pour toi cette flèche Annaëlle, ton amie se retourne contre toi. “Je te déteste”, un coup. “Je te déteste profondément” deuxième coup. Tes yeux écarquillés, la bouche bée, tu ne peux pas bouger. Elle lance ces mots comme elle lancerait des couteaux.

Elle te reproche d'avoir choisi ta vie amoureuse plutôt que de la choisir elle. Était-ce vrai ? L'avais-tu vraiment abandonné de la sorte ? Tu ne t'en ais pas rendu compte. Tu avais l'impression de ne pas avoir changé, d'être restée loyale à tes amis... Tu as du mal à digérer cette entrée, pourtant tu n'en as pas encore fini, le plat principal arrive à grand pas.

Tu l'écoutes, tu entends ses paroles, tu ne lâches rien, même si ça fait mal. Dans cette guerre tu es en très mauvaise position. Tu n'as pas d'armes pour te défendre, même pas un bouclier. Ta respiration est saturée, tu prends les coups, mais ça ne t'achève pas pour autant. Elle commence à parler du bal, pourquoi?

Tu vas enfin savoir ce qu'il s'est passé pour qu'il y ait ce froid entre vous. Seulement Annaëlle, ton cœur à louper un rebond lorsque tu entends “Connor”. Un ultra son encombre tes oreilles. Soleil a mit le dernier coup. En plein cœur. Tu ne la regarde plus. Elle enfonce le couteau dans la plaie en te racontant son aventure avec ton petit ami, qui était le sien à priori. Un amour incroyablement fort. Un amour qui fait la différence. Un amour passionnel. Soleil et Connor. Connor et Soleil. Ton amie et ton amant. Tu n'arrives pas à l'encaisser. Ton regard se vide, laissant place à des larmes que tu refuses de laisser s'échapper. “Tout ça, tu me l'as pris, Annaëlle.”

Tu te retiens au mur, le souffle court. Tu ne t'y attendais pas. Tu ne veux pas y croire. Connor ne t'a jamais rien dit à ce sujet. Et tu étais trop aveuglée pour le comprendre. Mais maintenant, ça parait évident. Tout te revient, le bal, ce froid... Ce n'est pas toi qui a abandonné Soleil, mais bien elle qui s'est éloignée.

Tu te mets dos au mur et te laisse glisser jusqu'au sol. Wow. Les images défilent dans ta tête. Tu es seul sur le champ de bataille, allongée et meurtrie. Tu as la tête qui tourne et des bouffées de chaleurs. Tu ne te sens pas bien Annaëlle, et la fatigue n'arrange rien. Tu pinces tes lèvres, tu sens des fourmis sur te joues. Tu serres tes poings, si fort que tes ongles s'enfoncent dans ta peau. Tu sens quelque chose de liquide glisser sur ta paume. Du sang. Tes larmes roulent sur tes joues.

Alors c'était donc ça. Le problème qui n'était pas moi.

Tu inspires profondément pour calmer ton organisme.

Pourquoi ne me l'as tu pas dis avant ? Pourquoi t'es-tu fais autant de mal... Soleil... à garder ça en toi, à ne rien dire... Je ne te comprend vraiment pas décidément. Tu avais Connor, et tu me l'as cédé... à contre cœur. J'aurais compris si tu me l'avais dis...

Annaëlle, tu t'es mise dans un sacré pétrin, malheureusement pour Soleil, c'est toi que Connor aime désormais. Et finalement, rien ne sera comme avant.

Tu restes là, sans la regarder, elle, elle qui était ton amie, elle que tu sens partir, fermer la porte devant toi. Tu sens une boule dans ta gorge, tu la ravales. Pleurer, pourquoi donc ? C'est toi qui lui a fait du mal, c'est l'impacte de ton égoïsme et tu ne peux rien y changer. Comment as-tu pu être aussi naïve, maintenant que tu y penses, ça crève les yeux. Tu ne sais pas comment ça va se passer maintenant, est-ce que vous allez recommencer à discuter comme avant, ou continuer à vous ignorer.

