Spreading Rumors || Felix Gaunt

Tu regardes ton portable qui t'affiche que ton message a été envoyé et tu le ranges, soupirant. Il y a un couple sur la berge d'en face, mais tu ne t'en préoccupes pas. Tu enlèves ton T-shirt, exhibant ton haut de maillot de bain et tu le poses sur tes affaires, patiente.  
Pourquoi Felix ? Pourquoi est-ce à lui que tu demandes de venir te rejoindre ici, alors qu'il y a tant de personnes que tu pourrais appeler ? Peut-être que justement il y en a trop et tu as envie de passer du temps avec quelqu'un à qui tu peux te confier, avec qui rien n'est étrange ni compliqué.   
De plus tu as vu que ces derniers temps il était abattu. Tu t'es dis que c'était parce que les entrainements de Quidditch de votre maison ont été annulés avec les examens, mais finalement, tu étais sûre que ce n'était pas ça. Felix était plus du genre à venir te voir en douce pour te demander si vous n'alliez pas en faire en thug et s'il ne pourrait pas se joindre.  
Alors au vu du temps ensoleillé, tu décidais de lui demander de venir. Il faisait doux, il n'y avait pas de vent. L'eau était froide mais tu savais que ça n'allait pas gêner ton ami. Après tout, ça vous est déjà arrivé de monter dans vos dortoirs très tard le soir et se retrouver avec de l'eau froide sous la douche.  
Tes pensées allèrent vers la jeune femme, vers Fallen, et tu en eus presque les larmes aux yeux. Tu regrettais tant ton comportement, tu voulais changer tant de choses mais c'était trop tard. Et tu avais si peur de te l'être mise à dos.  
Tu entendis des pas derrière toi et essuyais rapidement les larmes qui avaient commencé à s'amasser au coin de tes yeux.  
  
"J'aurais presque cru que tu n'allais pas venir Felix."
 
   

Tu lui tires la langue quand il te répète que tu es petite. Il va voir, celui-là, qui est petit au Quidditch. S'il tombe du balais, il va vite se retrouver plus bas que toi, c'est sûr.
Il a un éclat joueur dans les yeux et ça te détend un peu. Ça t'a un peu manqué avec l'absence des entrainements, cette bêtise légère qu'avaient les membres de ton équipe. C'est pour ça que tu les aimes tant, d'ailleurs. Bien que tu ne l'avouerais pour rien au monde devant eux.
Il met ses bras autour de toi lorsque tu te mets dos à lui, un geste mécanique mais toujours aussi rassurant et doux. Lorsque tu le regardes, il baisse la tête. Ses lèvres frôlent ta peau lorsqu'il te dévoile son secret.
Andy. Tu avais raison, mais il te surprend. Andy ? Tu la connais un peu, de loin, de près. Vaguement, en fait. Mais tu vois sa bouillie innocente, sa cape grise. Et soudain ça te frappe. Une Gryffonne ! Tu le regardes surprise et ouvre la bouche pour lui faire part de tes réflexions, lorsqu'il t'interrompt, t'arrêtant dans ton espoir d'en savoir plus. Il t'attrape au niveau des hanches et te tourne face à lui. Tu sais son sourire amusé, mais son regard est sérieux lorsqu'il te retourne la question.
Tu te sers de votre proximité pour nouer tes mains autour de son cou, posant ton front contre son torse. Tu veux pas voir son regard quand il va comprendre dans quelle merde tu t'es foutue.

Fallen Blackwell. Ma perdition à moi, c'est Fallen Blackwell. Et à peine commencé, j'ai déjà tout foiré, tu te rends compte ?

Tu soupires, agacée, tes doigts jouant avec les cheveux qu'il a sur la nuque. Tu finis par relever la tête, un sourire de travers en secouant la tête.
Tu te demandes comment vous en êtes arrivés là tous les deux. Comment se fait-il qu'au lieu d'un incorruptible bonheur, vos cœurs vous poussent à une profonde tristesse. Après tout, tu sais très bien pourquoi Felix a si mauvaise mine. Lui aussi est Sang-Pur, comme elle. Alors aimer une cracmole... Ce ne doit pas être si facile que ça en fin de compte.
Comme ça ne doit pas être facile pour Fallen d'être homosexuelle.
Et tu as soudain l'impression de mieux la comprendre.
C'est Felix Fix, au final. Il a réparé ta vision.
T'a permit de voir la vie de Fallen à travers son prisme à lui.
Et tu comprends mieux maintenant.
   

