cause after all these years — castiel // manoir kingsley // début juillet 2028

Ta huitième année à Poudlard s'était enfin terminé. Encore deux ans à tenir. Même si ça serait encore deux années compliquées. Car tu avais vécu ta première année en tant que loup-garou et ça avait été tout sauf facile, simple à encaisser.


Ce fut une belle année, en terme de Quidditch. Même dans ta vie amoureuse, tu semblais avoir trouvé la fille qui t'épanouissait. Mais ça c'était avant que Monsieur Castiel Kingsley fasse tout foirer, comme à son habitude.

Tu te haissais dans tes indécisions, dans tes doutes et dans tes impulsions. Tu t'en voulais de tout gâcher, même si tu te sentais soulagée quand elles te détestaient.
C'était le coeur lourd et l'âme fatiguée que tu étais rentré chez tes parents, au manoir. C'était le visage irrité que tu avais déjà envoyé bouler ta mère et son jarret de canard. Tu t'étais enfermé dans ta chambre le premier jour. Ne voulant voir personne. Le deuxième jour, tu t'étais levé à l'aube, avant ton père pour partir en forêt sur ton balai. Tu n'étais revenu que vers 23h par la fenêtre de ta chambre. Toujours fermée à clé.

Mais pour ce deuxième matin en Ecosse, tu commençais à avoir la dalle. Et également la flemme de partir en vadrouilles. Après tout, tu méritais ses vacances là aussi, n'est-ce pas ?
Comme tout à chacun.
Le fait que Père travaillait la journée t'aidait à trouver la motivation de sortir de ta chambre.

Descendant les escaliers, attiré par l'odeur de la viande, tu avais chopé des restes avant de retourner t'enfermer dans ta chambre.
Allongé sur ton lit à fixer ton plafond, tu écoutais de la musique sur ton pineapple et des vidéos de merde sur le magic net. Pourquoi est-ce qu'on te suggérait des vidéos de Maybelline d'ailleurs ? Merde à la fin, ou était passé ta dignité ?

La porte s'ouvre et tu l'entends même avec la musique à fond. Tu rétorques seulement.

— « Va t-en Bell. »

Mais voyant qu'elle semblait décider à rester, tu pousses un soupire et enlèves tes écouteurs, te redressant pour la dévisager.

— « Qu'est-ce que tu veux ? »

Tu ne pouvais la repousser indéfiniement, surtout avec tout les changements que la morsure avait engendré dans cette famille.

— « Tu ne devrais pas t'occuper de tes propres problèmes avec les garçons plutôt que de t'inquiéter de ceux que je peux avoir avec des filles ? »

Tu la toises un instant avant de sourire nerveusement.

— « Rien d'important. On parlait de... »

De quoi déjà ? De son départ en France l'année prochaine. Du fait que tu allais te retrouver tout seul, encore plus seul avec le départ de tout tes meilleurs amis. L'absence de Cain te rongeait tellement que tu avais l'impression d'avoir perdu la chair de ta chair. Ton propre frère.

— « C'est une amie à moi et elle m'annonçait son échange scolaire avec Beauxbâtons en septembre. Tu te doutes bien qu'avec le départ de Cain et de Croyance, c'est l'accumulation. »

Une amie tu dis ?
Alors pourquoi est-ce que tu l'as embrassé ?

— « Et accessoirement j'ai rompu avec Babylone. Hier soir. »

Tu laisses échapper un rire jaune, condescendant envers toi même.

— « Mais honnêtement Bell, qui s'en fout ? Parle moi un peu de toi. J'ai l'impression qu'on ne s'est pas adressé la parole depuis le primaire. »

La faute à qui ?

Ta soeur était à tes côtés. Tu ne sais pas vraiment ce qu'elle attendait de toi, et ce que tu étais capable de lui donner, à l'heure d'aujourd'hui.
Allongé sur ton lit, les bras derrière la tête à fixer le plafond, tu l'écoutais du coin de l'oreille, comme si tu savais prédire à l'avance si cette discussion était veine.
Et pourtant, cette fois-ci, tu ne pouvais plus faire semblant de pas entendre ses appels à l'aide.

