Est-ce qu'il peut te considérer comme sien, Earl ? Tu te crispes légèrement, tu ne réponds pas. Sa chaleur indécente disparaît, tu es libre de son emprise, même si son odeur te retourne le cerveau, comme un lavage à l'eau de javel. Brusque, permanent. Destructeur.
Tu ressens encore son baiser léger contre la commissure de tes lèvres et tu le sens pensif. C'est là, que, pour la première fois de ta vie, tu te sens saisi de panique.
Ses joues rougissent alors que tu pâlis, Earl. Tu pâlis et lorsqu'il se penche à ton oreille, tes mains se contractent violemment en poings.
Je t'aime, Earl.Ses mains se saisissent des tiennes alors qu'il se redresse. Ses yeux fuient les tiens, mais tu ne fais rien pour accrocher son regard. Vos corps sont couverts de fluides, des saleté insalubre. Tu détournes le regard.
Tu ne veux pas le blesser, mais tu retires tes mains des siennes. Depuis quand tu fais attention aux émotions des autres, Earl ? Tu sais que tu n'es pas à lui. Tu sais qu'il y a des mains de femmes qui se délectent de ta chair certains soirs, et tu n'es pas prêt à le lui annoncer.
Tu te saisis de ton boxer, abandonné dans un coin, et tu l'enfiles, impassible, silencieux. Tu ne veux pas qu'il voit l'expression de ton visage. Tu voudrais... Tu ne sais même pas ce que tu voudrais.
Il me faut du temps, Silas... Je ne suis pas...capable d'aimer ? C'est ainsi que tu aimerais finir ta phrase mais tu ne sais comment l'annoncer. Comment dire à quelqu'un que tu refuses l'amour pour pas être faible ?
Alors tu te lèves, tu poses ta main sur les courtines et tu soupires légèrement. Tu ne sais comment agir. Comment faire dans cette situation. Mais ton cœur, lui, il murmure. Et ce murmure est comme un cri.
Peut-être un jour...Tu secoues la tête, ne sachant même pas s'il t'a entendu et tu quittes la bulle de votre passion pour passer une dizaine de minutes sous le jet d'eau glacée régularisant la température de ton corps enflammé.
Que t'arrive-t-il, Earl ?