tu ne vois plus que du noir.
même de ton vivant l'existence ne te paraissait que monochrome, teintée de larmes en crescendo et de coups et blessures sur ta peau couleur hématome. sa présence à tes côtés ne faisait qu'en rehausser le gris comme sur la fenêtre gouttait la pluie.

tout te sembles si fade, si laid
surtout depuis que tu l'as quittée.
depuis que tu n'es plus que l'ombre de son ombre et que le non-avenir qui te guette se fait toujours plus sombre. encore, tu parcours les miroirs, les tableaux et les tiroirs. chaque couloir tu y glisses ta présence, dans l'espoir de combler le vide de ton existence.

pourtant on t'oublie
pourtant tu es finie
papillon éphémère
aux ailes brûlées amères.

tu as besoin de distraction, d'un nouveau poison dont tu pourrais te droguer, sentir tes veines fausses à nouveau irriguées, ton cœur sans pouls battre la chamade et une fois la farce finie pleurer de cette interminable mascarade.

tu passes les murs les nuits les jours, descends dans les anciens dortoirs que tu as si longtemps parcourus, que tu as appelés maison et qui le seront à jamais de raison. tu traverses les portes, observes les dalles, t'enivres du vert que tu arbores encore. finalement, tu passes un énième mur, te figeant au travers de celui-ci sur la vue en face de toi.

les embrassades dans le lit, les chairs qui se cherchent encore et l'horreur qui résonne entre les murs. le monde est noir et se teint encore dans les éclats des désaccords. Un certain malaise se tord en toi avant qu'une des silhouettes ne s'échappe dans un cri hors de la chambre, un léger rire s'échappant de tes lèvres moqueuses.

▬ woah, tu devais vraiment être un mauvais coup.

tu sors complètement du mur, pose tes pieds au dessus du sol, dans tes yeux cette lueur folle alors que tu ne prends tes aises - car après tout, ici
c'est pour toujours
et à jamais
chez toi.