Elle s'approche de toi et tu fronces les sourcils. Tu n'avais jamais supporté sa maigreur et cette anorexie qu'elle se trimballait. ça te rendait toi même malade, de l'imaginer encore plus souffrir après tout ce que vous aviez traversé.
Et en elle tu voyais l'enfant que tu avais eu peur de devenir.

— « Les sentiments ne partent pas aussi vite que l'on pense. Mais je me suis donné jusqu'à la rentrée pour l'oublier. »

Tu étires un sourire nerveux.

— « Après tout, j'ai survécu à pire. »

Tu hausses les épaules avec dérision et redresse soudainement le haut de ton corps quand elle aborde le sujet des garçons. Tu disais ça d'abord pour plaisanter mais plissant les yeux avec suspicion tu rétorques.

— « Sérieusement ? Tu n'as pas trouvé mieux qu'un moldu qui fait de la couture ? J'ai rien contre la couture mais. Et puis il est plutôt vieux pour toi non ? »

Tu te pinces la lèvre. Même si tu montrais peu d'attention à Lilibel, t'avais toujours été ce grand frère à aller casser la gueule des connards qui lui faisaient du mal dans son dos.
Sans lui en parler mais tu savais que les langues déliaient toujours la vérité.

— « Fais attention à toi, je ne voudrais pas que tu rechutes. »

Mais la conversation commence à partir en vrille. Lilibel se braque en une cascade de sanglots, prononçant d'une douleur égal à une lapidation certaine... cette question qui te glace le sang dans tes veines.

— « QUOI ?! Pourquoi est-ce que tu sors une connerie pareille ?! »

Tu ne sais pas quoi dire à part hurler, c'est ta seule manière de communiquer.
Alors tu te lèves et la prend dans tes bras pour la réconforter.

— « C'est justement parce qu'il t'aime qu'il a cette attitude. N'as-tu encore jamais compris qu'il se hais pour t'aimer autant ? Tu resteras sa fille et ça le hantera pour la fin de sa vie. C'est la punition qu'il mérite pour ne pas t'avoir accepté comme tu es. »

C'était douloureux. A encaisser mais surtout à entendre. Tu n'avais pas idée (du moins tu avais choisi de l'ignorer) la souffrance de ta soeur. Du moins... tu ne savais pas que ça la rongeait encore à ce stade.
Vous étiez des déchets, les enfants déchus de la famille Kingsley. Cracmolle amaigrie en recherche de reconnaissance et loup-garou détruit en pleine thérapie de sa déficience.

— « Comme tu le dis, ces abrutis de collègues sont des abrutis ! Tu as vraiment besoin d'eux pour être toi même ? »

Loin de là ta volonté de minimiser ses peurs et ses complexes. Tu voulais juste trouver un moyen, de chercher en elle et en toi une volonté d'exister, autrement qu'à travers les autres.
Tu comprenais mieux d'un coup, pourquoi ta soeur s'affichait sur les réseaux sociaux, dans sa quête éternelle de popularité. Ce n'était pas tant soit peu la visibilité et l'amour des autres qu'elle recherchait désespéremment, mais seulement qu'on sache qu'elle existe.

— « Pardonne moi, Bell. J'ai été un connard lâche et j'ai pas su te protéger correctement. Je pensais qu'en t'éloignant de moi, je t'éloignerai aussi de sa bétise. »

Ses questions cinglantes résonnent dans ton coeur comme des lames qui s'enfoncent lentement dans ton âme. Oui, ou étais-tu Castiel ? Sur un balai pour voler au dessus de la forêt ou parti courir après des connasses qui n'en valaient pas la peine.
Oui, ou étais-tu Castiel ?

