[HALLOWEEN] palimpseste + bella

on n'a jamais vraiment su d'où venait la haine viscérale qui creuse son être, qui le fait souffrir et hurler - on n'a jamais su vraiment pourquoi il rentrait dans sa carapace de silence à l’énonciation des cracmols.
et c'est toujours comme ça.
rien n'a changé dans son attitude, il essaye de ne jamais être désobligeant mais parfois résonne les pensées trop forts jusqu'à son estomac ; ça fait mal.
ça le démange de partout.

et il a su que tu avais les mêmes opinions, il l'a su à l'acharnement car tu avais d'abord une violence déplacée à son égard - quelque chose qui crispe mais qui ne l'a pas rebuté.
il a l'habitude et il n'a rien deviné de corrompu dans tes dires et ta manière d'agir. il se plaît à penser que tu as agi malencontreusement par la peur.

vous avez convenu là que vous allez étaler l'ignominie dans la salle qui leur est dédiée, leur faire comprendre qu'ils n'ont pas à être là par l'injure. si toi tu n'es pas lucide, lui l'est, il fait ça parfaitement conscient avec l'audace qu'on attribue à ceux de sa maison.
le pot de peinture violette volé en main avec deux gros pinceaux, il t'attend à l'intérieur de la salle, assis sur un bureau. la porte est fermée mais il l'a déverrouillée tantôt avec un alohomora imprononcé, du bout de la baguette.
la fête est à son apogée et il est caché sous son drap blanc, personne ne se doutera. c'est juste une salle parmi tant d'autres à l'étage du silence et il aura à refermer à clef derrière toi pour faire éteindre les doutes. il n'y'a rien d'inquiétant et vous n'aurez qu'à progresser sans hurler pour ne pas vous faire remarquer.
quand il te voit entrer, il te fait signe du bout de la baguette de te décaler et referme la porte en prononçant sans agressivité.
collaporta.

il retirer son drap blanc et se lève pour te saluer d'un mouvement de tête - il ne porte pas son masque. c'est la première fois qu'il te montre ce qu'il y'a en-dessous.
il est habillé tout en blanc et il se racle la gorge, te demande d'une voix enjouée.
tu es prête ? il faudra faire attention à ne pas se tâcher.

il montre du bout du doigt le pot de peinture et puis s'affaire à l'ouvrir dans un bruit de succion plastique audible, posé sur une table et un pinceau déjà en main.

un rire s'échappe tout doucement de sa bouche ; rebelle ? ça fait longtemps qu'on ne l'a pas nommé ainsi et surtout avec une conviction maligne. l'on dit parfois que ses gestes sont indociles mais ulysse n'a d'apparence de rebelle que ses anciennes mutineries. le présent et carré mais parfois dévié par de simples bagarres d'intérêt - et il ne sait s'il peut réellement se prétendre révolutionnaire, à étaler de la peinture sur un mur. peut-on l'être en se dédouanant des sévices, en le faisant dans le plus grand des secrets ?
il ne le sait.
ahah, je ne sais pas si rebelle serait le terme approprié.
il trempe l'arme du crime dans la peinture violine et opine doucement quand tu annonces vouloir ce côté du mur et se positionne de l'autre côté. ses lèvres sont scellées tandis qu'il commence à s'affairer sans aucun honte à étaler sa haine contenue et condensée, fine et bien ficelée en pans de simplicité. ulysse ne fait pas de plans compliqués pour détester.

il tourne doucement ses yeux vers toi en terminant le e de muggles, la voix distincte mais moins forte que d'habitude.
disons que... ils nous ont détesté et tué pendant tant d'années que c'est trop simple de les accepter ici. si pendant tout ce temps ils n'étaient pas autorisés c'est qu'il y'a une raison. ils peuvent très bien vivre dans leur propre univers et nous ficher la paix.
il laisse un silence et reprend, sur le ton de la confidence.
ils n'accepteront jamais totalement quelqu'un comme moi. c'est dans leur nature, c'est tout. et toi ?
il écrit patiemment "outside", attendant ta réponse sans jamais se hâter.

ulysse n'a jamais connu réellement le monde moldu. il n'a jamais traversé les ruelles de paris, les grands boulevards, n'a jamais pu se mêler à la foule de londres ou même profiter des fêtes des villages autour de celui de ses grands-parents. il ne pleure pas de cette perte et ne s'afflige pas de ne jamais avoir connu les contacts, les moldus grouillants et ce monde que sa mère chérit tant - il la verrait partout jusqu'à dans les reflets des laveries.

c'est trop tôt encore je pense, les sorcières et sorciers tués par les moldus par l'état, tout ça, c'est encore trop récent. je ne suis jamais allé dans les grandes villes moldues.

les horreurs du millénaire dernier semblent encore pouvoir être touchables du bout des doigts. il lâche le pinceau dans le pot et recule d'un ou deux pas, esquissant un mince sourire invisible - mais sa voix sourit aussi.

on devrait déguerpir, moins de temps on passera ici moins de chances on aura de se faire prendre.
il jette le pinceau à travers la salle et constate votre oeuvre d'art avec satisfaction. il récupère le pot et s'approche du bureau du professeur et de cet espace qu'on réserve normalement au maître des lieux - devant le tableau - et renverse consciencieusement tout la peinture restante. il regarde le violet dégouliner, s'étaler sur le mobilier et tout autour - il regarde ce saccage qui n'est rien à côté de tout le sang qui a été versé parce que certains étaient des sorciers.
il jette le pot sur le côté et s'empresse d'ouvrir la porte avec un sort, commençant déjà  à fuir.
dépêche-toi. merci de ta complicité. tu refermeras derrière toi.