Ça ne t'était encore jamais arrivée, on appelle ça une petite mort, ça commence par piquer, puis l'entaille s’agrandit et ça fini par transpercer. Elle t'avait prévenu Soleil, elle t'avait dit qu'il y a des choses que tu ne devais pas savoir. Maintenant est-ce que tu regrettes d'avoir insisté ? Non, il fallait que tu saches, c'est un mal pour un bien. Maintenant, vous êtes sur la même longueur d'onde, tu es au courant. Mais est-ce que Connor savait ? Qu'est-ce qu'il aurait fait s'il avait su ?

Cette discussion suscite des tas de question en toi, tu en as oublié la fatigue. Tu sais que vous êtes toute les deux mal en point sur ce champs de bataille. Tu lèves le drapeau blanc, mais ça ne veut pas dire que vous resterez en paix, mais que vous arrêtez les hostilités. Tu n'étais pas prête et tu aurais préféré lire la lettre de ta mère qui t'aurait seulement fait soupirer. Tu ne pouvais plus rien faire, comme pour ton fichu cancer. Tu en as parlé à personne, les résultats sont là, dans cette lettre et tu es terrifiée.

Elle a raison Soleil, tu ne peux plus comprendre. Tu te lèves en inspirant profondément. Tu la regarde. Très bien. Tu esquisses un faible sourire très rapide. Tu hésites un instant, la prendre dans tes bras ou partir. Tu sers le poing sur ta lettre.

Avant de te laisser, j'aurais une dernière chose à te demander. Tu dois te dire que j'ai du culot avec tout ce que tu m'as dit et fait comprendre. Mais là j'ai besoin de quelqu'un, et je ne vois que toi...

Une hésitation, tu trembles, ton cœur accélère. Tu regardes ta lettre, fronçant les sourcils, raclant ta gorge et pinçant tes lèvres. Tu ne sais pas si c'est une bonne idée, si Soleil est la bonne personne. Elle ne t'a jamais jugé sur ça et tu l'en remercies. Mais tu es terrifiée, tu as peur de sa réaction, et si le résultat indiquait que tu mourrai demain ou dans un mois... Tu respires lentement, pour calmer ton mal. Tu ne veux pas aggraver la situation. Tu veux seulement ne pas être seule. Pourtant la chambre d'Alaine n'est pas loin, et ce serait plutôt elle que tu devrais allé voir, mais après ce qu'elle a vécu avec sa mère, tu ne veux pas la faire paniquer et revivre ce qu'elle a vécu.

Il n'y a que toi et Soleil, sauras-tu mettre votre rancœur de côté ?

Le soupire de Soleil te serre le cœur. Tu pinces tes lèvres, dans le fond tu pris pour une bonne nouvelle, que ta journée se termine mieux qu'une dispute avec ton amie. Pourtant tu sais que ce ne seras jamais plus pareil, qu'il y aura cette distance entre vous. Et cette lettre est un chemin qui peut vous faire avancer l'une vers l'autre.
Tu ne veux aucune pitié. Tu ne veux aucun remord. Ce qui est dit est dit, ce qui est fait est fait. Tu ne reviendras pas en arrière. Pourtant il y a ce petit truc qui ne veux pas partir, cette envie de rester avec elle et faire comme avant. Parler de tout et de rien, rigoler comme des pintades et se faire  prendre par le préfet, cette bonne humeur et ces sourires.

Tu essaies d'imaginer ce qu'il y a dans la lettre. Ma chère fille, non ta mère ne commence jamais comme ça. Mon petit ange, j'espère que tu vas bien, enfin, que tu fais toujours face. Elle n'a jamais été doué avec les formules de politesse quand il s'agissait de toi. Ta mère, c'est celle qui l'accepte le moins. Tu es son premier enfant et ta condition l'anéantit de jour en jour. Le fait que tu veuilles continuer l'école lui fait peur, que tu fasses de l'hippoball, que tu continues à danser, elle s'énerve souvent quand elle reçoit une lettre parce qu'on t'a attrapé dans la forêt interdite. Mais elle est rassurée de te savoir bien entourée. Elle sait que tes amis savent réagir “si jamais...”
Tu as beau lui répéter d'arrêter de se faire du mordant, elle est comme ça. Et souvent avant de prendre le Poudlard Express, tu lui dit “Maman, si je devais mourir, ça aurait été depuis longtemps. Je t'aime, et ne t'inquiète pas pour moi, on se revoit à Noël.”

