Le froid saisit ses membres. Il chercha un moment sa couverture avant de se rendre compte qu’elle n’était pas là. Non. C’était lui qui n’était pas là où se trouvait sa couverture. Mais alors, où était-il ? Le sol vibrait étrangement sous ses pieds. Le jeune homme ouvrit enfin les yeux. Il ne voyait rien. Peu à peu, ses pupilles s’habituèrent à l’obscurité. Pourtant, ce fut ses oreilles qui lui indiquèrent en premier lieu qu’il n’était pas seul, et avec au moins une personne de premier choix. Il leva les yeux au ciel, pas vraiment d’humeur. Texas s’abstient de réponse. Ce mec est un gamin, il allait bien falloir qu’il s’habitue à sa présence. Un sourire mesquin s’installa sur ses lèvres : après tout, ils seraient en quelque sorte bientôt liés pour la vie.

Ce sourire s’élargit à la réflexion de Beckett. « On est d’accord. » Un long frisson le ramena à la réalité. Il était à moitié à poil, en short avec un sweat à capuche (qui lui avait mis, d’ailleurs ?) sur un pont qui menaçait de s’effondrer, avec deux mecs et une nana quasiment inconnue. Il enfila sa capuche et remonta la fermeture. « Bon, c’est une blague de qui ? »

Avant d’avoir une réponse, le pont tremble, le vent souffle de plus en plus en fort. Il les envoie valser à quelques mètres de l’endroit où ils se trouvaient. Son dos heurte la rambarde du pont et Texas se laisse tomber au sol sous la douleur. Bordel, c’était pas normal. Un peu sonné, il cherche du regard les autres. Finn, où était Finn ? Il avait beau le détester, s’il lui arrivait quelque chose en sa présence, il ne pourrait jamais se le pardonner, ni croiser le regard de Maybelline.

Cet abruti serait capable de s’attirer des ennuis tout seul, il valait mieux garder un oeil sur lui. Péniblement, Texas se redresse et rejoint en quelques pas à peine les trois autres. Tout le monde semblait avoir été projetés. C’est à ce moment qu’il remarque Finn, ensanglanté, tendant sa main à Linyao, affirmant qu’il fallait partir. Il entend très clairement le grognement de la serdaigle, perturbée sans doute par les effluves que libéraient le liquide du Tudor.

Texas attrape Finn par les épaules et le pousse sans grande attention pour l’éloigner de la demoiselle. « Toi, éponge. » Il se tourne vers la vampire. « Toi, tiens-toi tranquille. » Il se sentait l’âme d’une meneur, cette nuit. « Et hors de question qu’on te laisse ici. On s’en va ensemble ou on reste. » Le serpentard jette un oeil en bas : une étrange lueur venait du fond, et c’était pas normal. « Maintenant, on se tire. » Sans prendre en compte les risques qu'il encourait, Texas passe un bras dans le dos de la jeune femme, met un des siens sur ses propres épaules. Mais Linyao semblait vraiment faible, il ne pouvait pas juste la traîner à côté de lui. Il s'arrête l'espace de trois secondes pour changer de prise et la porter telle une princesse. C'est ainsi qu'ils traversèrent le pont, tentant de rejoindre le bord le plus vite possible.

Linyao s’agrippa à lui avec une telle force qu’il fut surpris. Elle insistait tant à rester au sol et la voilà maintenant cramponnée à lui comme s’il ne devait plus jamais la reposer. Ce qu’elle fit ensuite, Texas ne s’y attendait pas vraiment. La vampire venait de poser ses lèvres dans sa nuque et il ne voyait pas vraiment ce qu’elle pourrait faire d’autres que le mordre. Il était pris au piège, et il avait lui-même fait entrer le loup dans la bergerie. Tout ça pour ce stupide Tudor ! Il aurait mieux de le laisser se faire dévorer et partir avec Beckett.

Ce dernier, resté en retrait jusque là, prit la parole. Le blond tourna la tête pour voir de quoi il parlait. Des êtres de l’eau - il croit - remontaient à la surface et tentaient d’escalader le pont. Il grimaça. Texas était un adepte des belles histoires dans des endroits lumineux, pas des nuits d’horreur coincé entre un vampire et des monstres aquatiques. « Eh bah, raison de plus pour se dépêcher ! »

Ses lèvres se tordirent en un nouveau sourire incertain. Le haut de son corps était comme paralysé. Il se disait que, s’il ne bougeait pas d’un pouce, Linyao ne serait pas tentée de lui arracher la carotide. Plus le temps passait, plus il se trouvait stupide d’avoir joué les héros. « Ok donc… on meurt de la main de quel monstre ? » Il essayait d’ajouter une petite touche d’humour sans se douter que ça pourrait être mal interprété. Le stress prenait le dessus.