L'amour de l'art magique. Friedrich F. Edelstein

À première vue, on pourrait croire que Friedrich provient d'une de ces familles sorciers de Sang-Pur vivant encore en une époque où la noblesse était au sommet de la société. Il faut dire que le jeune homme a la démarche assurée, les épaules rejetées en arrière et toujours portant sa sempiternelle écharpe qu'il fasse chaud ou qu'il pleuve, en rejetant les pans dans son dos comme il le ferait d'une cape. Ajoutez à cela que le sorcier parle de lui à la troisième personne du pluriel : de quoi désarçonner ses interlocuteurs et lui coller l'étiquette de « petit nobliau ».

Mais non Friedrich est bien un Sang-Mêlé, une personne qui sous son apparente noblesse, cache un individu qui souhaite l'entente et le rapprochement entre tous les individus, quel que soit leurs compétences (ou incompétences) en matière de magie. Il a simplement été éduqué dans le raffinement et l'amour de l'art, si bien que ces deux thèmes suppurent de lui par tous les pores. Friedrich c'est le gars qui boit son thé avec le petit doigt levé, n'utilise jamais d'insultes (et si c'est le cas elles seront désuètes et presque comiques), méprise la grossièreté et se conduit à l'égal d'un héritier de grande famille qu'on aurait jeté au sein d'une peuplade manquant cruellement d'éducation. Ce qui ne l'empêchera pas de vous aider dans vos devoirs si vous lui demandez poliment.

Friedrich n'aime pas l'art, il a-do-re ça. L'adolescent a surtout des talents en ce qui concerne le maniement du piano. À son grand désespoir aucun sorcier n'a encore créé de piano portatif, à l'image des chaudrons. Une aubaine pour ses colocataires qui n'auront pas à supporter une symphonie le soir. À défaut il compense avec son téléphone, pouvant passer des heures avec les écouteurs sur ses oreilles à écouter aussi bien du Chopin que du Rammstein (Friedrich a un très large spectre de goûts musicaux). C'est typiquement l'élève qui reste le bras levé durant le cours d'Arts Magiques qui veut répondre à toutes les questions et apporter sa science. Non pas pour supplanter les autres mais simplement pour en parler, partager. Il sera toujours présent pour vous expliquer la beauté d'une peinture, la finesse d'une sculpture, la maestria d'un film. Par contre ne lui parlez pas de l'art contemporain : lui-même n'y comprend strictement rien.

Héritier d'une grande famille autrichienne, la famille Edelstein est surtout connue pour son implication dans le monde de l'art, la peinture, la photographie la sculpture, mais surtout dans le domaine de la musique. La famille n'est pas seulement connue dans le monde des Moldus. Car oui Friedrich est un Sang Mêlé : il est né d'une mère sorcière et d'un père Moldu. La famille Edelstein essaye d'agir dans les deux mondes, celui des sorciers mais aussi celui des Moldus et dans des domaines identiques qui englobent l'art.

Cette confrontation des deux mondes a fait naître en Friedrich un désir d'unir ces deux mondes par l'art, réussir à faire fi de la peur qu'un Moldu pourrait avoir face à un peuple magique, mais aussi faire fi du mépris de certains sorciers envers les Moldus qu'ils considèrent comme des êtres nuisibles et inutiles. Autant de sentiment qu'il juge lui-même comme incompréhensibles. Pourquoi refuser l'art d'une autre « race » ou même reconnaître ses valeurs et ses talents simplement parce qu'ils étaient différents ?

Par son éducation dans une noble famille lui-même a des manières et une façon de parler que beaucoup considèrent comme « un comportement de diva ». Mais il est très loin de ceux appelés Sang-Pur qui ne jurent que par la pureté du sang. C'est même une tendance qui l'exaspère plus que tout.

La famille Edelstein voulant ce qu'il a de mieux pour leur héritier, ses parents avaient conclus de l'envoyer faire ses études magiques dans une des écoles les plus renommées d'Europe. Vous pensez à la France. Certes cela aurait pu être le cas. Beauxbâtons est une école d'une très bonne renommée et de qualitée mais les parents avaient décidé de taper plus au Nord. Non pas chez les Scandinaves, mais bien au Royaume-Uni. Mais pour cela il fallait vivre au Royaume-Uni ce qui était problématique. Mais tout problème a sa solution et celui-ci n'y échappait pas. Un an avant sa scolarisation dans une école magique, la famille Edelstein a prit soin d'entrer en possession d'une petite maison dans le comté de Cheshire et plus précisément dans la ville de Chester.

Loin de passer une année tranquille, Friedrich dut suivre les cours d'un professeur particulier en anglais pour être à niveau et faire honneur à leur nom. Il n'y vivait pas tout seul. Quel adulte irresponsable laisserait un si jeune enfant vivre seul ? Son précepteur, Ronove, devenait son tuteur sur la terre britannique veillant sur l'héritier. Il y avait aussi Schlange son animal de compagnie, un Occamy qui ne le quitte presque jamais, toujours dans un pli de son écharpe en soie qu'il porte par élégance, mais aussi pour que son fidèle compagnon puisse y loger.

Ce fut dans ces conditions que le jeune Autrichien entra dans l’école de magie Poudlard. Étant d'un naturel curieux et féru de nouvelles découvertes, rien ne l'avait préparé à tout ce flot de nouveautés. Bien qu'ayant une mère sorcière, et côtoyant la magie depuis longtemps, cette école transpirait vraiment de magie et mystère. Chaque jour était une source de nouvelles découvertes.

L'une des plus magnifiques à ses yeux fut quand il intégra le club d’échecs. Découvrir l'échiquier des sorciers fut une source de réflexion et d'amusement sans pareil pour le jeune homme. Il se demanda même pourquoi il n'en avait jamais eu chez lui auparavant ayant toujours été un féru d'échecs. Il aimait cela presque autant que le piano, instrument pour lequel il avait un certain don de mélomane.

Les jours, puis les mois passèrent. Le jeune homme était un élève appliqué et droit. Il ne voulait pas entacher le nom de sa famille. Ainsi les études, et en particulier les arts magiques, étaient sa principale priorité. Il faisait tout pour être parmi les meilleurs dans cette cette catégorie. Aux vues du passif de sa famille, et que les arts magiques étaient un domaine qui lui plaisait tout particulièrement, c'était clairement le cours qu'il ne manquerait sous aucun prétexte.

Désormais il avait dix-sept ans et venait de passer en sixième année. Un nouvel objectif s'ajoutait à ceux des années précédentes. En cinquième année, il n'avait pas osé prendre la décision dans les temps et s'était vu passer l'opportunité sous le nez. Mais, aujourd'hui, il comptait bien essayer de devenir préfet de sa maison.