Panique. Elle traverse ses yeux et tu es surprise, tu ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il lui arrive ?
Il se recule un peu, l'air hagard. Pensif, perdu. Tu ne l'as jamais vu ainsi et tu as peur. De quoi s'agit il ? Tu pries pour que ce ne soit pas ce nom qui le fasse réagir ainsi.
Mais ça fait longtemps que personne n'écoute plus tes promesses, Venus.
Il a les larmes aux yeux et la lèvre tremblante lorsqu'il revient vers toi. Tu commences à paniquer toi aussi.

Felix...?

Il attrape ta main, la serre. Il doit t'avouer quelque chose et ton coeur se serre. Qu'est-ce qui peut être si dévastateur pour qu'il refuse de te regarder dans les yeux ? Sa voix déraille.
Ton coeur défaille.
Non. Pas ça. Il hésite, a du mal. Mais ça y est, tu as compris. Le malheur s'acharne sur toi. Encore.
Tu arraches ta main de ses paumes moites. Tu te recules. Tes pas font gicler l'eau froide autour de toi. Tant de détails alors que tu te sens t'effondrer.

Non... Non, dis-moi que c'est faux... Je t'en prie...

Mais il bronche pas. Il ment pas Felix. Il ne sait pas faire. Et tu le sais et ça te détruit.
Tu te tournes dos à lui alors que tes larmes commencent à couler en un flot incessant. Tes poings se serrent. N'était-ce pas déjà assez compliqué comme ça ? N'était tu pas déjà suffisamment damnée à vouloir aimer une femme dont le sang ne pouvait accepter le tien ? Est-ce que c'est l'univers qui est contre toi à l'avoir fiancé  à ton seul confident, au seul à qui tu faisais confiance quand il s'agit de ton coeur ?!
La colère t'emporte et c'est avec un hurlement strident que tu le frappes de ton poing dans le torse. Il tombe dans l'eau avec un bruit sourd alors que tes genoux ploient sous ta chair et que tu tombes dans l'eau toi aussi.
Un gémissement mêlé de sanglot s'échappe de tes lèvres. Mais la crise est passée. Et même si tes larmes coulent encore, même si tu donnerais tout, tout ce que tu as de plus précieux pour retourner à l'instant innocent avant qu'il ne te l'annonce, tu obliges quand même ta raison à intervenir. Tu sais qu'il n'a pas eu le choix. Tu le sais Venus. Bordel, tu le sais ! Alors pourquoi tout ce cirque ?!
Tes épaules s'affaissent et ta voix se fait résignée à travers les larmes. Tu abandonnes.

Et Andy ? Comment tu peux...? Sait-elle ? Et... Sont-elles d'accord ?

Tu penses à ton ami, ce qu'il doit vivre. Et même si ta peine est vive... La sienne doit l'être plus encore. Tes mains tremblent. Tu as froid, Venus. Pour la première fois depuis longtemps tu ressens un froid, mais de l'intérieur.
Comme quoi, l'espoir...

Il se lève doucement, mais ce n'est que ta ouïe qui te l'indique. Tes yeux sont rivés sur les vaguelettes que créent les gouttes tombant de sa peau. Ils commence à parler de promesse, mais tu ne comprends pas. Sa voix tremble. Pourquoi tenir ça en secret ? Pour mieux blesser les gens ?
Ça c'est le petit un.
Tes poings se serrent. Ce sont des reproches qu'il te fait. Il n'est pas en position d'en faire. Tu te relèves à ton tour et cette fois tu le regardes. Tes yeux flamboient de colère.
On t'avait dit un jour, qu'une fois en colère, tu devenais encore plus magnifique. Mais cela ne devrait faire aucun effet à Felix. Après tout, il a toujours le mieux résisté à ton charme de toute l'équipe. Pas sans raison.
Puis sa voix monte, son ton se hausse. Tu te figes. Tu savais que Orphan était un monstre mais s'en prendre à un Sang-Pur... ? Tes yeux s'écarquillent légèrement. Il frappe l'eau, et tu le sens bouillir. Et puis sa colère explose avec ses propos criés d'une voix stridente.
Sauf que là il a dépassé les bornes. Il a dépassé toutes les limites, il a tout rompu. Le barrage s'effondre et tu hurles. Tu hurles avec tes larmes et avec toute la douleur contenue dans ton coeur.

