[VACANCES] It's just a book dear || R. Camille Gaunt

Tes doigts effleurent doucement les couvertures et tournent les pages les unes après les autres, comme une caresse ils glissent à travers les ouvrages et les rayons à la recherche de l'inconnu. Tu avais décidé sur un simple coup de tête de passer par la librairie avant de retourner terminer de préparer tes affaires pour Poudlard, pour souffler un peu après ces deux semaines de travail intensif. Il avait fallut que tu termines toutes les tâches que ton père t'avait données dans les plus brefs délais, et malgré ton acharnement il tu avais parfois cette impression qu'il t'en restait toujours autant. Tes yeux, à ces moments-là, préféraient se perdre dans la contemplation des jolis ornements qui décoraient ton bureau et les soupires s'égaraient les uns après les autres. Ton bonheur s'envolait sans même que tu ne bronches pour le rattraper, bien trop docile que tu étais, Camille.

Il avait fallut que ton corps te hurle de tout arrêter pour que tu ne daignes t'éclipser quelques heures de cet affreux Ministère, non sans y aller à reculons alors que tu savais pertinemment que tu ne tiendrais jamais autrement.

Et les événements s'enchaînant t'avaient donc menés à cette librairie du chemin de traverse dans laquelle tu parcourais les rayons, embarquant et reposant les ouvrages à tout va sans jamais réellement te décider. Il y en avait tout de même quelques-uns qui persistaient, toi qui avait toujours été attiré par la botanique et les potions, tu avais inconsciemment prit de quoi potasser le sujet. Il y avait ce livre de comptes magiques aussi, celui pour enfants dont la couverture t'avait parue être absolument adorable. La blessure s'était éveillée et la nostalgie avait accaparée ton cœur à la seconde même où tes doigts l'avaient touché. T'as pas pu résister.

Perdu dans tes pensées tu continuas de longues minutes encore à flâner tranquillement à travers les rayonnages sous le son grinçant du vieux sol sous tes pieds, et tu ne faisais pas réellement attention aux virages que tu prenais, tu ne voyais pas vraiment dans quels coins de cet endroit tu voyageais, te contentant seulement de les explorer avec ce sourire invisible à tes lèvres. Ce sourire pas vraiment heureux mais bien plus reposé, du genre rare à n'en pas douter.

Elle était déjà là lorsque tes pas t'emmenèrent dans l'une des parties les plus reculées des lieux, le corps tendu et la main quelque peu tremblante dirigée vers une rangée de livres au caractères douteux que tu avisas du coin de l’œil. Un sursaut peut-être, tes sourcils qui se haussèrent, perplexes, à l'instant même où elle t'adressa la parole, effrayée. Prise sur le fait. Mais sur le fait de quoi ? Panique grandissante dans son corps d'enfant, elle semblait ne plus savoir où se mettre. Et ta curiosité attirée par des réactions si disproportionnées, tu t'approchas en silence Camille, tes livres toujours dans les bras.

Des ton regard perçant tu la sondas, suivant ensuite le chemin de son bras vers l'ouvrage qu'elle allait s'approprier.
Elle avait l'air coupable.
Tout indiquait qu'elle l'était.

Mais coupable de quoi au juste ?
Comment résister à la tentation ?
Ah.


Tu savais parfaitement de quoi parlait ce bouquin, tu en avais lu des tonnes traitant du sujet au Ministère. D'un mouvement un peu trop brusque tu sortis le livre de son rangement pour en observer la couverture, visiblement peu emballé. Alors ton regard se posa une nouvelle fois sur la jeune fille tout près et tu lèves un peu le livre en sa direction.


Après tout la magie était en perpétuelle évolution et la plus sombre d'entre elles ne faisait pas exception. Seulement ça te chiffonnait, sa réaction. C'est que t'étais loin d'être idiot Camille alors tes prunelles s'encrèrent dans les siennes plus profondément cette fois-ci, plus sérieux et méfiant. Trop curieux sans doute.


