of monsters and flowers ( summer )

Orbes puériles longeant les arabesques féminines ; silhouette suintant d’une sensualité charnelle, pulpe crémeuse ondoyant contre l’axe métallique.

Oscillations délibérément lentes, valse lascive aimantant les prunelles affamées ; doigts rêches brulant à palper le galbe ainsi dénudé, lippes exsudant fragrances de tabac et syllabes crues, lippes carnassières aspirant à sillonner la chair albâtre.

Mais la sirène ne leur prêtait guère attention, faciès fossilisé face aux clameurs de la foule, pas un spasme tressaillant l’épiderme lorsque les billets furent insérés sous sa lingerie écarlate. Les pupilles reflétaient des abysses nébuleuses, un vide dantesque semblable aux oeillades des Vénus statufiées, gangrénant les maigres débris d’humanité qu’évoquaient ses courbes charnues. Elle n’était plus humaine ; frêle poupée de fiel executant sa routine une fois de plus. Cherry.

Summer logeait au creux des tréfonds terriens depuis toujours, dans un angle enténébré du cabaret où dansait sa génitrice ; opalescences innocentes observant, analysant, dépeignant, la débauche humaine à son effroyable apogée, encéphale crédule ingérant plus de vices que de réminiscences. Sa première clope se vissa aux lippes infantiles lors de son neuvième été, son premier joint nécrosa ses poumons une année plus tard, mais l’ultime débris d’innocence fut égorgé à coups de reins irascibles, tandis que l’horloge biologique carillonnait son treizième coup. Summer a tout connu, trop tôt, trop brutalement ; enfant dépouillée de figure parentale, enfant exempte de limites au coeur d’abysses profondes et vénéneuses.

Voile de jais drapant ses horizons depuis son éclosion en ces limbes nébuleuses, voile de jais pourtant infiniment constellé, voie lactée irradiant ses prunelles assombries ; incandescences fébriles serpentant parmi les ténèbres, étoiles chétives zébrant la nuit qu’était sa vie. Aristotle, l’astre solaire, fragment de l’âme, symbiose infaillible ficelant leur esprit estropié. Aristotle, hémoglobine homogène pulsant sous leur chair, silhouettes ciselées au creux du même cocon, amour indefectible corrodant la noirceur de sa cervelle. Aristotle, antidote à ses peines et ses péchés. Cherry, la lune déchue, lippes vermeils cajolant son front, forteresse de tendresse enserrant sa frêle carcasse. Cherry, palabres doucereuses lapant ses tympans, pommettes salées par l’accablement, pulpe bleutée et violacée par les amours artificiels. Cherry, fantaisie gamine de lui exhiber la planète sur un plateau.

Les jours étaient pénibles mais toujours chaleureux, les nuits étaient glacées mais jamais seules. Déficit de billets comblé par l’affection foisonnante ; jamais une plainte ourla ses lèvres, malgré l'absence d'aliments qui exhorta ses doigts à dérober une canette ou deux, malgré les soupirants aux fragrances d’absinthe qui pullulaient au creux de son foyer. Opalescences ambrées dardant farouchement les aléas de la vie, marlboro blend vissé aux lippes framboises ; volutes opaques insolemment crachées aux faciès de ces chiens affamés. Survit accordée aux prédateurs maugréant viscéralement, survit accordée aux crocs aiguisés et furieux ; mantra fermement enraciné en son encéphale, Summer délaissa l’aménité pour une virulence rassurante, tornade impétueuse implosant à la moindre menace. Mais si un certain sang-froid endiguait toujours ses explosions furieuses, une aube fatidique incendia chaque principes et chaque limites prévenant la détonation fatale.

Smack.

Le poing flatta brutalement la pommette, hématome violacée fleurissant sous la chair. Le crâne heurta un coin du mur, inconscience avalant subitement l’esprit. Tableau macabre s’esquissant sous ses prunelles ulcérées, corps de sa génitrice jonchant tel un débris sur le macadam poussiéreux. Et le tonnerre gronda brutalement au creux de ses entrailles, le courroux ourla violemment sous l’épiderme, la noirceur nappa son regard, et Summer éprouva pour la première et l’ultime fois l’envie d'assassiner, le désir parfaitement animal de faire suinter l’hémoglobine. L’objet de sa rage, un homme nécrosé par la dipsomanie et enrobé de pathétisme, prétendu beau père ayant parasiter leur foyer, n’était que microbe face à la tempête névrosée ; poings martelant le faciès apeuré, ongles lacérant la chair putride, vent fulminant furieusement, macadam oscillant brutalement, la nature semblait accompagner et vivifier ses coups, valse sanglante et irréelle. Les pleures éreintés de sa mère à nouveau consciente, les bras de sa moitié enserrant son buste frémissant de haine, l’affliction serpentant au creux de ses phalanges, instillèrent un bref éclat de raison ; instant suffisant pour l’endiguer complètement.

Lorsque la pénombre farda les horizons, et la solitude confortable de sa chambre étancha son courroux, les larmes balafrèrent misérablement ses joues ; pleurs bruyantes contorsionnant douloureusement ses côtes, car Summer ne regrettait rien, car Summer aurait préféré ne pas s’arrêter, et Summer ne savait pas ce que cela signifiait. Papier déchiré frottant sa paume, lettre jetée aguichant ses prunelles, et dans un bref excès d’inconscience, le papier fut levé à portée de son regard embrumé.

Welcome to Hogwarts, school of Witchcraft and Wizardry.

Un rire ébranla sa trachée.