MAIS IL N'Y A PAS DE NOUS DEUX TU COMPRENDS PAS ÇA ?! ET MAINTENANT IL N'Y AURA JAMAIS DE NOUS DEUX !

Tu pousses un cri de rage, tu tires sur tes cheveux. Tes larmes coulent, encore et encore, tu ne veux plus le regarder.

Tu n'as qu'à te tirer, Felix, tu n'as qu'à fuir, t'échapper. Ma mère a aussi voulu me marier de force et c'est ce que j'ai fait, j'ai fuit ! Tu sais je comprends ce que c'est lorsqu'on est destiné à uniquement servir aux buts de nos parents ! JE LE COMPRENDS FELIX !

Tu te met dos à lui. Jamais, ô grand jamais, tu n'avais dit ça à personne. Que tu n'étais qu'une expérience, que les vélanes se sont amusés à faire des enfants pour voir à quel point ils seraient irrésistibles. Que pour voir si ensuite leur faire engendrer un enfant à trois-quart vélane ne ferait pas renforcer l'espèce.
Et tu refuses d'y penser, tu refuses d'écouter les souvenirs qui se répercutent dans ton crâne. C'est trop lourd, c'est trop...
Tu en as assez.
Alors tes bras retombent, tes épaules s'affaissent. Tu as eu une vie simple comparée à la sienne. Ses cicatrices dont il ne parle jamais en témoignent. Tu soupires.

Je suis désolé Felix. Je ne veux pas compliquer les choses entre vous. Ce ne doit pas être facile. Je le comprends. J'espère qu'Andy comprendra aussi. Elle est intelligente, elle doit savoir à quoi s'attendre venant d'un Sang-Pur.

Tu sais tes mots blessants mais tu es incapable de plus. Tu n'es pas capable d'aller vers lui, de l'enlacer, comme tu le faisais quelques minutes plus tôt. Ça te paraît si irréaliste. Si impossible. Tes lèvres se pincent. Tu essuies tes larmes, mais le flot s'arrête pas, inondant ton cou, glissant sur ta poitrine.
Tu t'entoures de tes bras, impuissante.
Qu'es-tu dans tout ça Venus ?
Tu connais la réponse.
Un obstacle.
   

Il parle et ce wqu'il dit, tu le sais. Et tu t'en veux de lui forcer la main pour le répéter ainsi. Tu sais que ce sont des paroles qui lui font mal, tu le sais au ton qu'il emploie. Colère. Désespoir. Douleur.
Tu te recroqueville encore plus sur toi-même. Tes ongles s'enfoncent dans la chair de tes épaules. Ils percent l'épiderme à quelques endroits. Tu trembles, comme sa voix tranchante et froide. Tu as l'impression que c'est le Sang Pur qui parle. Et pourtant quelques inflexions de ton bon vieux Felix persistent.
Pourtant tu as l'impression que ça le libère, que ça lui permet de voir les choses sous un nouvel angle. Que toute cette peine est salvatrice pour lui.

Non, je ne sais pas ce que c'est...

Tu murmures dans un souffle, coupable. Tu l'as poussé à bout alors qu'il n'a rien fait. Alors qu'il voulait n'être qu'honnête. Tes larmes chaudes ne cessent pas de couler. Tu blesses tes amis maintenant, Venus ? Une nouvelle lubie dans ta vie pâle où s'enchaînent les échecs ?
Pourtant il semble s'être calmé. Tu l'entends s'approcher. Puis soudain, il te prend dans ses bras. Tu essaies de le repousser, mais il est aussi fort que toi et tu es épuisée. Alors tu le laisses nicher sa tête dans ton cou et murmurer des excuses.
Et ça, ça te brise. Tu laisses échapper un sanglot en te blottissant contre son torse trempé et frais. Tu passes tes bras sous les siens pour l'enlacer au niveau de la taille.

Tu n'y est pour rien...

Et tu te laisses aller à tes larmes, tremblante, tes mains se resserrant sur son corps. Tu as l'impression que tu as tout perdu d'un coup. Que tu es incapable d'avoir encore de l'espoir.
Et puis, il a bien dit qu'il voulait rendre Fallen heureuse, non ?

Tu sauras... Sûrement mieux que moi... Ce qu'il faut pour le bonheur de Fallen... Alors je vais m'efforcer de l'oublier... Je veux pas lui faire de mal, Felix...  je veux pas...  