Ce souvenir envahi ton esprit et tu te sens mal de ne pas pouvoir la réconforter plus. Heureusement que ta petite sœur, Maëlle, est là, d'ailleurs elle a dû écrire quelque chose aussi. Elle est si petite, ce sera probablement un dessin de vous deux, plus réussi que le précédent mais moins que le suivant. Ton père n'aura pas voulu y mettre son grain, il préfère te parler en face, parce qu'il est persuadé que tu rentreras toujours.
Tes yeux commencent à s'humidifier lorsque le regard de Soleil plonge dans le tient. Tu te mord la lèvre inférieur, un peu gênée de lui demander un tel service. Mais ce n'est pas la première fois, elle le sait. Elle te connaît depuis le temps, et tu sais que au fond d'elle, Soleil est tétanisée.

J'ai reçu cette lettre aujourd'hui, de ma mère. Je n'ai pas réussi à la lire plus tôt. Je sais que plus rien ne sera comme avant, mais j'ai seulement besoin de toi, une dernière fois.

Tu inspires profondément, retenant tes larmes. Tu ne veux pas l'ouvrir de peur de connaître le résultat, pourtant tu veux savoir combien de temps il te reste, combien de temps tu sentiras l'air passer dans tes poumons, combien de temps tu pourras profiter de tes amis, ta famille, de lui, et surtout combien de temps pour leur faire accepter l'idée.
Tu tends avec hésitation la fameuse et irrévocable lettre. Tu te revois coucher dans cette espèce de scanner géant, les médecins te disant de ne surtout pas bouger car ça risquerait de fausser les résultats, tu aurais voulu lever un bras juste au moment propice, pour ne rien savoir, mais tu ne l'as pas fait. Alors te voilà aujourd'hui, tétanisée, incapable de rien, à devoir demander de l'aide. Tu te sens si faible.

Peux tu lires le contenu, à l'intérieur il doit y avoir le résultat de mes dernières analyses et une lettre de ma mère. Lis seulement les analyses.

Ta main tremble, tu ne sais pas si elle va accepter, ou bien te laisser te débrouiller seule. Tu ne sais pas non plus comment elle va réagir en lisant ce qu'a écrit le docteur. Ton cœur bat plus vite, ton corps se réchauffe et ton ventre se noue. Ce silence de quelques secondes te torture au plus profond de toi.

Le bras tendu, la main moite, l'angoisse qui prend de l'ampleur. La voie rassurante de Soleil qui, malgré votre dispute, sera toujours là. On ne dirait pas au premier abord, mais Soleil a la main sur le cœur, toujours là pour ses amis, peu importe la température qu'il y a entre elle et eux. Tu ne pourras jamais tirer un trait sur elle, tu t'éloigneras surement, mais tu lui reparleras c'est sûre. Pour toi une dispute ne dépassera jamais les milliers de rires, c'est comme ça.

Pourtant le “non” ferme qui sort d'entre ses lèvres fais oublier un rebond à ton cœur. Ce n'est pas ce qu'elle a voulu dire, tu le vois à son attitude, de plus elle enchaîne en insistant sur “seulement les analyses”. Tu hoches la tête, lui donnant l'enveloppe. Tu sais combien cela peut-être difficile pour Soleil, imagines les résultats te disent que demain est ton dernier jour ? Tu as peur, mais tu lui fais confiance. Et puis elle sera la toute première personne à le savoir, il en faut au moins une qui soit au courant. Le bruit de l'enveloppe qui s'ouvre te donne un frisson et tu tiens tes bras comme pour te fermer à ce départ qui va t'annoncer la fin de ton aventure, ou le début d'une autre.

