there's a world inside of me • ludmila

Gentille. Peut-être un peu de trop souvent, d’ailleurs. C’est dans son regard qu’on y trouve un tas de choses qui n’ont que le silence pour les décrire. Quelque chose de mélancolique peut-être, malgré ses sourires sincères qui se dessinent sur ses lèvres. Sincère sur tout, en fait. Faïence, aux apparences fragiles, Faïence qui ne se brise pas facilement. Faïence qui vibre à la moindre petite étincelle, au moindre sourire, qui tombe amoureuse de tout et tout le monde, qui fait ressortir son humanité et exhale cette chaleur vocale qui surgit du fond des tripes. Dans son monde, elle n’entend plus, elle ne voit plus, elle se déconnecte de la réalité et se perd dans ses propres pensées, dans ses histoires abracadabrantes.

Elle qui a un côté nez dans les bouquins, un autre qui la rend si particulière. Une petite excentrique qui se distincte avec ses grands gestes, un peu hyperactive sur les bords. Une voix qui s’élève et résonne lorsqu’elle se sent d’humeur à se rendre “intéressante” la majeure partie du temps. Un rire fort, grave, qui attire toujours joyeusement ou au contraire, qui énerve. Fidèle à elle-même, sans crainte de se dévoiler telle qu’elle est. La honte ? Elle ne connaît pas, c’est inconnu dans son dico.

Parfois, on ne la verra pas toujours, on ne la croisera qu’en coup de vent. Car son coeur est long à guérir, car il n’y a rien qui peut réparer la large cicatrice intérieure qui demeure encore ouverte. Si elle n’accepte pas le rejet, c’est par raison. Si elle paraît joyeuse pour deux minutes plus tard s’isoler pour pleurer, c’est sans raisons dira-t-elle, mais au fond c’est sa tristesse qui revient. Elle tente de se noyer dans sa propre humeur en se cachant, pudique comme elle est.

Dans ses gestes, on y découvre parfois une certaine légèreté et une délicatesse qu’on ne soupçonne pas toujours en elle. D’une nature amicale, elle réconforte comme elle peut, maladroitement. Elle n’est pas habile pour ce genre de chose, même si elle est elle-même capable de se mettre à la place de l’autre. Une nature qu’elle trouve bien trop rare chez certaines personnes.

Il lui arrive de détester les gens, de croire en l’humanité quand même. L’univers steampunk l’inspire, ses vêtements sont parfois étranges mais pas si démodés et ses cheveux sont teints et ça lui demande beaucoup d’entretien.

Ludmila comprend le langage des signes, boit parfois un peu d’alcool, participe à une assos de lutte contre la maltraitance animale, aime la technologie au point où si son téléphone la lâche, elle tourne en rond, adore aller se promener au bord du lac, monter dans les arbres et y rester coincé, est tritanope légère, joue de la guitare acoustique, aime la musique qui va fort ou au contraire, mélancolique. Parle un tout petit peu français.

Toujours intégrer un début à une histoire.

Ça démarre toujours avec “maman et papa se rencontrent et fondent une famille”. Elle a une belle bouille, cette petite qui a à peine quelques heures. Calme et paisible, elle dort, trois cheveux blonds sur le caillou, mais tout le monde trouve ça mignon. Elle aurait pu s’appeler Jessyca, mais maman en avait déjà décidé autrement pour sa petite précieuse. Alors, elle choisit Faïence, un prénom qui n’était pas commun. Un rapport certainement avec son métier, comme gérante d’une galerie d’art. Papa lui, a opté pour Ludmila, le prénom de sa mère, que la famille de celui-ci avait gardé depuis des générations. Chaque premières petites filles de la famille Faraday portait ce prénom. Et puis, elle le préférera plus tard.

En tant que sang-mêlé, Ludmila intégra une petite école de moldus, histoire d’y apprendre à lire, écrire, compter et tout ce qui en suivait. Petite fille sage, qui vivait sa vie d’enfant en rêvant, en découvrant. Et pourtant, malgré son incroyable joie de vivre et sa sociabilité, elle n’avait pas toujours le succès qu’une enfant de son âge en espérait avec ses camarades. Heureusement, les plus tolérants à ses idées parfois disparates l'acceptent dans leur groupe.

Rien n'aurait briser le tempérament si optimiste de la petite. Ludmila passait souvent son temps avec ses grands parents, surtout sa grand-mère qui avait un lien fusionnel. On parlait peut-être que du fait qu’elles avaient le même prénom, leur relation s’était solidifié avec le temps, mais pour Faïence, c’était beaucoup plus. Au fond d’elle, elle sentait que sa grand-mère était une partie d’elle, comme une pièce de puzzle qui lui avait manqué. Personne en dehors de leur petit espace ne pouvait réellement comprendre, ils disaient simplement qu’elles s’aimaient énormément et qu’il n’y avait aucun mot à mettre pour décrire ce qu’elles ressentaient toutes les deux.

Le temps a passé, rien ne changeait, si ce n’était que la demoiselle aux cheveux blonds avait découvert qu’elle héritait des pouvoirs magiques de son paternel. Certes, changer l’eau en sable, ça sortait du lot. Alors, elle entrait à Poudlard. Durant ses trois premières années, Ludmila était une élève qui avait la tête dans les nuages, mais à qui personne n’avait à lui reprocher quelque chose.

Durant l’été, la grand-mère de la demoiselle tombait gravement malade suite à une crise cardiaque. Cela ne les empêcha pas de continuellement se voir et tenir le coup en se soutenant. Malheureusement, durant les vacances de noël de son entrée en quatrième année, Ludmila sénior rendait son dernier souffle, laissant un trou béant dans le coeur de Faïence. Toutes ses fondations se sont brisés, tout ce qui était construit n’était plus que lambeaux et ruines. Elle n’a jamais autant pleuré que ce jour là. Noël a, à présent, un goût relativement amer.

Ludmila changea de comportement, évitant ainsi d’être vulnérable aux yeux des plus ingrats. Pourtant, les plus proches de ses amis reconnaissent bien ses regards qui en disent plus long qu’elle ne tente de le cacher. Dans les épaves d’une période qui avait été glorieuse, on retrouve encore des éraflures vivaces qui terrasse d’un coup de vent toute sa joie. Durant cette période transitoire, Ludmila s’est teint les cheveux en bleu, couleur favorite de sa grand-mère, devenue sa couleur préférée également.

Malgré la mélancolie qui inonde son regard à quelques instants, elle désire aller loin dans sa vie, faire la fierté de sa famille et surtout de celle qui n’est plus là physiquement, mais qui s’accroche à elle, enchaînée à son coeur et ses souvenirs.