Il secoue la tête alors que tu parles puis se recule. Ses mains glissent sur tes joues et tu te laisses aller contre ses grandes paumes, les seules en lesquelles tu peux vraiment avoir confiance. Tes yeux se ferment, profitant de sa caresse légère, rassurante. Il est bienveillant Felix. Et tu l'aimes à ta manière un peu tordue, tout comme tu supposes qu'il s'est attaché à toi au fur et à mesure des années.
Tes mains se lèvent et se posent un instant sur les siennes alors qu'il te parle. Il sèche tes larmes de ses pouces et ses propos te font sourire légèrement. Oui, tu sais. Tout ce qu'il dit, ça se voit, se dessine sur les traits du visage qui te hante régulièrement. Pourtant, tu sais qu'il a tord. Sur quelques points.

Je ne peux pas encore affirmer l'aimer. Cela ne vient pas en un claquement de doigts, Felix. Mais je sais, je l'ai vu dans ses yeux, tout ce que tu me dis là. Pourtant, moi aussi je l'ai contrainte. Je t'ai dit, j'ai foiré mes chances dès le début. J'ai toujours voulu trop et ça a fini par m'éclater en pleine gueule.

Tu soupires légèrement, mais tu sais que tu dis vrai. Les coups de foudre, tu n'y crois pas. tu sais juste que Fallen, elle te suit partout, ses cheveux ébènes, son regard émeraude. Tu sais que parfois tu en rêves la nuit, bien que tu ne te souviennes de rien outre l'entêtante odeur de menthe. Mais l'aimer ? Qui peut prétendre savoir ce qu'est l'amour, le vrai, de toute façon ? Sûrement pas toi, Venus, pas à ce stade. Il te faut la connaître, il te faut savoir ce qu'elle, elle pense de son côté. Et peut-être, peut-être qu'un jour, tu seras capable de le dire haut et fort.
Mais ce n'est pas aujourd'hui. Peut-être que tu es éprise d'elle, mais il faut bien plus d'une rencontre pour réellement aimer.
Le mouvement de Felix te réveille de tes réflexions amères. Ses mains glissent sur ton cou et finissent par se loger sur tes épaule, si petites malgré leur musculature sous ses grandes paumes. Tes yeux s'ouvrent et tu le regardes, surprise. Que lui arrive-t-il ? Son murmure est doux, mais implique des intonations qui... Qui te dérangent ?
Tes lèvres s'entrouvrent, tu es surprise. Ta main se lève et se pose légèrement sur sa clavicule. Tu sais qu'il n'aime pas te voir pleurer, personne n'aime voir autrui se vider de ses larmes - mais cette réaction est inhabituelle et t'inquiète.

Felix... ?

Son sourire, ses gestes... Tu es perdue, Venus.
Après tout, il n'a jamais été ainsi avec toi. Tu t'es habituée à autre chose.
Alors tu attends, les yeux rivés dans les siens.
   

Inhabituel, étrange. Tu as un frisson le long de l'échine lorsqu'il semble s'en rendre compte lui aussi. Ses sourcils se froncent alors qu'il semblait s'apprêter à dire quelque chose. Puis son visage s'enflamme, rougi, alors qu'il recule d'un pas, se cachant derrière ses paumes. Et tu comprends soudainement, tu comprends que tu étais entrain de lui faire du charme. Tu jures sous le nez avant d'effectuer un demi-geste vers lui.

Je suis désolée... Bon sang, je m'en veux.

Il se reprend, t'esquisse un sourire gêné. Sa main ébouriffe ses cheveux et tu baisses les yeux, sentant la culpabilité t'envahir. Pas parce que tu as failli le faire craquer, plutôt car tu te rends compte qu'avec tout ce qui se passe, le fait qu'il cède ne t'aurait pas plus posé problème.
Alors sa question si banale pourtant, t'arrache un rire un peu amer.

Tu crois que je devrais abandonner et me laisser aller à celui qui voudra bien de moi, Felix ?

Tu secoues la tête puis tapes du pied sur l'eau. Le liquide froid t'éclabousse il t'éclaire un peu les idées. Tu soupires et soudain tu éclabousses ton ami de toutes tes forces, un sourire diabolique aux lèvres. Tu veux te changer les idées. Et existe-t-il un meilleur moyen que celui de faire chier ses amis ?

Oublie ça et attrape moi plutôt !

Tu lui envoies encore une fois de l'eau à la figure avant de lentement te reculer, toujours face à lui, prête à te mettre à courir dès qu'il esquissera un geste en ta direction.