Moi c'est Camille.
Mais ça tu ne lui dis pas.

Howard.
Ça résonnait dans ta tête tandis que tu ne prenais pas la peine de cacher ta surprise. C'était comme si finalement tout prenait sens. Ou peut-être pas forcément. Un nouveau sens, en tout cas.


Sans jugement, constatation placée là un peu peinée probablement. Il y avait des dossiers au Ministère que tu relisais souvent pour tenter de comprendre, et des familles, des noms comme ça qui ne s'oubliaient pas. Encrés dans cette société que tout le monde connaissait. Les Howard étaient méprisables et on les détestait. Les Howard bien sûr, toi aussi tu ne saurais les apprécier. Seulement du moins, ceux que tu connaissais, qu'importe les autres tu ne les avais jamais rencontrés. Et cette petite, Melusine si ta mémoire était bonne, tu ne savais d'elle rien de plus que ce qu'elle te présentait actuellement.

Jeune fille coupable au bord du gouffre, qui semble lutter et lutter encore contre tous ces gens, ces choses et visiblement ces influences néfastes qui l'attiraient vers le bas. Tu ne la connaissais pas. Mais elle avait l'air différente et effrayée. Sur la défensive, comme tous ceux qui te croisaient finalement. Trop peu doué de tact, tu avais le don de faire se méfier les autres, bien que cette fois tu doutes y être réellement pour quelque chose. Un sourire qui s'étira et d'un geste rapide tu remis le bouquin à sa place. Il n'y avait rien de bien à lire là-dedans.

Puis ton attention s'était reportée sur elle tandis que tu l'observais un instant, avant de reprendre la parole une légère grimace collée au visage, à peine agacé.


Non, bien sûr que non.
J'aimerai juste comprendre.


Parce qu'elle ne pourra pas s'enfuir aussi simplement, tu avais lâché ces mots avec décontraction tout en l'invitant à te suivre plus de force que de gré. Sans un mot de plus tu t'étais dirigé vers la caisse pour payer tes ouvrages, oubliant qu'avec tout ça tu ne t'étais même pas présenté.


Mais bon, à présent ça n'était plus nécessaire.



@Melusine A. Howard

Même pas le temps d'ouvrir les lèvres. Ton visage se tourne vers elle, sourcils haussés de perplexité. Intéressante. Néanmoins tu ne pouvais réellement l'affirmer pour le moment, alors tu te contente d'un sourire, esquisse de façade tandis que tu leur réponds à tous les deux, tes iris accrochés aux siens. Comme si tu la sondais alors qu'il n'en était rien.

En effet, merci.

Puis l'attention se détourne et les échanges se font. Gallions contre ouvrages confortablement rangés dans un sachet, cachés à ses yeux pour ne pas dévoiler un quelconque point faible à cette enfant. C'est elle d'ailleurs qui te tire à sa suite après avoir avorté un début de cordialités fort peu passionnant mais bien bon pour ton image. Esquisse étonnée, tu te laisses guider vers la belle pour finalement vous retrouver à l'extérieur, dans cette rue bondée du chemin de traverse.

Agressivité qui s'échappe sans raison, elle aurait pu te faire sourire si seulement tu ne la trouvais pas idiote. Ses paroles restaient légitimes après tout, mais à tes yeux n'avaient aucune espèce d'importance. Alors tu t'autorises un instant à la toiser, pupilles froides qui se posent sur elle de haut en bas, presque emplis de dédains mais c'était seulement pour lui faire comprendre Camille. Les personnes trop comme elle t'ennuyaient. Quitte à cacher ses peurs autant se rendre invisible, sortir les crocs n'avait jamais rendu quelqu'un plus discret.

Sérieusement, commence déjà par baisser d'un ton. Autoritaire et implacable dans cet ordre que tu donnes. Tu ne lui laissais guère le choix d'un refus, sachant qu'autrement cette rencontre ne mènerait à rien de bon. Un râle qui s'échappe, et dire qu'à la rentrée tu devrais gérer des tas d'élèves dans son genre... Mieux valait ne pas y penser. J'suis pas Auror, j'ai pas qu'ça à faire que te dénoncer ou t'arrêter pour ce genre d'ânerie.