Lèvre pincée, yeux fixes, la peur a envahi chaque parcelle de ta peau. Une première feuille, que Soleil te tend sourire aux lèvres. Un dessin de Maëlle, un rictus plein d'amour et de peine à la fois se dessine sur ton doux visage. Elle s'améliore tellement... Tu es si fière d'elle, des images te reviennent, ta petite sœur qui t'annonçait vouloir être une dessinatrice célèbre, tu lui avais rétorquais que tu étais sûre qu'elle préfèrerait les arts magiques et elle t'avait répondu que la façon moldu lui plaisait bien, et que si elle utilisait la magie elle ne pourrait jamais t'apprendre à te servir d'un crayon. Elle était si petite, mais comprenait tellement de chose... Un soir où tu l'avais amené à ton coin secret pour observer les étoiles, elle t'avais dit que si tu partais elle ne pleurerait pas, parce qu'elle aurait juste à lever la tête et tu serais là, au milieu des étoiles. Elle étais même persuadée que tu brillerais beaucoup plus fort que l'étoile du Nord. Mais ce qui t'a fait mal au cœur c'est le fait qu'elle te dise qu'elle te verrait plus souvent...

Le juron de Soleil te sortie de tes pensée. Elle s'excuse et te tend une deuxième feuille, la lettre de ta mère. Tu commences à la déplier seulement l'annonce de l'ouverture des analyses te frustra. Es-tu sûre de vouloir vraiment savoir ? Tu aurais aimé lui reprendre des mains et la bruler, dire “tant pis on verra bien demain”, mais la lettre était déjà dépliée dans les mains de Soleil qui venait de s'arrêter aussi net que ton cœur. Tu veux savoir, voyant le papier se froisser sous les doigts crispés de ton amie, le résultat écrit sur cette feuille était certainement négatif, tu n'étais pas guérie c'est certain. Soleil bafouille et toi tu es incapable de faire sortir un seul son de ta bouche. À quoi servent tout tes cachets s'il n'y a pas d'amélioration ?

Ton regard se vide, tu entends seulement le bruit sourd de la feuille de papier atterrissant sur le sol, puis le poids de Soleil heurtant ton corps livide et sans expression. Tu ne sais pas combien de temps il te reste mais étant donné la réaction de ton amie, ça ne doit pas être très longtemps.
Tout tourne dans ta tête, remercier tout tes professeurs, dire à Connor que tu l'aimes, mais que tu ne veux pas qu'il souffre, que c'est mieux que vous vous sépariez, retrouver Ungus dans la forêt interdite et lui dire de prendre soin de lui, car c'est une personne incroyable, lui dire qu'il ne doit surtout pas changer et que tu reviendras le voir lorsque tu seras devenue un oiseau, trouver Alcyone et la rassurait en disant que tu diras à son père tout les efforts qu'elle fait pour le venger, tu lui diras de ne jamais abandonner ses efforts, un jour elle le trouvera et elle sera enfin en paix, tu retourneras danser avec Esther dans la cours, tu feras ta dernière expédition avec Gabi et vous ferez une course de chevaux ailés, tu la rassurera en disant que tu ne l'oublieras jamais, tu iras dormir avec Fenry, lui faire un énorme câlin et lui dire qu'elle a été une maman de cœur formidable, tu donneras ton dernier cours à Luigi et lui diras qu'il peut y arriver, que tu crois en lui, tu iras dire au revoir à Danil et Baron, retrouver ta famille, t'excuser auprès de ta mère, enlacer Maëlle tellement fort et lui dire que tu l'aimes très fort, rire une dernière fois avec ton père... Tu iras voir Alaine pour t'excuser, pour lui dire que la promesse que tu lui avais faites ne pourras pas être tenue, que tu diras à sa mère qu'elle l'aime et qu'elle lui manque... Tout ce monde que tu... la voie de Soleil te réveille.

Elle a raison, tu n'as pas le droit, c'est trop lourd comme mission, tu aurais dû le lire avant elle, tu aurais pu la rassurer, essayais d'adoucir le choc, au lieu de ça elle a eut l'information à cru, brutalement, comme une grosse claque venue de nulle part. Tu la serres dans tes bras en t'excusant “je suis désolée, tellement désolée Soleil... je n'aurais pas du je suis désolée...”

Les poings serrés, les mains moitent, une putain d'envie de pleurer. Ce n'est pas encore fini, tu inspires, puis expires, ton cœurs est toujours en mouvement, tes sens sont actifs, tu as tout pour remonter, la mort s'approche mais tu peux toujours la contourner. Tu vas te battre, et serrant un peux plus Soleil tu murmure:

Ça va aller, je vais m'en sortir je te le promet. Cette maladie n'aura pas ma vie.