Alors qu'elle était toujours derrière toi.
Même après ta morsure.
Même après le pire moment de ta vie.
Mais elle ne savait pas tout, elle ne pouvait pas. Le secret chez les Kingsley était sacré et il ne fallait pas en avoir honte. Votre devise l'expliquait fièrement. "Dans les secrets résident l'honneur et la protection."

— « Je suis là. »

Tu ne savais pas quoi dire de plus, ne voulant pas trahir ta sincérité par des banalités inutiles. Elle cherchait du réconfort, tu ne pourras lui donner que ce que tu étais capable d'exprimer.

— « Ce n'est pas une honte d'être cracmolle. »
Ce n'est pas une honte d'être un loup garou.

— « Si tu veux survivre, il faut commencer par t'accepter toi même et t'en suffir. Si tu attends des autres, tu seras pire qu'une merde toute ta vie. »

Et tu savais de quoi tu parlais.
Tu demeurais sérieux dans tes propos, parce qu'ils venaient des tripes.
S'accepter soi-même, encore une phrase toute faite à la Errol.

Lilibel poussait trop. Mais tu la comprenais, la seule fois ou tu t'ouvrais enfin après toutes ces années, elle tentait de percer le plus possible ta coquille. Mais Lilibel te connaissait, elle devait savoir que le misérabilisme à outrance et les complaintes n'étaient pas vraiment des choses que tu savais gérer. Et que tu avais envie de gérer. Il était temps pour elle d'avancer, et tu ne savais comment lui expliquer sans lui hurler dessus.

— « Bell... Je serais là autant que je pourrais l'être. »

Tu la regardes froidement, sans pour autant la lâcher de tes bras. Elle était de ton sang mais il ne fallait pas qu'elle tire trop sur la corde. Tu n'étais pas réputé pour être le plus attentionné des hommes, pas uniquement par manque de volonté mais également par maladresse. L'impulsivité qui t'animait d'ordinaire avait empiré depuis ta morsure. Et tu pouvais parfois paraitre sanguin.

— « Et moi j'ai pas l'habitude de distribuer de l'amour par carton de douze alors arrête d'insister !" Tu serres les dents, essayant de faire redescendre la pression. "Tu t'adresses à la mauvaise personne Bell, si tu veux de l'amour, trouve toi un petit copain. Mais si tu crois que devoir supporter Papa à chaque connerie que tu faisais ça a été facile, tu te trompes. »

Tu te lèves, te tenant droit devant elle.

— « Tu as tout ce que tu veux dans cette maison. Il est peut-être froid, mais il l'est avec moi aussi. Je suis la déception de la famille je te rappelle ? Sportif et maintenant un monstre. Oh non, je ne me plains pas. Ce n'est pas un concours. Et sérieusement j'ai atteins un stade ou j'en ai juste plus rien à branler de toutes ces histoires de famille. »

Tu es dur, agressif presque mais si personne ne l'éduque, qui le fera. Tu prends les devants. C'est une Kingsley, merde. Les femmes sont plus fortes que les hommes, pourquoi se laisse t-elle ronger par un passé qui n'en valait pas la peine ?

— « Tu es sûrement une des filles les plus belles de l'école, tu es jeune, tu travailles bien et tu ramènes des bonnes notes, tu es populaire sur le net - même si je cautionne pas trop tes photos soeurette - t'as tout ce que tu veux alors arrête de courir après une chimère et cherche ton bonheur parmi ce que t'as déjà. Tu le changeras pas. »

Tu lui tapotes la tête.

— « Demain matin, je pars à l'aube en balai. Si tu veux cet après midi je trafiquerai mon ancien éclair de feu pour qu'il puisse te porter. J'ai vu ça en cours cette année. C'est pas permanent mais c'est possible pour les balais de transports. ça te dit ? »

Tu essayais tant bien que mal de faire des efforts, de te montrer plus doux après la douche froide que tu venais de lui infliger.