Mais bon.
Ça te fatigue.
C'était pas ton rôle non plus de lui filer un coup de main.

Choisis vite où tu veux aller boire un café, qu'on m'sorte pas que je t'ai forcé ensuite.

Même si c'était le cas.
Tu n'en démordras pas.

Après on parle.

Impatient d'en savoir d'avantage.



@Melusine A. Howard

Un claquement de langue agacé, c'est que t'aimerais qu'elle prenne moins de temps à se décider. C'était si compliqué de donner un endroit au hasard et d'aller s'y installer ? C'est pas ça qu'il manquait sur le chemin de traverse en plus, des bars et des restaurants. De vrais pochtrons ces sorciers, non mais vraiment. Lorsqu'enfin elle se décide tu lâches un c'est pas trop tôt... presque soulagé, le poids des livres que tu tiens qui te tire sur les bras peut-être. Et sans aucune discussion tu lui emboîtes le pas, entre dans ce café à l'air si frai comparé à la chaleur de l'extérieur -un vrai bonheur que tu ne manques pas de saluer, et vous vous installez à cette table un peu en retrait. Elle semblait maligne pour une enfant, farouche et maligne, si elle était à poudlard sans doute serait-elle à serdaigle ou serpentard. Il adorait hésiter dans ces cas-là, ce maudit choixpeau. Vu l'intérêt de sa famille pour la magie noire, sans doute qu'elle est à serpentard... Au pire on s'en fiche hum. Une esquisse polie à la serveuse dont tu prends la carte, à peine un regard pour ta jeune invitée et te voilà déjà plongé dans la contemplation des écritures sur le papiers.

Et donc, de quoi voulais-tu lui parler, Camille ?
Choisis déjà un truc à boire, t'es pas pressée, si ?

Peut-être un peu effrayée, mais ça c'était pas tellement ton problème. Une habitude comme une autre alors t'avais appris à faire avec. T'es comme un ours Camille, la différence c'est que toi tu ne mords pas, tu montres seulement les griffes et les crocs. Bon. Cette Bièraubeurre a l'air excellente, plus qu'à attendre qu'elle revienne du coup. Tu refermes la carte pour la poser face à toi, portant désormais toute ton attention sur la jolie demoiselle face à toi. Elle a vraiment l'air pressée, c'est bien embêtant parce que toi tu l'étais pas. Mais bon.

Oh, vraiment ?
Elle n'allait pas le prendre, c'est ce qu'elle te dit, ce qu'elle continue de justifier en tout cas. Quand bien même, là n'était pas la question.

Si t'es là avec moi c'est pas parce que j'ai pensé, ou pas d'ailleurs, que t'allais prendre ce torchon, et encore tu pèses tes mots. C'est la tête que tu tirais quand j't'ai abordée.

T'avais la trouille.
Comme si t'allais être arrêtée.
Ou un truc comme ça.

T'es bien trop jeune pour déjà réagir comme ça.

Un autre que toi l'aurait déjà dénoncée, vous semblez en être conscient tous les deux. La jeune Howard n'était pas née dans la bonne famille, rien que d'y penser ça te faisait un peu de peine. T'as l'impression de te revoir à sa place, pas si facile non plus d'être un Gaunt.

La serveuse revient prendre vos commandes et repart presque aussi vite sans manquer de t'adresser un clin d’œil lourd de sens. T'es beau Camille, tu le sais mais ce genre d'avance te gave plus qu'autre chose même si t'as appris à les ignorer avec le temps. Le plus important restait la gamine après tout.

En tout cas t'as raison sur un point : La solution n'est pas dans ce genre de bouquins, bien au contraire d'ailleurs. Tu te demandes même pourquoi la publication de ces trucs n'a toujours pas été interdite, c'est vous qui vous tapez tout le boulot après...



@Melusine A. Howard