last resort ;;; venus ;;; terminé

Des pas réguliers, il flâne dans les couloirs. téléphone à la main, écouteurs vissés dans les oreilles, il se laissait guider sans trop savoir où aller. La solitude escomptée n'était pas atteignable; murmures indiscrets trop audibles et visages inconnus trop visibles. Sans doute rejoindrait-il la salle de cinéma sous peu, il était sûr d'y retrouver des têtes familières; et de noyer le monde durant quelques heures. Finalement décidé, ses pas le guidèrent jusqu'au hall. Et, navigant dans le flot de sorciers, il aperçut une reconnaissable chevelure rouge, qu'une impulsion le poussa à aller saluer. rangeant son téléphone et retirant un écouteur, il fit quelques grande enjambées, et se retrouva à ses côtés. « Dis-moi, combien d'invitations t'as reçues pour le bal ? pas moins d'une dizaine, je suppose. » Yeux au ciel, sourire railleur, ton moqueur — et habituel, au final. Il n'avait aucune idée de si c'était crédible ou non. Jetant un coup d’œil à la ronde, il s'assura que les alentours étaient suffisamment dépeuplés, puis se pencha légèrement vers la semi-vélane — pas trop près, et rajouta dans un marmonnement : « A propos de la dernière fois .. j'aurais dû me contrôler. tu aurais pu m'arrêter plus tôt.   » Soupir frustré, il détourna le regard et se frotta machinalement l'arrière du crâne. « Ça fait chier d'être aussi sensible à cette connerie de charme vélane. » Surtout qu'il n'aurait jamais été, en temps normal, intéressé par quelqu'un comme elle, étant donné leur relation.

Un soupir et un aveu qui peint la surprise sur le visage de faust. Il s'était attendu à ce que la jeune femme ait quelques avances, au moins dû à sa part vélane — mauvaise raison, certes. Il reste silencieux, voyant la lassitude qui détonnait sur le visage de sa comparse, et se doutant qu'il n'était pas capable d'arranger les choses — ses mots blessaient, mais ne réparaient pas, c'était ainsi qu'il s'était construit. « Pareil. Enfin, je suis supposé inviter de mon côté, mais je n'aie personne en vue.  » Son regard dérive, contemplateur, tandis que ses pensées s'égarent quelques instants. Il n'avait pas peur d'être seul, mais n'avait pas envie de passer une soirée à déblatérer avec n'importe qui en attendant que le temps passe. « Enfin, personne que je pourrais y amener, plutôt. J'comptais y aller avec un ou une pote de toute façon.  »
L'idée d'y inviter Venus surgit dans son esprit. Après tout, leur truc, c'était l'entraide au milieu des dérapages et engueulades. C'était de montrer ce qui était hideux, de le comprendre, et d'apprendre à le supporter. L'apprécier, même parfois. De voir la beauté là où il ne devrait pas y en avoir. Il n'y avait pas de risques à l'emmener à un bal — pas trop.

Son regard se pose sur elle de nouveau. Il l'observe alors qu'elle réagit — l’abcès éclate, le malaise apparaît. Sa voix est hésitante, elle cherche un peu ses mots, le regard fuyant — la vérité dure à avouer, avaler, recracher. Mais elle le dit. « tout le monde l'est. et le pire a été évité, au moins.  » Mais sa mâchoire est de nouveau serrée. « mais ça ne peut pas recommencer. que ça soit toi ou moi. alors débrouille-toi pour que ça marche avec cette personne. » Un ton sans appel — cette relation complexe et fragile ne peut en supporter beaucoup plus. Il ne posera pas de questions — pas cette fois, et ne dira rien de plus sur le sujet. Il ne sait pas aider, quand il ne s'agit pas de se défouler.

Ce rire singulier l'interloque, mais il ne fut pas rongé par la curiosité bien longtemps, la réponse suivant quelques secondes plus tard. Et il répéta, incrédule, inconscient de la réaction de venus et des possible oreilles alentour. « Fallen blackwell ?  » Un nouveau soupir, comme arraché tandis que ses pensées virevoltaient dans tous les coins, rassemblant autant d'informations que possible. L'idée se faisait de plus en plus présente, écrasant tout le reste, mais il était incapable de savoir ce qu'elle valait. « Ce n'est peut-être pas si impossible que ça, mais .. ça va être compliqué. Et encore. Et j'serais de son côté et pas du tien. » Il se mordit la lèvre, nerveusement. Il avait l'impression de faire une connerie magistrale — et il ne pourrait pas prétendre ne rien avoir su. Mais il savait que s'il ne le faisait pas, il le regretterait. Parce qu'il y avait une chance qu'au moins quelque chose aille mieux — pour elles deux. « Elle va au bal avec leto, mais en tant qu'amis. On va sûrement se retrouver avec leto. Si tu viens avec moi au bal, tu pourras peut-être lui parler. » Il était fébrile, ses paroles rapides et brusquement, il se planta résolument face à elle, le regard aussi sérieux que s'il cherchait à la perforer de part en part de ses pupilles. « Mais. Si tu acceptes et qu'elle t'évite, n'essaye même pas. En fait, je te laisserais même pas t'approcher d'elle. » Il n'avait honnêtement aucune idée de ce qu'il faisait. Il était empli de doutes mais avait la sensation grisante que c'était le seul réel choix qu'il pouvait prendre. Il laissa de côté les sous-entendus vis-à-vis de la famille blackwell — il se doutait que venus n'avait pas besoin d'explications concernant ce genre de choses. La seule certitude qu'il avait, c'était que le bal s'annonçait mouvementé cette année, et probablement dans les prochains mois, vu les événements récents qui s'accumulaient.