Ta soeur est déçue. Tu le sais, tu le sens. Mais pouvait-elle un jour comprendre que tu disais tout ceci pour son bien ? On ne pouvait pas se laisser inlassablement dévorer par un malheur que l'on avait pas soi même orchestré.
Lilibel était forte, Lilibel était ta soeur, elle ne pouvait pas rester dans cet état de dépendance affective inlassablement. Elle devait se relever et prendre sa revanche envers tout ceux qui l'avaient laissé s'enfoncer plus bas que terre. Et tu te comptais dans ce lot de connards, car tu n'avais pas vraiment été là pour elle et ses problèmes, préférant la laisser pour la protéger. Il semblerait que tu avais pris la mauvaise décision, peu avisée.

— « Lili, ne le prends pas mal. Tu sais que je pense ce que je dis, et que j'ai vécu ce que tu peux ressentir. Je préfère être franc, je ne suis pas ces mecs qui te complimentent sans cesse sur insta juste pour avoir ton numéro. »

Tu te rassois sur le lit, ricanant à sa remarque. Comment comptait-elle l'améliorer sans magie ? Elle était aussi têtue que votre père parfois. Ils se ressemblaient plus que ce qu'ils s'avoueraient jamais.

— « Tu peux pas sans magie. Laisse moi faire je te dis, j'ai appris cette année. ça se passera pas comme la dernière fois j'te promets. »

Tu te lèves, lâchant ton pineapple sur le lit pour lui indiquer de te suivre. Tu le ferais maintenant, pour lui prouver ta bonne foi.
Mais tu serres les dents, toujours dos à elle et devant, quand elle aborde le sujet de Selene. Pourquoi donc s'obstinait-elle à vouloir aborder tous les sujets épineux avec toi ?

— « C'était il y a plusieurs semaines. Comment tu es au courant de tout ça sérieux ? Tu as engagé un de tes amis pour me filer ou ça se passe comment ? »

Tu soupires.

— « Selene, c'est de l'histoire ancienne. Et on s'est juste croisé pour avoir l'occasion de se le dire. Guérir ce genre de blessure ça met du temps alors quand c'est enfin cicatrisé, tout redevient comme avant. »

Tu descends le grand escalier, tu traverses le salon pour sortir sur la terrasse, te dirigeant en t'étirant vers le cabanon à balais.

— « Voyons voir.. c'est lequel déjà.. »

Lilibel et ses insécurités. Tu ne savais pas si tu trouvais ça adorable ou bien archi triste. Peut-être que tu n'avais pas été le meilleur des grand-frères mais pourquoi doutait-elle encore de sa capacité à être une bonne soeur, et surtout une fille cool.

— « Je ne sais vraiment pas ce que tu me trouves Bell. Tu as tellement plus de potentiel que moi. Père le pense aussi. »

Dans une de vos nombreuses disputes, il te l'avait déjà craché au visage. "Ta soeur est moins decevante que toi, et plus obéissante. Elle ne me fait plus aussi honte que ce que je peux ressentir face à toi." Oh, il avait eu du mal à accepter ta condition de loup garou. Peut-etre que cracmol ce n'était pas aussi mal comparé à un monstre.

— « Si tu arrêtais de m'admirer aveuglement. Je sais très bien ce que tu as pu pensé, j'ai lu ton blog secret. »

Tu ricannes, pour te moquer gentiment d'elle. Ce blog datait de son début d'adolescence, peut-être et sûrement n'est-il plus à jour désormais. Des années que tu n'étais pas allé jeter un coup d'oeil.
Appliquant des sortilèges à l'éclair de feu, tu lui tendis après quelques minutes.

— « Essaie le. Si je lui donne une destination, il pourra te porter même sans pouvoir magique. Super hein ? Bon c'est pas vraiment optimal pour le quidditch mais pour le transport c'est une avancée je trouve. »

Tu lui tends le balai, sûr de toi. Attendant qu'elle s'en saisisse, tu t'adosses ensuite à la porte de la cabane une fois que vous étiez dans le jardin.

— « Rend moi fier. »