Indirectement victime d’ennui, Linyao ne faisait que paisiblement vaquer à ses non-occupations. Arpentant les différents couloirs sans réel but ni envie, elle n’était pour ainsi dire, seulement guidée par sa démarche lourde, mais distinguée. Peut-être qu’au fond, sa vie présente n’était pas bien intéressante, elle qui donnait sans cesse cette impression d’être enfermée dans une terrible prison. Elle y faisait le tour, plusieurs fois le jour. Observant d’un œil aguerri et les oreilles ouvertes, prête à enregistrer le moindre bruit.

Jamais d’arrière-pensées dévoilées, le visage toujours neutre qu’importe les groupes qu’elle croisait. Qu’importe ce mélange d’odeurs, de senteur qui la perturbait. Elle souhaitait dévorer comme toujours l’ensemble de ses rencontres. Car pour elle, l’ensemble de son entourage n’était que de piètre casse-croûte qui pourtant, attirait bien l’ensemble de ses désirs. Mais Linyao restait pourtant simple dans ses pas, sans jamais s’arrêter. Levant seulement la tête lorsqu’un parfum lui paraissait bien plus appétissant que les autres, mais seul son regard suivait son envie et non pas ses mouvements. Du moins, c’était l’espérance, la croyance. Parce que parfois tout lui semblait bien plus fort, bien plus incontrôlable.

Alors pour ne pas retomber, pour rester victorieuse de ce qu’elle essayait d’être pour le plaisir de sa vengeance. Linyao prenait le peu de force qui lui restait car jamais suffisamment sustentée. Ses oreilles chantent sous le bruit des touches, un son fort et hargneux. Comme un énervement qui provient de cette salle à la porte entre-ouverte. Si ses souvenirs étaient bons, il s’agissait de la salle d’ordinateur. Une salle que Linyao appréciait guère, car tout ce qui concerner cette technologie en lien avec ses possibles mets, n’avait que peu d’importance à ses yeux. Et de toute manière, elle n’avait aucune raison d’être en lien avec le réseau de l’école, à croire qu’elle s’intéresserait aux discussions instantanées ou à toutes ces choses étranges.

Et c’est d’un brin de curiosité ou bien un simple désir atypique de ne vouloir humer qu’une seule nouvelle odeur, que Lin rentre dans la pièce. Simplement guidée comme une douce mélodie, ses pas gracieux jusqu’à s’asseoir mollement sur le siège adjoint de cette touffe violette. Ainsi sans la moindre gêne, elle s’accouda tête posée sur sa main, s’approchant de l’écran comme si elle en avait été invitée par ce total inconnu.