Il l'écouta attentivement, avec la sensation prenante de ressentir son conflit intérieur tandis que venus butait quelque peu sur ses mots, en proie à toutes sortes d'hésitations. A ce moment-là, il le lit et le ressent, elle est une mélasse d'émotions indiscernables, et ses yeux dérivent, et sa main se hasarde dans ses cheveux tandis que ses pensées contradictoires fusent. A ce moment-là, il espère bien ne jamais tomber amoureux, car si cela rend les autres dans cet état, il a bien peur de ce que cela lui ferait à lui. « C'est à toi de voir. Les problèmes, je sais gérer. Et toi, qu'est-ce que tu peux affronter ? » Il n'est qu'une empilade de conneries et contradictions, mêlé à des sentiments brusques et extrêmes. Tout ça, c'est dans ses cordes, aussi usées soient-elles. De toute façon, il s'est fait à l'idée qu'un bal calme serait bien trop ennuyant. Il n'aime pas être mêlé aux divers drames qui s'y passent, mais ce n'est pas comme s'il avait le loisir de constamment les éviter. Alors autant remonter ses manches et s'y incruster pour que tout ça se termine le plus vite possible s'il avait le pouvoir de changer quoi que ce soit. Rester à ne rien faire était pire que tout à ses yeux. « Je suis sûr. » Aussi sûr qu'une décision sur un coup de tête peux l'être. Mais c'est toujours le cas avec lui, alors sa voix est désormais ferme et sa détermination visible. respiration souple et apparente décontraction. « Comme je te l'ai dit, s'il y a trop de risques que ça tourne mal, je me débrouillerais pour garder nos distances. Et pareil si, au final, tu changes d'avis et ne veux pas lui parler. J'veux pas foutre la merde, juste d'essayer d'arranger celle qui est déjà là. » Il remit les mains dans ses poches, regardant une fois de plus les quelques personnes qui se promenaient en attendant que la semi-vélane prenne sa décision. Peut-être insistait-il un peu trop, même s'il cherchait à la persuader en la rassurant, mais à ce moment-là, il était loin de s'en soucier.

Elle ferme les yeux quelques instants puis se colle à lui aussitôt qu'elle les rouvre. Il est surpris par ce contact soudain, et a tout juste le temps de dégager maladroitement une main de ses poches pour lui tapoter l'épaule. Il ignore si elle cherche à le remercier ou si elle veut du réconfort, mais ce simple geste est le seul effort qu'il peut faire sur le moment. Son sourire est un peu triste lorsqu'elle répond, mais sa voix est claire et ferme, et il sait que cette fois-ci, le sujet est clos.
« Bien. Et si jamais elle regrette ça, j'essaierai d'aider. »
Sa voix reste ferme et décidée, mais un peu plus douce. même s'il est plus proche de Fallen que de Venus, il sait bien que la pouffy aussi est une personne de confiance. Elle connaît le risque de la situation; rien qu'à son regard hagard et tendu lorsqu'elle avait prononcé le nom de Fallen trop fort plus tôt. Et à ce moment, il n'est pas celui qui s'évade dans des pensées lointaines; c'est bien la jeune femme qui le fait, regard embrumé, quelque peu attristé. Elle se tire de ses pensées et soupire, et son regard se repose sur lui. Et vient la question, qui le fait prendre une grande inspiration tandis qu'il fait un sourire un peu crispé. « Eh bien ... c'est une bonne question. »
Le changement de sujet ne lui déplaît pas. Réconforter, quand il ne s'agit pas de donner une bouteille de vodka, d'écouter, de frapper ou faire des conneries en tous genre, il ne connaît pas. Conseiller, c'est compliqué aussi — ses mots sont rugueux et tranchants, sonnent comme des ordres et des reproches. Il ne sait plus être doux. Il a oublié. Il est juste cinglant. Mais peut-être devrait-il essayer. Juste un peu.
« Je vais probablement mettre du bleu assez sombre. Genre bleu nuit. Donc, n'importe quoi qui va avec ça. Fais-toi plaisir. » Il retourne la tête vers elle, hésite quelque instants, puis regard un peu moqueur et sourire en coin, avant de rajouter : « Tu auras quelqu'un à charmer après tout. »
Les gens sont intelligents pour comprendre quand ils s'en donnent la peine, il le sait. Et il sait que venus fait partie de ces gens-là, prête à donner une chance aux autres, à essayer de les voir tels qu'ils sont au travers de ce qu'ils font. Alors, il peut bien, lui aussi, tenter quelques trucs. « Bon, on a tout dit, du coup je vais filer. » Il fit un simple geste de la main à la vélane tandis qu'il s'éloignait à grande enjambées, glissant de nouveau les écouteurs dans ses oreilles.